25🔥Je le hais
[TALYA]
Tyris regardait avec attention ses ongles parfaitement limés, montrant son désintéressement sur la situation alarmante concernant la princesse, alors que le Roi et la Reine attendaient une solution de sa part.
Tous les trois devant la porte de la chambre de Talya à une heure tardive, ils n'étaient éclairés que par les lumières vacillantes des bougies disposées dans les petites alcôves des murs en pierres.
— Êtes-vous sûr ? demanda le Roi. Faraeline a bien prononcé « son » nom complet ? Est-ce tout ?
— Elle n'a pas eu le temps d'en dire plus... et boom ! Trop d'émotions font facilement exploser un cœur.
— Mon amour, intervint la Reine, que pourrions-nous risquer ? « Son » nom a été massivement censuré depuis la fin de la guerre dans tout le pays, et même ailleurs, afin de ne plus tacher la lignée Rowley et votre défunt père adoptif. Elle n'est plus connue que sous le nom de « Lame de la Haine ». Talya ne peut pas savoir qui est Yara.
— Si elle passe sa vie ici, commença Tyris, alors oui. En supposant que vous ayant bien tout censuré dans vos livres, que personne n'en parle plus et qu'aucune information extérieure n'arrive à ses oreilles, elle n'a pas moyen de le savoir.
— Mais Talya va poser la question... C'est déjà un miracle qu'elle se soit retenue de nous parler de son adoption. Curieuse comme elle est, elle ne nous a encore rien demandé.
— Elle veut garder ses privilèges en faisant semblant de ne rien savoir.
— Peut-être pourriez-vous raconter une fausse histoire sur « elle » ?
Soudain, le trio sursauta en entendant la porte devant eux s'ouvrir sur Sinath, visiblement exténué et transpirant, un seau vide sous le bras.
Les sourcils froncés et une colère significative dans les yeux, il se contenta de baisser légèrement la tête avant de les dépasser en silence.
Tous les trois l'observèrent quelques instants avant que la Reine ne le pointe du doigt.
— Qu'en pense-t-il ? Maintenant que l'elfe est décédée, il devient la personne la plus proche de Talya. Ne pourrait-il pas lui parler « d'elle » comme nous le désirions ?
— Je vous conseille d'éviter de parler à Sinath ce soir. Surtout parce qu'il dégage quelque chose de nauséabond.
— Pitié, soupira le Roi, il s'occupe de Talya depuis des heures et il vient de perdre son amante.
— Il faudra penser à augmenter son salaire lorsque les caisses seront renflouées... Ne soyez donc pas médisant envers votre collègue. C'est le seul ayant la totale confiance de la princesse et donc, notre meilleur atout.
— Hmm.
Myumurin se retint d'ajouter quelque chose mais surtout d'avouer que Sinath, en sortant de la chambre, était couvert d'une odeur lui rappelant les effluves du chaos.
Talya devait en dégager tellement que l'elfe avait dû en être recouvert et Tyris supposa donc sagement de ne plus contrarier ce dernier pour éviter le pire.
S'il y avait une chose que Tyris redoutait, c'était que la colère ayant poussé Sinath à trahir Vyrr il y a une centaine d'années, ne s'empare de lui et lui donne envie de suivre les préceptes du nécromancien.
— J'aurais une discussion avec lui, demain. Ou dans quelques jours. Quand il aura réussi à calmer la princesse.
— Pourvu qu'il s'en sorte. Je vais en profiter pour éloigner Emmett de toute l'agitation que pourrait causer sa sœur. Il en profitera pour nouer des relations avec les seigneurs de la région.
— Parfait mon amour, commenta la Reine d'un air songeur. Quant à vous, Tyris, nous allons en profiter pour parler de notre affaire. J'aimerais rencontrer le tailleur dont nous avons parlé l'autre fois et voir des échantillons de tissus avec vous.
— Avec plaisir, ma Reine. Et nous pourrons reparler de notre arrangement concernant la princesse.
« Quel arrangement ? »
À nouveau surpris par l'arrivée silencieuse de Sinath dans leur dos, le seau cette fois-ci remplit d'eau fraiche à ras bord, Tyris jeta un regard amusé à la reine en attendant qu'elle lui révèle l'effet de son absence d'un an à Greenland.
« Pendant votre absence, nous avons reçu plusieurs propositions d'alliances avec de puissantes figures du continent, suite à l'entrée de la princesse Talya dans la société.
Néanmoins, au lieu de l'envoyer à l'autre bout du monde, nous avons décidé de la garder près de nous, du fait de sa « nature » spéciale. En quittant le pays, elle pourrait créer beaucoup de remous et faire du tort à notre famille... Il est donc plus opportun qu'elle se fiance avec un habitant de la capitale.
