36🐲Ta raison de vivre
— Combien de secondes ?
— De minutes, en réalité.
— Tu es un fieffé menteur.
— Et toi, tu ne cesses de me sous-estimer.
Talya croqua dans un fruit du dragon en lançant un regard provocateur à l'elfe à moitié nu allongé devant elle, un livre entre les mains. Il passait sensuellement sa main dans ses longs cheveux, ignorant la femme qui le dévorait du regard, avant de tendre la main vers elle.
Mais à cet instant, elle sortit les crocs et manqua de lui mordre le pouce.
— Tu crois toujours pouvoir dompter le dragon ?
— C'est déjà fait, mais tu n'en as pas encore pris conscience, ma chère.
— Ah vraiment ?!
Soudain, Talya se redressa et vint s'installer sur les genoux de son amant, lui arrachant le livre des mains avant d'agripper sa taille de ses jambes et son cou de ses bras.
Elle passa sa langue sur ses lèvres, qui avaient encore le goût de l'hydromel de leur dîner, et esquissa un sourire en sentant qu'il durcissait contre elle. Cependant, il ne la regardait toujours pas.
— Regarde-moi ! insista-t-elle d'une voix capricieuse.
— Je n'ai fait que cela depuis des jours. Laisse mes yeux se concentrer sur autre chose que ta petite personne.
— Je vais te forcer.
— Aetalya.
Son ton autoritaire la fit frissonner et perdre son sourire un instant, jusqu'à ce qu'il la regarde enfin droit dans les yeux, d'un air malveillant. Ses iris oscillaient entre le violet et le rouge, mais depuis quelques jours, elle l'avait vu plus souvent dans son apparence de haut-elfe que d'elfe corrompu.
Malgré cette amélioration physique, elle aimait ses deux facettes.
Peut-être même, se disait-elle, lorsqu'il avait des traits d'esprit mauvais, qu'elle préférait encore lorsqu'il avait la peau grise et qu'il se trouvait "hideux".
À ces moments-là, elle faisait tout pour lui montrer qu'il se trompait.
— Tu vois, poursuivit-il, je sais dresser un dragon.
— Tu... Ce n'est pas du jeu...
Elle s'interrompit en sentant ses mains caresser sa peau nue et réprima un soupir de plaisir lorsqu'il déposa un doux baiser dans son cou.
— Est-ce que j'ai raison ?
— Ce n'est pas juste.
— Alors, combien de minutes penses-tu que je pourrais tenir ?
— Peut-être une...
Il mordilla son cou et la fit gémir.
— Maximum cinq ! s'exclama-t-elle.
— Je pourrais tenir aussi longtemps qu'il le faudrait contre ton père enragé. Tu n'as pas idée de tous les plans farfelus auxquels j'ai pensé lorsque je vivais près de lui. Il a beau être dangereux, j'ai des ressources. Et je sais comment immobiliser un dragon malgré sa chaleur corporelle... très élevée.
Vyrr agrippa les poignets de Talya avec agilité avant de les maintenir fermement dans son dos. Malgré son corps littéralement brûlant, il ne semblait pas affecté par la douleur causée par sa chaleur.
— Es-tu insensible ?
— L'endorphine, l'hydromel et mon désir pour toi suffisent. Et la sensation divine de te contrôler.
— Qui contrôle qui ?
Soudain, sans dégager ses poignets, Talya s'agrippa à la taille de son amant et le fit basculer en arrière sur le canapé. Elle dégagea un de ses pieds et avec habileté, vint le placer près de la gorge de l'elfe avec, entre ses orteils, la dague qu'elle venait de voler à sa ceinture.
Les yeux de Vyrr pétillaient d'excitation avant qu'il ne relâche son emprise sur elle et ne se laisse à sa merci.
— J'adore quand tu me menaces avec ma propre arme.
— Tu aimes ce que tout le monde déteste.
— Toi aussi, visiblement.
Elle dégagea son pied, vint le surplomber avant de l'embrasser à perdre haleine.
— Devons-nous vraiment partir demain matin ? Ne pourrions-nous pas rester une dizaine de jours de plus ici ?
Vyrr tourna la tête pour observer l'état du salon dans lequel ils avaient vécu depuis presque une semaine après leur rendez-vous censé durer une journée.
Elle n'avait pas eu à le supplier pour qu'il en prolonge la durée. Un baiser avait suffi.
Mais il savait que le retour à la réalité serait peut-être encore plus dur à gérer pour elle que lui.
