38🐲Pomme

— Je ne pense pas que cela soit une bonne idée de t'accompagner, chuchota Arley alors qu'ils approchaient du château. Le Héros ne m'a que rarement vu sans mon casque et mon armure, mais si jamais il me reconnaît, cela pourrait compliquer les choses.

Talya hocha la tête, mais ne changea pas d'avis quant à la présence de son père. Elle allait devoir faire face à son père adoptif et son faux frère, Arley aurait plus d'occasions qu'elle pour fouiller le château à la recherche de NoMercy.

— De mémoire, c'est le genre de souverain à sourire et montrer sa gentillesse de façon totalement désintéressé. Autant positivement qu'avec négligence. Il ne t'accordera qu'une piètre attention lorsqu'il me verra.

En arrivant devant les portes du château, Talya profita d'un moment d'inattention du paladin Lorin, occupé à régler des détails pour leur entrée, pour ajuster la tenue paysanne de son père et son chapeau, cachant partiellement sa chevelure volontairement ternie par de la terre.

Ils attendirent près d'une quinzaine de minutes aux portes jusqu'à ce que l'accès leur soit autorisé.

— Vous pourrez voir le Roi, commença Lorin en s'adressant à Arley, mais ce sera un entretien bref. Il souhaite s'entretenir exclusivement avec la princesse.

Le demi-dragon resta silencieux et observa attentivement la cour et chaque détail de cet endroit que sa femme avait quitté il y a des années.

Quant à Talya, une boule désagréable s'était formée dans sa gorge en passant les portes. Elle n'était partie que depuis quelques mois, mais cela avait suffi pour la dégoûter définitivement de Greenland.

Les regards en coin et les murmures sur son retour venaient s'ajouter à cette horrible sensation d'être de retour en prison, coupée de ses ailes et de sa liberté. L'effet s'accentua, accompagné d'une envie de vomir, lorsqu'elle se retrouva devant les portes de la salle du trône.

Les riches parfums de la noblesse, qu'elle n'avait pourtant jamais remarqués auparavant, lui piquèrent le nez, et elle commença à regretter son choix, jusqu'à ce que les portes s'ouvrent et qu'ils avancent jusqu'au trône occupé par le Héros.

Le Roi semblait avoir vieilli depuis l'assaut lors du mariage. Ses cheveux bruns étaient désormais parsemés de nuances plus grises, et ses cernes étaient plus marquées. Lorsqu'il leva les yeux vers Talya, un sourire qu'elle ressentit comme sincère illumina son visage, avant qu'il ne jette un bref regard à Arley, un regard si furtif qu'il aurait été difficile de le reconnaître à ce moment-là.

— Bon retour parmi nous, ma fille, déclara-t-il.

Ces simples mots firent serrer le poing d'Arley, qui baissa la tête pour cacher son regard assassin. Le Roi se leva de son siège et vint enlacer Talya. Au début, elle se laissa faire, pensant que l'acte était purement affectueux.

Cependant, elle réalisa rapidement que son père adoptif cherchait le moindre signe de l'emprise de Vyrr encore présent sur elle. Il prit ses mains comme s'il cherchait une bague ou une marque.

— Nous étions tous morts d'inquiétude, et sache qu'Emmett a remué ciel et terre pour te retrouver !

Le Roi la libéra brièvement avant de se tourner vers Arley, son sourire s'élargissant :

— Merci d'avoir pris soin d'elle. Lorin va vous accompagner pour prendre une collation et vous exprimer la gratitude de la couronne greenlandaise.

Talya jeta un coup d'œil derrière elle pour essayer de lire la réaction de son père, mais celui-ci demeura impassible. Il inclina la tête avant de suivre le paladin hors de la salle du trône, laissant Talya seule pour affronter cette épreuve qu'elle avait redoutée, mais qui était inévitable si elle voulait retrouver sa mère.

— Je vous prie de m'excuser pour tout le trouble que j'ai causé, ainsi que les dégâts au mariage. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé, je n'avais plus le contrôle de mon corps ni de mon esprit, et je...

— Ne t'excuse pas. Le nécromancien est la personnification du poison, et d'un simple claquement de doigts, il corrompt les plus belles choses. Je suis soulagée de ne pas t'avoir affrontée, complètement ensorcelée, sur le champ de bataille. Où étais-tu lorsque nous l'avons confronté ?

