32🐲Doux rêve

[TALYA]


Depuis son marché avec Onhild, dans sa quête de découvrir de nouvelles vérités sur ce monde et de trouver un moyen de sauver Yara, Vyrr Rhapsody n'avait pas eu plus de trois heures de sommeil par nuit.

Une partie de son immortalité et de sa vitalité était le prix à payer.

C'est pourquoi, en se réveillant de son évanouissement, il se sentit étonnamment apaisé, comme s'il avait dormi une nuit complète.

Allongé sur le lit qu'il avait occupé il y a quelques années, lorsqu'il vivait avec Arwin, il tendit l'oreille en entendant des bruits étranges au rez-de-chaussée. Habillé d'une simple chemise ample aux manches bouffantes et d'un pantalon en lin trop grand pour ses fines jambes, il prit un moment pour se lever discrètement et se glisser jusqu'aux escaliers.

Une agréable odeur chatouilla son appétit, et ne pouvant réprimer les gargouillements embarrassants pour quelqu'un de sa prestance, il décida de se montrer en descendant les marches.

Cependant, il s'immobilisa en découvrant Talya affairée à la cuisine.

Avec ses cheveux blonds retenus en une queue de cheval, elle dégagea une mèche avant d'ajouter du thym dans une marmite bouillante au-dessus du feu de la cheminée. Puis, elle se tourna vers le plan de travail, concentrée, et coupa un mélange d'herbes avec sa dague qu'elle ajouta également à la mixture.

Leurs regards se croisèrent, et un moment de tension palpable s'installa. Vyrr, tentant de masquer sa surprise, prit une pose désinvolte contre le mur.

— Essaies-tu de m'empoisonner ? lança-t-il avec une pointe d'humour.

— Bien le bonjour, répondit-elle en retournant à sa tâche. Tu dois être affamé après une journée entière de repos.

Vyrr haussa un sourcil, sa curiosité piquée.

— Et qu'est-ce qui mijote ici ?

— Du sanglier. J'ai été chasser avec Arwin plus tôt. À moins que tu ne préfères des légumes... Oh, j'oubliais, tu es plutôt amateur de sang.

— Et de chair.

Talya se contenta de hocher la tête avant de servir deux bols de ragoût. Elle invita Vyrr à s'asseoir, qui après une légère hésitation, accepta.

Face à elle, il observa le plat avec suspicion.

— Est-ce que tu veux me faire plaisir ?

— Je peux essayer.

— Alors mange. Tu sembles avoir perdu du poids depuis l'opération de Cassian.

— Je suis touché par ta sollicitude, répliqua-t-il avec une pointe d'ironie.

— Mange.

À cause de l'odeur alléchante, Vyrr prit une grande cuillère de ragoût et, sous le regard attentif et plein d'attente de Talya, il pria les Anciens Dieux pour qu'une larme ne s'échappe pas de ses yeux.

Le goût était infâme et, littéralement, capable de réveiller un mort.

« Elle pratique la nécromancie à un autre niveau... » pensa-t-il en tentant de sourire face à elle alors qu'il songeait à utiliser la marmite encore sur le feu pour la répandre sous terre et tuer la source du chaos.

— C'est... unique.

— Ça ne te plait pas ? demanda-t-elle.

Talya le fixa, sceptique. Puis, elle goûta elle-même et une grimace lui échappa.

— C'est si mauvais que ça ?

Vyrr posa sa cuillère et d'un geste rapide, prit son bol et vida d'une traite l'intégralité du ragoût. Pour faire passer les quelques morceaux de sanglier dont le goût n'avait plus rien à voir avec ceux de ses souvenirs, il but également cul sec le verre d'eau face à lui.

— En fait, c'était plutôt bon.

Cette dernière laissa passer un instant une émotion sincèrement émue sur son visage, avant que la contrariété ne la chasse.

— Tu n'arrêtes pas de me mentir.

— Tu m'as demandé de te faire plaisir.

— La vérité.

— Tu pourrais tuer un Dieu avec ça.

Talya l'observa, un sourcil levé, avant d'éclater de rire face à l'expression contrite de Vyrr.

