26🔥Qu'est-ce que j'y gagnerais ?
[TALYA]
« Je le hais »
Ces mots résonnaient encore dans sa tête alors que les premiers rayons du soleil éclairaient sa chambre en cette nouvelle matinée de deuil.
Faraeline l'avait quitté depuis une semaine et ce n'était que depuis hier midi que Talya avait retrouvé goût à la nourriture. Ses nuits étaient de moins en moins rythmées par ses pleurs, et pour cause : elle ne dormait plus seule.
Lorsqu'elle tourna la tête, elle observa la silhouette de son professeur, allongé à quelques mètres sur une méridienne bleu roi qu'il avait exigée à la Reine afin d'être proche de la princesse pour l'aider à vivre le deuil de sa protectrice.
La vie avait peut-être moins de saveur sans Fara, mais en voyant la silhouette à peine vêtue de Sinath le matin, Talya retrouvait de l'énergie pour affronter ses journées.
Son poing soutenant son visage, elle observait avec attention le corps de ce dernier se soulever au rythme de sa respiration.
Une beauté elfique déconcertante.
Il n'était vêtu que d'une large chemise laissant apparaitre une partie de ses pectoraux, ainsi que d'un fin pantalon en lin.
Mais, le détail qui lui rappelait ces mots qu'il avait prononcés venait de la chaine autour de son cou dont l'extrémité était une bague raffinée en or avec une pierre violette dont Talya arrivait à percevoir la couleur.
Cet objet l'avait fasciné, si bien qu'elle avait demandé à Sinath où elle pourrait avoir le même bijou. Il avait alors eu un fou rire avant de déclarer que c'était une bague appartenant au nécromancien et qu'il la portait « en souvenir d'un temps révolu ».
« Moi aussi, j'aimerais avoir un collier », murmura-t-elle avait de sursauter en voyant les paupières de Sinath s'ouvrir d'un coup.
— Tu m'as fait peur ! s'exclama-t-elle en se cachant sous ses draps.
— Regarder les gens quand ils dorment, c'est un comportement de pervers. Est-ce que vous êtes devenue une perverse, princesse ?
Talya ne répondit qu'en lui envoyant son oreiller à la figure avant de se lever pour aller faire sa toilette. Le chassant au passage de la chambre qu'il avait investie depuis une semaine.
— Est-ce que vous vous sentez mieux ? lui demanda-t-il après qu'ils soient tous les deux lavés et habillés.
— Un peu, oui. C'est douloureux mais j'ai retrouvé l'appétit.
— Parfait, alors il est temps de trouver une réponse à vos questions.
Revenant quelques minutes après de sa réserve personnelle, Sinath déposa sur son lit une dizaine d'ouvrages n'ayant aucune couverture ni titre.
— Je pourrais vous dire tout ce que je sais mais ça pourrait vous faire un tel choc que ce serait insupportable mentalement, pour vous. Et je ne serais plus votre professeur si je le faisais... Donc vous allez chercher vos réponses là-dedans.
— Ce sont des livres de contrebande ?
— Des livres qu'aucune institution ne voulait publier.
— Où as-tu trouvé de pareils trésors ?!
— Les vendeurs gobelins sont pleins de ressources. Mais cela doit rester un secret entre nous.
— Oua... Alors il y aura toutes les réponses, là-dedans.
— Non. Cela va simplement vous apporter les connaissances nécessaires pour avoir différents points de vue sur la guerre, ses antécédents et ce qui en découle. C'est à vous de croiser les informations pour trouver votre vérité. Elle pourrait être amère, voire douloureuse, mais ce sera la vôtre.
— C'est... Merci Sinath, infiniment.
— Je vous laisse étudier au calme. Je reviendrais avec le repas du midi.
Déjà totalement absorbé par le contenu d'un livre, le professeur se contenta d'esquisser un sourire en observant son élève retrouver du poil de la bête.
Lorsqu'en voyant une des pages du livre qu'elle avait choisi en premier, non seulement il se rendit compte qu'il était entièrement écrit en langue reptilienne... mais également que Talya ne l'avait pas remarqué.
Le lisant comme un ouvrage normal, sans se poser la moindre question.
🔥🔥🔥
« Ce n'est pas encore ouv- ah. Ce n'est que toi. »
Passant le seuil d'une boutique encore en travaux, mais déjà décoré, Sinath observa avec attention la pièce où trainaient des caisses remplies d'accessoires et de vêtements destinés à créer les nouvelles tendances de Greenland.
