[TALYA]

— Je ne devrais pas de toucher...

— Mais moi, j'en ai envie.

— Tu n'as pas conscience de tout ce que ça implique et des conséquences.

— Je n'en ai rien à faire.

— Tal, je-

— Tu ferais mieux de te taire si c'est pour m'énerver. Ce sera avec toi, et personne d'autre.

— Pourquoi moi...

« Et voilà, tu m'as énervée. »

Talya se réveilla en sueur, la main sous sa robe de nuit et le corps tendu par les frissons de plaisir la submergeant peu à peu, jusqu'à ce que la pression retombe comme un soufflé.

Les premiers rayons de soleil traversaient les rideaux de sa chambre et éclairaient sa nouvelle tenue disposée sur le fauteuil de sa coiffeuse.

Elle n'avait pas osé la porter depuis qu'il lui avait offert, avant son départ, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui.

Et pas d'une façon qu'approuveraient les partisans de la Lumière.

La jeune femme s'était fait rejeter par Sinath, mais malgré ses efforts pour oublier ses sentiments, l'elfe ne l'aidait pas. Surtout pendant la période de deuil pour Fara où il avait été présent à chaque instant pour elle.

Séchant ses larmes, lui changeant les idées et lui affirmant que ce n'était pas de sa faute.

Mais elle savait que, malgré les sentiments ambigus de Sinath, il ne voudrait pas d'elle. Pas tant qu'elle l'aurait convaincu qu'elle n'était plus une enfant mais bien une femme. Son égal.

Sauf qu'avant d'atteindre cet objectif, la route était longue.

Entre ses recherches sur son passé et sa réputation de princesse à gérer, ses premières chaleurs n'arrivaient plus à être comblées par ses simples doigts.

Elle se sentait honteuse à chaque réveil. Honteuse d'avoir eu de telles pensées mais également frustrée de ne pas arriver au bout.

Pour elle, le sexe ne se résumait qu'à ce qu'avait bien voulu lui expliquer Fara et Sinath.

« Un moment d'incomparable plaisir pouvant amener à une vie de calamités » avait déclaré ce dernier lors d'une discussion.

Se retournant dans son lit pour être sur le ventre, elle observa la tenue de combat qu'elle n'avait pas osé porter et se demandait quand Sinath reviendrait...

Lorsqu'on frappa à sa porte.

Les cheveux en bataille et les bretelles de sa robe tombant de ses épaules, elle se remercia d'avoir une apparence presque vulgaire lorsqu'elle ouvrit la porte sur Emmett.

Ce dernier prit de longues secondes à la détailler avec envie, des pieds à la tête, et s'attardant sur sa poitrine, avant de pousser un soupir d'aise et de se reconcentrer sur les pupilles bleus de sa fausse sœur.

« Tes cheveux... ? » remarqua-t-il.

Talya se mit à jouer avec l'une de ses mèches d'un regard las, avant de fixer Emmett avec intensité et de déclarer :

— Je viens de me réveiller. Mais... j'aimerais rester blonde.

— Ça éveillerait les soupçons sur ta filiation.

— Est-ce que ça te dérangerait ?

Emmett plissa les paupières et regarda ses lèvres rougies avec envie, ne se doutant pas un instant que Talya jouait à un jeu avec lui et n'avait que son professeur en tête.

« J'adorerais ça. » avoua-t-il en s'appuya sur le mur à sa droite. « Tu commences à avoir de l'influence dans les cercles d'intellectuels et tu as de nombreux prétendants d'autres nations... mais personne ne te connait réellement... Et j'aime avoir ce privilège. »

Elle laissa échapper un rire moqueur qu'il ne perçut pas de la même façon.

Emmett ne connaissait rien de la vraie Talya. Elle se présentait comme une femme douce qu'avec lui, donnant l'impression d'être exceptionnel alors qu'en réalité, elle n'en avait rien à faire de tous ceux avec qui elle conversait au château.

Moins elle pouvait parler, mieux elle se sentait.

Mais elle devait jouer le jeu car avoir les faveurs et l'amour du prochain roi était un atout inestimable. Elle savait que ce n'était pas moral, que jouer avec les sentiments de son « frère » factice n'était pas correct...

