38🔥Sang de dragon

[TALYA]


« C'est tous les documents que j'ai pu trouver. C'est compliqué de ramener des ouvrages provenant d'autres pays à ce sujet mais, étrangement, le sud a été épargné par la purge. »

Son identité cachée par une profonde capuche et un maquillage sombre, Talya sortit une bourse remplie de pièce d'or pour la donner aux marchands itinérants l'approvisionnant en livres depuis des années.

C'était Sinath, après leurs premières sorties hors du château, qui lui avait fait rencontrer un nain au crâne dégarni portant un énorme sac rempli de babioles sur son dos.

Un marchand parcourant le continent et ayant suffisamment de relation pour commercer avec toutes les races, et plus particulièrement les gobelins possédant les informations avant tout le monde.

— C'est moins que les fois précédentes, remarqua-t-il avant de boire une gorgée de bière.

— Je n'ai que cela.

— Gamine, il est où Sinath ? Avant, c'était lui qui payait. Or depuis quelque temps, tu me fais faire des allers-retours pour te trouver des livres bien plus rare et cher pour moins que le tarif habituel.

— On avait un marché. Certes, il y a moins d'or mais j'ai des informations pour toi.

Le nain se pencha vers la table pour mieux l'entendre et ne pas se faire remarquer alors qu'un peu plus loin dans la taverne, un groupe de milicien était en train de jouer aux fléchettes sur leur temps de pause du midi.

— Le prince Emmett part demain matin pour l'Église de la Lumière. Le départ sera discret et la garde, réduite.

— Combien de temps ?

— Quatre années. Tu peux aller raconter cela à qui tu veux mais s'il part, c'est à cause de son échec au tournoi de l'Amaryllis.

— J'espère que ce n'est pas du flan parce qu'après avoir répandu ta dernière rumeur, on a failli me le faire regretter ! Il n'y a eu aucune annonce de mariage pour le prince. Et encore moins avec toi, gamine.

— C'est reporté. J'ai plus important à faire.

— Hum...

— Quoi ?

Le nain frotta sa large barbe avant de terminer sa choppe et de ranger ses affaires. Il fronça les sourcils en observant la main de Talya posé sur la table, en train de trembler.

— Tu vas bien, petite ?

— Pas de soucis.

— Ta peau est pâle, comme si tu étais malade. Tu devrais aller dans le sud. Les cerisiers d'Okuni sont en pleine floraison et c'est un spectacle particulièrement sublime.

— Je n'ai pas le temps et le loisir d-

— Si tu en as l'occasion, l'interrompit-il en se levant de sa place, penses-y. Il y a beaucoup de livres concernant les recherches que tu mènes chez les elfes noirs. Et vu tes capacités démontrées pendant le tournoi, tu pourrais apprendre beaucoup chez eux.

— On ne me laissera pas partir d'ici. Jamais. À moins d'être escorté par quelqu'un en qui le Roi a confiance.

— Dans tous les cas, prend-soin de toi.

— Pourquoi t'inquiètes-tu ? Qu'est-ce que ça peut te faire ?

— Parce que la première fois que je t'ai rencontré, Sinath m'a demandé de te traiter avec respect, comme si tu étais une cliente de premier ordre. Et je m'inquiète toujours pour ceux finançant ma retraite.

Talya observa le nain payer leur consommation et quitter la taverne sans un mot de plus, avant qu'elle en fasse de même quelques minutes plus tard en évitant le regard des miliciens.

La fête de l'Amaryllis s'était terminée il y a une semaine et déjà, elle sentait les effets du printemps. Elle le voyait en ville, lors de ses escapades clandestines, mais également à la cour.

Les gens étaient comme des animaux en chaleur ne pensant qu'à se reproduire.

Emmett en faisait partit.

Même s'il avait été blessé dans son égo en constatant la puissance de son amante, cela n'avait fait qu'intensifier l'amour qu'il lui portait. Il osait, à la nuit tombée, frapper à sa porte pour réclamer une attention charnelle, mais Talya avait toujours refusé.

Comme l'avait constaté le nain, elle n'allait pas bien. Autant physiquement que mentalement.

Ses maux de tête étaient éreintants et la conclusion qu'elle avait fait avec toutes ses découvertes et sa vie, était déprimante.

Et le livre qu'elle venait d'acheter lui apportait la confirmation qu'elle avait redoutée depuis plusieurs jours : on avait bien fait de la traiter de monstre lorsqu'elle était jeune.