Il ignora le regard inquisiteur de Tyris Myumurin en train de signer de sa plume des papiers face à un de ses fournisseurs, jugeant d'un mépris silencieux les goûts extravagants du propriétaire.
« Merci pour votre rapidité. » déclara Tyris en serrant la main de l'humain le saluant humblement. « Eh bien qui voilà. Le rat de bibliothèque qui vient de passer une semaine dans la chambre d'une jeune femme encore vierge. Encore vierge, d'ailleurs ? »
Sinath ne répondit pas à sa provocation et resta étrangement calme, ce qui déstabilisa quelques secondes le haut-elfe s'appuyant sur le comptoir de la future caisse.
— Personne n'a remarqué ton petit passage secret dans ce mur ? indiqua-t-il d'un geste de la main.
— Rien ne t'échappe.
— Non, presque rien. Tout Elmetya est au courant de tes affaires douteuses. Ce n'est que grâce à l'ignorance de la Reine et le laxisme du Héros que tu peux ne serait-ce que marcher dans cette cité.
— Tu es au courant de plus de choses que je ne pensais. Effectivement, le trafic d'êtres vivants est en pleine expansion et le marché d'Elmetya est saturé par ma faute. Je dois donc m'étendre.
— « Un seul elfe décadent suffit à pourrir tout un pays. »
— N'est-ce pas ce qu'avait dit le Roi d'Elmetya lors de la prise de Rhapsodia par Vyrr ? Il faut croire que lui et moi, nous avons plusieurs similitudes.
— Vous êtes totalement différent.
— On parle d'un type qui s'est abandonné au chaos pour sa quête de pouvoir. Mais effectivement, tu as raison. Moi au moins, j'ai été plus intelligent et je n'ai pas eu besoin de corrompre mon âme pour devenir puissant.
— Ton âme est pire que corrompue, Tyris, et tu n'as qu'un quart de sa force.
— Qu'est-ce qu'il se passe, Sinath ? Je croyais que tu haïssais Vyrr ? Tu oscilles entre l'amour-haine avec lui. C'est étrange.
Ce dernier laissa un regard étrangement blasé à Tyris qui ne sut comment l'interpréter.
En le voyant fouiller dans les caisses de vêtements, sans gêne, il se demandait bien comment l'elfe intéressé que par ses recherches avait tant évolué. S'il n'avait pas menti et qu'après la guerre, sa relation avec Vyrr avait changé.
— Qu'est-ce que tu es venu faire ici ? demanda Tyris d'un faux sourire cachant à peine sa méfiance. Du shopping avant l'heure d'ouverture ?
— J'aimerais que tu me confectionnes ceci.
Sortant de sa poche un morceau de parchemin abimé où il avait dessiné grossièrement une tenue, Sinath le lui tendit avant de déambuler à nouveau devant lui.
— Qu'est-ce qui te fait croire qu-
— Ta branche de la famille était spécialisée dans l'artisanat et, lors de ta jeunesse, tu as été élu meilleur tailleur de la capitale. Aurais-tu perdu ta confiance en tes talents ?
— Je vais le faire. Mais pas gratuitement.
— Tu enverras la note à la Reine.
— C'est pour la princesse, c'est cela ? Cette tenue, mais également la raison de ta venue ? Je savais que l'absence de réponse de ta part sur notre discussion nocturne concernant son mariage était louche.
— Effectivement. Je suis venu te demander ce que tu comptais faire.
— Pour quoi ?
— Eh bien, quand Talya apprendra la vérité sur ses origines.
— Ça n'arrivera pas. Et même si elle apprend la vérité, elle est intelligente. Elle sait qu'elle a trop à perdre en se dévoilant à tout le monde.
— Et lorsqu'elle apprendra ce que tu lui as fait ? À elle et Faraeline ?
Soudain, Tyris perdit son sourire avant de mordiller sa lèvre par nervosité. Se rendant compte qu'il n'avait pas eu cette sale habitude depuis des lustres, il prit une petite inspiration et tenta de retrouver un air calme.
Car ce sentiment qui l'avait piqué en plein cœur, c'était de la peur.
Un sentiment qu'il n'avait ressenti qu'une fois dans sa vie, face à son cousin Vyrr.
Il n'avait eu aucun regret à agir de la sorte mais au plus profond de lui, la crainte d'être découvert par la mauvaise personne le tiraillait.
— Comment l'as-tu su ? Faraeline ne pouvait en parler à pers-
— Vyrr est au courant.
Sinath déglutit, sentant la sueur couler le long de sa nuque, avant de s'adosser nonchalamment contre le comptoir et feindre l'indifférence.
