34🔥Le gardien de la forêt

[ARWIN]


« Arwin,

Je ne te demande pas comment tu vas, je le sais.

J'ai eu connaissance de tes exploits lors des jeux de l'arène des gobelins. Lorsque tu as battu un géant, mais également tes autres combats. Apprendre que tu as sympathisé avec les gobelins ayant fait de toi leur nouveau champion, me surprend un peu.

Est-ce une manœuvre habile ou de la pure stupidité sur l'immense gentillesse qui t'habite ? J'opterais pour la deuxième option.

Quoiqu'il en soit, « le démon du désert » est devenu ton nouveau surnom. Ironique pour un garçon aussi mielleux qu'une friandise du sud. Les gens parlent de toi comme d'une créature inhumaine donc je te conseille de n'utiliser ce surnom que lorsque tu veux participer à des compétitions ou te faire mousser.

En parlant de compétition, le tournoi de l'Amaryllis à Greenland va bientôt avoir lieu.

Je sais que tu te plais avec tes nouveaux amis, à apprendre leurs styles de combats, et que Jakesh doit être soulagé de travail en t'ayant parmi eux, mais j'insiste pour tu t'y rendes avant de rentrer pour Givreciel.

Pas uniquement pour le combat, mais pour ta vengeance.

Après des recherches approfondies, j'ai rassemblé des preuves solides confirmant l'identité du haut-elfe ayant engagé les guerriers missionnés pour te tuer il y a quelques années. Mais également l'identité de son employeur. Tu trouveras toutes les informations nécessaires au dos de cette lettre.

Je ne te demande pas un bain de sang, au contraire. Je veux que tu observes, que tu te confrontes à celui ayant causé la mort d'Alcine, mais que tu restes calme. Dans le contrôle de ta rage. C'est un entrainement que je te donne et qui te sera utile pour l'avenir.

Ne t'inquiète pas, je m'occuperais personnellement de l'elfe.

Outre ta vengeance, il serait nécessaire que tu te confrontes à ta sœur.

Aux dernières nouvelles, elle n'enchaine que les mauvaises décisions et s'éloigne de plus en plus de nous...

J'en suis fautif et je trouverais un moyen de lui ouvrir les yeux sans qu'elle ne déchaine sa colère sur le pays. Quitte à la subir de plein fouet pour tout le monde.

Il n'est pas certain que tu la croises, mais si cela arrive, tu peineras peut-être à la reconnaitre. Sa mémoire perdue ne t'aidera pas. Pour elle, tu ne seras qu'un étranger... Alors fait le nécessaire la « réveiller » sans te mettre en danger pour autant.

Enfin, si je te demande de revenir après cela à Givreciel, c'est parce que Viktor a besoin de son Prodige et parce qu'il faut bien quelqu'un pour discuter avec ce glaçon de Cassian.

Tu auras tout le loisir de visiter le continent Est une autre fois. Dès que tu le peux, après la fête de l'Amaryllis, pars en direction du Sud-Ouest et rends-toi au port de Southbay, pays frontalier de Greenland. Pour la suite, tu recevras mes indications par corbeau.

Fais attention à ton cul bouillant.

Détestablement,

Vyrr Loraelyan Rhapsody. »



« Vous ne devriez pas lire alors que vous avez la tête sensible, m'sieur ! »

Son mal de ventre étant de retour, Arwin rangea la lettre de son oncle dans sa sacoche avant de cracher hors de la charrette le transportant.

Lui et les vingtaines de poules en cages à ses côtés.

Le roulier, un garçon d'à peine quatorze ans, ne put s'empêcher de rire face au teint pâle du jeune homme n'en pouvant plus du voyage dans ces conditions.

Il avait pourtant déjà voyagé à cheval et même en bateau, mais les soubresauts de la charrette et l'odeur des poules à ces côtés le rendaient nauséeux.

La traversée du désert avait été dure, quoiqu'amusante pour sa découverte des marchés ambulants des populations nomades, mais arrivé aux frontières de Greenland, Arwin sentit que pénétrer dans la capitale serait compliqué.

Comme le lui avait raconté Katerina il y a quelques années, des contrôles par des miliciens aux frontières étaient très fréquents et systématiques lors de la fête de l'Amaryllis. Il fallait une identité en règle et avoir préalablement informé le royaume de son entrée dans la capitale.

Un calvaire pour les clandestins et les monstres cherchant à faire leur commerce.

Arwin, grâce à sa bonté, avait accepté d'aider un fermier submergé de dettes et vivant à l'Est du pays pendant une semaine. Ses récoltes terminées en temps et en heure, il avait sauté sur l'occasion pour prendre une place dans la charrette du fils du fermier, Kyle, qui se rendait à la capitale pour vendre ses poulets à une célèbre rôtisserie.