« [...] et de par leurs valeurs, les dragons ont toujours vécu en solitaire, à l'exception du clan Prideblaze.

Le clan a été crée il y a de cela des temps que seuls les plus anciens des elfes ne connaissent.

Crée afin de contrôler les actions des autres dragons et donc, de les punir si nécessaire, c'est un clan réunissant des dragons guerriers capables de transmuter avec une facilité déconcertante.

Cela facilite notamment leur prise de parole et participation à des négociations avec des races inférieures à la leur... Une transmutation qui leur est encore reprochée, car, si les dragons purs sangs sont distinguables par la forme de leurs yeux rappelant les reptiles, ceux aux sangs mélangés ressemblent parfaitement à des humains normaux et se fondent dans la masse.

Des experts ont pourtant déclaré qu'ils étaient cependant reconnaissables par leur manque d'émotion et d'empathie envers les races inférieures, leur froideur et esprit rationnel, ou plus simplement, la chaleur dégagée par leur corps naturellement plus élevé de quelques degrés. Parfois même d'une quinzaine en hiver.

Les Prideblaze sont néanmoins une exception car, vivant en clan, il ne quitte pas la Montagne du Destin situé dans la chaine de montagnes entre le sud profond de Greenland, Southbay et l'ancienne Rhapsodia.

Dragons dévoués à la guerre, ils ne prennent pourtant aucun partie dans les combats des peuples qu'ils jugent « sous-évolués », et leur inaction est la raison ayant poussé le génocide orchestré par le Roi de Greenland il y a quelques années.

Ça, et les actions d'un membre des Prideblaze. »



Talya s'arrêta de lire, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine alors qu'elle allait enfin mettre des mots sur ses pensées brouillonnes de ces derniers jours.

« N'abandonne pas, Aetalya. Ça ne serait pas digne d'une Prideblaze. »

Elle n'avait pas voulu le reconnaitre plus tôt mais, en voyant les ailes d'Arwin dans le ciel, elle avait tout compris. Ses origines et cette impression d'être différente des autres.

Mais elle ne désirait pas le reconnaitre.

Talya ne voulait pas que ceux l'ayant traité de monstre pendant son enfance aient raison.

Sa mère était considérée comme une traitresse de l'humanité.

La présence d'Arwin, mais surtout les mots du Héros sur sa mère l'avait convaincu qu'il n'était pas son père biologique. Ce fait l'avait rassuré sur sa relation charnelle avec Emmett, mais tout aussi angoissé en comprenant qu'un « Prideblaze » pouvait être son père.

Un dragon.



« Arley Prideblaze, fils d'Aegis, le preneur de vie, et l'un des dieux de la guerre créé par l'ancienne déesse de la guerre, Onhild.

Élevé par le chef de clan Argol, Arley n'a jamais connu ses parents, morts à sa naissance. Du peu d'informations sur lui, la rumeur raconte que son père est tombé amoureux d'une humaine, ce qui explique sa nature à la fois divine et humaine.

Sa nature a souvent été expliquée comme la cause de sa « rébellion » et son détachement du clan Prideblaze lorsque la Grande Invocatrice Leone Stormrage est venue demander l'aide des dragons pour sa guerre.

Il n'y a qu'un ouvrage racontant l'histoire de la guerre du côté des monstres et du chaos or, cet ouvrage écrit par le nécromancien Vyrr Loraelyan Rhapsody a été censuré et les derniers exemplaires ont été brûlés ou vendu sur le marché noir des gobelins... ou perdu.

La seule légende que l'on peut tirer d'Arley Prideblaze est celle utilisée pour expliquer la « malédiction des dragons ».

En croisant les informations et témoignages, il a été certifié par plusieurs sources provenant d'orcs, de gobelins et de reptiliens ayant vécu sur les Terres Désolées, qu'Arley Prideblaze entretenait une relation particulière avec la Lame de la Haine, Yara Rowley.

Cette relation charnelle entre un dragon, quoique demi-humain, permet d'avertir les populations sur le charme de ces créatures divines capables de faire perdre la tête aux humains.

Yara Rowley, fille de Glenn Rowley, chef des armées de Greenland, aurait été envouté par le dragon et manipulé. Cela est la version officielle racontée par les pays de l'Alliance Etincelante.

Or, sur le continent Ouest et dans quelques provinces de l'Est, il est rapporté par les gobelins mêmes, source la plus fiable lorsqu'ils sont payés, qu'ils vivaient une intense histoire d'amour consentie.