— La belle affaire ! S'il était au courant, je ne serais pas devant toi.
— As-tu oublié à quel point il était sadique ? Tu disais avoir toujours un coup d'avance sur lui, mais en es-tu certain ?
— Ferme-là, Sinath. Je savais que tu étais en contact avec lui. Tss. Il a beau être rancunier, il a accepté que tu t'occupes de sa protégée.
— Tout a un prix. Et j'ai besoin de savoir le tien.
Subitement, Sinath détacha et lança sa bourse remplie de pièce d'or sur le comptoir. Tyris n'eut aucune retenu et se mit immédiatement à en estimer sa valeur, avant de retrouver sa confiance en lui ainsi qu'un rire moqueur.
— L'équivalent de plusieurs années de salaires. Tout ça pour quoi ?
— Ne t'approche pas de Talya. Abandonne ton arrangement avec la Reine.
— Pour qu'elle t'épouse, toi ? Alors tu es partisan du fantasme « élève-professeur » ?
— Pour qu'elle soit libre de choisir son avenir, seule. Personne ne devrait lui imposer cela. Surtout pas un mariage.
— Et qu'est-ce qu'il se passe si je refuse ? Tu vas le rapporter à Vyrr, comme un bon toutou ? Je me demande bien ce qu'il pourrait penser de tes sentiments ?
— Pardon ?
— Tu as toujours ta mentalité de puceau. Et maintenant, tu es aveugle.
Sinath, pourtant calme depuis le début de leur échange, laissa la colère s'emparer de tout son être alors que Tyris reprenait l'ascendant.
— Il m'a suffi de vous voir une seule fois ensemble pour le comprendre.
— Explique-toi.
— Les mots que tu m'as balancés au visage, digne d'une tirade de notre détestable nécromancien, cette attitude bien trop protectrice, tes gestes... Sinath, tu sais à quoi tu ressembles lorsque tu regardes ta petite princesse ? Pas à un professeur et encore moins à un « oncle ».
— Tu es en plein délire.
— Tu la regardes comme un dragon serait captivé par une montagne de diamant. Comme si elle était ton trésor. A toi seul.
— Tais-toi.
— Avoue-le, elle t'obsède. Est-ce que tu serais sous l'emprise de la malédiction des dragons ? Non... Je suis sûr que tu pensais à elle d'une tout autre façon que comme ta protégée depuis plus longtemps.
— Ferme-la, Tyris.
— Tu n'es pas un puceau, tu es pervers. Et ça attise ma curiosité. J'ai fait bien pire avec des créatures plus jeunes qu'elle mais Seigneur, je n'aurais jamais cru que tu suivrais « cette route ». Finalement, tu ressembles autant à Vyrr qu'à moi.
— Je te jure que si un mot de plus sort de ta bouche, je-
— La vérité te fait tant de mal ? Tu vas chouiner auprès du nécromancien ? Lui dire que le vilain Myumurin a encore fait des siennes ? Bouhouhou ! Alors, que vas-tu faire ?
Un silence plein de tension s'installa entre eux pendant d'interminables secondes et, alors que Tyris ne cachait plus la satisfaction d'avoir gagné contre Sinath, ce dernier lui tourna le dos avant de récupérer sa bourse et de se diriger vers la porte.
« Tu as une semaine. Et n'inverse pas les mesures, cette fois-ci. »
Et alors qu'il allait lui répondre, Tyris eut un mouvement de recul en voyant l'étrange sourire de Sinath avant que ce dernier ne quitte la boutique.
Quelques mots, pourtant anodins, qui provoquèrent une vague de frisson dans tout son corps en lui remémorant un vieux souvenir désagréable.
« Non, ce n'est qu'un pur hasard... » murmura-t-il en passant sa main tremblante dans ses longs cheveux, avant de taper son poing sur le comptoir.
🔥🔥🔥
Assis à l'ombre d'un chêne et rafraichi par une petite brise atténuant la forte chaleur de l'été, Sinath dégagea une de ses mèches brunes de son champ de vision alors que les missives sur ses genoux attendaient ses réponses.
Il était parti en urgence pour rejoindre Greenland et ses responsabilités hors de la capitale, et loin de Talya, l'appelaient.
Mais alors qu'il songeait à lui annoncer son départ pour une durée incertaine, il croisa le regard émerveillé de son élève et ne put que lui donner une petite pichenette sur le front.
— Aie ! Pourquoi as-tu fait cela ?!
— Pour que vous restiez loin de moi. Qu'est-ce qui crée autant d'étoiles dans vos yeux ?