— Le nécromancien m'a gardée captive tout ce temps. Il voulait m'avoir à sa disposition pour d'autres desseins.

— Je vois... T'a-t-il souillé ?

Talya retint un rire amer dans sa gorge et se contenta de secouer négativement la tête.

Elle hésitait à lui révéler que sa virginité avait été prise depuis bien longtemps par le prince, mais elle rêvait également de vanter les talents de l'elfe ayant partagé ses bras il y a encore quelques jours de cela.

— Hm. Vu le contrôle qu'il avait sur toi, il est possible qu'il ait abusé de son emprise sur ton corps sans que tu t'en rendes compte. Cet individu est cruel et sadique... Nous devrons te faire examiner par nos médecins, juste au cas où.

— Je vous assure, vraiment, qu'il ne s'est rien passé.

— Ce serait catastrophique si tu étais enceinte, poursuivit-il. Emmett pourrait être tenté de tuer l'enfant avant sa naissance.

Talya écarquilla les yeux face à la violence de ces paroles prononcées avec calme par le Héros.

— Il ne commettrait pas un tel crime, n'est-ce pas ? Emmett est un paladin de l'Église de la Lumière. Il a le devoir de préserver la paix et de promouvoir la bonté, n'est-ce pas ?

— Nous parlons d'une possible descendance de la plus grande menace de ce monde. S'il ne brise pas son serment, je serais contraint d'agir à la naissance de cet enfant pour le supprimer dès son premier souffle.

L'envie de vomir s'accentua chez la jeune femme et la boule désagréable dans sa gorge descendit dans son ventre pour tordre ses entrailles.

— Comment pouvez-vous qualifier le nécromancien de "monstre" lorsque vous parlez de tuer mon enfant ?

— Alors, tu en as un ?

— Absolument pas ! Je vous l'ai assuré !

— Nous ne prendrons aucun risque.

— La reproduction ne fonctionne pas ainsi chez les elfes ! rétorqua-t-elle en invoquant ses connaissances livresques. Vyrr Rhapsody peut être un elfe corrompu, mais il reste un ancien haut-elfe. Il n'a pas la capacité d'engendrer des enfants à tout-va ! Cela dépend du système lunaire et de...

Le Roi poussa un soupir fatigué, comme il l'avait déjà fait par le passé pour lui signifier que son étalage de connaissances le fatiguait. Elle sentit son corps se raidir davantage tout en réprimant la chaleur en elle, puis relâcha ses épaules.

— Très bien, je suis prête à me faire examiner.

— À la bonne heure ! Maintenant, parlons de ta présence ici et de ce que nous avons récupéré.

Le Roi l'invita à le suivre à travers les couloirs du château, passant devant une série de tapisseries, tout en racontant la vie de ses anciens frères et sœurs, un sujet qui ne l'intéressait guère. Cependant, son attention se raviva lorsqu'il mentionna Emmett.

— Emmett a fait une découverte remarquable. Cela s'est produit par pur hasard, lorsqu'il est tombé sur une escorte de monstres transportant un carrosse avec un pied de rosier épineux à l'intérieur, renfermant une épée prisonnière. Son épée. C'est la lame la plus meurtrière que j'aie jamais vue en action.

Talya resta silencieuse, cherchant comment convaincre le Héros de voir cette arme par elle-même, lorsque celui-ci continua :

— Je l'ai tout de suite reconnu... Et j'ai entendu « sa » voix.

— Sa voix ? À l'épée ?

— Yara, ta mère. J'ai entendu sa voix résonner au plus profond de moi, et j'ai eu accès à un souvenir de notre enfance. Cela ne peut pas être une simple ruse du nécromancien. J'ai fait appel à des mages et aux meilleurs tortionnaires nains pour extraire des informations du chef des monstres de l'escorte. Son âme est emprisonnée dans l'épée. C'est indiscutable. S'ils la déplacent, c'est parce que Vyrr prévoit de s'en servir contre nous. Il compte la ramener à la vie grâce à sa nécromancie, et je ne veux pas qu'elle connaisse une telle horreur. Et toi non plus.

Talya ne parla pas du plan de Vyrr, bien loin de la nécromancie, et se contenta de rester aussi silencieuse qu'elle l'avait été à l'époque.

