26🐲A jamais dans le chaos
[TALYA]
Il n'aurait pas su dire combien de temps s'était écoulé après la déclaration de Talya.
Les pulsations effrénées de leurs cœurs les empêchaient de ressentir le malaise du silence, mais après quelques minutes qui semblaient durer une éternité, la jeune femme se mordit la lèvre et éclata d'un rire peu naturel.
— Désolée, je ne sais pas ce qui m'a pris. Tu peux tout oublier.
— Je refuse.
— Vraiment, je t'assure. Cela doit être la fatigue de l'entraînement qui me fait délirer et...
— Aetalya Rowley Prideblaze, viens-tu de m'avouer que tu m'aimes ?
— « Ton imperfection », rectifia-t-elle en détournant le regard.
— Je suis la définition même de l'imperfection.
— Je ne crois pas, non.
— Regarde dans un grimoire. Tu y verras mon portrait.
— Tu m'as appris à ne jamais me fier à un seul texte et point de vue.
— Énervante petite princesse.
Elle tourna doucement la tête vers lui, l'observant attentivement tandis qu'il fixait l'herbe sèche à ses pieds. Sa peau reprenait peu à peu sa teinte grise, et ses cheveux devenaient blancs.
— Tu me confonds avec Sinath, murmura-t-il.
— Arrête. Ce n'est qu'un nom. C'est de toi, Vyrr, que je suis détestablement tombée amoureuse. C'était ta personnalité, pas celle d'un autre. Tes enseignements, tes paroles, tes gestes, ton attention, tout. Tu essaies de te dissocier de Sinath, mais si tu-
— Si j'avais eu mon apparence actuelle, aurais-tu succombé ? Je ne le pense pas. Je suis répugnant, aussi bien moralement que physiquement.
— J'ai une question, dit-elle en ignorant sa question, est-ce à cause de notre passé, de tes actions et de notre différence d'âge que tu m'as repoussée ? Que tu n'as rien tenté ?
— Bien évidemment. Quoi d'autre...
— Un véritable être malveillant aurait profité de moi. Quelqu'un béni par la Lumière ne se serait pas retenu. Pourtant, toi, entouré de chaos, tu n'as rien fait. Est-ce que je dois aussi me considérer comme physiquement repoussante ?
— De quoi parles-tu ?! s'exclama soudain l'elfe. C'est ma retenue qui m'a sauvé, et cela n'a rien à voir avec ton corps qui est...
— Qui est ?
— Je ne le dirais pas.
— Tout comme je ne dirais pas pourquoi ton corps me pousse à faire preuve d'autant de retenue.
Le nécromancien arqua un sourcil, puis baissa la tête vers sa main, où les doigts de Talya cherchaient à s'entrelacer avec les siens. Il ressentit un picotement et frissonna lorsqu'il s'écarta brusquement pour se relever et réajuster sa tenue.
Elle resta silencieuse, attendant qu'il s'exprime sur ce nouveau rejet alors qu'il commençait peu à peu à s'ouvrir à elle. Finalement, il se racla la gorge et dit :
— Dans une semaine, tout sera prêt. Le passage vers les Terres Divines est sécurisé, et nous pourrons récupérer la broche d'Onhild. Ensuite, nous pourrons nous rendre à Givreciel. J'espère que ton frère aura réussi de son côté.
— Viendras-tu avec moi pour faire face à cette déesse ?
— Je ne devrais pas. Je l'ai déjà rencontré et la dernière fois... J'ai perdu quelque chose de précieux. Mais je t'accompagnerais tout de même.
— Pourquoi ?
— Parce que je n'ai pas envie de perdre autre chose.
— Vyrr...
Talya hésita, les mots restant bloqués dans sa gorge, avant de lever les yeux vers lui.
— Est-ce que le fait d'éprouver des sentiments pour toi alors que je suis incapable de pardonner les horreurs que tu as commises fait de moi un monstre ?
— Tu ne le seras jamais.
— Est-ce que tu m'autorises à t'aimer ?
— Tu n'as pas besoin d'une permission.
— Est-ce que je peux brûler le monde entier pour t'aider ?
— Tu en as le droit, pas l'obligation.
— Est-ce que tu m'accorderas plus que des mots ?
— Tu peux toujours espérer.
Talya se leva à son tour, le cœur battant à tout rompre, avant de s'approcher du buisson retenant l'épée NoMercy. Elle poussa un long soupir, espérant entendre la voix de sa mère la guider, en vain.
Elle se retourna et s'approcha de Vyrr ne bougeant pas d'un millimètre, avant de se retrouver tous les deux, front contre front, leurs corps l'un contre l'autre.
Talya savourait chaque respiration, chaque frôlement, chaque contact avec cet elfe corrompu déterminé à rendre leur relation encore plus complexe qu'elle ne l'était déjà.
