27🐲Plusieurs fins
[VYRR]
Il y a une vérité qu'elle ignore.
Quelque chose qui m'empêche de céder définitivement à son charme.
Un élément, que j'ai tenté de modifier, contrôler, manipuler, pour m'assurer une chance.
Un espoir, tué dans l'œuf.
Peu importe la suite des événements, le jour où elle s'en rendra compte, elle n'y croira pas. Elle sera brisée et comprendra enfin pourquoi j'ai été si distant avec elle.
On ne peut pas donner son cœur à quelqu'un dès lors que l'on a la certitude qu'il cessera de battre bientôt.
Et on ne peut pas donner un cœur déjà mort depuis des années.
Toute ma vie m'a mené aux événements qui viendront très prochainement. Je pourrais affirmer que je suis né pour cela. Que cet instant où, caché dans le placard de l'atelier d'alchimie, j'ai vu ma famille se faire assassiner par des elfes sous les ordres d'un parent proche, m'a conduit à cette finalité.
Depuis ce jour, le monde a pourri.
Il est devenu sale, couvert de sang, de vers et de mensonge. De faux sourires, d'habiles stratagèmes et d'artificielle amitié.
Pourtant, en rencontrant un homme comme Cassian à Givreciel, si détaché du monde, j'ai ressenti quelque chose vibrer en moi. Nous n'avions rien en commun, si ce n'est que j'avais déjà rencontré sa mère, de très longues années auparavant.
Cassian était ce qu'il était, un chasseur solitaire avec une mission bien trop lourde à porter. Quant à moi, j'étais en quête de puissance et de liberté. J'étais fatigué et ma soif de connaissance était la seule chose me maintenant en vie.
Puis j'ai rencontré Léone, dans une bibliothèque. Une adolescente ayant déjà quelque chose de profondément chaotique dans ses yeux. C'était suffisamment fort pour m'en laisser un souvenir.
En ayant appris qu'elle avait ouvert, à l'aide de mon mentor, le portail du monde des ténèbres et permit aux monstres de causer la désolation sur notre continent... j'étais excité.
Enfin, il se passait quelque chose d'intéressant.
Mais tout s'est évanoui et pendant des années, je peinais à retrouver ce sentiment.
Ta quête du pouvoir n'en est qu'à ses balbutiements.
Tu pourrais aller tellement plus loin, si seulement...
Si seulement tu acceptais le chaos dans ta chair.
Le jour où j'ai entendu cette voix, profondément en moi, j'ai compris que ça ne servait à rien d'attendre : je devais créer le chaos. Être la source du désordre pour donner un sens à ma vie.
Vyrr Loraelyan Rhapsody est mort dans la salle du trône, quand le chaos s'est emparé de lui ?
Non.
Vyrr Loraelyan Rhapsody était déjà contaminé par le chaos depuis que toute sa branche familiale avait été décimée.
J'étais mort dans le placard d'alchimie.
Le chaos m'a fait renaitre.
Mais la renaissance a un prix, si terrible...
C'était toi. Dois-je accuser les événements ou ta douceur ? C'est un peu des deux, et beaucoup de manque comblé par ta présence.
Ton monde est en noir et blanc, mais tu as su voir toutes les couleurs en moi. Toutes ses nuances sombres. Tu les as examinés, décortiqués, puis exposés.
Aetalya.
J'ai le regret de t'apprendre qu'il n'y a aucun avenir pour toi et ce monstre dont tu es tombée amoureuse. Il n'y a que de la noirceur au bout de mon chemin. Le tien, est lumineux.
Alors pourquoi il y a cette chose, au fond de moi, qui bat et qui me hurle d'aller contre le destin ?
[TALYA]
— J'essaie de comprendre comment tu fonctionnes, Aetalya, mais contrairement à ton frère, j'ai beaucoup plus de mal. Pourquoi, après tout ce que je viens de te dire à propos de Vyrr, continues-tu à le défendre ? Il a causé tellement de mal au monde !
Avançant contre le vent glacial et piquant, la jeune femme poussa un soupir las et fatigué alors qu'elle entamait une nouvelle journée de marche sur l'infinie étendue glacée.
Parfois, la déesse Onhild l'accompagnait, mais elle disparaissait dès qu'elle s'ennuyait, refusant de donner sa broche pour une raison que Talya ignorait.
— Je suis épuisée.
— Alors, fais une pause et explique-moi.
— Non, vous ne comprenez pas. À chaque fois que j'évoque mon affection pour Vyrr, le monde entier essaie de me convaincre que c'est la pire idée qui soit ! MERCI LE MONDE ! J'ai bien compris que c'est un être horrible ! J'ai compris toute seule que vous me traitez de dégénérée d'aimer un tel elfe ! Je veux juste que l'on me foute la paix avec ça !