— Alors, que prévoyez-vous de faire ?

— J'ai envoyé une "invitation" au nécromancien pour qu'il se présente ici. Et c'est toi qui est venue.

— Donc, c'est moi contre la paix ?

Le Héros leva les yeux au ciel avant de s'éloigner d'elle et de se rapprocher d'une fenêtre donnant sur un jardin. Son silence était teinté de mélancolie, jusqu'à ce qu'il reprenne la marche à ses côtés.

— Je ne compte pas me séparer de Yara, pas encore une fois.

— Que comptez-vous faire ?

— Eh bien, Emmett a escorté le rosier jusqu'au siège de l'Église de la Lumière, dans les montagnes frontalières.

— Quoi ? Mais cette "invitation" alors ? Ce n'est pas...

Soudain, le Héros ouvrit la porte d'une salle, et Talya sentit l'air lui être arraché des poumons.

Arley était attaché, les bras tendus vers le plafond, retenus par des chaînes en okril qui brûlaient sa peau de demi-dragon. Il hurla de douleur en se débattant en la voyant, tandis que plusieurs soldats enfonçaient des lances, elles aussi en okril, dans son ventre et ses jambes.

Talya se retint de crier jusqu'à ce qu'elle sente une douleur aiguë lorsque le Roi lui enfonça une lame d'okril dans l'épaule. Elle s'effondra au sol, la souffrance lui arrachant des larmes, mais elle ne pouvait détourner son regard de l'horrible spectacle infligé à son père. Le Roi la saisit par le cou et la força à regarder de plus près.

— Ton orgueil était une évidence, ma fille. Tu es si obstinée que je savais que tu viendrais ici, même si le nécromancien flairait le piège. Le comble, c'est que tu m'as apporté un cadeau que je n'osais plus espérer.

— Père... !

— Oh oui, ton père. Comme si je n'allais pas reconnaître en un instant le turquoise de ses yeux. Si arrogant... Ce piège était-il à l'origine pour toi. Mais il semble parfaitement adapté à chaque dragon.

— Comment pouvez-vous... Vous êtes le Héros de la Lumière !

— Les dragons ne se soumettent pas à la Lumière. J'ai essayé avec toi, avec tous ceux de votre race que nous avons pourchassés pendant des années. Vous ne connaissez pas la véritable bonté. Vous ne reconnaissez pas vos torts. Votre race a davantage détruit que créé. Ton père en est la parfaite illustration, et tu as été naïve de croire que chacun de tes actes barbares ne serait pas signalé par mes espions.

D'autres soldats entrèrent dans la salle, munis de chaînes pour attacher les poignets et les chevilles de Talya, tandis que sa blessure saignante la faisait encore souffrir sur les dalles de pierre.

— Soi-disant libérée de l'emprise du nécromancien... Il t'a ensorcelée, tout comme il l'a fait avec ta mère. C'est sa faute si elle a fini par se corrompre et devenir une créature monstrueuse. Vyrr Rhapsody trône sur une montagne de cadavres qu'il fait danser devant nos yeux depuis bien trop longtemps.

— Lorsqu'il posera un pied ici, vous serez tous morts.

— Pas si j'ai vos vies entre mes mains. Vous rejoindrez Emmett à l'Église de la Lumière, et peut-être qu'il parviendra à éclaircir ton esprit, lui qui est si déterminé à te posséder. C'est un caprice que je lui accorderai lorsque la tête du nécromancien reposera au bout d'une pique.

— Vous êtes monstrueux... Comment... Il n'y a plus rien de lumineux en vous.

« Rien que du chaos. » pensa-t-elle, se demandant si Greenland n'était pas déjà envahi par les ténèbres se propageant sous terre, expliquant le comportement de l'ancien Héros de la Grande Guerre.

— Vous savez quoi ? réussit-elle à articuler, affichant un sourire perfide. Il m'a parlé de vous, Vyrr.

Le Roi la dévisagea, une lueur de curiosité traversant ses yeux froids.

— Et qu'aurait-il pu te dire, ce nécromancien, qui pourrait sauver ta misérable vie ?

Elle haussa un sourcil, révélant un petit rictus.

— Rien de ce genre, mais il m'a révélé votre vrai prénom.

Soudain, le Roi se crispa, puis éclata de rire.

