28🔥La Terre Divine
[ARWIN]
« Nous étions cinq. On nous appelait « les élèves divins » tant nous avions de puissance. Mais nos pouvoirs ne venaient pas des cieux. Nous avions travaillé des siècles pour atteindre de tels niveaux.
Notre monde était vaste, plus encore que celui-ci. Et la sagesse était source de richesse.
Nous avions passé la moitié de notre vie à acquérir de la connaissance, l'autre à nous battre ensemble.
Heralgar, Anorra, Nyosang, Noarhyen et moi.
Heralgar et Anorra étaient le couple le plus amoureux que j'ai vu de toute ma vie. Lui, était notre chef courageux et dévoué à faire le bien autour de lui. Quant à elle, des files d'attente se formaient chaque matin devant son atelier et elle prenait le temps de soigner n'importe quelle personne, peu importe leurs moyens.
C'était de bons samaritains. La « lumière » dans notre groupe.
Nyosang était mon meilleur ami alors que nous étions totalement opposés. J'étais une guerrière ayant la maitrise de toutes les armes et partisane de la résolution de conflit par la force brute. Lui, était un puissant mage privilégiant l'observation, l'analyse et la discussion avant d'agir.
On se complétait malgré nos personnalités différentes. Il avait un côté un peu taciturne quand j'étais bien plus extravertie.
Mais tous les deux, nous n'étions pas si naïfs que le couple du groupe. J'étais de nature méfiance et Nyo savait que je me fiais uniquement à son jugement final.
Et enfin, Noarhyen, l'elfe très réservé et ambitieux.
Nor était le frère d'Anorra mais surtout, le coup de cœur de Nyosang. Il était plus jeune que nous et c'était Nyo qui l'avait fait entrer dans notre groupe. Il l'aimait sincèrement et même si cela n'était pas réciproque, il faisait tout pour que Nor se sente à l'aise parmi nous.
Mais Noarhyen n'était pas aussi lumineux que sa sœur et son ambition l'a poussé à commettre l'irréparable. Des sacrifices, des mutations, de la corruption et bien d'autres malheurs pour arriver à son « apothéose » : transformer le monde entier et devenir un dieu.
Avec ses pouvoirs, il a modifié l'apparence de la moitié des habitants de notre monde et, en sacrifiant son propre corps, il est devenu une immense créature difforme poussant les esprits les plus faibles aux vices et au chaos.
Les humains, les elfes et les nains étaient devenus des orcs, des reptiliens et des gobelins. Des monstres n'étant plus capables de communiquer clairement, ayant totalement oublié leur passé et guidé par leurs mauvaises intentions.
Notre combat contre lui était titanesque et nous avons perdu énormément dans la bataille...
À la fin, le monde était détruit. Nous avons pu sauver la moitié de la population et, pour éviter au chaos de se répandre pendant la reconstruction du monde, nous avons dû séparer les terres contaminées de notre monde par un portail.
Notre Nouveau Monde était Heranyon. Modelé sur les restes de notre combat contre notre ancien ami.
Pour permettre son développement, nous avons dû nous séparer.
Après avoir déplacé les continents, je me suis endormie au nord-ouest, à l'actuel Givreciel et aux frontières de Leonidia.
Nyosang au sud, sur les terres de Pureland désormais maudites et rebaptisées Nighthallow.
Heralgar au sud et centre est, son aura de bonté étant si puissante qu'elle créa le culte de la Lumière.
Quant à Anorra au sud et à l'extrême est, elle avait pour mission de « surveiller » le portail menant à l'Ancien Monde.
Nous avons retransmis les langues, crée des « divinités » telles que les dragons pour guider les peuples et fait tout notre possible pour que ce monde ne tourne pas aussi mal que l'ancien...
Mais le sang de Noarhyen s'est infiltré dans la terre et son chaos, dans les cœurs.
J'ai cru perdre espoir pour ce monde, comme Nyo, mais alors que ta sœur et toi veniez de naitre d'un mélange contre nature entre un dragon et une force démoniaque chaotique, j'ai voulu croire en vous.
En ce que vos parents ont pu générer. Heralgar et Anorra ne les auraient pas soutenus, sauf pour leur amour, car ils ont fait de très mauvaises choses. Pour moi, c'étaient d'admirables combattants qui méritaient une meilleure fin. Ils auraient dû payer pour leurs crimes mais pas de cette façon.
Je crois en ce que tu pourrais devenir, Arwin. Que tu oscilles entre la Lumière et le Chaos, je crois, en toi. »
Allongé dans la neige, Arwin contemplait les étoiles et observait Cornélia voler au-dessus de leurs têtes alors qu'Onhild terminait son récit.