— Aetal-
Cette dernière jeta son sac au sol avant de cracher des flammes vers le ciel et de grogner de colère.
— Désolée de ne pas être la parfaite petite princesse de Greenland ! Désolée de ne pas être une aussi bonne combattante que ma mère ! Désolée de ne pas être aussi féroce que mon père ! DÉSOLÉE ! Pour une fois, j'aimerais que les gens ouvrent les yeux et reconnaissent que je ne suis qu'une femme ayant un passé certes compliqué, mais qui ne désire qu'une chose : qu'on la laisse être libre ! Je veux aimer qui je veux, comme je veux, et peu importe les conséquences !
Elle se laissa tomber au sol, les bras croisés sur sa poitrine, alors que la neige autour d'elle commençait à fondre.
— Enfin. J'ai cru que tu n'exploserais jamais. Arwin a eu son moment, j'attendais le tien pour connaitre tes désirs. Si ton frère était obsédé à l'idée de retrouver sa famille, il sera triste d'apprendre que l'amour t'a corrompu.
Les mots de Myrte avant son départ lui revinrent en tête, mais elle les chassa en secouant la tête.
— Pour la énième fois, pourriez-vous me dire où est Vyrr et si je peux avoir votre broche, s'il vous plaît ?
— D'accord, sois la plus sincère possible : si je te donne la broche, mais qu'en échange, tu dois me donner la vie de cet elfe, que ferais-tu ?
— C'est stupide parce qu'il n'y a que lui qui peut se servir des broches et du bon sortilège pour libérer ma mère. Il n'y a pas de solution.
— Et si, imaginons, je promets de le faire à sa place. Est-ce que tu pourrais sacrifier l'âme de ta mère pour lui ?
Talya leva au ciel et laissa s'échapper un soupir moqueur alors que son cœur se compressait en elle tant la première réponse venue dans sa tête était horrible.
— Il n'y a pas à imaginer. Ce n'est pas possible.
— Et si je te disais que c'est moi qui ai révélé à Vyrr ce qu'il devait faire avec ses broches ? Leurs emplacements, leurs importances et bien d'autres éléments qui vous ont aidés à arriver ici ?
— Je n'y crois pas.
— Vyrr ne t'a pas dit qu'il avait perdu quelque chose de précieux lors de sa première venue ?
Soudain, la jeune femme se redressa et se retint de dégainer son épée. Un frisson désagréable venait de parcourir tout son corps, et sa voix intérieure lui hurlait de s'éloigner au plus vite de la déesse.
Mais cet infini immaculé n'aurait pas de fin tant qu'Onhild n'aurait pas analysé ses réponses et sa personnalité. Elle en était consciente, et cela la tendait au plus haut point.
— Tu vas devoir me convaincre, Aetalya.
D'un battement de cil, la jeune femme fut tirée par les jambes et enfoncée dans la neige, de plus en plus profondément. La glace lui écorchait la peau, mais l'air était si comprimé dans sa gorge qu'elle ne pouvait pas crier de douleur.
Après de longues et interminables secondes, elle sombra dans le vide, plongeant dans l'obscurité. Ne restaient que le sifflement à distance et les pulsations erratiques de son cœur.
La chute fut brutale. Alors qu'elle criait de douleur, se tordant dans tous les sens, quelque chose s'approcha d'elle. Une aura si effrayante qu'elle étouffa un cri en pressant sa main contre sa bouche et en tentant de respirer aussi doucement que possible, malgré la brûlure qui la consumait.
Une odeur nauséabonde envahit ses narines tandis qu'un bruit indéfinissable se rapprochait.
« Si je ne bouge pas, je suis morte », pensa-t-elle, tapotant sa jambe pour s'apercevoir que son épée était restée à la surface.
La seule arme qu'elle put trouver à sa ceinture était une dague dont la forme lui était à la fois familière et inconnue.
Elle retint son souffle jusqu'à ce que le bruit cesse. L'air pénétra peu à peu dans ses narines, et lorsque sa peur put enfin être maîtrisée, elle retira ses mains de sa bouche. Un long jet de flammes s'échappa de ses lèvres pour fendre les créatures et lui ouvrir un chemin.
Entourée de flamme, elle comprit enfin pourquoi elle était dans l'obscurité totale.
Talya se trouvait au milieu de créatures squelettiques, de corps déformés et d'êtres faits de sang noir, dont l'apparence n'était en aucun cas décrite dans les nombreux livres qu'elle avait lus.
Attirées par la lumière, ces créatures devenaient de plus en plus nombreuses, s'arrêtant à la limite du cercle de feu. Les mains de la jeune femme tremblaient alors qu'elle tenait la dague devant elle, essayant de calmer sa respiration.