— Des balivernes ! Personne encore en vie ne le connaît, pas même ma femme.

— Mais ma mère, si. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, elle et votre ennemi s'entendaient très bien, au point d'en venir à de telles confidences. Si j'étais vous...

La jeune femme n'eut pas le temps de terminer sa phrase, car le Roi la gifla violemment, projetant une giclée de sang sur le sol. En réaction, Arley expira un souffle de feu, mais il était bien trop affaibli pour représenter une menace.

— Me provoquer ne fait que faire disparaître toute pitié et le peu d'amour que je pouvais avoir pour la fille de Yara. Tu es une rose fanée, aux épines empoisonnées, et j'espère qu'Emmett aura la lucidité de le reconnaître très vite.

Talya se pris de nouveaux coups, cette fois-ci administrés par les gardes, alors qu'elle sentait son esprit s'éloigner dans l'inconscience.

Alors, elle fit la seule chose à sa portée en cet instant : elle laissa le chaos pénétrer un peu plus profondément dans sa chair et transmit un message mental à son frère, espérant qu'il ait survécu à son opération.



🔥



— Mon époux, il semble que vous ayez reçu la visite de Talya il y a quelques jours, n'est-ce pas ?

— Talya ! s'exclama la princesse Liana avec la bouche à moitié pleine de pâtisserie. Où est-elle donc, père ? J'espère que vous l'avez enfermée dans les cachots !

— Elle est vilaine, commenta Opal en montrant la cicatrice de la morsure infligée par sa sœur adoptive.

Le Roi venait à peine de s'installer à table qu'il laissa échapper un soupir avant de regarder avec tendresse sa femme et ses filles.

— Il n'y aura plus de problèmes avec elle. Elle est déjà en route vers le siège de l'Église de la Lumière. À l'heure qu'il est, elle devrait déjà être arrivée. Où est Glenn ?

— Je suis là ! s'exclama son plus jeune fils en apportant une nouvelle assiette de pâtisseries. Par la Lumière, père, vous devriez goûter, ces gâteaux sont délicieusement sucrés !

Il observa sa famille joyeusement attablée, et malgré le bonheur de les voir tous heureux, il ne put s'empêcher de penser à la guerre, aux dragons, à son fils Emmett, mais surtout à Yara.

Son regard parcourut la salle de banquet, ravivant les souvenirs de ce jour décisif qui avait changé leur vie. Il se remémora les sourires amoureux de sa femme, mais surtout, en face d'elle, son père adoptif Glenn, et Yara.

Cette dernière qui avait un air sévère dans son armure de cuir et était la seule femme présente à table, oubliant même la princesse.

Il savait déjà qu'il aurait le titre de Prodige à sa place, comme l'avait promis la princesse, et il était convaincu que son amie Yara lui pardonnerait après qu'il lui ait expliqué toutes les implications, qu'elle comprendrait.

Mais elle n'avait jamais compris, et lui non plus.

— Ne vous goinfrez pas, profitez plutôt, dit-il enfin. Nous ne savons pas quand nous pourrons à nouveau manger aussi bien.

— Mais enfin, mon chéri, la guerre sera bientôt terminée, n'est-ce pas ? N'avez-vous pas reçu une missive de Givreciel à ce sujet ?

— Givreciel ? s'étonna Liana. Le lieu d'où vient le champion des jeux ? Le Prodige ?

— Exactement. Il va bientôt arriver en réponse à notre... invitation à la négociation.

Le Héros ne révéla pas son soulagement à l'idée que ce ne serait pas le nécromancien qui viendrait, mais bien le frère de Talya. Il jeta un coup d'œil à sa femme, qui hocha la tête, avant qu'ils ne regardent Liana.

L'affaire serait bientôt conclue : il était prévu qu'il offre la main de sa fille au Prodige afin de garantir la fin des assauts des armées du continent Ouest.

Le Héros était convaincu que le souverain de Givreciel et de Leonidia n'avait pas participé à ce conflit par bêtise, mais avait été manipulé par le nécromancien, forcé à combattre contre des monstres que lui aussi désirait voir morts.

Lorsqu'il s'apprêta à parler du mariage à Liana, un soupir de contentement s'échappa de ses lèvres en terminant le gâteau qu'Opal était venu lui offrir.

— Profitons des choses simples de la vie, dit-il simplement.