Le jeune homme n'aurait qu'à se cacher sous la charrette, s'accrochant habilement pour rester discret, jusqu'à la fin du contrôle des miliciens.

Même si ce plan n'avait pas l'air terrible, il n'avait que cette option.

— Z'avez tellement hâte de retrouver vot' sœur que vous faites tout sortir ? Ah ah !

— T'as pas idée, Kyle ! Elle me manque tellement.

— J'ai quatre sœurs, m'sieur. Je ne vois pas comment elle pourrait me manquer !

— Ma sœur et moi sommes presque des jumeaux. Je pense que c'est pour ça qu'on a un lien fort et que sans elle, je ressens un vide en moi... m'enfin, c'est compliqué. Peut-être que je ne la verrais pas à la fête de l'Amaryllis, mais j'ai tout de même hâte.

— Ça fait du bien d'vous voir sourire ! Et je suis sûr que vous allez tout déchirer au tournoi ! Il parait que c'est de moins en moins fameux chaque année.

— On verra... Tiens ? Kyle ? Ça sent le brûlé. Tu vois quelque chose ?

— Hum... non. Normalement le poste de contrôle est encore loin mais- CACHEZ-VOUS M'SIEUR !

Le garçon hurla avant de se mettre la main sur la bouche en apercevant un milicien à cheval, arrivant dans sa direction.

Arwin eut juste le temps de sauter hors de la charrette et de se cacher sous cette dernière, en contractant bien tous ses muscles afin de tenir sans bouger.

« Bonjour, petit ! » s'exclama le milicien en l'observant des pieds à la tête, « On vient vendre de la bonne volaille ? Il va falloir te dépêcher parce qu'à cette allure, tu n'arriveras qu'au dernier jour des festivités ! Allez, je t'accompagne jusqu'au contrôle. Presse ton cheval. »

Kyle ne put qu'accepter la proposition du milicien d'un sourire crispé alors qu'il avait conscience que le prochain poste de contrôle était si loin qu'il faudrait un miracle pour qu'Arwin tienne.

Ce dernier priait à chaque soubresaut de la charrette qu'elle s'arrête enfin alors qu'il entendait le soldat faire la conversation avec l'enfant à l'avant.

Jusqu'à ce que la discussion avec ce dernier ne devienne intéressante pour lui :

— La fréquentation est en baisse depuis des années, poursuivit-il. Surtout que cette année, l'elfe noir Myrte ne participera pas. Il n'y aura aucune excitation...

— Ah oui, mon père m'en a parlé. La compétition risque d'être ennuyeuse.

— Pas tant que ça. Le prince héritier, Emmett, va participer.

En entendant ce nom, la mâchoire d'Arwin se crispa et il dut retenir un grognement vite remplacé par une envie de vomir de nouveau.

— Il parait qu'il fait ça pour que l'Église de la Lumière le reconnaisse plus rapidement comme un chevalier capable d'intégrer l'Alliance Etincelante.

— Il ne veut pas être Prodige ?

— C'est l'hériter, il n'en a pas le droit. Et d'après les rumeurs... Il compte profiter de la victoire pour annoncer ses fiançailles.

— Vraiment ?! Avec qui ? Une noble du pays ou d'ailleurs ?

— Ce n'est que des rumeurs, mais... Ah, on va arriver. Continue à ce rythme, petit. On se retrouve au contrôle.

Une nouvelle grosse goutte de sueur glissait le long du crâne d'Arwin, ce dernier ayant les muscles en feu alors que l'odeur de fumée devenait de plus en plus puissante et chatouillait ses narines.

« Courage m'sieur, on va presque passer » déclara Kyle avant de faire accélérer son cheval.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent au dernier poste de contrôle afin de pénétrer aux abords de la capitale. La ville était encore à quelques kilomètres mais après cette étape, Arwin serait tranquille.

« Halte-là, bonhomme. Ça va être rapide. Papiers d'identités et de marchandises. »

Le même milicien l'ayant accompagné regarda rapidement les volailles et, lorsqu'il s'accroupit pour passer la tête sous la charrette, Arwin dû retenir son souffle et supplier mentalement le garçon pour qu'il applique son plan.

« Vous voulez des gâteaux ? Ma sœur m'en a fait pour le voyage et je n'ai plus faim. »

De la corruption par l'estomac.

Payer les miliciens aurait été louche alors avant leur départ, Arwin avait mis en pratique ses compétences culinaires pour préparer des gâteaux secs. Très simple mais accaparant déjà l'attention du soldat visiblement affamé.

Le plan fonctionna, empêchant la vérification ayant coûté cher à Arwin, et la charrette put reprendre sa route en passant sous la grande arche en bois indiquant l'entrée dans la capitale de Greenland.