Lorsque le feu s'éteignit, elle cracha à nouveau des flammes pour se frayer un chemin à travers ces créatures. Elle était désorientée, ne sachant ni où elle se trouvait ni comment lutter contre elles. Peu importe l'idée de déployer ses ailes lui traversa l'esprit, un simple coup d'œil vers le ciel la fit accélérer.
Des mains ensanglantées essayaient de l'attraper par le haut, mais l'obscurité la protégeait en ne révélant pas toutes les choses qui la pourchassaient.
Quand elle réalisa que sous ses bottes, ce n'était pas du gravier, mais les os de cadavres qu'elle écrasait en courant, elle fit un effort pour ne pas vomir.
Des choses pointus la griffaient et la piquaient, mais elle refusa de s'arrêter. Elle continuait à cracher des flammes pour progresser, jusqu'à entendre un bruit semblable à des battements.
Soudain, une lueur apparut au milieu de l'obscurité. Talya se précipita vers elle, s'arrêtant à la limite, réalisant que cette chose qui l'attirait était un énorme organe, tel que décrit dans certains de ses livres, suspendu à des lianes de sang et entouré de cadavres.
L'un d'eux, en état de décomposition avancée, ressemblait étrangement à son frère.
Les mots restèrent coincés dans sa gorge et, prête à avancer, elle fut retenue par la substance noire et corrosive qui s'attaquait à ses bottes.
Des vers entouraient tout l'organe qui pulsait au même rythme que son cœur et semblait sur le point d'exploser.
Son corps entier la démangeait, des ossements provenant de ses ennemis la transperçaient, et ses yeux lui piquaient tellement qu'elle se mit à pleurer, les larmes ayant un goût de fer lorsqu'elles atteignirent ses lèvres.
Elle tendit la main vers la lumière lorsque la pression sur elle s'intensifia soudainement.
Talya n'avait jamais pensé qu'un jour dans sa vie, elle souhaiterait autant accueillir la mort contre elle tant la douleur était horrible.
Tue-le.
Soudain, elle se sentit plus légère, guidée par une voix intérieure. Elle avança, dague en main, vers l'organe. Lorsqu'elle s'apprêtait à le poignarder, il se divisa en deux devant elle.
Tue-le.
Un essaim d'insectes en jaillit, accompagné d'une odeur insupportable qui la fit finalement vomir à ses pieds.
Tue-le.
Deux mains squelettiques se cramponnèrent aux bords de la chair en décomposition, laissant apparaître une créature mi-humaine, mi-rongée par la mort, à l'intérieur de l'organe.
Tue-le.
La voix résonnait dans sa tête, guidant ses gestes. À quelques centimètres de la créature, elle s'arrêta. Le visage de la créature était brûlé et purulent d'un côté, étonnamment lisse de l'autre. Sans défaut... et familier.
Talya réalisa enfin que la dague qu'elle tenait était celle appartenant à la créature devant elle.
Tue-le.
— Je ne peux pas.
Il a tué toute ta famille, tes amis, et le cadavre de ton frère git encore à ses pieds. Tue-le.
— Mais il... Est-ce que le tuer mettra fin à tout ce chaos ?
Le tuer est la solution. Tue-le.
— N'existe-t-il aucune autre solution ?
Tu as tué tout espoir. Tue-le.
Les larmes de sang brouillaient sa vue et la douleur dans sa poitrine était si insupportable qu'elle voulait s'arracher le cœur.
C'était le seul moyen qu'elle s'en sorte et qu'elle obtienne ce qu'elle désire.
Alors, malgré les tremblements de tout son corps, Talya prit une grande inspiration. Elle se mordit les lèvres, pria n'importe quel dieu ou déesse existant, avant de poignarder l'organe.
Mais à quelques millimètres de la chair, l'illusion s'évapora.
Talya se retrouva soudainement au milieu d'une plaine enneigée, face à un Vyrr tout aussi tremblant qu'elle. Elle s'effondra à genoux, hurlant de rage.
Onhild l'avait testée, manipulé cruellement ses émotions, lui infligeant une douleur et une tristesse si profondes qu'elle maudissait cette déesse qui se tenait devant eux.
Vyrr, sous le choc, avait la respiration bloquée, fixant un point invisible derrière Talya.
Elle ignorait ce qu'il avait vécu, mais pour qu'un nécromancien soit dans cet état, l'expérience avait dû être tout aussi atroce.
— Merci d'avoir répondu à ma question, Aetalya. Et merci à toi, Vyrr, d'avoir confirmé mes craintes. Vos rôles dans cette tragédie sont parfaitement clairs, mais je crains que personne n'ait anticipé votre romance inattendue et vos efforts acharnés pour survivre ensemble. N'est-ce pas, Vyrr ?
