15🔥Fidélité au trône de glace
[ARWIN]
« Heralgar. Le chevalier sacré béni par la Lumière et dont l'épée enchantée pouvait d'un seul coup purifier les maux d'un continent.
Anorra. Une elfe guérisseuse avec sa sphère magique virevoltant autour d'elle et accompagnant sa grâce de danseuse.
Nyosang. Un mage représentant la sagesse même. Privé de jambe mais dont l'immense pouvoir l'avait libéré de tout contact avec la terre ferme.
Onhild. Une géante guerrière avec dans chacun de ses six bras, une arme différente qu'elle maniait à la perfection.
Les combattants ayant façonné le monde et devenus des dieux. Les « Anciens Dieux » des légendes s'étant battu contre le mal absolu.
Noarhyen. Le chaos.
Ces héros ont créé notre monde, ces terres, sa faune et sa flore. Ce sont des fondateurs qui, une fois leur travail accompli, se sont endormis dans les entrailles de la Terre.
Laissant la gérance de notre monde à leurs serviteurs, les dieux mineurs : les dragons. »
Alcine leva la tête de son carnet de prière, observant Arwin se tenant face à un miroir sur pied, alors qu'il s'habillait d'une belle chemise et d'un pantalon de soirée.
L'enfant avait maintenant treize ans et semblait piégé dans un corps d'adolescent depuis des années, attendant que son réel âge s'adapte à son physique et ses besoins.
Néanmoins, même s'il était encore jeune, la religieuse trouvait qu'il avait déjà l'air d'un guerrier, comme ceux des légendes qu'elle lui contait parfois.
Ses muscles se développaient de plus en plus et il lui arrivait fréquemment d'avoir des moments d'absences où il avait l'air neutre mais intimidant.
Comme à cet instant où, une dague à la main, il détaillait sa silhouette avant de la ranger dans son fourreau.
— Est-ce que je suis bien comme cela ? demanda-t-il en regardant son reflet.
— Tu es très beau, mon enfant. Un poil stressé, par contre. Et tes cheveux sont un enfer.
— Donc je suis imparfait.
— C'est ton imperfection qui te rend intéressant.
L'enfant et la religieuse sursautèrent en entendant la voix du nécromancien appuyé contre le mur derrière eux. Habillé d'une habituelle robe de mage, il n'y avait que les bagues à ses doigts qui témoignait d'un léger effort dans son style vestimentaire trop simple.
— Bonjour, Alcine.
— Bon...jour ? s'étonna la religieuse.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Vous ne dites jamais bonjour aux gens. Encore moins aux membres de mon culte. Nos relations sont cordiales comme je m'occupe d'Arwin mais c'est la première fois que vous me regardez droit dans les yeux en souriant sincèrement, messire.
— Elle a raison, confirma Arwin. Tu m'as toujours dit que les marques de politesse et d'attention pour les gens de rangs inférieurs étaient un signe de faiblesse et-
— Oh ça va ! s'exclama Vyrr mécontent. Je fais un effort surhumain pour être agréable et on me chie à la gueule !
Alcine boucha par réflexe les oreilles de l'enfant, ce dernier rigolant joyeusement au changement d'attitude de son oncle.
« Est-ce que tu peux nous laisser seuls, Alcine ? »
La concernée hocha poliment la tête avant de quitter la chambre de l'enfant et de retourner à ses prières.
Vyrr attendit de longues secondes après son départ, observant en détail Arwin, jusqu'à s'approcher de lui et poser sa main sur son épaule.
— J'ai un cadeau pour ton anniversaire. Mais ça attendra.
— Est-ce encore un livre appelé « comment gérer la stupidité de votre enfant » ? C'était drôle les trois premières fois mais j'ai grandi, désormais.
— Que désires-tu vraiment ?
— Ma sœur.
L'elfe fronça les sourcils et se détourna de lui, son regard perdu sur la pile d'ouvrage au bord du lit d'Arwin. Ce dernier regretta sa remarque et se racla la gorge avant de poursuivre :
— Idéalement, j'aimerais que tous sachent la vérité sur notre monde. Alcine m'a encore raconté l'histoire des Anciens Dieux... Si seulement les gens savaient la vérité que tu as découverte, tout serait différent.