Une histoire s'étant terminée à la fin de la guerre à la défaite du camp de l'invocatrice Stormrage.

À l'heure où ses lignes sont rédigées, il a été déclaré par l'Alliance Etincelante que le dragon est mort, tué par leur flèche d'okril en plein vol, et que Yara Rowley a succombé à sa transformation en créature démoniaque rongée par le chaos.

Néanmoins, certains monstres affirment partout dans le pays que le couple n'a fait que disparaitre et qu'un jour, le nécromancien les ramènera sur le champ de bataille pour se venger de l'Alliance Etincelante.

Propagandes mensongères ?

Ce qu'il faut retenir de ce chapitre sur les dragons, c'est que malgré la bonté de l'Alliance, le Héros de Greenland et « sauveur du monde civilisé » a initié l'un des plus grands génocides sur une race considérée comme divine pour la moitié de la population d'Heranyon...

Sans que cela ne soit considéré comme un crime.

Par aucune nation de l'Est, sauf Okuni qui a pourtant participé au massacre avec sa Prodige Teresa. Et l'ancienne Rhapsodia, Stormaelyan, dont le peuple fidèle au nécromancien est soumis à la censure et aux lois du gouverneur mis en place par Greenland. »



Talya déglutit en lisant les dernières lignes et réprima une vague de colère lorsqu'elle tourna la page du livre et vit écrit « croquis du dragon Arley, réalisé par un orc inconnu de l'armée Stormrage ».

Elle retint sa respiration en voyant les dessins réalisés au crayon noir et accompagné de quelques pigments de couleur qu'elle arrivait à percevoir : l'artiste orc, qui n'avait rien à envier aux illustrateurs de la capitale, avait dessiné un dragon en plein vol, à même le sol allongé dans la tête et crachant ses flammes.

Mais il y avait également des dessins qui lui firent rater un battement de cœur.

Un homme à la silhouette athlétique, dans une armure et portant un casque de dragon noir aux yeux rouges recouvrant la moitié de sa tête. Il tenait dans sa main une grande lance à trois pics ressemblant à des griffes et qui lui sembla familière.

Et enfin, celui qui la troubla le plus. Le plus travaillé et avec le plus de couleur.

Arley avait un peu de barbe et des cheveux aussi blonds que les siens, courts, mais avec un peu de volume et coiffé en brosse. Il avait des yeux turquoise ressemblants non seulement à des pierres précieuses mais également à ceux d'Arwin.

À la forme de son visage mais surtout, par son expression glaciale, Talya se reconnut.

Elle n'eut plus de doute face à cette réalité qu'elle voulait pourtant éviter : Arley Prideblaze, l'homme-dragon, était son père.

Pendant des jours, elle n'avait pas su comment réagir à cette supposition, puis l'avait rejeté. Elle se disait qu'être un « monstre », un dragon, était la raison pour laquelle on l'avait rejeté toute sa vie... Et que ses détracteurs avaient eu raison.

Mais en regardant le dessin de son père pendant de très longues minutes, elle se sentit soudain fière.

Arley était un guerrier, un demi-dieu et surement une personnalité à la fois charismatique et intimidante ne se laissant jamais marcher sur les pieds.

Elle pensa soudain à sa mère qui, malgré tous les mauvais échos qu'elle avait eus, devait être de la même trempe pour non seulement tomber amoureuse d'un dragon, mais également être la femme la plus crainte sur le champ de bataille.

« Se sont-ils vraiment aimés aussi intensément ? Ou est-ce encore des mensonges ? » murmura-t-elle avant d'observer sa main avec attention.

Elle s'imagina avec les mêmes écailles, les mêmes ailes noires que son frère, alors que sa paupière tressaillit soudain en entendant frapper à sa porte.

« Je n'y ai jamais fait attention jusqu'à maintenant, mais... le fait que je puisse savoir qui se trouve derrière la porte juste avec son odeur corporelle, ma nyctalopie, cette absence de couleur et ces nombreuses bouffées de chaleur qui me prennent parfois... »

En ouvrant la porte sur un Emmett torse nu, sans aucune justification, elle se demanda si elle était capable de l'enflammer, au sens littéral du terme.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? répondit-elle en se retournant pour rapidement cacher le livre dans le tiroir de son bureau.

— Tu sais que je pars dans quelques heures.

— Il est si tard ? Je n'avais pas remarqué que la nuit était tombée. Je n'ai pas mangé.

— Je t'ai apporté une tasse de thé à la belladone.