Ce dernier avala difficilement avant de basculer en arrière dans la neige et de cracher un filet de sang noir, dont l'odeur parvint jusqu'à Talya.
C'était la même odeur que dans son illusion, mais bien trop réelle.
La jeune femme ne pouvait contenir ses gémissements de colère et de tristesse, les sensations étant encore si vives et si intenses mentalement qu'elles se répercutaient dans tout son corps.
— Voilà ma broche. Vous l'avez bien méritée.
Jetée entre eux, ils ne réagirent pas. Elle leur avait fait oublier leur objectif principal.
Un regard foudroyant de Talya fit lever les mains de la déesse en signe de défense, et celle-ci déclara :
— Tu croyais sincèrement que je serais indulgente avec vous ? Contrairement à ton frère, tu as commis l'erreur de t'attacher à un elfe dont l'âme a été corrompue par le pouvoir ! Et toi, Vyrr, tu étais conscient qu'il ne fallait pas revenir ici.
— Je... je ne pouvais pas... laisser Talya seule.
— Écoutez, l'amour est une belle chose, mais il ne suffit pas pour sauver le monde, du moins pas dans votre situation. Alors, abandonnez tout espoir. Votre relation est vouée à l'échec, bien avant même que vous ne vous soyez rencontrés. Si vous persistez dans cette voie désespérée, vous y laisserez votre vie à tous les deux.
— Y a-t-il un avenir où aucun de nous ne périra ? parvint à articuler Talya.
Onhild fronça les sourcils et fixa Vyrr en silence pendant de longues secondes.
— Tu ne lui as pas dit ? Vous parlez d'amour alors que vous ne vous êtes même pas dit la vérité l'un à l'autre ? C'est la relation la plus tordue que j'aie jamais vue. Talya, à ton avis, en le regardant attentivement, est-ce que ce nécromancien semble aller bien ?
La jeune femme observa Vyrr, l'elfe corrompu, mais elle n'eut pas le temps de répondre avant qu'Onhild ne le fasse à sa place :
— Pour connaître la manière de libérer ta mère, de gagner cette guerre, en bref, d'acquérir plus de connaissances pour être plus puissant, Vyrr Loraelyan Rhapsody a sacrifié une part de son immortalité elfique.
— ...Quoi ?
— Si tu as voyagé avec lui, as-tu constaté s'il dort entièrement certaines nuits ? Ne souffre-t-il pas de longs moments de fatigue ?
— Le prix à payer est élevé quand on veut obtenir ce que l'on désire, commenta Vyrr, son visage exprimant un désespoir palpable. Surtout quand on cherche à se faire pardonner l'impardonnable.
— Pardonnez ma rudesse, mais vous deviez affronter la réalité. La fin est imminente, et vous n'avez pas le luxe de mettre votre amour en priorité. Le chaos ravage le monde, et vous devez vous débarrasser de son influence et de Noaryen, qui doit être votre seul objectif.
À ces mots, la déesse disparut brusquement, les propulsant en arrière avec une force féroce. Ils se retrouvèrent au sol, quelques mètres de l'extrémité de la montagne, face à un paysage dénué de l'infini glacial.
Devant eux s'étendaient un ciel nuageux et les montagnes de Givreciel.
Ils restèrent immobiles, cherchant à assimiler tout ce qu'ils venaient de vivre et à gérer leurs émotions. Finalement, c'est Talya qui se redressa en premier, tenant la broche dans sa main.
— Je refuse. Tu m'as enseigné comment revendiquer ma liberté, alors je ne permettrai jamais que mon destin soit scellé. Mettre fin au chaos n'a jamais été mon but. Mon but a toujours été de découvrir mes origines, mon passé, ma famille... et la vérité à ton sujet. Tout cela, tout en préservant ma liberté.
— Tu ne peux pas lutter contre le cours de l'histoire, Talya. Tout est écrit d'avance.
— Mais il existe toujours plusieurs choix... donc plusieurs fins possibles.
Qui a dit qu'aimer, c'était facile ? Et même quand l'amour est partagé, c'est si galère ! 😅 Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Du ras le bol de Talya et de ses sentiments ? De l'illusion réaliste dans laquelle Onhild l'a mise ?😰
De ce que Vyrr avait dû donner pour avoir toutes ses informations pour sauver l'âme de Yara ?Vos impressions sur cette conclusion ? Ils ont obtenu la broche mais à quel prix...? 🤔
Maintenant qu'ils sont à Givreciel, plus qu'à attendre qu'Arwin et Cassian s'en sorte avec leur broche et Nyosang, ce qui n'est pas gagné et les mettra dans tous leurs états ! 😈
J'espère que la suite vous plaira ! On se retrouve pour le prochain chapitre ! N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/commentant/la partageant à vos proches🥰
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