— Je dois opérer ton frère. Et puis j'ai des obligations, la guerre, tout cela...
— Quel fardeau que de désirer le nécromancien le plus occupé et redouté d'Heranyon !
— Et quel fardeau de désirer la dragonne la plus jalouse et passionnée de ce monde.
— Mais nous sommes si heureux ici, ensemble. Pourquoi continuer tout cela ?
L'elfe ne répondit pas, mais resserra son étreinte, la basculant doucement sur le côté avant de lui caresser la joue avec une tendresse infinie.
— Je comprends, dit-elle, décryptant son silence. Et après ? Après la guerre, que se passera-t-il ?
— Qui te dit que nous triompherons ?
— Peut-être parce que tu as trois dragons de ton côté ? Notre victoire est certaine.
— Tu es si orgueilleuse.
— Est-ce qu'on pourra rester ici, après ? Ou voyager ensemble ?
Les mots de Talya s'estompèrent tandis qu'elle voyait le bonheur s'évanouir du visage de son amant retrouvant sa peau grise.
Quand il se détourna, elle comprit.
— Il n'y aura pas de 'après', c'est ça ? Tu es résolu à mourir au combat ? Malgré tout ?
— C'est inévitable.
— Depuis quand ?
— Depuis mon pacte avec Onhild. Mais en vérité, je le savais depuis que je t'ai laissée à l'ennemi. J'aurais dû le voir venir.
— Il reste toujours un espoir ! s'écria-t-elle, se plaçant au-dessus de lui. Nous sommes forts ensemble !
— Il n'y a plus aucun espoir.
— Tu ne peux pas abandonner !
— Tu m'y as contraint.
Son amertume lui transperça le cœur. Elle vit ses lèvres trembler de colère jusqu'à ce qu'il se lève brusquement pour se rhabiller.
— Il n'a fallu qu'une seconde pour tout changer.
Talya le regarda, ses mots résonnant dans son esprit. Puis, une terrible réalisation la frappa.
— Une seconde où j'aurais dû te faire confiance... murmura-t-elle, couvrant sa bouche pour réprimer un sanglot.
Quand les larmes coulèrent sur ses joues et que Vyrr se retourna, il passa de la colère au désespoir. Il la regarda, désemparé, puis s'approcha pour l'enlacer tendrement.
— C'était... tu...
— Chut. Respire. Oublie ça. Je n'aurais pas dû...
— C'est de ma faute, murmura-t-elle, étouffant ses sanglots. J'ai enfin compris. Tu as cherché une échappatoire, parce que tu m'aimais, c'est ça ?
— Maintenant encore plus qu'à l'époque.
— Et je n'avais pas réalisé, mais c'était évident. Tu cherchais cette lueur d'espoir, cette chance de nous unir après le chaos. Et moi, j'ai tout détruit...
Elle se blottit plus étroitement contre lui, cherchant du réconfort. Avec une douceur infinie, il déposa des baisers sur ses joues humides pour l'apaiser.
— Vyrr, je t'en supplie, dis-moi la vérité. Pourquoi cette conviction de ta fin imminente ? Est-ce lié à ce qu'Onhild nous a révélé ? Est-ce que...
— Oui, c'est cela. Je suis enchaîné au chaos, irrémédiablement. Je ne suis pas seulement un serviteur, j'en ai pris conscience bien trop tard.
— Un réceptacle... Le chaos qui se propage sous terre, Arwin me l'a dit, et Nyosang l'a confirmé : Noaryen va renaître. La seule issue, c'est...
— De m'utiliser. À moins que je trouve un autre réceptacle, aussi puissant et chaotique que moi, pour mourir à ma place. Mais...
— Il a suffi d'un instant, répéta-t-elle. Un instant de colère, de désir de vengeance... et j'ai anéanti notre espoir. Tyris Myumurin. Tu ne voulais pas que je le tue, je n'ai pas écouté, et... J'ai scellé notre destin. Notre amour...
Talya luttait pour respirer, alors il lui offrit son souffle dans un baiser.
Il essuyait ses larmes, tentant de calmer ses frissons.
— Tal... Mon cœur... Ce qui est fait est fait. Je l'ai accepté. Peut-être que notre histoire n'était destinée qu'à être un bref chapitre de ta vie.
— Non, je refuse cela ! s'exclama-t-elle avec véhémence. Nous méritons plus, tu ne peux pas... ! Ça ne se terminera pas ainsi. Avec Arwin, nous trouverons une solution. Nous sommes puissants, et avec ta magie, nous...