Le rire de Talya était si contagieux que Vyrr se laissa emporter, oubliant un instant les poids et les douleurs de leur existence. Pour une rare fois, ils partagèrent un moment de légèreté et de complicité, un bref instant de normalité dans leur vie tumultueuse.

— Dans un monde idéal, nous pourrions vivre ce genre de scène tous les soirs.

— Je ne survivrais pas à une telle dose quotidienne de ton infâme cuisine, dit-il en appuyant sa tête contre sa main, un sourire en coin.

— Dans un monde idéal..., répéta-t-elle, rêveuse.

Les mots flottèrent au-dessus d'eux. Le poids de tous les mensonges, leurs passés, les conséquences de leurs actes, pesaient si lourd sur leur épaule que Talya s'affaissa, la tête enfouie dans ses bras croisés sur la table.

— Est-ce égoïste de vouloir un tel monde ?

— Tu l'auras. Un jour, il sera à toi. Et il sera magnifique.

— Mais il sera sans toi, c'est cela ?

Vyrr détourna le regard vers les flammes dans la cheminée, perdu dans ses pensées. Un silence s'étira entre eux, brisé seulement par le crépitement du feu, jusqu'à ce que Talya se redresse, son regard déterminé se fixant sur le nécromancien.

— Une journée. Accorde-nous une journée normale. Une journée où tu n'es pas le nécromancien que le monde craint et où je ne suis pas la princesse dragonne de Greenland.

« Je te donnerais une éternité, si seulement je le pouvais » pensa Vyrr, absorbé par l'intensité de son regard.

— Quelle journée ?

— Après-demain. Prends le temps de te libérer de tes obligations, juste pour moi.

— Et que ferons-nous durant cette journée, ma chère princesse ?

Talya leva les yeux au ciel, un sourire espiègle sur les lèvres.

— La matinée sera à toi. Fais ce que tu veux, mais avec moi. L'après-midi, je prends les rênes. Tu me suivras, sans poser de questions.

Vyrr acquiesça, un frisson d'anticipation parcourant son échine.

Pour une journée, ils pourraient oublier qui ils étaient et simplement exister l'un pour l'autre, même si ce n'était que pour un bref instant dans leurs vies tourmentées.

— Rien qu'une journée. Ensuite, tout s'arrête, comme si rien ne s'était jamais passé, déclara Talya, sa voix empreinte d'un mélange de détermination et de tristesse.

— Marché conclu.

Leurs mains se serrèrent brièvement, scellant leur accord.

La porte s'ouvrit brusquement, rompant l'instant suspendu. Arley apparut, son imposante silhouette se découpant dans l'encadrement de la porte. Son regard perçant se fixa immédiatement sur leurs mains qui se séparèrent aussitôt.

— Ne t'a-t-on jamais appris à frapper avant d'entrer ?! s'insurgea Vyrr, son irritation palpable.

D'un mouvement brusque, il lança sa tasse en direction d'Arley.

L'homme-dragon, avec une agilité et une précision déconcertante, arrêta la tasse en plein vol, à peine à quelques centimètres de son visage impassible. Il tenait l'objet entre ses doigts comme s'il n'était qu'un jouet fragile.

— Il semblerait que certaines habitudes ne changent jamais, répliqua Arley, un soupçon de sarcasme dans la voix.

— Au cas où tu te poserais la question, poursuivit Vyrr, visiblement agacé, tu déranges.

— Au cas où tu te poserais la question, répondit Arley du même ton, je suis parfaitement au courant de ce qu'il se passe entre vous.

Vyrr leva un sourcil, un air de défi dans les yeux.

— Il n'y a rien.

— Il y a tout.

Un silence tendu s'installa dans la pièce, chaque personnage absorbé dans ses pensées. Talya se leva, l'air décidé.

— Père, tu m'avais laissé entendre que mes choix t'étaient indifférents, rappela-t-elle doucement.

— Je ne change pas d'avis sur cela, affirma Arley, le ton ferme. C'est simplement que... voir tout ça se dérouler devant moi me rappelle ce que le père de Yara a dû ressentir quand nous avions dormi à Greenland.