Cela faisait plusieurs heures depuis qu'il avait versé ses larmes et supplié les dieux de retrouver toute sa famille. La seule façon de le calmer était de lui raconter des histoires.
Et Onhild en avait des tonnes.
— Ça devait être dur, dit-il enfin.
— Merci pour ton avis très détaillé sur la plus grande histoire de ma vie.
— Désolé...
— Je rigole, gamin. Je préfère ça qu'avoir un savant me posant dix mille questions. Mais oui, c'était dur... Anorra et Nyosang ont été les plus touchés par les actions de Noarhyen. Ça les a ravagés... Je ne sais pas si Anorra s'est réveillé depuis mais peu importe l'amour que lui donnera Heralgar, cela ne remplacera jamais son frère.
— Et Nyosang ? Vous avez dit qu'il s'était endormi à Pureland, là où...
— Oui, c'est lui qui a maudit ces terres à son réveil. Je n'en sais pas plus mais tuer de sa main l'amour de sa vie, ça lui a retourné le cerveau.
— Compréhensible... Mais comment est-ce que vous savez tout cela sans réellement « bouger » de Givreciel ?
— C'est la dernière personne ayant fait la traversée de ces terres qui me l'a dit.
— Qui ? C'était qui ??
— Ton oncle, bien évidemment.
— Vyrr ?! Vyrr a fait... tout ça ?! Il a marché si longtemps tout seul ?! Mais pourquoi ? Comment ? Quand ?
— Tu as plus de questions sur ce point que sur la création de ce monde, c'est très déroutant.
— Est-ce que vous lui aviez dit la vérité sur la création du monde ? Est-ce qu'il savait qu-
— Que ceux appeler « monstres » sont en réalité d'anciens humains ? Non. Je n'ai rien dit parce qu'il n'était pas prêt à l'apprendre. C'était avant le début de la Grande Guerre. Il avait réussi à entrer clandestinement dans le pays exprès pour faire ce voyage. En échange de ses informations, je lui ai donné autre chose de plus précieux. Un cadeau dont il aura besoin en temps voulu.
— C'est dément... Mais ça ne me dit toujours pas si la terre est plate et où s'arrêtent ses terres immaculées.
Soudain, Onhild se redressa et pointa du doigt les premiers rayons du soleil au loin en déclarant : « Ça se termine dès que tu es prêt. »
Devant eux, la terre commença à se modifier et se fendre alors qu'au loin apparaissant de nouvelles montagnes bien différentes de l'infinie glaciale, baignée dans un ciel aux teintes rouges et orangées, comme si la nuit n'avait jamais existé.
Arwin fut plus que stupéfiant d'un tel spectacle mais hésita malgré cela à s'élancer vers l'inconnu, et se tourna vers la déesse lui souriant :
— Oui, la terre est ronde, déclara-t-elle en retenant un rire moqueur. Ce que tu as traversé pendant plus d'un mois, s'appelait autrefois la Terre Divine. Mais à son extrémité et cette partie du monde que tu penses être l'extrême Est d'Heranyon, s'appelait les Terres Radieuses. C'est sur ces deux parties du monde relié par un lien magique mais inaccessible qu'ont été façonnés les dragons. À partir d'ancien être humain devenu des reptiliens.
— Les Terres Radieuses... J'avais lu dans un conte que c'était un endroit d'une nature luxuriante et abritait le palais des anciens dieux. Donc... De vous et vos camarades.
— C'était l'intention, avant la disparition d'Anorra. Je ne sais pas si elle s'est réveillée mais ce qui est certain, c'est qu'elle a abandonné ces terres qui n'ont plus rien de « radieuses ». De nos jours, elles s'appellent-
— Les Terres Désolées, déclara Arwin en fronçant les sourcils. C'est là où la guerre s'est terminée. Là où se trouve le portail menant au monde des ténèbres et là où...
— Tes parents ont disparu. Exactement.
— Vous avez dit que ça se « terminerait » dès que je serais prêt. Est-ce que je le suis ? Je me pose encore moult questions sur mon existence et l'attitude que je dois avoir. Et tous ces espoirs placés en moi...
Onhild posa l'un de ses bras sur son épaule tout en lui frottant les cheveux avant de le pousser vers l'avant. Elle le détailla un instant et, si n'importe qui aurait pu croire que ce gamin à l'apparence adulte serait trop faible pour affronter ce qui l'attendait, elle pensait le contraire.
Arwin devait comprendre lui-même pourquoi ses parents s'étaient battus, l'importance de ses origines et les choix qu'il devrait prendre par la suite.