Sauf qu'elle s'en fichait. Elle avait trop souffert de la solitude et du mépris de sa famille adoptive que leurs sentiments lui importaient peu.

— Tu voulais me parler ? demanda-t-elle enfin en attrapant le laçage de la chemise en lin d'Emmett. Il est un peu tôt, non ?

— J'aimerais t'emmener dans un endroit particulier. C'est un peu plus loin donc nous devrions partir maintenant.

— Tu veux dire... hors du château ? En as-tu le droit ?

— Père est en train de signer un traité de je-ne-sais-quoi et mère s'occupe de ses affaires commerciales avec Myumurin. Alors ? Partante ? Ou tu attends encore que ton professeur revienne de son voyage ?

Talya se dit qu'elle pourrait se changer les idées en sortant et déclara, après avoir caressé d'un doigt le menton du prince :

« On se retrouve devant les portes du château. »

🔥🔥🔥

Tous les deux à cheval sur la monture d'Emmett, le prince et la princesse voyageaient à travers les plaines verdoyantes Greenland, au galop.

Il ne leur avait fallu que deux bonnes heures pour arriver à la ville de West GL, mais le prince était déjà assoiffé. Arrivé devant les soldats gardant l'entrée, Talya ne put retenir un sourire de bonheur tant le voyage avait été agréable et grisant.

Ses longs cheveux de nouveau teint en roux étaient attachés par le ruban en satin mauve qu'elle avait reçu pour son quinzième anniversaire d'un inconnu.

Elle portait une chemise blanche à jabot au manche large aux avant-bras mais moulante jusqu'à ses poignets, rentrée dans un pantalon en cuir noir souple et porté en taille haute et s'adaptant parfaitement à son corps, la matière ne gênant pas ses mouvements.

Deux boutons en or avec des gravures étaient placés au niveau de sa taille et pouvaient accueillir au-dessus d'eux, un ceinturon d'armes. L'ensemble de sa tenue se terminant par des bottes à boucles, elles aussi en or.

Si Emmett lui avait demandé d'être discret avant leur départ, il s'était vite résigné car la beauté de Talya, à cet instant et dans cette tenue, était renversante.

« J'ai toujours pensé qu'une femme était bien plus belle en robe qu'en pantalon... Mais je me suis fourvoyé. »

Elle avait tant envie de le remettre à sa place qu'elle dû se mordiller la lèvre et changer de sujet de conversation alors qu'ils entraient enfin dans le village.

— Est-ce que tu vas participer au tournoi de l'Amaryllis cette année ?

— Père aimerait fortement. Il pense que je dois prouver ma valeur à tout le monde, mais ça risque d'être ennuyeux.

— Pourquoi donc ?

— Je regarde la compétition chaque année et c'est futile. Les combattants sont tellement nuls ! A partir du moment où une « fille » comme Myrte rafle le prix trois années de suite, c'est que le niveau n'est pas à ma hauteur.

— Quoi ? Tu penses être plus fort qu'elle ?

— C'est une femme.

— Et ?

Emmett leva les yeux au ciel, comme pour faire comprendre qu'il n'y avait rien de plus à ajouter, alors qu'il sentait une pointe d'irritation dans la voix de Talya.

Une pointe cachant des milliers d'épines désirant lui faire ravaler ses paroles.

— De nombreuses femmes ont marqué notre histoire. Si tu ne prends que l'exemple de Teresa, t-

— Oui, bon, admettons. Mais père était plus fort qu'elle. Et puis, je n'ai pas dit cela pour critiquer Myrte, mais elle n'aura bientôt plus la force d'autrefois.

— Qu'insinues-tu ?

— J'ai entendu dire qu'un mariage entre un homme du nord et elle était arrangé.

— Pardon ?! Pourtant je lui ai parlé il y a trois mois quand elle était en visite et-

— Des rumeurs parlent d'une grossesse imprévue. Entre une elfe noire et un humain, en plus. Imagine le scandale.