— Dormi, répéta Vyrr avec un sourire en coin, insinuant une histoire plus profonde.

— Je préfère ne pas en savoir davantage, coupa Talya, visiblement mal à l'aise.

Arley observa l'elfe attentivement, notant sa main qui tremblait subtilement et une rougeur presque imperceptible sur ses joues alors qu'il n'arrivait pas à détacher son regard de Talya.

— Que serais-tu prêt à faire pour ma fille ? demanda Arley, sa voix portant un poids de responsabilité.

— Pour elle, je me battrais pour rendre son monde meilleur, même si cela signifie verser des mers de sang, répondit Vyrr, sa voix grave témoignant d'une détermination sans faille.

Ce n'était pas une promesse en l'air ; c'était ce qu'il faisait déjà.

Arley acquiesça lentement, puis se tourna pour quitter la pièce sans un mot supplémentaire, laissant planer un silence lourd.

— Il a toujours été comme ça ? demanda Talya, une pointe de curiosité dans sa voix.

— C'était bien pire avant.



🔥



Leur jour était arrivé, apportant avec lui une aube fraîche et un ciel teinté de rose et d'orange. Une fine couche de neige recouvrait la terre, étincelant sous les premiers rayons du soleil.

C'était dans ce cadre que Talya et Vyrr se retrouvèrent à l'une des entrées de la montagne d'Onhild, découvrant chacun la tenue de l'autre pour la première fois.

Talya était vêtue d'une robe beige, confectionnée dans un tissu à la fois fluide et chaud. La robe, délicatement cintrée à la taille, s'évasait gracieusement en dessous de ses genoux, lui conférant à la fois une élégance naturelle et une grande aisance dans ses mouvements. Une barrette ornée d'une somptueuse rose rouge retenait quelques mèches blondes, empêchant qu'elles ne voilent son visage.

Vyrr, quant à lui, portait un chemisier ajusté, qui mettait en valeur sa silhouette fine, mais musclée. Les manches légèrement retroussées révélaient des avant-bras toniques, tandis que son pantalon en cuir épousait parfaitement ses formes. Ses cheveux étaient coiffés avec soin, lui donnant un air soigné, mais avec une touche décontractée.

Leurs regards se croisèrent, créant un moment suspendu dans le temps, un échange silencieux d'admiration et d'affection. Un sourire éclatant illuminait le visage de Talya.

— Tu es détestablement belle, dit-il avec un mélange d'ironie et de sincérité, saisissant délicatement la main de Talya pour y déposer un baiser respectueux.

— Ah, la légendaire galanterie des elfes ! rétorqua-t-elle.

La neige, scintillant sous les premiers rayons, semblait s'illuminer de mille feux. Après quelques instants de silence durant lesquels ils contemplèrent la beauté de la nature devant eux, ils se dirigèrent vers l'écurie où deux chevaux les attendaient.

Ils partirent au trot, quittant la cité en direction du village voisin. Malgré le printemps bien installé, la couche de neige crissait sous les sabots des chevaux, créant une mélodie douce et rythmée.

La conversation entre eux était naturelle et taquine. Comme lorsqu'il avait été Sinath ou qu'ils avaient voyagé ensemble.

Le village, niché au creux de collines doucement ondulées, apparut bientôt à l'horizon. Des fumées s'élevaient des cheminées, signe de la vie qui s'éveillait lentement.

— J'ai une maison ici. C'était là que je venais me réfugier de toute sollicitude... et un peu de ton frère lorsqu'il était pot de colle.

— Ce sera répété, déformé et amplifié à l'intéressé.

Vyrr esquissa un sourire malicieux, appréciant sa complicité retrouvée avec Talya. Ils continuèrent à cheval à travers le village de Brise-Lac, où chaque coin de rue semblait raconter une histoire.

— Oh, je compte sur toi pour ça, dit-il en guidant son cheval vers une petite maison à l'écart des autres. Voici mon havre de paix. D'habitude, c'est l'un de mes subordonnés apothicaire qui l'entretient lorsque je suis absent.

Située à quelques mètres d'un immense lac, la maison était simple, mais élégante, avec des volets en bois sculpté et un jardin d'herbes médicinales. Ils descendirent de cheval, et Vyrr mena les montures vers une petite écurie adjacente.