Elle s'arrêta, confrontée au regard empreint de tristesse de Vyrr.
Elle comprit qu'il n'avait aucune foi en sa survie. Et cette douloureuse prise de conscience lui fit mal au plus profond de son être.
Avec une impétuosité soudaine, elle le poussa contre le canapé, sans la moindre douceur. Ses baisers furent ardents, parcourant chaque recoin de sa peau qu'elle avait appris à connaître, sensibles sous ses caresses. Vyrr, conscient de l'inévitable, ne la repoussa pas.
— Es-tu certaine de ton désir ? De ce que tu veux vraiment ?
— Je désire t'aimer jusqu'à ce que l'ombre de la mort s'éloigne de tes pensées. Je veux te prouver que tu te trompes, qu'ensemble, nous pouvons déjouer le destin.
— Tal, ce ne sont pas... bon sang... pas tes baisers qui altéreront notre destinée.
— Laisse-moi au moins essayer. Je t'en prie.
Il capitula et laissa échapper un soupir lorsque ses lèvres enveloppèrent son intimité, à demi éveillée. La main de Vyrr sur sa bouche étouffait ses gémissements, son poing se serrant sous l'effet des mouvements habiles de Talya sur son membre.
Avant qu'il ne puisse s'assurer de son humidité, elle l'accueillit en elle complètement, dans un geste pressé et presque désespéré.
— Laisse-moi contrôler.
Vyrr, dépourvu de mots, se contenta d'observer ses mouvements, gravant cette image dans sa mémoire.
Ses gestes, la vision envoûtante de ses seins ondulant au rythme de leurs corps, l'amenèrent quelques minutes plus tard au paroxysme de son plaisir, libérant son extase en elle, accompagnée d'une cascade de jurons.
Essoufflé, il se sentit se fracturer encore plus en voyant son visage à la fois comblé et empreint de mélancolie, avant qu'elle ne succombe à son tour à l'extase.
— Arrête, Tal, souffla-t-il, la tirant vers son torse pour l'étreindre. Arrête de croire que ta force et ta conviction suffiront. Certaines histoires sont vouées à une fin tragique, et il faut l'accepter.
— Mais je t'aime ! Pourquoi cela ne suffit-il pas ?
Une douleur lancinante s'immisçait entre eux, et bien qu'il ait pu oublier ce sentiment depuis le début de leur romance, Vyrr sentait renaître en lui cette envie dévorante de sacrifier le monde au chaos.
Tout cela, il le faisait pour un peu plus de temps avec Talya. Pour lui offrir un monde nouveau, où elle pourrait s'épanouir libre et heureuse, il embrassait pleinement sa destinée.
Pour elle, il ne dévierait pas de son chemin.
— TALYA !
Leur moment d'intimité fut brusquement interrompu par des coups frénétiques à la porte. Tous deux sursautèrent, désorientés.
Peu de gens étaient au courant de leur présence commune dans cette demeure discrète de Brise-Lac. Et de toute manière, personne n'aurait osé les déranger, au risque de s'attirer les foudres mortelles de Vyrr ou de Talya.
Sauf Arwin.
Ce dernier entra sans attendre une invitation, son visage marqué par l'urgence, puis par la gêne de trouver sa sœur à moitié nue sur le canapé.
— Pitié, ne me dis pas que si je fais le tour de ce truc, je vais retrouver quelqu'un sous toi. Dis-moi juste que tu étais en train de te changer et pas en train de-
— Casse-toi Arwin ! s'exclama-t-elle en lui balançant un coussin.
— Oui je- Non ! Habille-toi ! Tu dois impérativement venir ! C'est...
Ses yeux s'écarquillèrent en voyant Vyrr émerger de derrière le canapé. Arwin passa par toute une gamme d'expressions, dont le dégoût, avant de se cacher le visage.
— Mon oncle, nous avons reçu-
— Ne l'appelle pas comme ça alors que j'ai sa queue encore en-
— PAR PITIÉ, TALYA ! TU RENDS ÇA INFERNAL !
Vyrr ne put réprimer un rire moqueur face à leur gêne palpable.
— Il a raison Tal, libère-moi pour que je puisse m'habiller. Et toi, ferme les yeux, gamin.
— Je préférerais les brûler à l'acide...
