20🔥Le plus grand des désirs
[TALYA]
« Princesse Talya. Un coursier nous a délivré un cadeau d'anniversaire vous étant adressé. »
La surprise, en plein déjeuner avec toute la famille royale, fut générale. Talya alors assise en face d'Emmett et à côté de son père, resta avec sa fourchette suspendue en l'air, tout aussi étonné de recevoir un présent devant tout le monde.
Le jour de sa quinzième année, quelques heures avant de participer à sa première soirée et d'être révélé à la noblesse greenlandaise, la jeune fille ne s'attendait pas à avoir plus que la robe et la parure offerte par le Roi et la Reine.
Le serviteur, un petit cadeau dans les mains, s'approcha du Héros afin que ce dernier ne vérifie le contenu, lorsqu'il fronça les sourcils et regarda sa fille.
— Il n'y a qu'une carte blanche. As-tu rencontré des nobles susceptibles de t'offrir un cadeau ?
— Non, père.
— Cela doit être de la part d'un invité qui sera présent ce soir, intervint la Reine. L'entrée de Talya dans la société mondaine a été officialisée il y a deux mois en même temps que celle de Liana.
Cette dernière leva les yeux au ciel d'un air hautain pour signifier qu'elle était bien meilleure que sa grande sœur et ne manqua pas de déclarer que tous les regards seraient vers elle pendant la soirée.
Comme à son habitude et dû à son caractère, Talya ignora la remarque en gardant une expression glaciale, lorsqu'elle changea subitement en recevant le cadeau des mains du Roi.
Un long ruban en satin dont elle arrivait à voir la couleur, aux nuances blanches, bleues et mauves.
— La couleur me rappelle les glycines du jardin, intervint Opal intriguée.
— Tu as raison ma chérie, répondit la Reine. Celles du jardin sont d'ailleurs vénéneuses donc vous devriez respecter les consignes des jardiniers et vous en éloigner.
— Quelle en est sa signification ? S'il n'y a pas de message sur la carte, peut-être que la fleur en est un ?
— Il faudra demander à un expert. C'est au-delà de mes compétences.
L'échange se poursuivit jusqu'à aborder le thème de la soirée, la décoration et les somptueuses robes choisis pour les princesses.
Des sujets ennuyant fermement la jeune Talya qui, à la fin du repas et dès qu'elle fut à l'écart de sa famille, sortit son cadeau et le montra à Fara la suivant comme son ombre.
— Qu'en penses-tu ?
— Sagesse, tendresse, amitié... Cela varie. En tout cas, c'est un très beau ruban. Dommage qu'il n'y ait pas de signature.
— Penses-tu que ce soit un cadeau de Sinath ? Il devait revenir de son expédition pour mon anniversaire.
Fara ne répondit pas, se remémorant son dernier échange avec l'elfe avant de pousser un soupir presque lascif que remarqua la princesse.
Après avoir appris comment fonctionnait les rapports entre être vivant et leur besoin primaire, Talya avait compris en entendant les ragots des domestiques, qu'il s'était passé des choses entre sa tutrice et son professeur.
Des choses de l'ordre du rapport charnel.
La princesse estimant énormément Sinath, elle ressentit une sensation dérangeante au niveau de son cœur en apprenant ce qu'il se passait avec l'une des seules personnes lui donnant tous les jours de l'affection.
Fara était comme une mère pour elle et, si elle tentait en vain de se convaincre que leur relation était bénéfique et ne la regardait pas, elle ne pouvait s'empêcher d'être un peu jalouse.
Égoïstement, Talya dû reconnaitre qu'elle voulait toute l'attention de Sinath, rien que pour elle.
Qu'il ne regarde qu'elle et que leur relation soit unique.
Mais malgré le grand soir approchant à toute vitesse, même habillée d'une robe vert menthe aux multiples laçages dans le dos et de plusieurs bijoux, elle ne pouvait pas s'empêcher d'attendre la venue de son professeur.
Talya n'éprouva réellement le stress de rencontrer toute la haute société greenlandaise que lorsqu'elle vit sa jeune sœur portant une toilette bien plus belle qu'elle ainsi que sa démarche assurée.
Ses frères et sa sœur semblaient plus qu'à l'aise dans leurs habits alors qu'ils attendaient tous les trois d'être annoncés et présentés aux nobles se divertissant déjà dans la grande salle de bal du château.
Une différence dans leur éducation qu'elle commençait à assimiler alors que le Roi et la Reine, tenant la main d'Opal, passèrent devant eux avec un grand sourire de fierté pour leur progéniture.