— Mais... Myrte n'aurait jamais... Enfin... Elle aimait tant se battre. Elle voulait s'engager dans l'Alliance Etincelante après être devenue Prodige de son pays ! Comment cela a-t-il pu arriver ?

— Allons, Talya... Tu es intelligente. Comment une fille comme elle aurait pu tomber enceinte ?

La jeune femme fronça longuement les sourcils avant d'avoir une désagréable révélation, confirmée par le regard fuyard d'Emmett.

Elle ressentit soudain une sensation de dégoût mêlée à de la pitié, de la compassion mais surtout, beaucoup de haine.

« Ça arrive à presque toutes les femmes. »

Bien plus de haine tant ces mots prononcés par le prince semblaient être « une banalité ».

Elle le savait. Elle l'avait appris dans les livres mais également pendant ses très nombreuses sorties clandestines en ville avec Sinath : la plupart des femmes de son âge, parfois même plus jeune, tombaient enceintes après que l'on ait abusé physiquement d'elles.

Si les livres rejetaient la faute sur les victimes, les pauvres et les ivrognes, la réalité était tout autre. Du moins à Greenland.

« La guerre n'a pas corrompu les cœurs. Ils étaient déjà bien souillés avant cela. Elle a juste enlevé le plus de vaillantes et respectueuses personnes pour ne laisser que la pourriture.

Regarde toutes ces serveuses que nous croisons à la taverne... Elles sont toutes mères de plusieurs enfants... Pourquoi ? Parce qu'elles ne se protègent pas ? Non. Elles sont pauvres mais pas irresponsables.

Si elles sont dans cette situation, c'est parce que c'est l'une des tavernes les plus proches de la caserne. Les chevaliers ont beau servir la « Lumière », ils ont autant de chaos dans le cœur qu'une abomination. C'est comme cela ici, mais également dans d'autres pays soi-disant partisans de la paix.

Le sort devrait tous les punir. Même ceux qui tentent de se repentir. »

À cet instant, alors qu'Emmett semblait avoir clos la discussion, Talya se demanda s'il faisait partie de ces hommes. Lui qui trainait toujours avec des soldats, savait-il ce qu'il se passait une fois la nuit tombée ?

Pourrait-il lui faire la même chose ?

Elle en douta fortement... Jusqu'à repenser à la force de Myrte. Malgré sa puissance, elle s'était fait avoir.

Mais elle, par vengeance, pourrait-elle le punir de fermer à ce point les yeux sur cette horreur subie par ces femmes ? Par Myrte ?

Cette balade avait perdu en intérêt en une seule discussion, lorsque le prince tenta de se rattraper en emmenant Talya dans diverses échoppes d'artisanat et de restauration.

Il lui fit découvrir beaucoup de choses uniques en province greenlandaise et ce point apaisa légèrement sa colère, l'espace de deux heures.

Elle regretta de ne pas vivre cette expérience avec Sinath mais repensa immédiatement à son plan pour être proche d'Emmett et en profita pour se coller à lui toute la journée.

« Devrions-nous passer la soirée ici ? J'avais séjourné dans une auberge en centre-ville avec père, il y a peu, et la nourriture était acceptable. Qu'en dis-tu ? »

Lançant sa pomme verte dans l'air avant de la croquer et d'y faire dégouliner du jus au coin de ses lèvres, Talya saisit l'occasion et accepta la proposition.

Elle ne savait pas si elle était prête à dépasser ses fantasmes nocturnes pour passer à l'acte avec Emmett, dans le simple but de le charmer, mais elle y songeait fortement. Pourtant, une petite voix intérieure lui soufflait qu'elle ne devait pas aller jusque-là, quand une autre bien plus sombre, l'encourageait.

— Avant cela, dit-il en interrompant ses pensées, nous devons terminer cette visite en beauté. Nous sommes passés à côté du monument, que dis-je, de l'attraction de la ville !

— J'ai bien cru le comprendre lorsqu'on nous a conseillé d'y aller cinq fois de suite. Qu'y a-t-il de particulier à cet endroit ?

— Tu vas voir. Regarde, on y est presque.