Tandis qu'ils parlaient, Cassian entra dans la pièce, curieux de savoir pourquoi il attendait encore dehors. Il observa Talya sans gêne, attirant un coup dans son estomac de la part d'Arwin.
— Aïe ! Ma blessure !
— Ça t'apprendra à mater les seins de ma sœur ! Bordel, c'est dégueulasse.
Cassian, imperturbable, s'avança vers le canapé, tendant la main.
— Enchanté, Cassian Nyrh. Arwin m'a beaucoup parlé de vous.
Talya serra sa main, puis Vyrr lui lança une chemise pour se couvrir.
— Tu peux me tutoyer, surtout dans ces circonstances.
— Mes excuses pour l'irruption d'Arwin. Il a visiblement oublié les bonnes manières. Et tu...
Cassian s'interrompit un instant en remarquant les yeux rouges de la jeune femme. Son regard se tourna vers Vyrr, qui secoua la tête.
— Il n'a pas abusé de moi, si c'est ce que tu penses.
— Jamais je n'aurais cru ça. Cet elfe serait bien trop effrayé à l'idée de s'attaquer à un dragon.
— Continue comme ça, et tu finiras congelé, rétorqua Vyrr. Alors, pourquoi cette visite nocturne ? Vous avez besoin d'un cours sur comment pratiquer entre hommes ?
— Quoi ? firent Talya et Arwin en chœur.
— Je suis sûr que Cassian a quelques idées, n'est-ce pas ?
— Ton insolence ne m'avait pas manqué.
— Trêve de plaisanteries, intervint Talya. Pourquoi êtes-vous ici ? Si c'est pour le thé, Arwin, je te transperce de mon épée.
Arwin prit une profonde inspiration, marquant une pause solennelle avant de révéler :
— Nous avons reçu une communication urgente de Greenland. Et ce n'est pas tout.
Il fouilla dans sa besace avec une gravité inhabituelle, déposant brusquement un objet sur la table les séparant du canapé. Vyrr, maintenant vêtu, s'approcha pour examiner de plus près, son visage se figeant en une expression de choc.
— C'est une queue de reptilien, constata Talya, les yeux grands ouverts. Elle appartient à...
— Jakesh, compléta Vyrr, la voix teintée d'une inquiétude palpable. C'était lui qui supervisait le transport du buisson de roses épineuses, celui qui renferme NoMercy.
Vyrr se massa les tempes, et le bonheur qui l'avait enveloppé pendant des jours avec Talya s'évanouit en un instant.
🔥
— Ils ont l'âme de Yara.
— Comment le Héros l'a-t-il su ?
— Il a dû torturer nos soldats après avoir identifié NoMercy.
— On aurait dû trouver un chemin plus sécurisé et...
Talya s'appuya contre le mur en pierre derrière elle, son père restant étonnamment silencieux. Tous deux étaient en retrait de la discussion qui se déroulait à quelques mètres autour de la grande table où étaient assis des elfes corrompus, des nains, ainsi que plusieurs monstres, aux côtés de Viktor Vaeryl.
Quant à Vyrr, il siégeait en bout de table, les yeux fixés sur la missive devant lui.
— Le Roi de Greenland réclame quelque chose en échange, poursuivit Viktor. Qu'a-t-il dit dans la missive ?
— Il demande quelque chose que nous ne pouvons pas lui donner.
Le ton sec d'Arwin, non loin d'eux, fit tiquer Talya. Elle n'avait pas lu cette fameuse missive, et, selon elle, seuls Nelian, Arwin et maintenant Vyrr étaient au courant de son contenu.
— Qu'en pense le dragon ? demanda l'un des gobelins en armure en se tournant vers Arley.
— C'est vrai que nous parlons de ta femme, ajouta Viktor. Un membre de la famille Rose ne peut pas être abandonné par Givrerciel.
Les regards étaient braqués sur lui, Arley resta silencieux avant de croiser le regard de Vyrr. Il entrouvrit les lèvres, mais lorsque l'elfe plissa les paupières, il se ravisa.
— Ce sera le nécromancien qui aura le dernier mot.
Talya fut surprise de la réponse de son père, qu'elle s'attendait à voir partir au quart de tour pour voler vers Greenland et récupérer l'épée des mains de leurs ennemis.
« L'influence de Vyrr est toujours aussi puissante » entendit-elle chuchoter Cassian alors qu'il venait de s'approcher d'eux.
— Devrions-nous déplacer toutes les troupes vers Greenland ?