« Les princes Emmett et Glenn Green ainsi que les princesses Talya et Liana Green font leur entrer ! » s'exclama l'un des serviteurs de la famille à toute la salle.
Tous les invités applaudirent les enfants, ces derniers faisant une révérence alors que Talya observait, des étoiles dans les yeux, la salle somptueusement décorée aux couleurs d'or et de vert.
Il y avait tant de personnes, mais surtout, tant de bijoux brillant devant elle qu'elle sentit soudain son cœur s'emballer. La jeune fille dû prendre une grande inspiration avant de suivre sa famille mais surtout sa petite sœur qui se déplaçait et saluait les convives comme si elle les connaissait déjà.
Liana, quant à elle, était fière d'enfin pouvoir officiellement se montrer devant la noblesse louant déjà sa beauté... lorsqu'elle remarqua que la curiosité que suscitait sa grande sœur était dérangeante.
Talya n'avait eu presque aucun contact avec le monde extérieur et était, par conséquent, le joyau secret de la couronne qui attirait les plus curieux.
Les gens affluaient tellement qu'elle se sentit rapidement acculée, reculant de plus en plus vers la sortie de la salle, lorsque son dos cogna le torse d'un invité.
« On tente de s'échapper, ma petite princesse ? »
Un soupir de soulagement s'échappa d'entre ses lèvres et, alors qu'elle se retourna pour faire face à celui qu'elle attendait depuis des jours, Talya resta pantoise devant la beauté de son professeur.
Sinath, les longs cheveux bruns attachés, portait un pantalon noir et une chemise de la même couleur mais accompagnée d'une veste à la teinte verte dont les broderies dorées montraient son attachement à la couronne.
Son allure, sa prestance mais également les nombreuses bagues à ses doigts étaient ce qui le distinguait des autres et l'élevait au-dessus de certains nobles faisant face à la princesse.
Le haut-elfe issu de lignée royale, d'un regard, faisait déglutir et rougir les curieux cherchant à en apprendre plus sur sa protégée qui, elle, retenait un sourire de joie en se mordant l'intérieur de la joue.
« Veuillez m'excuser, mesdames et messieurs, mais je me permets de vous emprunter la princesse quelques instants. » déclara-t-il avant de tendre son bras vers cette dernière, auquel elle s'agrippa.
S'échappant ainsi de la foule désirant lui soutirer des informations sur sa non-présence lors d'événements importants impliquant la famille royale.
Arrivé tous les deux devant un buffet de fruits, Sinath en profita pour attraper une coupe de vin du plateau d'un serviteur avant d'arracher quelques grains de raisins verts et de les tendre vers la princesse.
— Faites « aaah ».
— Pitié Sinath, répondit-elle en rougissant, je ne suis plus une enfant.
— Vous étiez à deux doigts de vous enfuir comme une enfant. Je vous traite donc comme-t-elle.
— Cela est.. incorrecte. J'avais senti votre présence, donc...
— Bien sûr. Oui. Donc, vous n'en voulez pas ?
Faisant la moue, elle accepta malgré tout de se faire nourrir par l'elfe tout en cachant sa bouche aux autres, d'un coup d'éventail ouvert devant elle.
Sinath s'en amusa d'un petit rire avant d'amener ses doigts jusqu'aux lèvres rougies par le maquillage de la princesse, faisant doucement glisser un raisin à l'intérieur de sa bouche.
Chose faite, le bout de son index caressa délicatement sa lèvre inférieure avant de descendre, de glisser sur son menton et de s'échapper d'un geste sec de sa peau.
Un silence étrange s'installant entre eux, jusqu'à ce qu'en croquant dans le pépin de raisin, Talya se rende compte de ce qu'il venait de se passer et ramena son éventail pour cacher le bas de son visage et ses joues rougies.
Remarquant également l'expression étrange passant sur le visage de son professeur ainsi que son poing se serrer contre son pantalon avant qu'il ne déclare :
« Tu es très belle, comme ça. »
Une remarqua accentuant encore plus le malaise entre eux, lorsque Sinath sembla reprendre ses esprits et faire un de ses fameux sourires taquins en poursuivant :
— Vous allez vous attirer une flopée de prétendants, Votre Altesse !
— Je m'attire déjà la haine de ma petite sœur. Je ne la sens rien que par son regard. Elle rage que je sois présente. Si seulement je pouvais...
Talya ne poursuivit pas car, laisser s'échapper « ...lui arracher les yeux », n'était pas une pensée correcte qu'elle pouvait formuler à haute voix.
Lorsque les premières notes d'une valse retentir et que les duos se formèrent au centre de la salle, Sinath bu d'une traite son verre de vin avant de faire une révérence face à la princesse pour l'inviter à danser.