Mais avec ce soulagement, la résistance d'Arwin faiblit et les mains de ce dernier glissèrent. Le faisant tomber au sol si violemment qu'à quelques mètres de là, les miliciens se retournèrent et le virent.

« Eh ! Toi, là ! Un clandestin ! Attrapez-le ! »

Ne voulant plus causer de problèmes à Kyle, Arwin attrapa rapidement ses affaires et parties en courant à travers les champs, poursuit par trois soldats. Sa course était rude à cause de son effort continu pour se cacher, mais il ne pouvait pas se permettre d'être attrapé.

Alors il prit sur lui, sur la douleur, et s'échappa le plus rapidement possible. Dépassant les champs pour arriver dans une forêt, seul endroit où il avait une chance semer ses ennemis.

Et après s'être caché dans un arbre, couvrant sa bouche de sa main pour ne pas que sa respiration erratique ne s'entende, il dut attendre une bonne heure pour avoir la confirmation que les soldats étaient partis.

Lorsqu'Arwin sauta de sa branche, ses muscles endoloris le firent tomber et rouler le long d'une pente avant d'interrompre sa course en le faisant se cogner contre le tronc d'un chêne massif.

Un impact qui le plongea dans l'inconscience pendant plusieurs heures...



🔥🔥🔥



« Ohé, réveillez-vous. »

Arwin poussa un grognement et cligna plusieurs fois des paupières alors qu'au-dessus de lui, la nuit s'était déjà installée et les criquets perturbaient le calme environnant.

Il s'appuya doucement sur ses mains avant de faire une grimace et, alors qu'il s'apprêtait à toucher l'arrière de son crâne, quelqu'un lui saisit rapidement le poignet.

« Je viens d'appliquer un baume de soin. Ne touchez pas. »

Le jeune homme leva la tête et fut surpris de voir en face de lui, un masque de cerf avec de grands bois. Le porteur du masque était un jeune homme, pas si loin de son âge, aux courts cheveux bruns et portant un pantalon et une chemise à col serré sous son veston en cuir.

Il empestait d'une odeur forte de parfum lui rappelant l'alcool et la terre séchée.

« Lèvez-vous. »

Arwin sentait dans le ton de sa voix que sa présence dans ces bois le dérangeait, alors il obéit mais ne cacha pas son irritation.

— Est-ce que j'ai foulé votre terre sans permission ?

— Ma terre ?

— Avec votre masque, vous devez être une sorte de gardien de la forêt et des créatures des environs, non ?

Le jeune homme hésita un instant avant de hocher la tête... lorsqu'il commença à s'éloigner en silence.

— Attendez ! Je tiens à m'excuser si j'ai fait quelque chose de dérangeant.

— Vous excuser ? Vous n'avez rien fait, si ce n'est me perturbé dans ma quête.

— Une quête ? Ça m'intéresse ! J'ai toujours voulu être un aventurier ! Qu'est-ce que vous cherchez ? Ou alors, vous êtes là pour repousser les étrangers comme moi ? D'ailleurs, où sommes-nous ? Sommes-nous loin de la ville ? J'entends des bruits au loin donc j'imagine que non, mais-

Les mains sur ses hanches, l'inconnu fit immédiatement comprendre à Arwin qu'il parlait trop. Mais ce dernier était curieux et cela se voyait tant sur son visage que le gardien désigna du doigt le tronc du chêne.

« Derrière. C'est ça, ma mission. »

Arwin fit le tour de l'arbre avec lui avant d'ouvrir grand les yeux sur un rosier poussant si près du tronc que cela paraissait anormal pour n'importe qui.

Les roses étaient d'un rouge sanguin, entourées d'épines et alors qu'il allait demander en quoi cette plante représentait une « mission », il lui suffit de plisser les paupières pour percevoir un éclat brillant au contact d'un rayon de lune.

Une épée était emprisonnée à l'intérieur.

— Oua ! s'exclama-t-il. C'est pas mal du tout !

— Pas mal du tout... ?

— On dirait que le rosier a poussé tout autour de l'épée comme une cage. Et du coup, c'est ça que vous voulez ?

— Exactement. Elle est connue dans la région comme « l'espoir perdu de la guerre ». Cet endroit n'est pas évident à trouver dans cette forêt mais ceux qui sont arrivés jusqu'ici n'ont jamais réussi à faire sortir l'épée.

— Pas même avec du feu ?

— Non.

Arwin hésita un instant, se disant que se servir de son souffle draconique ne serait pas une mauvaise idée... mais Vyrr lui avait appris à se méfier de tout le monde.

Dévoiler sa nature, surtout à Greenland, terre des exterminateurs de sa race, n'était pas une bonne idée.