— Je vois que le chemin s'arrête et qu'il y a un large trou devant... Un amphithéâtre ? Est-ce que West GL est une ville au charme culturel insoupçonné ?

— Ils en avaient beaucoup, des spectacles, or c'était il y a un petit moment. Mais on en trouve des restes.

— Des restes ? De quoi ?

— De spectacle.

Emmett et Talya arrivèrent au bout du chemin, surplombant le fossé à leur pied, et la jeune femme ne put retenir un hoquet de surprise.

Alors qu'en elle, tout semblait bouillir.

— Voici « l'antre du dragon » ! D'après ce que m'ont raconté les habitants ainsi que père, la ville de West GL se spécialisa dans la capture de dragon après la guerre et ils ont dû en attraper une dizaine.

— C'est...

— Ils les ramenaient tous dans ce trou, les enchainaient les pattes et la gueule, avant de leur couper les ailes. Puis ils les retiraient de leurs écailles, de leur peau et de toute autre partie du corps très rare et se vendant à prix d'or. Pour finir, il traitait la chair car les rumeurs disaient que manger de la chair de dragon était bon pour la longévité.

Talya n'arriva pas à émettre un seul son en voyant les « restes » dont il avait parlé : un énorme squelette de dragon en position de soumission et dont les pattes étaient toujours attachées à de grosses chaines en acier.

— Avant, poursuivit fièrement le prince, ils se servaient d'armes et de chaines en okril car c'était la seule faiblesse des dragons. C'est l'Alliance Etincelante, après la guerre, qui a missionné les nains de Ironfrost pour leur confection. Ils ont eu de la chance de trouver de gros gisement d'okril dans leur montagne en pleine période d'extermination des dragons.

— Mais... pourquoi leur faire cela... ?

— Ils sont bien trop imprévisibles, soi-disant gardiens de la sagesse mais ils n'agissent pas pour le bien du monde. Les dragons n'ont rien fait pendant la guerre et se positionnent toujours comme des « dieux » alors que nous les avons dépassés avec nos technologies.

— Qu'on-t-il fait pour le mériter ?

— Père affirme que c'est à cause d'un dragon qui s'est rebellé et s'est allié au camp de l'Invocatrice pendant la Grande Guerre. Le premier dragon attrapé dans ce village et exposé dans ce fossé. Une bête terrifiante et manipulatrice venant du clan des Prideblaze maintenant éteint grâce à l'action des nations réunies toute ensemble.

— Prideblaze ?

— Oui, le nom de ce dragon était Arley Prideblaze. Une des nombreuses armes de l'Invocatrice.

Et alors qu'Emmett était fier d'étaler son savoir en observant ce « monument » du passé, Talya dû retenir la nausée de sortir de sa bouche.

Elle était dégoûtée de ce qu'elle voyait, du traitement subit par les dragons mais également de la légèreté dont le prince en parlait.

Mais en plus de tout cela, elle se sentait assaillie par des sentiments qu'elle ne pouvait expliquer.

Talya était en colère. Elle avait la rage et l'envie d'arracher des dents les membres des chasseurs de dragon faisant des ossements de cette bête, une attraction touristique.

La haine se mélangeant avec la tristesse, la compassion et un puissant désir qui enflammait tout son être...

« Les humains méritent tous de brûler par les flammes du chaos. » pensa-t-elle soudain, jusqu'à fermer les paupières en se rendant compte qu'elle s'était exclu des « humains » alors qu'elle en était bien une.

— J'ai déjà rencontré une bête de ce genre. Un garçon de notre âge, quand nous étions en voyage père et moi, sur le continent Ouest. Il avait l'air normal, quoiqu'étonnamment sympathique, mais était en réalité une de ces bêtes.

— ...Tu as rencontré un enfant dragon ?! s'étonna-t-elle.

— Oui, mais je l'ai dénoncé. Père s'en fichait mais j'en ai parlé à quelqu'un d'autre qui s'est chargé de lui. Mère, ainsi que nos professeurs, nous l'on répété : on ne peut pas prendre le risque d'avoir de tel ennemi un jour.

— Est-ce que cela vaut l'extermination d'une race entière ? Juste pour se protéger.