« J'avais promis de vous faire danser. »
Talya ne se fit pas prier et, s'étant entrainé intensément à la danse pendant une année durant, elle n'avait plus de doute ni de peur d'être ridicule.
Sentant les regards sur eux, notamment ceux de sa famille, elle inspira un grand coup avant de se laisser guider par son professeur dans la danse.
— Si vous faites vos débuts ce soir, insista Sinath en la fixant, c'est exactement dans le but de nouer des relations avec la noblesse du pays. Votre père souhaiterait un mariage avec quelqu'un du pays mais je suppose que votre mère est de l'avis de vous marier avec un étranger pour renforcer les alliances de Greenland.
— Partir vivre à l'étranger serait un point important dans ma quête de liberté.
— Vous seriez emprisonné comme maintenant, dans un lieu bien plus hostile envers vous.
— Suis-je obligée de penser au mariage ?
— Que désirez-vous et comment l'atteindre ? Posez-vous cette question.
Croisant le regard de son frère, visiblement contrarié par sa danse avec son professeur sans en connaitre la raison, Talya resta un instant silencieuse tout en contemplant son partenaire.
Elle était certaine depuis des années de vouloir être libre de faire ce qu'elle désirait, de découvrir le monde mais surtout, d'en comprendre ses mystères.
Talya voulait l'indépendance, comme les grandes combattantes de ce monde qui, part leurs relations et leurs faits d'armes, pouvaient vivre comme des mercenaires aux services des causes qu'elles avaient choisi de défendre, et pas pour un pays en particulier.
Mais ce qu'elle voulait le plus, en sentant la main de Sinath dans son dos, résultait de pensée peu innocente pour une fille de son âge.
« Ce que je désire le plus, c'est ton attention. C'est ta présence chaque jour avec moi. C'est tes paroles que je bois. Ton sourire espiègle. Tes blagues. Tes connaissances. Tes réflexions.
C'est toi, Sinath. La personne qui a apporté la lumière dans ma vie. » pensa-t-elle en souriant.
— Merci pour ton cadeau d'anniversaire, murmura-t-elle simplement.
— Mon cadeau ? Je ne vous l'ai pas encore offert. Je tenais à vous le souhaiter tout à l'heure.
— Mais si... Le ruban ?
— Quel ruban ? Vous trouverez sur votre table de nuit un exemplaire original du « Folklore d'Okuni ».
— Alors ce n'est pas toi qui...
Talya fut interrompu par les applaudissements signalant la fin de la danse et fit une révérence à son professeur avant qu'il ne soit remplacé par un nouvel attroupement de nobles désirant la féliciter pour ses talents de danseuses et sa prestance.
« Mais alors, qui m'a offert ce cadeau ? »
🔥🔥🔥
Appuyée sur le rebord d'un balcon à observer le ciel étoilé, l'agitation de la salle de bal derrière elle ne cessait pas un instant malgré l'heure maintenant tardive.
L'alcool et la fatigue avaient fait sombrer les plus fragiles sur des canapés alors que d'autres s'adonnaient à la danse quand certains s'étaient mis à l'écart pour discuter d'affaires privées.
Et même si sa jeune sœur avait tenté de la piéger en lui faisant boire plus qu'elle ne l'aurait dû, Talya se sentait bien moins ivre que les membres de sa famille. Les joues légèrement rougies et un rare sentiment d'apaisement en elle, elle caressait de ses doigts son ruban d'anniversaire venant d'un parfait inconnu.
Elle avait passé sa soirée à répondre aux questions, simuler des sourires jusqu'à en avoir marre et retrouver une attitude presque glaciale envers les convives. Certains lui avaient déjà trouvé le surnom de « princesse glaciale » alors que sa jeune sœur était déjà la « perle de la couronne » pour d'autres.
S'ennuyant fermement, la jeune fille poussa un long soupir et décida de rejoindre sa chambre lorsqu'en retournant à l'intérieur elle repéra enfin Sinath qui, adossé à un mur, semblait observer la salle d'un air presque méprisant.
« Ce n'est pas dans vos habitudes d'avoir l'air si sombre. » dit-elle en le rejoignant.
Ce dernier resta silencieux et ne la regarda pas un instant, comme hypnotisé par l'ambiance de fête devant lui. Surprise par ce manque de réponse, Talya se mit à caresser le long rideau cachant la fenêtre à côté d'elle avant de s'y glisser tout en tirant la manche de son professeur.