Vyrr, quant à lui, avait les mains crispées, son expression oscillant entre une délivrance et une horrible souffrance due à sa frustration contre elle.
Il avait passé tellement de temps à la repousser, espérant qu'elle le déteste, et à ne pas croire en des sentiments réciproques, qu'il avait du mal à réaliser l'importance de leur conversation dans ce jardin stérile.
Enveloppé par la chaleur dangereuse d'un dragon, il se fichait que sa peau brûle à cause d'elle.
Tout en lui était ardent à chaque fois qu'elle lui montrait qu'il n'était pas uniquement le grand méchant de leur histoire.
— Est-ce que tu peux me donner ton cœur ?
— Tu es la première à avoir cru en son existence, donc il t'appartient.
Vyrr caressa sa main et amena lentement ses doigts jusqu'à ses lèvres pour délicatement les embrasser et embraser le feu en elle, puis murmura :
— Pour toujours et à jamais, dans le chaos.
Il disparut ensuite dans le même portail qui les avait isolés du reste du monde.
🔥
— Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement nous aimer ? C'est tellement compliqué. Il fallait que ça soit comme ça.
— As-tu déjà pardonné si rapidement les atrocités du nécromancien ? Es-tu ensorcelée ?
— Je n'ai rien pardonné, et quant au reste, mon avis n'a pas changé. Le monde a besoin de changements, et Vyrr l'incarne.
— De la pire des façons.
— Dans toute histoire, il faut un antagoniste. Il représente le Chaos face à la Lumière.
— Mais il n'est pas vraiment le "chaos", n'est-ce pas ? Cette histoire de Noaryen, de cette chose sous terre qui corrompt tout... Il n'a aucun lien avec ça ?
Talya hésita à répondre à son amie Myrte alors qu'elles grimpaient au sommet de la plus haute montagne des Terres Désolées. Devant elles, le nécromancien semblait engagé dans une profonde discussion avec Aelarion, ce dernier gardant une distance de sécurité avec lui.
— Penses-tu qu'il comploterait secrètement pour détruire le monde ?
— Je n'ai rien dit de tel, mais... il en serait capable pour toi. Je pense qu'un être si maléfique représente un danger bien plus grand lorsqu'il est amoureux.
— Tu ne le connais pas.
— Je pense également qu'un dragon amoureux est la pire des choses qui puissent exister.
Talya se retint de dégainer son épée, par respect pour son amie, mais aussi parce qu'elle savait que chaque mot dur et blessant avait toujours une part de vérité.
— Exprime-toi. As-tu peur de moi ?
— Je suis persuadé qu'à un moment donné, ton amour pour lui me fera si peur que je ne pourrais plus m'exprimer librement avec toi. Tu as du sang de dragon, Talya. Ces créatures sont connues pour être très possessives et terriblement passionnées. Si tu commences à le voir comme ton « trésor » à défendre, tu risques de faire des erreurs.
— Il n'est pas un « trésor » ! Il est...
— Il est en train de tout représenter pour toi. Parce qu'il t'a tout apporté, c'est ce que tu m'as dit. La seule raison qui t'empêche de le mettre sur un piédestal est sa cruauté avec les autres. Le considéré comme ton égal est même pire. Tal, je suis désolée, mais c'est parce que je t'aime que j'ai peur pour toi. Pour ton cœur et ta raison. Ne laisse pas l'amour devenir ta seule motivation, s'il te plait.
Elle venait de livrer la « vérité amère ».
Talya avait lu de nombreux livres sur les dragons, et ses connaissances l'empêchaient de contredire son amie.
Les obsessions des dragons étaient puissantes. Elle se demanda même si elle n'avait pas involontairement éveillé les sentiments de Vyrr à cause du baiser qu'elle lui avait volé le soir de son quinzième anniversaire.
À cet instant, le doute s'insinua en elle.
« Et si ce n'était pas ses sentiments, mais la malédiction des dragons ? Il n'est pas aussi sensible qu'Emmett, mais peut-être que j'ai cru à tort qu'il en était immunisé grâce au chaos. » pensa-t-elle lorsqu'une subite vague de froid la fit frissonner.
En dépassant Vyrr et Aelarion, elles découvrirent un paysage stupéfiant, en contraste avec la montagne de pierre brune et ardente qu'elles avaient grimpée.
Une étendue de neige s'étendait à perte de vue, si plate qu'il était improbable qu'elle soit naturelle au sommet d'une telle montagne.
— Nous allons vous laisser ici, déclara Aelarion après avoir gravé cette image dans sa mémoire. Lorsque nous nous retrouverons, vous me rendrez la broche volée à mon peuple. C'est ce dont nous avons convenu.
— Après avoir libéré ma mère, ajouta Talya.