— J'espère que tu n'as pas prévu de me faire faire la cuisine aujourd'hui, dit-il en ouvrant la porte de la maison.

Talya pénétra dans la maison, ses yeux s'agrandissant de surprise. L'intérieur était incroyablement spacieux, bien plus grand qu'il ne paraissait de l'extérieur, un exploit de magie architecturale.

Elle se trouvait dans un grand salon raffiné, aux hauts plafonds et aux murs ornés de boiseries élégantes. Mais ce qui attira son attention fut l'immense bibliothèque qui s'étendait du sol au plafond, remplie de livres anciens et rares.

— C'est magnifique, murmura-t-elle, émerveillée. Comment est-ce possible ?

Vyrr, debout derrière elle, affichait un sourire satisfait.

— Un peu de magie spatiale. J'ai étudié les paradoxes architecturaux, pendant une dizaine d'années à l'Académie. Et pour la bibliothèque, c'est mon sanctuaire personnel.

Talya s'approcha des étagères, effleurant du doigt les reliures de cuir et les titres dorés. Chaque livre semblait renfermer un univers de connaissances et de mystères.

— Tu as lu tous ces livres ? demanda-t-elle, impressionnée.

— La plupart, oui.

Il la guida ensuite vers un coin confortable du salon, où deux fauteuils en velours côtoyaient une cheminée que Talya alluma d'un souffle, par réflexe. Un tapis épais recouvrait le sol et une table basse était disposée entre les fauteuils, donnant au lieu une atmosphère accueillante et intime.

— J'espérais que nous pourrions passer une partie de notre matinée ici, peut-être avec un bon livre ou simplement en discutant, proposa Vyrr.

Talya s'assit dans l'un des fauteuils, se laissant envelopper par sa douceur. Elle regarda autour d'elle, absorbant chaque détail de ce lieu magique.

Vyrr s'assit en face d'elle, et pendant un instant, ils se contentèrent de se regarder, appréciant la tranquillité de cet espace hors du temps.

— Si ça ne convient pas à ce que tu désires, dis-le-moi. Je sais que tu aimes lire, mais je me suis dit qu'avec le temps, tu aurais plutôt préféré une matinée pleine d'action ou-

— C'est parfait, coupa-t-elle en souriant. J'adore ça. C'est exactement ce dont j'avais besoin.

Vyrr inclina la tête, un sourire satisfait illuminant son visage.

— Alors, que veux-tu faire ? Lire, discuter, ou simplement profiter du silence ?

— Un peu de tout. Parlons d'abord. Il y a tant de choses que j'aimerais savoir sur toi, sur tes voyages, tes découvertes. Du temps où tu étais un haut-elfe, et après.

Vyrr s'installa confortablement, croisant les jambes.

— Où commencer ?

— Ton enfance ? J'ai entendu dire que chez les elfes, les naissances sont réglementées pour éviter la surpopulation. Comment était ta famille ? demanda Talya, curieuse.

Vyrr esquissa un sourire distant.

— Mon enfance... elle était à la fois merveilleuse et compliquée. Je suis né au sein de la branche royale des Loraelyan, une lignée d'érudits, d'alchimistes et de guérisseurs respecté et admiré. Mon père était un maître renommé en médecine elfique, et ma mère, une historienne passionnée par les anciennes légendes. Je faisais partie d'une fratrie nombreuse, nos repas de famille ressemblaient à des banquets royaux.

Talya l'écoutait, captivée par son récit.

— Malgré ce cadre privilégié, je me sentais souvent à part, comme si je n'étais pas vraiment à ma place. La vie dans la haute société elfique était empreinte de rigidité et d'attentes. Les complots et les jeux de pouvoir étaient monnaie courante, et notre famille, bien qu'officiellement dédiée à la guérison, était impliquée dans des affaires moins nobles.

Vyrr fit une pause, une ombre passant brièvement sur son visage.