— J'ai trouvé une histoire passionnante dans cet ouvrage !
— Faites-moi voir.
Sinath n'eut à lire que quelques phrases pour se rappeler du récit tenant en un petit carnet de notes, sans titre ni couverture.
« Le monde des ténèbres »
— Il n'a pas réellement un lien avec vos recherches mais je me suis dit que vous étiez en âge de lire ce que j'ai découvert il y a longtemps.
— Alors ce carnet est le vôtre ?
— Pas vraiment. Il était à quelqu'un que j'estimais beaucoup. L'auteur de cette histoire.
— « Elio Osterrin », c'est cela ?
— Mon maitre, en quelque sorte.
— Mais cette histoire est réellement arrivée ? Je veux dire, cela raconte la découverte du monde des ténèbres, de là où viennent les monstres... Et... Cela donne l'impression que toute l'horreur que l'on colle à leurs peaux est injustifiée. Ils semblent proches des humains, dans certains de leur comportement.
— Votre réflexion me soulage quant à la qualité de mes enseignements toutes ses années.
— Pourquoi ce texte n'a pas été édité ? Il donne un nouveau point de vue très intéressant sur ces créatures.
— Parce qu'il donne une mauvaise image de la Société Magique d'Elmetya. Il est clairement dit qu'ils ont refusé l'histoire d'Osterrin en se moquant de lui et de ses élucubrations. Ils ne croyaient pas à l'existence des « monstres » et d'un autre monde lié au nôtre... Alors publier cette histoire aurait été défavorable pour eux. D'autant plus après la guerre.
— Mais c'était réel ? Ce nom, « Osterrin », je l'ai déjà vu dans un autre des récits que vous m'avez donné. Il était très mal écrit mais c'était écrit comme un conte dramatique. L'histoire d'une sorcière qui suivit son mentor jusqu'aux portes de l'enfer. Le nom d'Osterrin est mentionné.
— Ah... Cette histoire. Oui, c'est une métaphore racontant comment il a terminé sa vie. L'histoire raconte en réalité qu'il a transmis son savoir à son élève et qu'il l'a guidé jusqu'aux Terres désolées pour qu'elle ouvre le portail vers le monde des ténèbres.
— Mais, c'est... ce qui s'est réellement passé. Le portail s'est ouvert et les monstres ont envahi notre monde, avant que... Alors... L'élève d'Osterrin, c'était l'invocatrice Stormrage ?
Sinath approuva silencieusement, le regard perdu dans le vide, alors que ses doigts arrachaient l'herbe asséchée sous ses pieds.
Il ne dit rien pendant une bonne minute avant de regarder Talya, toujours curieuse, et de déclarer :
— C'est comme dans le premier récit. Pour ouvrir le portail des ténèbres qui avait précédemment été scellé, il fallait faire un sacrifice de sang. Elio Osterrin avait une telle conviction qu'il a demandé à son élève de le tuer pour réaliser ses souhaits.
— Jamais je ne t'aurais tué si tu me l'avais demandé.
L'elfe ne put se retenir de rire face à la jeune femme visiblement vexée, avant qu'il ne ramasse une feuille et ne la fasse tournoyer devant ses yeux.
« Tu es mignonne. »
Ces mots qui avant, l'auraient fait rougir, avaient un goût amer pour elle qui était presque une adulte. Cela lui donnait l'impression que Sinath la voyait toujours comme une enfant, ou du moins, comme une femme innocente.
Néanmoins, elle ravala sa fierté pour cette fois-ci et repris le fil de ses pensées et de sa relecture, avant de se rapprocher à nouveau de lui en fronçant les sourcils :
— La fin du récit m'interpelle.
— Tu ne peux pas lire la suite puisqu'il est écrit en ancienne langue elfique.
— Non, je parle de la fin de l'histoire d'Osterrin, lorsqu'il scelle le portail. Il tue un autre elfe pour cela. Un elfe nommé Taras Faraelyne Rhapsodya. C'est écrit. Ça m'a rappelé Fara... bref. Ça ne colle pas avec les informations que j'avais trouvées à la bibliothèque.
— As-tu vraiment lu la fin ?
— Oui mais c'est impossible. Et en même temps... Il est dit qu'il tue Taras et cette période doit dater d'il y a une centaine d'années, voire bien plus. Or, il y a quelques années, j'ai bien eu entre les mains « La magie pour les débutants : de l'art de l'alchimie », que vous m'avez forcé à étudier en cours. Ce livre était signé « Taras F. Rhapsody, bibliothécaire royal de Rhapsodia ».