— C'est vrai que tu n'as pas eu les mêmes enseignements... Ton professeur n'a pas dû te parler en détail des conséquences de la guerre et des dragons. Je pourrais te donner un cours particulier, si tu le désires.

Et alors qu'elle bouillait intérieurement, Talya lui fit un étrange sourire avant de lui attraper affectueusement le bras et de murmurer : « J'adorerais. On pourrait même le faire maintenant, au calme. »

Il n'en fallut pas plus pour que, peu de temps plus tard, ils se retrouvent tous les deux dans une petite chambre d'une auberge discrète à la sortie de la ville.

Le soleil se couchait à peine dehors et ils n'avaient pris qu'un maigre diner tant l'impatience d'Emmett grandissait. Elle était tellement puissante, obnubilant son esprit, qu'il ne remarquait pas les faux sourires de Talya et la rage qu'elle contenait.

« Il est comme tous les autres » pensa-t-elle en déboutonnant doucement sa chemise. « Il est convaincu que tout ce qui n'est pas humain est anormal. Qu'il faut se débarrasser des gênes comme les monstres et que les dragons méritent d'être chassés...

Pourquoi est-ce que ça me rend autant en colère ? Parce que Sinath m'a permis d'avoir un point de vue différent des autres ? D'être plus ouverte ?

Ou parce que, tout simplement, je suis « différente ».

Sinath... Si tu étais là, j'aurais tellement souhaité que tu m'analyses et décortiques mes pensées afin de me les traduire. »

Profites-en pour te venger. Laisse le chaos sortir. Il ne mérite pas que tu te contiennes.

Soudain, et alors qu'elle se séparait sensuellement de ses chaussures et de son pantalon, Talya ressenti une vague de mauvais sentiments l'envahir. Voir les ossements d'un dragon exposé comme une attraction avait réveillé quelque chose en elle, sans qu'elle ne sache réellement quoi ni pourquoi.

Mais elle voulait faire du mal à un humain. À Emmett.

Elle ne désirait plus être la seule à souffrir.

Alors elle se retrouva quasiment nue devant lui, tout aussi dévêtue et déglutissant devant la beauté de la jeune femme. Il l'entraina avec lenteur vers le lit tout en terminant de lui enlever sa chemise.

— Oh, Talya... Tu sens si bon... Tu es si belle...

— Qu'est-ce que tu feras, lorsque tu seras roi ? murmura-t-elle. S'il reste des dragons.

— Cela t'excite de savoir que je serais un jour le roi de ce pays ?

— Énormément.

— Eheh... Les dragons... Les monstres aussi... Je nous en débarrasserais. Tous jusqu'aux derniers. Pour l'Église de la Lumière, pour mon père, ma mère, et toute notre patrie.

— Imagine, si j'étais un monstre... Est-ce que tu pourrais me tuer ?

Emmett fit glisser ses lèvres sur sa poitrine, jusqu'à caresser la pointe de ses seins et lui provoquer un frisson. Il resta silencieux jusqu'à ce qu'il s'allonge sur le lit et lui laisse prendre le contrôle de la situation.

Il n'avait aucune expérience, comme elle, mais il en avait fantasmé longtemps. Quant à elle, elle appliquait la « théorie » apprise dans les livres. Ses mains tremblaient et son indécision sur certains mouvements aurait pu être risible, mais son assurance dans ce qu'elle s'apprêtait à faire était puissante.

— Tu serais mon adorable petit monstre, dit-il enfin en caressant ses cheveux.

— Mais est-ce que tu p-

— Tu n'es pas un monstre. Désolé qu'on te l'ait fait croire quand on était gamin, mais tu ne l'es pas. Une bête ne serait pas aussi belle et adorable que toi.

Talya ferma les paupières pour se laisser embrasser par Emmett, l'entrainant un peu plus sur lui. Leur baiser était timide, maladroit, et n'avait eu pour effet que de rappeler celui qu'elle avait donné à Sinath.

Elle chassa cette image de son esprit et grimpa sur le corps du jeune homme avant de saisir la petite fiole remplie d'un mélange d'herbes en bouillie achetée à l'aubergiste à la fin de leur repas.