Nous étudions quelques profils et, après de nombreuses réflexions, j'ai jugé bon d'inclure Tyris aux potentiels candidats. »
Si Tyris Myumurin jubilait, Sinath au contraire, semblait avoir le visage déformé par la colère. Et alors qu'il allait donner son avis, le Roi intervint, visiblement choqué :
— Je n'ai jamais entendu parler de cet arrangement, ma belle. Et je ne suis pas d'accord.
— Tyris compte investir à terme dans la capitale et il est un haut-elfe très avisé avec de bons goûts ! Certes, il y a une différence d'âge et de race certaine, mais ce n'est pas le premier mariage de ce genre que nous voyons dans le pays.
— Je le répète, je ne suis pas d'accord. Avez-vous pensé à sa nature, Tyris ?
— Bien évidemment et je suis assez savant pour trouver des astuces si vous désirez des descendants. Quoique, ce serait une expérience très étrange de mélanger autant de sang différent...
— C'est ma proposition, rétorqua la Reine face à son mari, et c'est pour l'instant la meilleure. Voyez-vous d'autres options ?
Le Héros se frotta le menton, les sourcils froncés et plongés dans une intense réflexion jusqu'à ce que le soupir exaspéré de Sinath ne l'entraine jusqu'à « sa » solution.
— Si Tyris est votre arrangement, alors Sinath sera le mien.
— Pardon ?! s'exclama Tyris véritablement décontenancé. Messire, vous ne songez pas réellement à faire de ce « puceau » de rat de bibliothèque le futur mari de la princesse ?
— Être puceau n'est pas une tard, répondit-il visiblement énervé par le haut-elfe. Je trouve que Sinath est le meilleur choix car il connait très bien Talya ainsi que ses habitudes ici.
— J'y ai songé, poursuivit la Reine, mais enfin, il est vrai qu'un tel chercheur ne donne pas l'air de s'intéresser au mariage et-
— J'en ai assez.
Sinath poussa un nouveau soupir, mettant fin à la discussion en s'engouffrant de nouveau dans la chambre de la princesse. Laissant les réflexions et décisions sur l'avenir de Talya aux personnes ne connaissant rien de ses désirs.
« Tu nous as entendus ? » demanda-t-il en se retournant doucement vers Talya, allongée en étoile de mer sur son tapis.
La jeune femme se contenta de hocher la tête avant de renifler et d'essuyer de nouvelles larmes perlant au bout de ses cils.
Elle resta silencieuse alors que Sinath posa le seau à côté d'elle avant de se laisser tomber sur son lit encore brûlant et mouillé par ses heures à pleurer la mort de Fara.
— Ils parlent de mariage alors que Fara vient de mourir... Personne ne se soucie d'elle.
— C'est faux. Je-
— Si tu tenais à elle, tu aurais fait quelque chose.
Sinath ne répondit pas, blessé par la pique que regretta aussitôt la princesse, qu'il trouva bien trop véridique et douloureuse.
— À partir de quel passage avez-vous entendu la discussion ? l'interrogea-t-elle en se mettant à genoux derrière elle.
— Quand je vous ai entendu dire « Quel arrangement ? ». Je ne m'intéressais pas à ce qu'il pouvait dire avant cela, mais votre intervention m'a interpellé... Si j'avais su. Finalement, je ne suis qu'une bête que l'on tente de domestiquer pour mieux garder en cage.
— Ne parlez pas de vous comme ça. Et relevez la tête.
Elle obéit, sentant soudain les mains de Sinath s'engouffrer dans sa chevelure avant que de l'eau fraiche ne coule le long de ses mèches.
Lui qui était resté à son chevet depuis des heures, elle lui avait soudain demandé « Je veux que tu fasses partir cette couleur qui ne me ressemble pas » en désignant ses cheveux. Il avait été surpris qu'elle puisse voir la différence, malgré sa vision en noir et blanc, et avait accepté son ordre.
— C'est un mélange de plusieurs herbes de notre jardin, avec une pointe de magie. Cela révèlera votre vraie couleur.
— Fara me faisait des shampoings depuis des années sans que je ne remarque les pigments qu'elle appliquait sur mon cuir chevelu. Elle devait faire pareil sur sa peau... Mais pourquoi ? C'est à cause de ce qui lui est arrivé ? C'est de ma f-
— Je vous interdis de dire cela, l'interrompit-il sèchement. Fara était sous l'emprise d'un puissant sortilège et elle a choisi son sort, pour vous. Parce qu'elle ne supportait plus de vous voir si troublée.
— Est-ce que ça en valait la peine ? Je l'ai perdue... Tout ça pour un nom totalement inconnu.
— Nous en parlerons plus tard. Même si nous sommes les seuls à la regretter, nous sommes en deuil. Les réponses viendront.
— Et mes questions au sujet des arrangements sur mon mariage ?
— Tenez-vous tranquille, princesse.