— J'ai rapidement compris que nous étions autant les guérisseurs que les empoisonneurs de la cour. Nous servions les intérêts des puissants, parfois au détriment de nos propres valeurs. C'est là que j'ai commencé à questionner le monde qui m'entourait et à chercher ma propre voie, en dehors de ces intrigues.

Vyrr laissa échapper un soupir lourd, son regard se voilant de souvenirs douloureux.

— Ensuite il y a eu le complot de trop. Le roi, craignant notre influence et nos connaissances en poisons, a orchestré un massacre. Il pensait que j'étais loin, à l'Académie d'Elmetya, mais le destin en avait décidé autrement. J'étais revenu, en secret, pour célébrer l'anniversaire de ma mère. J'avais tant à leur raconter, à partager sur mes découvertes.

Sa voix se brisa un instant.

— Je n'ai jamais pu leur parler. J'ai assisté, caché dans un placard, impuissant, à l'horreur de leur assassinat. Des heures enfermé, entouré par le sang de ma famille, paralysé par la peur et l'incrédulité.

Il marqua une pause, ses yeux reflétant la douleur de ces souvenirs.

— Lorsque j'ai enfin osé sortir, j'ai découvert la vérité. Le roi nous avait trahis, redoutant nos capacités. Nous étions devenus trop influents, trop dangereux à ses yeux. Sa paranoïa a signé notre arrêt de mort. Et même après sa mort, remplacé par d'autres, notre famille a été diabolisée, marquée à jamais par l'accusation de trahison.

Vyrr se détourna légèrement, comme pour cacher l'émotion qui transparaissait malgré lui.

— Cette tragédie a été le catalyseur. J'ai juré de ne jamais être aussi impuissant, de ne jamais subir une telle perte à nouveau. C'est là que j'ai commencé mon périple, loin de la cour, loin des mensonges et des trahisons. Pour découvrir la vérité, pour chercher la puissance... pour ne plus jamais être une victime.

« Quitte à donner mon cœur au chaos. » pensa-t-il.

Talya écoutait, ses yeux reflétant à la fois compassion et respect. Elle pouvait sentir la force et la détermination qui avaient guidé Vyrr tout au long de son chemin tumultueux.

Elle l'écouta, fascinée, tandis qu'il racontait la suite de ses aventures. Ses découvertes liées au monde des ténèbres, au désir de pouvoir puis ses choix l'emmenant sur le chemin de la nécromancie, et enfin de la guerre.

— Et puis, j'ai dû faire des choix difficiles. Encore aujourd'hui. Si vous êtes rongés par le chaos, j'en suis totalement prisonnier.

Talya, avec une douceur délicate, posa sa main sur celle de Vyrr. Ses yeux exprimaient une compassion profonde, cherchant à percer le voile de l'obscurité qui l'entourait.

— Mais malgré tout, tu es ici, Vyrr. Tu as enduré, tu as évolué, et tu as découvert des moyens, certes discutables, pour sauvegarder ceux que tu chéris. Même dans les ténèbres les plus profondes, tu as su préserver une parcelle de ton âme véritable.

Vyrr regarda la main de Talya sur la sienne, et pour la première fois depuis longtemps, il se sentit vraiment connecté à quelqu'un.

Soudain, Talya fut témoin d'une nouvelle métamorphose. Sous ses yeux, la peau de Vyrr reprenait des teintes plus naturelles, ses yeux passèrent du rouge au violet, et ses cheveux blonds semblaient briller d'une lueur intérieure. Comme si, en dévoilant ses véritables sentiments, il laissait entrevoir l'elfe qu'il était jadis, avant d'être englouti par la noirceur.

Mais Vyrr, sentant son cœur mort s'agiter, retira soudainement sa main.

Son apparence se métamorphosa de nouveau, retrouvant son aspect sombre et distant. Avec une gêne palpable, il se leva et commença à sélectionner des livres dans la bibliothèque, cherchant quelque chose qui pourrait captiver l'intérêt de Talya.

Talya l'observa, remarquant le changement subtil dans son apparence à chaque fois qu'il s'ouvrait à elle. Elle pouvait presque voir la lutte intérieure qui se jouait en lui, le chaos qui le consumait et les moments fugaces où il semblait redevenir l'elfe qu'il avait été autrefois.