C'est au milieu de la nuit, alors qu'il était profondément endormi, que soudainement une vive douleur le saisit, accompagnée de crampes d'estomac et d'une envie de vomir.

Le Roi se trouvait seul dans ses appartements. Dans la précipitation, il se dirigea vers son pot de chambre pour soulager ses maux. Cependant, une montée brutale de température le fit transpirer abondamment, et sa respiration se fit laborieuse.

— Un médecin ! s'écria-t-il en appelant ses gardes. Vite !

Ses mains tremblaient, et il éprouva des difficultés à respirer. Finalement, après un laps de temps qui lui sembla interminable, l'un des médecins royaux arriva en hâte dans sa chambre, son souffle court.

— Votre Majesté ! Vite ! Aidez-moi à l'allonger ! Mon Dieu, cela pourrait être une épidémie !

— Quoi ? Que se passe-t-il... ?

Le Héros n'eut pas le temps de terminer sa phrase, car il sentit son corps se convulser, et sa vision devint floue.

— Restez avec nous ! Toi, apporte de l'eau et...

Il ne put entendre la suite et perdit conscience alors que son corps continuait à expulser divers fluides corporels altérés par un mal inconnu.

Quelques heures plus tard, alors qu'il reprenait conscience, le Roi apprit qu'il avait été victime d'une tentative d'empoisonnement, mais qu'il avait été sauvé par « la Lumière d'Heralgar » qui avait soutenu son rétablissement.

— Quelle est la source de cet empoisonnement ? demanda-t-il faiblement à l'un de ses médecins. J'ai entendu parler d'une épidémie... Est-ce l'eau ? Qui d'autre a été touché ?

À cet instant-là, personne n'eut le courage de lui répondre.

Tout avait été minutieusement contrôlé depuis le début de la guerre. Rien n'entrait dans le château sans passer par des vérifications magiques, et chaque plat était goûté avant d'arriver à la table royale.

Soudain, le Héros fut pris de panique.

— Ma femme ! Mes enfants ! Ont-ils été touchés ?! Comment vont-ils ?

Encore une fois, le silence fut la seule réponse.

Le lendemain matin, alors que l'information avait été tenue dans le plus grand des secrets, les habitants de la cité de Greenland apprirent par un crieur payé une fortune par on-ne-sait-qui que la Reine et ses trois enfants, ainsi qu'une quinzaine de serviteurs, soldats et cuisiniers, étaient morts en mangeant des pâtisseries.

La sécurité pourtant renforcée depuis la guerre, les gâteaux avaient été goûtés, examinés de près, et jugés inoffensifs.

Cependant, les médecins royaux avaient découvert que les gâteaux aux pommes contenaient de fortes doses d'un poison inconnu et, d'après les tests, se déclenchant à retardement après injection.

Lorsqu'un apothicaire elfique fut interrogé sur la nature du poison, il se rendit dans la chambre du Roi, dont l'état physique et psychologique était des plus préoccupants.

Le monarque était encore affaibli par les symptômes dévastateurs, son visage livide, ses yeux ternes et hagards. Ses joues étaient creusées, témoignant de l'épuisement causé par l'empoisonnement.

— Votre Majesté... Je vous prie de m'excuser, mais nous avons découvert la cause de l'empoisonnement.

Le Roi, bien que manifestement souffrant, couva l'apothicaire d'un regard sombre et dénué de chaleur, impatient d'entendre la vérité.

— C'est le chef cuisinier qui a préparé tous les gâteaux.

— Impossible... Il nous est fidèle depuis une vingtaine d'années et a toujours scrupuleusement surveillé chacun de ses ingrédients.

— Il a suivi une recette que nous avons retrouvée sur son plan de travail... avec ceci, que nous avons découvert dans les cuisines et enfermé par mesure de sécurité.

L'apothicaire fit glisser le couvercle d'une boite en bois, révélant une magnifique pomme jaune et orange, mais aux yeux du Roi, tout semblait flou et lointain. Son esprit était embrouillé par la douleur et l'incompréhension.

— La recette.

Il leva un sourcil tandis que l'apothicaire lui tendait le bout de parchemin et tirait sur son col, essuyant la sueur de son front.

Le Roi lu attentivement jusqu'à ce qu'il remarque le tracé des mots était bien plus érudit et délicat qu'auraient pu l'être celui d'un simple cuisinier.