— La majorité de nos soldats sont déjà engagés dans d'autres combats, répondit Nelian en pointant plusieurs endroits sur la carte posée sur la table. L'escorte de Jakesh devait se rendre à Stormaelyan, et la plupart de nos troupes étaient censées se rassembler près de Crystalis pour affronter l'armée de l'Alliance Étincelante.
— Les miennes, intervint Viktor, sont toujours bloquées au nord contre Stolheim. La Garde du Soleil et les forces d'Okuni se battent actuellement dans la région de Southbay pour sécuriser une voie vers le sud, mais... Attaquer le Héros ? Si tôt ?
— La queue de mon semblable est un sérieux avertissement, déclara l'un des reptiliens. Une queue repousse totalement en vingt jours. C'est un compte à rebours. Ils veulent une réponse, Mon Seigneur.
Vyrr tapota la table du bout des doigts, son attention toujours rivée sur la missive, avant de lever les yeux vers Arwin.
— Viktor, pourrais-tu officiellement envoyer le Prodige de Givreciel à Greenland ? Ce serait considéré comme une négociation.
— Arwin pourra-t-il se tenir correctement devant le Héros ? répliqua Viktor.
— Et devant son fils, Emmett ?
Arwin tourna la tête vers Drunog, qui faisait jouer son marteau dans sa main.
Le jeune homme n'avait pas oublié à cause de qui Alcine était morte, et il avait toujours promis de se venger. Si Myumurin était mort, la personne qui avait orchestré cet enlèvement contre lui et son amie était toujours en vie.
— Si je l'accompagne, ça ira ? proposa Cassian.
— C'est jouable. Mais je dois opérer Arwin avant votre départ. Si nous avons bien compté, il doit rester un peu plus de dix jours pour leur fournir une réponse.
— Alors opère-moi ce soir, déclara Arwin.
Vyrr leva les yeux vers Arley, qui approuva d'un signe de tête. Cependant, au moment où tout semblait être réglé, Talya fit un pas en avant et annonça :
— J'irai avec Arwin.
— Hors de question, répondit Vyrr catégoriquement sans la regarder.
— Je suis aussi compétente au combat que lui.
— Tu n'as pas de statut diplomatique qui-
— Je suis encore considérée comme la "princesse de Greenland, manipulée par le nécromancien et enlevée lors de son mariage". Je peux prétendre que j'ai réussi à me libérer de ton emprise et nous permettre de nous infiltrer pour récupérer NoMercy.
— Son idée n'est pas mauvaise, intervint Viktor. Ce serait même la meilleure option, car elle connaît bien le Héros et le prince Emmett.
— Hors de question, répéta l'elfe d'un ton plus ferme.
Soudain, l'atmosphère dans la pièce devint à la fois plus chaude et plus oppressante. Certains pouvaient voir l'aura chaotique de Vyrr se développer autour de lui, tandis que d'autres ressentaient une vague de chaleur émanant de Talya.
— Qu'ont-ils demandé ?
Tous se tournèrent soudain vers Arley, les bras croisés, qui fixait le nécromancien.
Ce dernier resta silencieux, et c'est Nelian qui prit l'initiative :
— En échange de l'épée NoMercy, la princesse Talya Green devra leur être rendue, libérée de l'emprise de Vyrr Rhapsody, afin de sceller son union avec le prince Emmett.
— Je refuse de vendre ma sœur à ce salopard !
— Nous en revenons au plan de Talya, finalement. Je ne vois pas en quoi cela pose problème.
— Ma fille, penses-tu pouvoir le faire ?
— Il n'y a même pas à réfléchir.
Vyrr se redressa, posant ses mains sur la table, puis il fixa Talya d'un air sévère en déclarant :
— Si Emmett Green touche à un seul millimètre de ta peau, je lui couperais toute envie de recommencer. Définitivement.
— Je n'ai pas besoin de ta protection contre Emmett, répliqua Talya. Je jouerai simplement la comédie, comme je l'ai toujours fait avec lui, et je récupérerai NoMercy.
— Talya, si tu te rends à Greenland et que tu l'épouses, je ne ferais plus preuve de retenu avec eux.
Elle savait qu'il le ferait, et à cet instant, personne dans la pièce, sauf Arley, ne pouvait soutenir le regard du nécromancien. Tous avaient peur de ce dont il était capable, beaucoup l'avaient vu à l'œuvre sur un champ de bataille, mais seul l'homme-dragon n'avait aucun doute sur sa cruauté si on le contrariait.