Talya regarda la tasse en fronçant des sourcils, puis fit un faux sourire et fit semblant d'en boire une gorgée avant de la déposer sur son bureau.

Si elle connaissait les bienfaits autant que la dangerosité de la plante, l'odeur du breuvage était très étrange. La personne lui ayant servi cette boisson avait l'intention de s'en prendre à elle et, vu l'expression amoureuse d'Emmett, il n'était pas son ennemi.

— Je n'ai toujours pas mangé, ponctua-t-elle.

— Je me porte volontaire pour être ton repas, ma reine.

— Emmett...

Lorsqu'il tenta de s'approcher d'elle pour l'embrasser, elle eut un mouvement de recul instinctif.

Non seulement elle s'en voulait de lui avoir fait subir la malédiction du dragon et donc, de le manipuler. Mais en plus, son cœur était obnubilé par son professeur absent et l'homme qui lui avait offert chaque année des rubans.

— Me rejettes-tu ?

— Je ne pense pas que se marier soit une bonne idée, finalement. Tu pars pour quatre ans et nous ne pouvons outrepasser les liens du sang qu-

— Tu n'es pas ma sœur. D'une aucune façon.

— Je n'aurais pas dû te mettre cette idée dans la t-

— Je sais que tu as du sang de dragon en toi.

Soudain, Talya sentit sa gorge picoter et ses ongles s'allonger.

C'était la première fois qu'elle ressentait pareille sensation, ce qui lui fit supposer que la seule connaissance de sa vraie nature était le déclencheur d'une force encore inconnue en elle.

« Mais je n'en ai que faire. »

La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux pour être sûre d'avoir bien entendu lorsqu'Emmett l'agrippa par les épaules et la repoussa sur son lit avant de l'embrasser.

C'était forcé, pressé et désagréable pour la princesse qui n'osa pas l'écarter tout de suite.

— Je suis au courant. Depuis le tournoi. Le savais-tu ?

— Je n'en avais pas la moindre idée, mentit-elle. Est-ce que cela change tout entre nous ? Si j'ai du sang de dragon, tu ne devrais pas t'approcher de moi tant que nous ne savons pas à quel degré et-

— Je t'accepte comme tu es, même si tu es un monstre. Même si ta nature a renforcé l'attachement que j'avais pour toi, je suis tombé amoureux avant même que tu ne me touches, Talya. Notre relation est sincère.

Intérieurement, elle se retenait de l'envoyer valser à l'autre bout de la pièce pour ce qu'il venait d'oser dire sur elle.

Extérieurement, elle souriait timidement.

— Nous devrions tout de même éviter... d'aller plus loin.

— Je me suis renseigné auprès d'un partisan de l'Église de la Lumière. De façon discrète et détournée, bien évidemment.

— Ah... vraiment...

— Il m'a affirmé que le charme démoniaque d'un dragon n'avait aucun effet sur toutes créatures baignées dans la lumière ou le chaos, car c'est d'un mélange de ces deux forces opposées qu'ils ont été créés.

— Et... donc ?

— Tu as moins d'effet sur moi que sur un humain lambda car mon père est le Héros. Et après mes quatre années d'entrainement, j'aurais obtenu la grâce de la Lumière et je serais insensible aux effets de la malédiction des dragons. N'est-ce pas merveilleux ?

— Si. Vraiment... Mais tu viens de le dire, il faudra attendre.

— Donne-moi la force, Talya. Sans te voir pendant si longtemps, je pourrais devenir fou. J'ai besoin de te goûter et être en toi une dernière fois. Je t'en prie.

Elle avait deux options : le repousser, lui avouer qu'elle ne l'aimait pas et qu'elle s'était servie de lui. Elle avait ensuite toutes les chances d'être chassée du château sans aucune ressource ni soutien extérieur.

Et même si elle avait un frère, quelque part, rien ne lui garantissait qu'elle pourrait le retrouver.

La deuxième option était certes la plus désagréable, mais la plus logique : elle devait continuer à jouer le jeu. Découvrir qui avait préparé son breuvage suspect et dans quel but puis trouver un moyen, en quatre ans, d'esquiver le mariage avec Emmett qu'elle avait malheureusement encouragé.

Alors elle répondit à son baiser. Sans envie mais avec suffisamment de conviction pour qu'il y croie.

Et comme les fois précédentes, le prince partit au quart de tour. Il la déshabilla sans délicatesse, n'attendant même pas qu'elle se prépare ou vérifiant qu'elle était assez humide.