« Reste toi-même et tout ira bien. Tu as beau être rongé par le chaos et l'okril, tu es un être profondément bon et généreux. Ne l'oublie pas. »
Mais alors qu'il était en train de la remercier pour tout ce qu'elle avait pu faire pour lui, Arwin se sentit comme aspiré au loin, ou plutôt éjecté de la surface glaciale, foulant une terre aride et ardente sous ses pieds.
Il venait d'atteindre les monts désertiques des Terres Désolées et voyait déjà au loin, le palais de la Grande Invocatrice, entouré d'une jungle de roses et de ronces.
Comme lui avait indiqué Vyrr, même s'il avait toujours eu du mal à le croire, une partie de sa mère vivant dans le jardin de ce lieu scellé par magie.
Il le sentait au fond de lui et contre son cœur alors que son pendentif de rose, hérité de cette dernière, se mit à lui piquer la peau.
Son voyage ne prenait pas fin.
Il ne faisait que commencer.
🔥🔥🔥
« Chef ! On a repéré l'individu étrange se baladant non loin du palais ! C'est un humain de taille... humaine. Des cheveux noir charbon avec la peau sur les os et une épée incapable de couper une pomme. »
Jakesh, reptilien en chef de la plus vieille division de l'armée de l'invocatrice Stormrage, poussa un long soupir avant d'attraper sa grande hache et de sortir de sa hutte en paille.
Il était le responsable de tous les passages dans la zone et contrôlait avec minutie toute arrivée dans la région des Terres Désolées.
Si les humains, elfes et nains n'avaient jamais pu prendre contrôle du portail du monde des ténèbres, c'était en partie grâce à lui et à la défense solide qu'il avait organisée pendant des années sur le territoire.
Alors le cas d'un humain perdu ici n'était même plus un réel problème. Soit il n'opposait aucune résistance et se faisait renvoyer à la frontière, dans le désert contrôlé par les nomades gobelins, soit il se faisait tuer sans plus de négociation.
Lorsqu'il arriva près de l'un de ses soldats, il saisit sa longue-vue et regarda dans la direction indiquée par ce dernier :
— Il est sous « l'arbre de Yara », déclara le soldat. C'est une zone interdite par notre Seigneur.
— Surtout qu'il est en train de caresser son tronc... Eurk. Imul, tu m'avais pourtant affirmé que les humains n'étaient pas des dendrophiles, la dernière fois.
— Peut-être que cela a changé ?
— Vous voulez que je lui envoie une flèche ? intervint un autre soldat, son arc bandé dans les mains.
— À ses pieds, oui. Une menace le temps qu'on le rejoigne.
Soudain, et avant même que la flèche ne soit tirée, Jakesh eut un étrange frisson en voyant l'homme se tourner subitement dans sa direction.
« Cet humain n'est pas normal » murmura-t-il trop tard, juste après que son archer ne tire. L'homme se mit immédiatement accroupi et attrapa la flèche avant qu'elle n'atteigne le sol, pour mieux la briser entre ses mains.
— C'est un combattant. Il a de bons réflexes.
— C'est un problème, chef. Qu'est-ce que l'on fait si c'est un partisan de la Lumière ? La dernière fois, nous avons pu nous en sortir grâce au Seigneur Vyrr, mais il n'est pas là.
— Le nécromancien nous l'a demandé : nous devons apprendre à faire face à ce type de difficulté seuls. Alors suivez-moi. On va croiser le fer.
Jakesh, Imul et l'archer Jugi prirent leurs armes et quittèrent l'avant-poste de surveillance pour traverser les terres marquées par la guerre.
Certains endroits de la plaine étaient dénués de toute vie, d'autre avait une terre colorée d'un rouge très foncé quand d'autre étaient étrangement fleuries et verdoyantes... Comme le haut de la colline de l'arbre au tronc blanc et aux grandes feuilles noires au fin contour rouge.
C'est lorsqu'ils aperçurent l'étranger cueillir un fruit de cet arbre sacré qu'ils se mirent à courir et l'attaquèrent frontalement.
Arwin, du jus de grenade coulant de ses lèvres, dégaina avec rapidité son épée et le bruit du métal se cognant avec force lui provoqua une grimace que perçut son attaquant, Jakesh, comme une marque d'irrespect.
— D'où viens-tu étranger ?! demanda le reptilien en continuant de se battre. Que fais-tu ici et quel est ton but ?
— On ne pourrait pas discuter autour d'un bon repas ? Je suis affamé !
— C'est nous qui allons te manger ! déclara Jugi en le tenant en joue.
— Mais c'est dégueulasse !
— Non, poursuivit Imul, avec un bon assaisonnement, de la sauce et une cuisson parfaite, on peut faire des miracl-
— Fermez-la ! s'exclama Jakesh tout en esquivant un coup. Répond, étranger !
— Je viens de Givreciel !
— Mensonge. Le pays de l'hiver éternel est à l'autre bout du monde.