— C'est comme l'histoire de l'Épée de la Lumière ? Celle destinée à n'être retirée de son socle que par le sauveur de l'humanité.

— Le Héros et actuel souverain du pays, en effet. Mais je ne pense pas que ce soit le cas pour cette arme. On ne peut même pas attraper le pommeau.

— Vous avez essayé ? Si vous êtes le gardien de cette forêt, les ronces devraient... je ne sais, disparaitre par magie ? S'écarter à votre contact ?

— Cela m'étonnerait.

— On a qu'à essayer ensemble !

Arwin fut un brin soulagé que l'inconnu porte un masque parce qu'à son simple silence, il comprit que l'idée qu'il avait évoquée lui semblait stupide.

« D'accord. »

« Pas si stupide » pensa-t-il en haussant les épaules avant se mettre de l'autre côté du rosier.

Les deux hommes rapprochèrent doucement leur main du sommet de la plante, lorsque comme l'avait prédit Arwin, les branches et ronces s'écartèrent pour laisser apparaitre le pommeau.

L'inconnu hésita un instant avant qu'Arwin ne hoche la tête pour le convaincre. Ils agrippèrent tous les deux la poignée de l'épée et se mirent à tirer. L'arme se dégagea d'elle-même du rosier, comme par magie, et n'émettant aucune résistance.

Elle finit dans les mains d'Arwin observant la lame avec attention, lorsqu'il sentit l'aura d'hostilité de l'inconnu face à lui.

Tous les deux regardèrent le rosier mourir et, alors qu'Arwin allait faire le premier pas, il se fit devancer :

— Donnez-la moi.

— Pas la peine d'être agressif. On l'a retiré ensemble mais c'est votre mission. Je ne suis pas un voleur.

— Hum.

— Hope.

— Quoi ?

— C'est ce qui est écrit en tout petit sur la lame. « Hope ». C'est « espoir ». Tenez.

Le gardien de la forêt accepta l'arme en silence avant d'également s'attarder sur la lame, lorsqu'il leva la tête vers Arwin et pointa la lame vers lui.

« Je ne vois marquer que « Envy ». La jalousie. »

Arwin fronça les sourcils, se disant que ce nom d'arme lui rappelait quelque chose, mais il n'arrivait pas à s'en souvenir.

Il observa l'inconnu accrocher l'arme à sa ceinture, attendant des remerciements qui ne vinrent pas. Sa frustration gagnant un peu plus de terrain, il croisa les bras en attendant que ce dernier n'esquisse un départ sans un salut, avant de dire :

— Vous m'en devez une.

— Je vous ai soigné. Je ne vous dois rien.

— Est-ce que tous les greenlandais sont si mal polis ?

— ...Merci pour l'aide. Même si j'aurais fini par trouver une solution.

— Ben voyons. Est-ce que je vais avoir le déplaisir de vous recroiser ? Peut-être au tournoi, vu l'épée que vous venez de gagner ?

— Peut-être bien. Au déplaisir.

— C'est cela, oui. Hâte de vous botter le cul.

L'inconnu lui répondit d'un magnifique doigt d'honneur qu'Arwin imita instantanément en le voyant partir avant de lui crier :

« Attendez ! Comment on retourne en ville ?! »

La seule réponse qu'il eut fut l'ignorance de celui qu'il venait d'aider.

Sa première rencontre avec un greenlandais étrange était désastreuse et il n'avait qu'une envie : le retrouver et croiser le fer avec lui.

Mais pour cela, il devrait attendre le tournoi de l'Amaryllis.



L'épée "Hope" également appelé "Envy", ça ne vous rappelle rien ? Au cas où : Arwin et l'inconnu a tête de cerf sont arrivé à l'endroit où, après la mort de Glenn, Leone et le Roi Régis se sont retrouvé pour porter un dernier hommage à leur ami. L'invocatrice a alors emprisonné l'épée de Yara, Envy, dans un rosier magique pour que personne ne reprenne l'épée de Glenn. Personne ? 😏

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? De l'arrivée d'Arwin à Greenland ? Je l'aime tellement ce gamin mais il a vraiment que des emmerdes !😅

De sa rencontre avec cet inconnu ? Prendra-t-il conscience d'avoir donné l'épée de sa mère à un "gardien de la forêt" ? 🤔

La semaine prochaine, on commence le tournoi de l'Amaryllis. Ça va être court mais riche en émotion ! J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en votant ou en me laissant un commentaire !🥰

[P.S : j'ai fait un nouveau post dans mon rantbook "Devenez RICHE avec l'édition" pour raconter la première partie de mon aventure pour la sortie de The Marvelous Diner. C'est bourré d'humour et de déprime ahah. N'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil]

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