— Sinath, pourquoi n'avez-vous pas répond-
— Relevez-vous.
Talya obéit après qu'il lui ait pincé le cou et, alors que l'eau de la bassine était d'une couleur visuellement répugnante, elle observa son reflet dans le miroir accroché à sa porte et ouvrit grand les paupières.
Pour elle qui voyait le monde en noir et blanc, découvrir ses cheveux d'un blond, même un peu terni par l'usure des soins capillaires, était magnifique. Il s'accordait parfaitement avec ses yeux devenus également d'un bleu lui rappelant les illustrations et peintures maritimes de la bibliothèque.
« Voici la vraie Talya » murmura-t-elle en caressant ses mèches, avant de détourner le regard et de remarquer quelque chose qui pourtant, avait toujours été ainsi :
— Je vois toutes les couleurs vous étant liées. Je l'ai toujours vu mais... Ça me frappe, aujourd'hui. Comme celle de Fara, je les voyais toutes. Est-ce que vous...
— Peut-être est-ce proportionnel à l'attachement et le temps passé avec les gens qui vous entoure.
— Hum... Peut-être... Mais ne changez pas de sujet, Sinath. Asseyez-vous.
— Il faut essuyer vos cheveux et... Très bien, ne me regardez pas comme cela alors que les larmes coulent encore sur vos joues.
Lorsque Sinath reprit place sur le lit, Talya essuya son visage d'un revers de la main et vint soudainement s'assoir sur ses genoux, face à lui. Encerclant sa taille de ses jambes avant de poser sa tête sur son épaule.
S'il y a un an, elle aurait été gênée de ses propres gestes, il n'en fut rien et pour cause : Sinath restait si stoïque que son désintérêt, même s'il était douloureux, effaçait tout malaise.
« Votre odeur m'a manquée » chuchota-t-elle avant d'étouffer un nouveau sanglot contre son épaule.
Sinath passa doucement sa main dans son dos, le tapotant avec bienveillance alors que son visage recevait des gouttes d'eau à chaque mouvement de la princesse.
— Il y a plus d'un an, le soir de mon anniversaire, après le... bref. Pourquoi êtes-vous partie sans rien dire ?
— J'avais mes raisons.
— Pourquoi ne pas avoir donné de nouvelles ?
— Je viens de vous donner la réponse.
— Pourquoi ne pas être intervenu lorsqu'ils parlaient de mon mariage en vous voyant comme un potentiel candidat ?
— Je viens de vous donner la réponse. Encore.
— Tu m'exaspères, Sinath.
— Au point que tu aies besoin de m'étreindre pour aller mieux ?
Talya poussa un soupir de soulagement en l'entendant la tutoyer de nouveau, après tant d'absence et de silence de sa part.
En surface, elle avait amèrement regretté d'embrasser son professeur alors qu'elle était en plein moment de faiblesse émotionnelle. Au fond, elle avait pu céder à l'envie irrésistible qui avait grandi en elle pendant des années.
Mais si l'expression de ses sentiments avait le pouvoir de détruire tout ce qu'elle avait construit avec lui, elle était bien décidée à les enfermer au plus profond de son cœur.
Parce que perdre à nouveau Sinath, en plus de la disparition de Fara, serait un moment bien trop dur à supporter.
— Est-ce que l'on peut oublier tout ce qui a fait naitre « ces raisons » chez toi ? Tourner la page ?
— Si tel est ton désir.
— Parfait... Fara va me manquer.
— À moi aussi.
— Vraiment ? J'avais l'impression que... Enfin...
— Parle.
— Que vous couchiez ensemble très rapidement et qu'il n'y avait pas d'attaches entre vous. Très peu, de ce que j'avais compris.
— C'est dur de s'attacher à quelqu'un qui est mort.
— Alors... C'est parce que Fara était une elfe corrompue qu'elle maquillait sa peau ? C'est cela ? Est-ce si grave ?
— Que sais-tu de ces elfes ?
— Pas grand-chose de plus que dans les ouvrages que j'ai lus. Qu'un elfe corrompt son sang pur lorsqu'il tue l'un des siens avec une arme et que c'est purement volontaire.
— Exactement.
— Pourquoi la peau grise ?
Sinath poussa un léger soupir contre sa peau, la faisant un instant frissonner alors qu'elle se retenait de se redresser pour savoir quelle tête il faisait à cet instant.
« Un humain tuant n'importe quelle créature ressent quelque chose en lui. Quelque chose qui peut-être le ronge, du remords, ou de la satisfaction déplacée...
Un elfe ressent en premier lieu de la culpabilité. Tuer un elfe, c'est effacer une partie de notre histoire. C'est détruire des centaines d'années de connaissance et d'opportunité. Lorsqu'un elfe s'en rend compte, le chaos s'empare de ces sentiments et son corps s'en enveloppe pour toujours.