— Arwin et Cassian partiront pour Greenland avec un petit groupe pour récupérer NoMercy et le reste de l'escorte. Fin de la discussion.
— Un mot, Vyrr.
Ce dernier haussa un sourcil avant de demander aux autres de quitter la pièce le temps d'une pause. Arwin hésita mais le seul regard déterminé de sa sœur le convainc. Quant à Arley, il lui suffit de poser sa main sur son épaule quelques secondes pour comprendre ce qui allait se jouer dans cette pièce, avant de partir.
Enfin, seuls, Talya se rapprocha jusqu'à Vyrr s'étant levé et retourné pour fixer le feu dans la cheminée derrière lui.
— Te voir ne serait-ce qu'à côté de lui va me donner envie de faire sombrer ce monde, murmura-t-il.
— Nous n'avons pas terminé notre discussion d'il y a quelques heures.
— Tu veux dire avant que je me fasse chevaucher par un dragon ? Allez, parle. Mais je ne changerais pas d'avis sur ton désir de partir vers Greenland.
Talya poussa un soupir avant d'arriver dans son dos et d'enrouler ses bras autour de la taille de l'elfe.
Elle posa sa tête contre lui, se concentrant sur sa respiration jusqu'à sentir sous ses mains de très légers battements de cœur.
— Tu ne vas pas mourir, dit-elle. Ne fais pas comme si tu le désirais.
— Je le désire. Sincèrement.
— Même après... « nous » ?
Il se retourna enfin avant de prendre les mains de Talya entre les siennes et de les embrasser délicatement, pour ensuite les relâcher.
— Tu t'en veux toujours pour ce qui est arrivé avec ma mère, chuchota-t-elle.
— Je m'en voudrais toute ma vie. Et je l'ai déjà dit : les gens comme moi doivent payer. C'est mon fardeau, si je vis encore, c'est pour réparer mes erreurs. Toutes mes erreurs.
Talya reprit ses mains et se colla à lui avant de caresser sa joue tout en réprimant un reniflement.
— Je les accepte toutes, dit-elle enfin.
— C'est pour me supporter quand je suis avec toi, Tal. Parce que tu mérites ce qu'il y a de mieux. Et je suis le pire. Alors je vais continuer jusqu'à la fin.
— Laisse-moi me battre pour toi ! s'exclama-t-elle soudain. Ça ne peut pas résoudre comme cela !
— On s'implique pour la guerre, pour la justice, la quête d'un monde meilleur. Pas pour moi. Je disparaitrai pour laisser un bel avenir exister.
— Alors laisse-moi disparaitre avec toi. Sans toi, je perdrais le combat... Et je hais la défaite.
Vyrr laissa s'échapper un petit rire triste avant de l'enlacer si fort qu'elle crut en perdre le souffle. Mais pour rien au monde elle n'aurait voulu quitter ses bras à cet instant.
— Ne fais pas de moi ta raison de vivre. Jamais.
Il l'embrassa avec tendresse avant de brusquement se détourner, de retrouver son masque de sévérité et de partir d'un pas rapide hors de la pièce.
La discussion était close et il était bien déterminé à suivre la destinée qu'on lui avait accordée depuis des années.
Mais Talya n'était pas de cet avis. Elle n'avait pas l'intention de s'arrêter là, même si cela signifiait qu'elle devait s'opposer à l'homme qu'elle aimait.
— Je ferais de toi ma raison de me battre.
Long chapitre mais nécessaire pour l'arrivée d'un événement perturbateur qui va tous les entrainer vers la fin de l'histoire ! Qu'en avez-vous pensé ?
De la nouvelle proximité de Talya et Vyrr ? Si vous l'avez bien comprit, c'est en retrouvant Myumurin que Talya a déconné en le tuant malgré la demande de Vyrr 😬 Elle les a condamné comme ça, donc plus d'espoir ! A moins que... ? 🤔 On verra bien 👀
NoMercy aka l'âme de Yara coincé dans l'épée est maintenant entre les mains du Héros. Qu'en pensez-vous ? Que va faire Talya ? Va-t-elle ignorer l'avertissement de Vyrr ? Vos théories sur la suite ?
J'espère que la suite vous plaira ! On se retrouve pour le prochain chapitre ! N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/commentant/la partageant à vos proches🥰
P.S : je vous remets la carte parce que ça faisait longtemps !
(mon cœur pleure 😭)
🔥🔥🔥
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