— Et donc ?
— Le livre a été imprimé à la fin de sa rédaction, c'est daté. L'impression est encore très récente dans notre histoire. C'est les nains qui l'on démocratisé des années avant l'ouverture du portail des ténèbres, car j'avais également trouvé des tracts imprimés de cette période dans un autre ouvrage. Des tracts parlant d'une créature marine appelée Léviathan qui obéissait aux ordres du nouveau roi de Leonidia.
— Va au bout de ta réflexion.
Perdue dans ses pensées, reconstituant mentalement un puzzle, la princesse ne se rendit pas compte qu'elle était restée silencieuse pendant si longtemps que Sinath s'était laissé tomber en arrière contre le tronc du chêne, pour mieux piquer un somme.
« Taras était mort à ce moment-là, donc soit il y a un anachronisme, soit Osterrin a réellement pris la place de Taras en le tuant. Donc c'est Taras / Osterrin qui était le professeur de Leone Stormrage.
Alors je comprends pourquoi cette histoire n'a jamais été publiée : elle dévoile clairement qu'Osterrin s'est servi d'une puissante magie pour prendre la place de son confrère pendant des centaines d'années sans même se faire démasquer ! Cela pourrait créer la panique car on pourrait prendre la place d'un dirigeant ! Les gens n'auraient plus confiance en personne ! »
Soudain, le sourire naissant sur le visage de Sinath l'inquiéta quelques secondes avant qu'il ne la regarde d'un air rassurant en affirmant sans une once d'hésitation :
— C'est impossible, ma princesse, puisque ce sortilège requiert plusieurs conditions qui ne peuvent désormais plus être réunies.
— Comment peux-tu en être si sûr ?
— Même si cette histoire n'a pas été publiée, la Société Magique a fait des recherches après la mort d'Osterrin et j'ai étudié ce cas avec d'autres confrères. Le dossier a été classé.
— Pourrais-je savoir, par pure curiosité, comment l'on y arrive ? Prendre possession de la vie d'un autre ?
Sinath lui jeta un regard suspicieux, avant de fermer les paupières et de réciter d'un ton monocorde ce qu'il avait appris :
— Premièrement, cet acte n'est possible que chez les elfes et entre elfes. Deuxièmement, il faut assassiner son semblable de sang-froid, ce qui par définition vous transforme en elfe corrompu.
— Ça laisse tout de même une petite chance que quelqu'un puisse f-
— Troisièmement, il faut connaitre la formule mais également le rituel élaboré par Osterrin à la perfection. Et donc avoir logiquement une puissance magique très élevée pour le réaliser.
— Bon, très bien. Mais peut-être qu'un petit pourcentage d'elfe pour-
— Quatrièmement, il faut un « but ». Une force de conviction et une détermination sans faille pour réussir à vivre dans le corps d'un autre en abandonnant son soi d'origine. Il faut oublier sa personnalité, connaitre la vie de l'autre par cœur, ses relations, son travail, etc. Bref, tout pour prendre sa place.
— D'accord, j'admets que le nombre de conditions à réunir rend la chose très compliquée. Mais, et toi ?
— Quoi, « moi » ?
— Tu as laissé entendre qu'Elio Osterrin était « en quelque sorte » ton maitre. Est-ce qu'il aurait pu t'apprendre le sortilège et un moyen de contourner certaines conditions ou...
Soudain, Talya s'interrompit en observant l'air absent de son professeur, devenant de plus en plus grave avant qu'il ne contraste totalement avec le petit sourire malicieux qu'il lui offrit, avant de lui murmurer :
« Qu'est-ce que j'y gagnerais ? »
Des noeuds se démêlent, d'autres s'emmêlent, des portes s'ouvrent et se claquent sur encore plus d'interrogation... Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 😏
De la discussion tendu entre Sinath et Tyris sur Talya ? Des recherches de cette dernière et de tout ce qu'elle a apprit ? Vos théories ? 🤔
La semaine prochaine, je vais publier une nouvelle "nouvelle" de 10 chapitres (en deux parties)* donc le prochain chapitre sera l'histoire du monde des ténèbres par Osterrin, retravaillé et corrigé avec des éléments supplémentaires, dont parle Sinath et Talya, et que j'avais publié dans Histoires du monde d'Heranyon.
*Soyez bien abonné à mon compte pour ne pas manquer l'annonce ! J'espère que cette nouvelle courte histoire vous plaira ! 🥰
J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile ou en me laissant un commentaire ! A la semaine prochain !
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