Peu importe s'il expie son péché, s'il devient prêtre ou le plus louable des héros : son crime sera toujours marqué sur sa peau. »
Subitement, Talya se souvint d'un elfe ayant cette couleur de peau ainsi qu'une tirade menaçante et toute une image brouillée avec l'âge, mais qui inspirait la peur.
— Fara aurait commis un tel crime ?
— Non. Fara était... une ancienne habitante de Stormaelyan. La quasi-totalité des elfes corrompus de notre époque en son originaire. Ce peuple a été maudit, entrainé dans la mort pendant la guerre avant d'être ramené à la vie par un mélange de puissante magie elfique et de nécromancie chaotique.
— Est-ce que... C'est la ville du nécromancien ? C'est cela ?
— Vyrr Loraelyan Rhapsody.
En entendant ce nom, les battements de son cœur accélérèrent alors qu'il confirmait que l'elfe corrompu qu'elle avait rencontré dans les couloirs sombres du château était bien lui.
Soudain, une partie de ses questions eurent une réponse.
— Si Fara m'a connu bambin et que j'ai été adopté, alors je dois avoir un lien avec cette ville.
— On avait dit que l'on en parlerait plus tard. Si tu vas mieux pour en discuter, libère-moi de ton étreinte.
— Non, laisse tomber. Je dois encore y réfléchir. Je te ferais part de mes réflexions plus tard... Mais revenons aux elfes corrompus. Ils cachent leur couleur de peau alors qu'ils ne sont pas les vrais criminels. Ils doivent subir de la discrimination pour cela et c'est injuste.
— Injuste ?
— Oui, subir tout cela à cause des décisions d'un seul elfe, c'est horrible.
— Horrible ? As-tu oublié tout ce que je t'ai appris ?
— Croisez les informations avant d'en tirer un jugement. Certes... C'est simplement qu'en apparence, cela semble être un triste sort.
— Est-ce que Fara t'a semblé triste lorsqu'elle s'est éteinte ?
— ...Non. Elle souriait. Ça me trouble. Et puis elle a dit... que c'était un honneur pour elle de servir son « Seigneur ». Est-ce qu'elle parlait du nécromancien ? Ont-ils tant de fidélité envers un seul être qui pourtant les a maudits ? Qui a provoqué la fin de leur vie ? Comment ? Pourquoi ?
— Cela fait longtemps que je ne t'ai pas vue si curieuse... Mais pourquoi, à ton avis ? Est-ce que tu t'es demandé qui est Vyrr Loraelyan Rhapsody ?
— Dis-le moi, vous deviez vous connaitre, non ? Qui est-il ?
Sinath resta un instant silencieux, glissant avec inattention ses mains au bas du dos de la princesse tressaillant à ce contact accentuant leur proximité.
« Si tu cherches dans les livres, on te dépeindra le portrait du nécromancien. De l'elfe corrompu apportant mort et désolation sans une once de regret. D'un être répugnant et désagréable.
Si tu me demandes qui est Vyrr, je te dirais qu'à un moment de sa vie, il a arrêté d'aimer. Son quotidien, les gens, le monde. Il a abandonné jusqu'à s'ennuyer si mortellement qu'il s'est engagé dans une guerre où il pensait trouver quelque chose pouvant ranimer son cœur mort et sa conscience étouffée par le chaos. »
— Est-ce qu'il a trouvé cette chose ?
— Il a trouvé beaucoup de choses, notamment un peuple fidèle mais, s'il était pleinement satisfait, le Roi ne partirait pas en excursion dans tout le continent pour se débarrasser de ses créations.
— Alors tu l'as vraiment connu... Qu'est-ce que tu penses de lui ?
— Je le hais.
Se redressant pour lui faire face, toujours sur ses genoux, Talya cligna plusieurs fois des paupières en percevant de la rage mais également une pointe de tristesse dans les yeux de Sinath alors qu'il venait de murmurer ces mots.
« Tu veux savoir quelles sont « mes raisons » ? Pourquoi je t'ai laissée seule dans cette chambre il y a plus d'un an après ce que tu m'as fait ?
Ma seule et unique raison, c'est Vyrr. »
Beaucoup d'explication, d'arrangement secret et un calin accompagné de larmes...😭 Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
De la discussion entre Tyris, le Roi et la Reine sur la situation et la découverte du nom de la mère de Talya ? De l'arrangement entre la Reine et Tyris qui ne plait ni à Sinath, ni au Roi ?
Des sentiments de Talya qu'elle veut oublier pour Sinath et de leur moment à deux à faire leur deuil ?
Des explications qu'il lui donne sur les elfes corrompues, etc.. Mais aussi de sa haine pour Vyrr qui est pourtant ambigu avec certaines de ses actes/paroles ?
J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile ou en me laissant un commentaire ! 🥰
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