Il la pénétra avec empressement et d'un coup en une douloureuse extase.

Talya s'en voulut de se rabaisser à ce niveau pour garantir sa survie et se mit à rêver d'un futur où elle deviendrait si puissante et indépendante qu'elle n'aurait même plus à le regarder dans les yeux.

Emmett ne faisait rien pour son plaisir et touchait à peine ses seins, trop concentré par ses coups de boutoirs de plus en plus rapides.

Alors, pour oublier la désagréable raison de cet acte charnel, elle ferma les paupières et se mit à fantasmer la présence de l'être qu'elle avait toujours désiré.

Celui qui, après d'intenses baisers, avait fui.

Elle imagina Sinath, ses longs cheveux bruns tombés en cascade et créant un rideau séparant leurs visages du reste du monde. Ses lèvres embrassant son coup, la langue jouant avec la pointe de ses seins et enfin, ses doigts agiles titillant son clitoris.

Elle joignit ses pensées à la réalité, glissant ses doigts jusqu'à ce dernier alors qu'Emmett était trop aveuglé par le plaisir qu'il prenait pour s'en rendre compte.

Talya caressa d'une main son sein droit, l'autre à son intimité en train de lui procurer enfin le désir qu'elle méritait. Sa simulation disparut et elle émit de réels couinements intensifiant l'excitation de son partenaire alors qu'elle pensait à son professeur.

Son souffle, sa voix, son odeur et sa façon de la serrer contre lui en l'appelant « Tal ».

« Sinath... » laissa-t-elle échapper faiblement mais, heureusement pour elle, pile au moment où Emmett jouissait bruyamment en elle.

Lorsqu'il se laissa tomber sur elle, la tête contre sa poitrine, le corps du prince l'empêcha de terminer et la frustra totalement alors qu'elle était à quelques caresses de l'orgasme.

— Tu vas me manquer... murmura-t-il avant de se relever.

— Ce n'est pas réciproque.

— J'aime ton humour, ma reine.

Elle répondit d'un sourire hypocrite et, une dizaine de minutes plus tard, dès qu'il lui fit ses « adieux », elle se rhabilla et déversa le contenu du thé dans l'une de ses plantes.

Ne trouvant pas la motivation de finir son fantasme, elle s'enroula dans ses draps et fit mine de dormir.

Ce n'est que quatre heures plus tard qu'elle entendit quelqu'un pénétrer dans sa chambre. Plusieurs personnes qui vérifièrent le contenu de la tasse de thé avant de la soulever et de l'emmener dehors.

Quelques minutes plus tard, elle ouvrit discrètement les paupières en sentant le bois froid d'une charrette contre sa peau. Vu l'heure tardive, ou plutôt matinale, elle savait qu'elle ne quitterait pas la capitale et que la personne lui voulant surement du mal était en ville.

Le trajet ne dura que quelques minutes avant qu'elle soit de nouveau portée à l'intérieur d'une boutique dont la porte se ferma violemment.

— Nos pièces d'or, grogna un de ses kidnappeurs. On avait dit trente.

— Trente chacun, répondit une voix désagréablement familière.

— Tss... foutu arnaqueur.

— Au plaisir.

La porte se claqua de nouveau et Talya n'attendit pas un instant de plus avant de se redresser, les yeux grands ouverts et de fixer d'un air menaçant son ennemi : Tyris Myumurin.

— Princesse. Avez-vous aimé ma surprise ?

— Ne me prenez pas pour une idiote. Qu'aviez-vous l'intention de me faire ?

— Si seulement vous aviez bu toute la tasse de thé... Cela nous aurait épargné une discussion inutile.

— Parlez, Myumurin !

— Je ne suis qu'un honnête commerçant et influenceur des dernières tendances actuelles. Un précieux conseiller de la reine, votre mère.

— La reine n'est pas ma mère. C'est Yara Rowley.

Subitement, Tyris perdu son sourire et, avant de se laisser dépasser par la situation, il sortit de sa poche une pierre d'okril qu'il fit glisser rapidement entre ses doigts avant de prononcer un sortilège.

Cela eut pour effet de faire perdre l'équilibre à Talya qui dû s'appuyer à son genou pour ne pas finir totalement au sol, une pression inconnue appuyant sur tous ses membres.

— J'ai bien fait de prendre cette précaution. Après la venue d'Arwin à Greenland, je me suis dit qu'il fallait que je m'occupe de votre cas, mais avec prudence. Au cas où il vous aurait révélé la vérité.