« Vous aviez disparu toute la soirée. Je me serais presque inquiété de vous retrouver ivre mort derrière un rideau comme celui-ci ! » plaisanta-t-elle pour capter son attention, ce qui fonctionna.
Sinath tourna doucement la tête vers elle, une expression étrangement neutre avant d'arquer un sourcil et de faussement se sentir outré en la rejoignant.
— Songez-vous à en faire votre cachette pour le prochain bal ?
— J'y songe fortement. Viendrez-vous avec moi ? Il y a de la place pour deux.
— Je crains que cette proposition reste sans réponse car si l'on vous surprenait cacher derrière un rideau avec moi à une heure si tardive, je me ferais virer sur le champ.
— Un haut-elfe comme vous ne peut susciter aucune mauvaise critique.
— Quelqu'un comme m-
Soudain, Sinath vint complètement la rejoindre derrière le rideau, l'emprisonnant presque entre ses bras avant de poser son doigt sur les lèvres de la princesse. Geste anodin pour lui qui fit rater un battement de cœur à cette dernière.
« Je pensais l'avoir vu près d'ici ! » s'exclama une voix qu'ils reconnurent tous les deux comme celle d'Emmett, avec un ton confirmant son ivresse.
Coincé entre la fenêtre et le torse de son professeur, dont le parfum l'enivrait à son tour, Talya était curieuse de savoir pourquoi il se cachait du prince mais préférait maintenir le plus longtemps possible la proximité de son corps et de celui de Sinath.
— Pourquoi le cherches-tu ? demanda une voix féminine lasse. Le professeur de la sauvageonne t'intéresse à ce point ?
— Ne l'appelle pas comme cela, Liana. Et oui, leur complicité me semble suspecte. IL me semble suspect.
— Comment veux-tu que je l'appelle ?! s'exclama soudain la deuxième princesse. Son nouveau surnom n'est pas assez bon. J'aimerais que ce soit... « la bête glaciale » ou « le monstre inutile » !
— Ne parle pas ainsi de notre sœur...
— Notre sœur ? Arrête de me prendre pour une débile. Je vous ai entendu, toi et papa.
Subitement, Sinath approcha ses mains des oreilles de Talya mais cette dernière, fronçant les sourcils, attrapa ses poignets pour le retenir.
D'un regard, et avec le ton employé par sa sœur, elle comprit qu'elle allait entendre quelque chose de désagréable.
— De quoi parles-tu ?
— Arrête, j'ai dit ! Même maman me l'a reconfirmé tout à l'heure ! Je ne vois pas pourquoi je devrais appeler cette inconnue, ma « sœur ».
— Talya est notre sœur-
— Adoptive. Merci, j'ai saisi. Mais cette histoire n'a aucun sens ! Papa prétend qu'ils ont le même sang pour faire taire les rumeurs mais toi et moi, on sait qu'il aime bien trop maman pour l'avoir trompé, même pendant la guerre. Leur amour figure dans les meilleurs contes de ces dernières années tant il est puissant ! Le Héros de la Lumière ne ferait jamais cela !
— Même si Talya n'est qu'une orpheline qu'il a recueillie et que nous n'avons aucun lien de parenté, nous devons continuer à faire croire l'inverse. C'est le souhait de notre père.
— Si ça se trouve, vu son caractère sauvage, elle est issue d'un croisement entre un reptilien qui aurait violé une paysanne !
— Arrête !
— Je ne retirerais pas ce que j'ai dit ! Et j'espère bien lui dire en face le moment venu ! Elle ne mérite rien de ce que notre famille lui accorde ! Et encore moins le titre de première princesse ! RIEN !
— Liana ! Attends-moi !
En entendant les talons de sa sœur claquer au sol ainsi que leurs voix s'éloigner, Talya retrouva un semblant d'air malgré la boule naissante dans sa gorge et sa poitrine.
C'est à l'instant où son regard croisa celui de Sinath que tout se compressa en elle... jusqu'à exploser dans un torrent de larmes.
Un flot que même l'étreinte de son professeur n'arrivait à calmer et qui continue des heures durant, bien après qu'il l'ait raccompagné jusqu'à sa chambre isolée de tous.
Car cette vérité, même si elle y avait parfois songé, faisait horriblement mal à son cœur qui passé la tristesse, se remplirait de chaos.
(Je vais faire une note courte parce que je suis malade-covid et que c'est un exploit pour moi d'avoir pu corriger ce chapitre 😰)
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Des débuts de Talya et du soutien de Sinath ?
Et enfin et surtout, de la vérité sur sa parenté ? Comment pensez-vous qu'elle réagira par la suite ?
J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile ou en me laissant un commentaire !🥰
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