— Tu sais, tu n'as pas à porter ce masque tout le temps. Pas avec moi, murmura-t-elle, ses yeux emplis d'une compréhension sincère.

Vyrr s'arrêta, tenant plusieurs livres dans ses bras. Il se tourna vers elle, un mélange de résignation et d'espoir dans son regard.

— Je ne sais pas si je peux encore être autre chose que ce que je suis devenu. Le chaos m'a changé, irrévocablement.

— Je ne te demande pas de changer, Vyrr. Juste d'être toi-même, dans toute ta complexité.

Un silence s'installa, lourd d'émotions non exprimées. Finalement, Vyrr déposa les livres sur la table et s'assit en face de Talya.

— Parlons de ce qui te passionne : l'histoire et la géographie, proposa-t-il en ouvrant un des ouvrages. Voici des cartes anciennes, des représentations de mondes oubliés et des récits de civilisations perdues.

Les pages révélaient des cartes détaillées et colorées, certaines montrant des terres désormais englouties ou transformées par le temps et les événements. Talya se pencha pour mieux voir, ses yeux brillant d'excitation et de curiosité.

Le temps semblait suspendu dans la bibliothèque, enveloppé dans un cocon de silence et de pages tournées. Vyrr et Talya avaient exploré des mondes à travers les mots, se perdant dans des histoires de cultures oubliées, de théories magiques complexes, et même de romans d'aventures palpitantes. Chaque livre était une fenêtre ouverte sur un univers différent, une échappée du quotidien tumultueux qui les attendait au-dehors.

Comme les dernières pages d'un roman captivant se refermaient, Talya leva les yeux vers le soleil qui filtrait à travers les fenêtres, indiquant que la matinée touchait à sa fin.

— J'ai rarement l'occasion de parler de ces sujets avec quelqu'un qui les apprécie autant que moi, avoua le nécromancien.

Talya se leva, étirant ses bras au-dessus de sa tête.

— Eh bien, maintenant que la matinée est passée, il est temps de passer à la suite de notre journée. L'après-midi est mienne, te souviens-tu ? dit-elle en riant.

Vyrr acquiesça, curieux et un peu excité à l'idée de découvrir ce que Talya avait en tête.

— Très bien, que me réserves-tu ?

— Quelque chose de totalement différent, répondit-elle, un clin d'œil malicieux dans les yeux. Allons chercher quelque chose à manger et préparons-nous pour un après-midi en plein air.

Alors qu'ils se levaient, prêts à embrasser l'aventure de l'après-midi, leurs regards se croisèrent. L'espace d'un battement de cœur, Vyrr fut captivé par le regard profond et azuré de Talya, son souffle se faisant plus court sous l'intensité de cet échange silencieux.

— Nous y allons ? demanda-t-elle.

Avec un battement de cœur plus rapide qu'il n'aurait voulu l'admettre, il hocha la tête, posant brièvement sa main sur son torse, comme pour calmer le tumulte intérieur que son regard avait éveillé. Il prit une longue inspiration, tentant de canaliser ses pensées.

« Ne te laisse pas emporter, Vyrr. Ce n'est qu'une journée, une parenthèse éphémère dans l'éternité de ta vie d'elfe. Ce futur que tu désires tant n'est qu'un doux rêve. » songea-t-il, tout en suivant Talya vers la prochaine étape de leur journée, un mélange d'anticipation et de résignation tissant un voile doux-amer sur son cœur.



On est enfin au moment de l'histoire que j'attendais : Talya et Vyrr qui vivent une romance normale et qui se font un date ! 🤣 

Vu tout ce qu'ils ont subis, ils le méritaient, même si pour l'instant, on sent que l'elfe est encore réticent à se laisser aller et se rapprocher d'elle. Qu'en pensez-vous ?

J'espère que la suite vous plaira ! On se retrouve pour le prochain chapitre ! N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/commentant/la partageant à vos proches🥰

(je suis in love de cette image du rencard entre Talya et Vyrr💛je sais que leur duo a beaucoup de raison pour ne pas plaire, vu le passif de Vyrr, mais laissez-leur une petite chance avant la fin svp 😥)

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