Elle serra la main du demi-dragon avant qu'il ne l'attrape par la taille pour l'enlacer et lui chuchoter :
— Prends soin de toi, Aetalya. Le nécromancien dissimule quelque chose au plus profond de son esprit. Il est impossible d'y accéder, car il garde ce secret sous clé.
— Et toi, ne te blesse pas en te servant d'un couteau.
— J'aime ton sens de l'humour, et je suis toujours convaincu que nous pourrions former un beau couple, toi et moi. Je saurais te rendre heureuse, crois-moi.
— Je peux me rendre heureuse toute seule.
Elle s'éloigna de lui pour rejoindre Myrte, qu'elle enlaça spontanément. L'elfe noir avait décidé de repartir de son côté pour soutenir son pays et faire face aux défis à venir.
L'armée de Vyrr prévoyait de frapper fort, même sans son leader, et avoir une Prodige sur le champ de bataille serait bénéfique aux elfes noirs alliés depuis peu à Leonidia.
— N'oublie pas ce que je t'ai dit. Même si cela fait mal, et que je sais que rien ne t'empêchera de faire ce que tu désires.
— Parce que je suis une fille de dragon.
— Parce que tu es Talya, avant tout.
Elles restèrent quelques instants de plus avant de se quitter, sans avoir la certitude de se revoir dans un avenir proche.
Ils attendirent quelques longues secondes puis firent de nouveau face à l'infini enneiger.
— Écoute-moi bien. Onhild est une déesse qui adore les guerriers, donc elle devrait bien t'apprécier. Mais elle me déteste.
— Comme 99% des gens dans ce monde, non ?
— Oui, mais avec moins d'intensité, simplement parce que je suis un mage ayant vendu son âme au chaos pour le pouvoir.
— « Simplement » dit-il.
— Elle ne donnera pas sa broche aussi facilement. Il faudra faire un échange avec elle, c'est comme ça que j'ai pu m'en sortir la dernière fois. Attention à ne pas te perdre.
— Me perdre ?
Vyrr n'eut pas le temps de lui expliquer davantage ses pensées, car lorsqu'il posa le pied sur la glace, un seul battement de cils le fit disparaître de la vue de Talya.
La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux, réalisant soudainement qu'elle se trouvait au milieu d'un désert de neige. Elle avait ressenti un bref tiraillement l'entraînant en avant, et la seconde d'après, elle était...
— Perdu, murmura-t-elle.
Le sol était recouvert d'un tapis immaculé de neige, formant des dunes douces et des crêtes gelées. La lumière du jour projetait des reflets argentés sur la surface gelée, créant une atmosphère à la fois froide et éblouissante.
Rien ne brisait la monotonie de ce désert glacé. Aucun arbre, aucune pierre, seulement une étendue désolée de blanc à l'infini. L'absence de vie était palpable, et le silence régnait en maître, seulement rompu par le murmure du vent qui caressait les cristaux de glace.
C'était un paysage désertique, austère et épuré, où Talya commença à comprendre comment Vyrr aurait pu mal vivre cette expérience à la merci de l'immensité glaciale qui l'entourait.
— Vyrr est tellement un elfe aimant le drame et l'attention qu'il doit avoir du mal avec la solitude. Mais il m'a appris à l'apprivoiser et à l'apprécier.
Elle rajusta la sangle de sa sacoche en cuir et rassembla ses cheveux avant de courir vers l'horizon qui l'appelait.
Sans même s'en rendre compte, elle avançait comme son frère des années auparavant, seule avec ses pensées et un voyage dont elle ignorait l'issue.
🔥
Arwin... Arwin ? M'entends-tu ? Hm... Je sens ton cœur battre très vite. J'espère que tu vas bien. J'aimerais...
Hm.
J'aurais souhaité t'avoir à mes côtés à cet instant.
Cela fait trois jours que j'avance et mes réserves de nourriture composée de viande séchée et de graines s'épuisent. Je n'ai croisé aucune vie, mais ce n'est pas cela qui me pèse.
C'est Vyrr qui m'obsède.
Je crains que la solitude le fasse réfléchir un peu trop à propos de nous.
Je...
J'ai hâte de te retrouver pour t'en parler, mais je pense que tu as compris mes sentiments plus rapidement que moi.
Il... m'inquiète.
C'est ça.
Vyrr peut être l'elfe le plus puissant du monde, j'ai peur pour lui.
Bon sang, je suis affectée.
J'ai autant envie de le retrouver que de lui donner un coup pour qu'il se réveille. Qu'il cède.
C'est gênant d'y penser et heureusement que tu ne me réponds pas, mais j'ai envie qu'il...
Enfin, j'ai des désirs ! Vyrr me torture en restant distant et glacial alors que j'ai déjà eu un aperçu de se qu'il peut faire, et je...
Est-ce mal d'y penser sans cesse ? De le désirer ?