— En quoi ? Il y aurait toujours des guerres, de la misère et de la tristesse. Non, cette vérité est notre atout pour rallier les monstres de notre côté pour le prochain conflit et tu ne dois en parler à personne. Tu as compris ?
— Comme d'habitude. Je serais muet.
— Arwin, « muet », on aura tout entendu ! En y pensant, je te prierais de tenir ta langue au banquet de ce soir, au chateau. C'est une réception pour le pays et certains dirigeants de l'Est seront présents... Dont le Roi de Greenland et son fils ainé.
— Cet enfoiré...
Vyrr arqua un sourcil, étonné que son protégé exprime sa haine avec des mots alors qu'en général, lorsque l'on abordait un sujet lié à sa sœur enlevée, il feignait un sourire gêné et serrait les poings.
Cette soirée mais surtout sa rencontre avec « l'ennemi » allait être décisive.
— En mon absence, Katerina veillera à ce que tu ne perdes pas ton sang-froid.
— Tu ne restes pas ? Est-ce que cela fait partie d'un plan pour te débarrasser de ce Roi ?
— Je ne compte pas agir. D'ailleurs, je pars dans la soirée. Je reviendrais dans quelques mois.
— Et si... je n'arrive pas à me contrôler, sans toi ? S'il m'arrive encore un accident ? Et si la voix dans ma tête revient ?
— Tu deviens de plus en plus fort et tu arriveras à surmonter n'importe quelle épreuve. Si je pars, c'est pour trouver un remède à ta maladie, à la prison de Cassian et aussi... Hum. Je l'avoue, parfois, ta bêtise me manque un peu.
Arwin ne put s'empêcher de rire avant d'enlacer le nécromancien, toujours mal à l'aise dans ce genre de moment avec lui.
Leur échange se conclut par des conseils et consignes de Vyrr avant leur départ jusqu'à la capitale, et leur séparation pour les quelques mois à venir.
Quelques heures plus tard, regardant à travers la fenêtre de sa calèche la myriade de lanternes de bienvenue éclairant la route menant au château de Voile-d'hiver, Arwin ne se sentait plus être un « enfant ».
Accompagné de Katerina, sa professeure depuis bientôt quatre ans, il faisait tout pour être un jeune homme.
Cette femme à la chevelure de feu, pendant les nombreuses absences de Vyrr, lui avait enseigné l'art du combat, à tenir un arc et bien viser mais également aux moyens de « charmer les puissants ».
La prostituée, encore en activité, n'avait pas attendu une semaine après leur rencontre pour l'emmener faire le tour des tavernes du pays et lui demander de l'observer. C'était pour elle, sa façon de lui montrer qu'avec son charisme encore endormi et quelques atouts, Arwin pourrait berner n'importe qui.
« Un moyen comme un autre de compenser sa trop grande gentillesse et naïveté. » avait alors approuvé Vyrr après les révélations d'Alcine sur ces périples qu'elle n'approuvait pas.
« Tu sembles nerveux ? Est-ce parce que mon décolleté est trop profond ? » plaisanta Katerina en tapant doucement son coude.
Habillée d'une belle et longue robe émeraude à en faire jalouser la noblesse, son instructrice s'était tellement mise en valeur qu'Arwin se sentait déjà rassuré sur le déroulé de la soirée. Elle accaparerait beaucoup de regards et détournerait l'attention de tous sur lui.
— C'est la première fois que je participe à ce genre d'événement, avoua-t-il.
— Que fais-tu de la fête de Silja ?
— Cette beuverie annuelle où vous buvez tous comme des trous et où tu as failli couper la jambe de Drunog ?
— C'était une si belle soirée !
— Je parle de tout ça. De tout ce... luxe. Une calèche alors qu'habituellement, nous venons à pied. Des vêtements de noble quand nous portons tous les jours des tenues crasseuses dues à nos entrainements... Je ne suis pas habitué.
— Tu as peur ? Ohhh !
— Arrête de te moquer de moi. J'aurais largement préféré qu'Alerya m'accompagne.