Comme le lui avait expliqué Fara, elle appliqua le mélange sur ses doigts puis les inséra avec difficulté en elle, ne cachant pas sa grimace face à son partenaire comprenant exactement ce qu'elle faisait.

— Ça ne me dérangerait pas de faire sans, chuchota-t-il en l'embrassant de nouveau.

— Que penserait le peuple en apprenant que tu as mis enceinte la fille s'étant fait passer pour une de tes sœurs pendant toutes ces années ?

— C'est vicieux, mais le peuple acceptera ce que je désire lorsque je serais au pouvoir. Dès que je deviendrai un chevalier de l'Église de la Lumière, plus personne ne pourra me juger.

— À croire que tout est simple pour toi...

Emmett ne l'entendit pas, gémissant en sentant les doigts de la jeune femme sur sa timide virilité, jusqu'à ce qu'elle l'empoigne et la laisse entrer en elle.

L'acte était un pur délice pour lui, une effroyable douleur pour elle qui se retenait de pleurer. Fara lui avait dit qu'elle aurait mal mais elle ne savait pas si c'était bien cela ou le fait de ne pas pouvoir enlever l'image de son professeur à cet instant de sa tête qui la faisait souffrir.

Sa seule consolation était d'être au-dessus d'Emmett et de le dominer. Elle le voyait à la merci de ses mouvements, de ses rares caresses et de ses lèvres. Même si elle reconnaissait qu'il était très attirant sans ses vêtements, elle n'arrivait pas à le désirer sincèrement.

Ses paroles la dégoûtaient toujours.

Mais elle resta silencieuse et, alors qu'elle acceptait ce corps étranger en elle avec plus de rapidité, elle ne ressentit rien lorsqu'en à peine quelques minutes, il explosa sous elle.

Le prince poussa un grognement de satisfaction puis un soupir avant d'ouvrir les paupières et de se rassurer du plaisir réciproque de sa partenaire dont le corps était encore brûlant contre ses mains.

Un faible sourire suffit à lui faire croire que moins de cinq minutes de va-et-vient avaient était suffisante pour la combler... alors qu'elle n'avait quasiment rien fait.

Talya n'avait rien ressenti, pas même un frisson d'excitation. Il ne l'avait pas touché et n'avait rien fait, comme expliqué dans ses livres, pour ne serait-ce que provoqué du désir chez elle.

Elle se demanda si sa présence avait même été utile pour qu'il arrive jusqu'à l'orgasme... Mais malgré la déception prévisible, elle avait atteint son but.

— J'en veux encore... murmura-t-il. Tu es si brûlante... Je veux t'étreindre et t'embrasser toute la nuit... C'était... comme je l'espérais. Tellement bon...

— Tant mieux, Emmett. C'était... pareil pour moi.

« Je veux que tu tombes amoureux de moi pour mieux pouvoir te briser. Je veux t'utiliser. Que tu me serves de bouclier le temps de me libérer de ma prison... Et dès que j'en aurais les moyens, dès que je serais enfin libre... Je t'abandonnerais.

Je te mettrais à l'écart, comme l'a fait cette famille avec moi. Comme tout le monde m'a traité dans ce foutu château. On me traite de « princesse glaciale »...

Mais je suis un monstre. Un vrai.

Du moins, je suis prête à le devenir si tu continues à nourrir involontairement ma haine ».

« Un moment d'incomparable plaisir pouvant amener à une vie de calamités »

Talya laisse le chaos l'envahir pour devenir un peu plus "mauvaise" quitte à manipuler les sentiments du prince... Qu'en pensez-vous ?

Qu'avez-vous pensé de leur journée et de l'attitude globale d'Emmett envers Talya ? De ses paroles envers les femmes ?😤

De "l'attraction" de West GL ? C'était dans cette ville qu'Arley, au début de Flambée de désir, s'était fait attrapé par des chasseurs. Yara l'avait sauvé et c'est ce moment qui a été la base de leur relation.🧐

Vos théories sur la suite ?

J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile ou en me laissant un commentaire ! A la prochaine ! 🥰

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