— Que me voulez-vous... ?

— Que veut votre Roi, plutôt ? C'est lui qui a fait appel à mes services. Je vous ai fait enlever afin de vous faire oublier tous vos récents souvenirs d'avant la fête de l'Amaryllis.

— Impossible...

Tyris se garda bien de se vanter d'avoir déjà pratiqué cette magie d'oublie sur elle et, agitant de nouveau l'okril entre ses doigts, il redoubla la pression qu'elle ressentait pour mieux la soumettre.

— Vous oublierez vos découvertes sur vos origines, votre rencontre avec votre frère jumeau et tout ce qui pourrait être gênant pour Sa Majesté et Greenland.

— Jamais je n'oublierais cela.

— Ne sous-estimez pas mes pouvoirs, princesse. En manipulant votre mémoire, je vais faire de vous la parfaite future épouse d'Emmett... Mais en attendant son retour, je compte également en profiter.

Le regard lubrique que lui jeta l'elfe la fit grogner de rage alors qu'elle tentait de contrer le sortilège en se redressant, en vain.

— Il n'y a plus personne pour vous protéger. Sinath n'est plus là, pour mon plus grand bonheur, ainsi que votre nourrice et votre amant totalement aveuglé par ses désirs.

— Je n'ai pas besoin que l'on me protège. Je suis...

— Oui, qu'est-ce que tu es, petit monstre ?

— Je...

— Tu n'es rien. Il n'y a rien de puissant en toi. Qu'un chaos timide incapable de s'éveiller. Je vais remanier ta mémoire et faire de toi mon esclave. Que cette belle petite bouche ne serve plus qu'à me satisfaire.

Soudain, Talya poussa un cri et laissa toute sa colère refoulée depuis des jours se matérialiser en chaos et sortir d'elle. Son corps s'entoura d'une aura malveillante et capable de faire trembler l'elfe redoublant pourtant d'énergie pour maintenir son sortilège sur elle.

La jeune femme se redressa entièrement et marcha lentement vers lui, les canines acérées et les ongles semblables à des griffes, avant qu'elle n'attrape l'okril et ne brise la pierre d'une main.

« I-Impossible ! » s'exclama Myumurin avant qu'elle ne l'attrape par le cou et serre sa gorge avec force.

Le sang coulait abondamment dans sa main et sa paume était douloureuse mais elle s'en fichait.

Talya était habité d'une énergie inconnue, peut-être même malsaine, mais qui provoqua chez elle une telle confiance qu'elle ne réprima plus sa rage.

— Tu ne m'effaceras pas la mémoire, Myumurin. Tu ne feras rien car, si tu désires garder la vie, tu devras m'écouter. Tu vas devoir mentir et faire croire au Roi que tu as accompli ton devoir. J'ai envie de savoir ce qu'il comptait faire de moi pendant ces quatre années à attendre Emmett.

— Tu ne me tueras pas... réussit-il à articuler. Tu n'es qu'une princesse qu-

— Je suis la fille d'un Prideblaze. Et crois-moi, je suis rancunière. Si j'apprends que tu n'as pas tenu ta promesse, je te pourchasserais dans le monde entier. Même si ça me prend toute une vie, je te trouverais et je te ferais subir les pires des tortures.

— J'ai plus à craindre du Héros, que de toi ! se défendit-il avant qu'elle ne serre plus fort.

Talya ne put retenir un sourire jubilatoire alors que pour la première fois de sa vie, elle prenait du plaisir à faire souffrir un autre être vivant. Le chaos se répandait en elle mais étrangement, elle en avait conscience et laissait couler.

Elle en avait marre de n'être qu'un pion et, après avoir découvert ses origines, il était temps d'agir.

« Crains la force d'une femme à qui l'on a menti toute sa vie et qui n'est que frustration et colère, prête à tout brûler sur le chemin de sa vengeance. »



Talya a rassemblée ses pensées, ses esprits et fait face à plusieurs durs vérités qu'elle doit accepter. Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

De ses découvertes sur son père et une part de la relation avec sa mère ? De la façon dont elle l'encaisse ?

De ce qu'elle a fait avec Emmett ? Personne ne devrait avoir à se forcer de faire ça mais Talya a cédé à contrecœur... Est-ce que le départ du prince est une bonne chose pour son avenir ?

Et enfin de sa dominance sur Tyris et cette force qui se réveille en elle ? Que cela présage-t-il à votre avis ?

J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en votant ou en me laissant un commentaire !🥰

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