— Justement, j'ai pris un « raccourci ». Je viens des montagnes.
— Il nous prend pour des débiles de lézard.
— Je vous le jure ! J'ai rencontré l'ancienne déesse Onhild ! Une géante, mais toute petite, à six bras et qui a déplacé les continents et crée les dragons et-
— On ne peut pas laisser un fou déambuler sur ces terres. C'est l'heure de ta mort, humain.
Et alors que Jakesh pensait maitriser la situation, il se rendit soudain compte que l'étranger jouait avec lui. Il esquivait ses coups et ne portait que des assauts très basiques alors qu'il semblait dégager l'aura d'un guerrier aguerri.
Pensant qu'il se moquait encore plus de lui, le reptilien devint soudain plus agressif mais lui, comme ses soldats, furent très surpris de se retrouver les fesses écailleuses à terre en quelques secondes.
Sans même comprendre comment ni pourquoi.
Arwin avait passé sa vie à s'entrainer et cet assaut à trois contre un n'était même pas un échauffement pour le jeune homme.
— Vous allez vous calmer ? demanda-t-il d'une voix sereine mais fatiguée. J'ai juste les crocs là, en fait. Je viens de passer des semaines à manger le même repas chaque jour donc laissez-moi savourer un fruit de cet arbre.
— Tu ne peux pas, humain ! Cet arbre est sacré ! C'est le cadeau de notre ancien chef à la Lame de la Haine ! Une preuve que nos peuples peuvent être amis ! Enfin, « pouvait » être ami...
— La Lame de la Haine ? s'étonna Arwin. Tu veux parler de Yara Rowley ?
— Ne prononce pas ce nom avant autant de légèreté ! Tu n'as aucune idée de qui était cette combattante !
— Un peu, quand même, puisque c'était ma mère.
À cet instant, seul le bruit du vent agitant les feuilles de l'arbre derrière eux était audible. Un grand silence plana au-dessus de cette révélation jusqu'à ce que Jakesh laisse échapper un rire nerveux, suivi par ses subordonnés.
— Ahahah ! Le fils de Yara Rowley ? Ben voyons. Et comment pourrait-on te croire ?
— Si tu es son fils, poursuivit Jugi, tu dois aussi être celui d'Arley Prideblaze. Transforme-toi donc en dragon !
— J'aimerais bien, mais je suis impuissant.
— Impuissant, haha ! Il n'a pas trouvé mieux comme mot !
— Cet humain se moque de nous, commença Imul mais cette fois-ci, en langue reptilienne. Nous devrions trouver un moyen de nous débarrasser de lui... Ou se servir de sa maitrise.
— Je suis sérieux.
Nouveau silence.
Arwin venait de répondre dans leur langue, sans la moindre hésitation.
Il n'avait jamais appris le reptilien mais cela lui semblait inné, dû à son sang de dragon.
Même s'il était affaibli, le jeune homme analysa ses adversaires aux écailles colorées avant de caresser le pommeau de son épée de fortune. Un geste immédiatement perçu par le chef qui tapa le sol avec sa queue et se redressa en lui tendant la main d'un air solennel :
« Je suis Jakesh. Voici Imul et Jugi, mes subordonnés. Je vais être bref : si vous êtes réellement le fils de la générale Yara, je me dois de m'excuser pour notre attitude... Mais je ne peux pas vous faire confiance avec seulement quelques mots en langue reptilienne. Mes soldats, encore moins.
Alors voilà ce que je propose : vous allez devoir nous en raconter plus sur vous, le plus précisément possible, et nous déciderons si vous méritez de toucher à nos réserves de nourriture, car... eh bien, ça se voit que vous êtes affamé. »
Léchant ses lèvres pour de nouveau savourer le jus des grenades, Arwin baissa la tête vers son ventre grognant toujours, avant qu'il n'accepte de serrer la main de Jakesh tout en lui faisant un grand sourire :
« Est-ce qu'avant cela, je pourrais prendre une douche s'il vous plait ? »
L'histoire de la création du monde un chouia plus détaillé par Onhild, est-ce que ça vous a plu ? Toute cette histoire, c'est ce cas découvert Vyrr dans le livre récupéré par son équipe de bras cassé (dont faisait partie Kat). Avec surtout l'importance des "monstres qui sont en réalité des humains", une information qui pourrait tout changer dans la guerre 🧐
Est-ce que ce chapitre vous a plus ? L'espoir et la confiance qu'à Onhild en Arwin ? Son retour sur les Terres Désolées ? Sa rencontre avec des reptiliens ? Vos théories sur la suite ? 🤔
J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile ou en me laissant un commentaire ! A la prochaine ! 🥰
🔥🔥🔥
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top