...Est-ce que tu crois que notre mère m'en voudrait ? Je suis certaine qu'elle n'a jamais pu lui pardonner ce qu'il a fait, mais ils ont réussi à être amis malgré cela. Est-ce que c'est tordu ? Suis-je bien pire ?
Maintenant que j'ai conscience de mes sentiments pour lui, mon cœur brûle.
Constamment.
Le moindre contact physique déclenche un feu en moi.
Le souvenir de ses lèvres sur ma peau me provoque des sueurs nocturnes.
Je suis tombée malade, et il refuse de me soigner.
— En voilà une belle âme torturée !
Allongée dans la neige, observant le ciel étoilé, Talya sursauta et se redressa rapidement pour sortir son épée de son fourreau, lorsque les grands yeux d'une inconnue la captivèrent immédiatement.
— Tu es plus nerveuse que ton frère.
Elle dévisagea la femme à la peau de porcelaine, aux cheveux rouges au carré, aux six bras musclés et armés, avant de détendre ses épaules et de faire une révérence.
— Vous êtes la déesse Onhild. Vous êtes un modèle pour toutes les guerrières ayant connaissance de vos exploits de guerre, et c'est un honneur de vous rencontrer.
— Tu es également plus polie, j'aime ça ! Et le nombre de personnes connaissant mes faits d'armes se compte sur les doigts de six mains.
— Je suis vraiment très hon-
— Moins de léchage de bottes. Je sais pourquoi le nécromancien et toi êtes ici. C'est pour ma broche, n'est-ce pas ?
Talya déglutit et s'assit en tailleur devant la femme faisant à peine un peu plus de la moitié de sa taille. Il y avait dans ses mots un peu de flatterie, mais beaucoup de respect.
Malgré cela, elle savait qu'elle serait prête à tout pour récupérer le seul moyen de ramener sa mère.
— Où est Vyrr ? demanda-t-elle en ne la lâchant pas du regard.
— La première question qui te vient à l'esprit concerne l'elfe corrompu ? Vraiment ? Pas la broche ? Seigneur, je savais qu'il était obsédé par toi, pourtant, je pensais que la réciproque était impossible !
Le cœur de la jeune femme palpitait un peu plus fort à l'idée d'un Vyrr désespérément amoureux, suppliant une déesse pour elle.
— Peut-être que tu es vraiment corrompue par le chaos de Noaryen... Ça expliquerait les différences entre Arwin, qui a l'okril protégeant son cœur, et toi.
— Ce n'est pas le chaos qui m'a fait tomber am... Arwin ? L'okril ?
— Il ne te l'a pas dit ? Ton frère est mourant.
Tout disparu en un claquement de doigts. Sa mission, ses sentiments pour Vyrr, la guerre, tout.
Elle ne ressentait que du vide et un frisson glacial.
— Non... C'est... Enfin si, il m'en a parlé très rapidement par la pensée, mais... il va mourir ? Bientôt ?
— Disons que ça pourrait s'arranger selon les circonstances. Ton frère est bien occupé en ce moment. Il doit faire des choix et s'il fait les bons, le seul moyen de le sauver ne dépendra pas de toi. Mais il aura besoin de ton soutien. Peut-être bien de ton feu ou de ton sang également. Vous êtes des demi-dragons, mais tous les deux réunis...
Onhild fit une longue pause, l'air sceptique, avant de prendre une expression sévère et de déclarer d'un ton convaincu :
— Vous avez le pouvoir de ne former qu'une seule et unique créature chaotique. Un être ressemblant à un dragon noir, mais à l'aura démoniaque, contrôlé par Noaryen et son serviteur en personne.
— Son serviteur ? Ne me dites pas que...
— Vyrr Loraelyan Rhapsody est au service de Noaryen depuis qu'il lui a vendu son âme pour le pouvoir. Si ton frère et toi n'arrivez pas à mettre de côté votre affection, c'est lui qui vous tuera tous, jusqu'au dernier et sans une once d'amour et de pitié.
Il y a beaucoup de chose que j'aime dans ce chapitre, SURTOUT VYRR ET TALYA QUI PARLENT ENFIN DE LEURS SENTIMENTS !💛 Qu'en avez-vous pensé ? Est-ce que vous comprenez la retenue de Vyrr et sa réticence à aller plus loin avec Talya ? 🤔
Qu'avez-vous pensé des remarques de Myrte sur Vyrr mais surtout l'obsession amoureuse qui pourrait aveugler Talya ?😰
De la rencontre avec Onhild ? Est-ce que Vyrr serait finalement le grand méchant de cette histoire ? On n'est à l'abri nul part !👿
J'espère que la suite vous plaira ! On se retrouve pour le prochain chapitre ! N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/commentant/la partageant à vos proches🥰
J'arrive pas à générer un personnage physiquement proche de Vyrr donc va falloir faire travailler l'imagination ! 😆
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