— Sauf qu'Alerya a été embauché par Sa Majesté Viktor pour jouer du violon dans l'ensemble musical de cette soirée. Elle sera avec toi par la pensée et les regards. Et puis ma compagnie est dix fois plus supérieure !
— Je... Bref. Je ne connais pas les manières des nobles. Personne ne me connait et je dois débarquer, balancer les brides de conversation donné par Vyrr et nouer des relations diplomatiques ? Je n'ai pas été préparé à cela.
Subitement, Katerina se redressa en faisant légèrement tanguer la calèche pour se mettre à côté d'Arwin et lui embrasser la joue. Un geste qui aurait fait rougir n'importe quel adolescent de son âge mais dont l'enfant était habitué avec elle.
— J'ai grandi à Greenland, commença-t-elle, je saurais t'aider à ne pas perdre tes moyens devant le Roi. Toi et moi, nous n'avons pas été épargnés par la vie mais nous devons montrer que nous valons plus que nos origines.
— C'est Vyrr qui t'a demandé de me dire cela ?
— Non, c'est Drunog ! Tu penses bien que je m'en fiche des regards des autres ! Mon plan ce soir est de trouver un étranger fortuné, de le rejoindre dans ses draps et de le dépouiller de son or.
— Ça ne sera donc pas moi, le problème de cette soirée pour Viktor...
Le rire de Katerina ne put l'empêcher de sourire malgré le stress alors que leur calèche s'arrêtait devant les portes du château.
Suivant le grand tapis bleu et blanc les conduisant jusqu'à la salle de bal, ils furent stupéfaits de la beauté du lieu généralement fermé aux nations étrangères.
Les plus beaux cristaux accompagnant des lustres éclairaient les plus luxueux des mobiliers et donnaient l'impression que le château de Voile-d'hiver était comme ceux des contes pour enfants.
C'est lorsqu'ils entrèrent dans l'immense pièce servant de lieu de réception qu'ils furent le plus émerveillés : de longues tables servant de buffet avec de délicieux mets de Givreciel mais également d'autres pays du continent Ouest, des fleurs de cristal et longs rideaux rappelant un ciel étoilé ainsi que de nombreux blasons aux symboles des grandes familles du pays.
Ainsi que le blason des Rose, dont Arwin était le descendant.
Ce dernier déglutit en constatant qu'il y avait déjà énormément de monde présent mais se redressa dès qu'il croisa le regard sévère de son amie Alerya.
— Regarde-là avec son violon et sa belle petite robe ! Eh eh je vais pouvoir me moquer d'elle pendant un long moment.
— Seigneur... leurs regards sont déjà braqués sur moi.
— Sur « nous ». Tu n'es pas le centre du monde Arw-
— Excusez-moi. Qui êtes-vous ?
Interrompu par un noble étranger n'ayant visiblement aucune manière, Katerina fit un grand sourire avant de le saluer alors qu'elle semblait l'avoir déjà rencontré il y a quelques années à Greenland.
Mais lorsque l'homme attendit la présentation d'Arwin, son long silence dû au stress concentra encore plus d'attention sur eux.
Le garçon se mit bégayer et, alors que l'archère s'apprêtait à prendre le relai, un homme fit s'écarter la foule et arriva devant eux avec son fils.
C'était, comme l'avait chuchoté le noble, le Héros de la Grande Guerre et Roi de Greenland accompagné de son fils.
L'homme ayant causé la défaite de Vyrr et la disparition de ses parents.
Celui ayant tout pris à sa mère.
Une vague de haine emplit le cœur du jeune garçon mais, au lieu de céder au chaos se frayant un chemin en lui, il prit une grande respiration et appliqua les conseils de Vyrr et Katerina.
« Je suis Arwin, descendant de la noble famille Rose. Mes hommages, porteur de Lumière. »
Le Héros dû contenir sa surprise face à cet adolescent qu'il ne pensait jamais avoir en face de lui. Lui qui ressemblait tant à Yara mais surtout, à Glenn.
Il avait appris son existence par Talya, avant de lui effacer la mémoire, et sa crainte était que ce « frère » élevé par le nécromancien ne s'attaque à lui et sa famille pour récupérer sa sœur.