— Je ne suis pas un expert, balbutia l'apothicaire, mais j'ai lu des choses sur l'utilisation obscure de cette variété de pomme. Elle n'est pas toxique lorsqu'elle est mangée naturellement. Cependant, si elle est mélangée à certains aliments...

— Continuez.

— Il se trouve, Votre Majesté, que l'emplacement précis des pommiers colonnaires de cette espèce est noté derrière la recette... et se trouve dans l'un de vos jardins.

Soudain, le Roi sembla se réveiller de sa torpeur et fixa enfin le groupe de médecins et l'apothicaire devant lui, bien qu'il fût encore loin de son état normal.

— Pardon ? murmura-t-il d'une voix brisée.

— Le chef cuisinier ne vous a pas volontairement empoisonné... Car il en est également mort. C'est le premier à avoir goûté ses créations, et-

— Quel jardin ?

— Celui de l'aile ouest du château, qui est à l'abandon depuis-

— Le départ de Talya, acheva le Roi d'une voix chargée de douleur.

Sa respiration était devenue saccadée, et sa poitrine se soulevait difficilement.

La perte de sa famille, la culpabilité, et la révélation de l'implication possible de Talya dans ces événements avaient plongé le Roi dans un abîme de tourments psychologiques.

Son visage était marqué par l'agonie, et ses yeux reflétaient l'horreur de la situation.

C'était de sa faute.

— Faites préparer ma garde rapprochée. Et prévenez Emmett que je viens le rejoindre, ordonna-t-il d'une voix épuisée.

— Mon Seigneur, commença l'un des médecins, il n'est pas recommandé dans votre état de voy-

— OBÉISSEZ !

— Très bien, mon Seigneur, répondit l'un des gardes en quittant précipitamment la pièce.

— Attendez ! s'écria l'apothicaire. Il y a quelque chose que vous devez savoir. Cette espèce de pommier colonnaire a été créé il y a des centaines d'années à la suite de croisements entre plusieurs espèces, à des fins de recherche, et...

— Faites sortir cet homme de ma chambre.

— Il est impossible qu'elle ait pu pousser dans votre jardin sans intervention humaine ! Cela demande du temps, je parle en années, et un entretien particulier.

Soudain, le Roi agrippa ses draps, le regard vide.

— Comment s'appelle cette espèce ?

— Eh bien... Dans le milieu, nous l'appelons par le nom de ses créateurs. C'est un pommier colonnaire appelé « Rhapsodie ».

L'apothicaire fut chassé de la chambre par un nouvel accès de colère du Roi.

Ce dernier, enfin seul, ouvrit grand les yeux et fixa un point invisible jusqu'à remarquer la boite tombée au sol et la pomme roulant jusqu'aux pieds de son lit.

— Sinath. C'était « lui ».

Peut-être était-ce dû à la confusion et les troubles de son esprit causé par le poison, mais à cet instant...

Il crut percevoir un sourire sur le fruit, comme s'il se moquait cruellement de lui.



(Je suis putain de saoulé de Wattpad, les notifications sur cette histoire ne sont jamais envoyés quand je publie, je dois dépublier, recréer des chapitres, etc. pour que vous receviez la notif... jvais tout casser)

Quelqu'un avait dit (GriffeTout je crois que c'est toi) que Vyrr ne tuait pas de civils innocents... Oh, mais c'est faux ça et ça ne le dérange absolument pas de le faire ! Tant qu'il arrive au résultat qu'il espérait ! 👿 Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Du retour de Talya à Greenland et de sa confrontation avec son père adoptif ? Du comportement du Héros radicalement différent et bien plus chaotique qu'avant ? L'influence du chaos est-elle devenu si forte ? 👀

Et enfin, mon passage préféré, de l'empoisonnement ? Comme si Vyrr n'avait jamais pensé à plusieurs façon de punir ses ennemis, même à des milliers de kilomètres 🤭

J'espère que la suite vous plaira ! On se retrouve pour le prochain chapitre ! N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/commentant/la partageant à vos proches🥰

P.S : oui, le prénom du Héros est enfin révélé sans l'être vraiment. Il ne devait jamais en avoir mais on me l'a trop souvent réclamé et je trouvais la vengeance de Vyrr plus exquise comme cela.

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