Mais après la surprise, la colère prenait le dessus.
« Porteur de Lumière » était en apparence un noble titre mais irrespectueux dans la bouche d'un enfant-dragon lié au chaos. Le pire dans cette courte présentation était qu'il l'avait exprimé à voix haute, reconnaissant l'existence d'une famille pourtant officiellement éteinte...
Et qui, par alliance avec Glenn Rowley le père adoptif du Roi, avait sa place à la cour royale de Greenland.
« Monseigneur ? » demanda d'une douce voix Katerina, se voulant innocente mais transpirant l'hypocrisie qu'il reconnut immédiatement.
Les partisans de Vyrr étaient bel et bien installés dans ce pays, jusqu'à se présenter sans gêne devant lui, et cela l'irrita tellement qu'il dut mordre l'intérieur de sa joue et faire bonne figure.
— Je n'ai donc pas besoin de me présenter. Voici mon fils, le prince Emmett Green.
— Enchanté.
— Que nous vaut la présence d'un jeune garçon comme vous à cette soirée ? Êtes-vous un protégé de Sa Majesté Viktor ?
— La famille Rose est fidèle au trône de glace.
— Et fidèle au nécromancien ?
La réponse du Roi de Greenland, fit taire tout ceux observant la scène, créant un silence gênant qui ne s'éternisa pas grâce à l'intervention de Katerina.
Soutenant le jeune garçon n'ayant pas encore assez confiance en lui pour se confronter au Héros, elle fit un pas vers lui avant d'enrouler une mèche de cheveux autour de son doigt, et répondit :
— N'êtes-vous point au courant ? Givreciel n'accorde plus d'intérêt aux affaires du nécromancien.
— Pardon ?
— En effet, Vyrr Rhapsody a abandonné le reste de son peuple lors de sa fuite et n'a pas été revu sur ces terres depuis de nombreuses années. N'est-ce pas, Arwin ?
— O-oui. C'est exact.
— Malgré ce fait, cela ne change rien en votre fidélité et votre lien avec l'un des pires criminels de notre Histoire. Le nécromancien a détruit des familles entières et fait couler des litres de sang sur nos terres, manipulant les peuples en leur faisant croire que ses intentions sont acceptables, alors qu-
— Alors que vous avez fait la même chose avec des monstres, non ? demanda Arwin avec une pointe d'innocence dans la voix. Seriez-vous un criminel, Porteur de Lumière ?
— Espère de-
« Eh bien, quelle agitation ! »
Tous sursautèrent en entendant une la voix de l'homme venant d'entrer dans la salle. Certains firent une révérence alors que même le roi Viktor, se tenant sur son trône à l'écart de l'agitation créée par la rencontre entre Arwin et le Héros, se leva et s'approcha pour saluer le nouveau venu.
Arwin observa l'homme aussi bien habillé que le Roi en face de lui et reconnut immédiatement la broche dorée en forme de soleil sur sa veste, accompagnant plusieurs autres décorations.
Il se mit également à faire la révérence, comme Katerina à ses côtés, jusqu'à ce que le Roi et grand dirigeant du continent Ouest ne lui fasse signe de se redresser.
— Sa Majesté Jeremiah Leonidi, se présenta le Roi de la capitale du soleil. Nous faisons enfin connaissance, monsieur...
— Appelez-moi juste « Héros ».
— On a quelque chose à compenser, jeunot ? Ou alors votre prénom est tellement ridicule que vous n'osez même pas l'utiliser ?
— C'est monseigneur « je fuis la guerre et j'use des pouvoirs de mon Léviathan pour couper mon continent du reste du monde en détresse » qui parle de chose à compenser ? N'avez-vous pas été le premier à menacer les autres dirigeants de l'Ouest à ne pas nous soutenir pendant la Grande Guerre car vous aviez des accords avec l'invocatrice Stormrage ?
— Vous êtes irrités à cause du froid vous chatouillant les parties ? Ou est-ce parce que vous n'arrivez toujours pas à instaurer la paix que l'église de la Lumière désire tant ? Ou alors est-ce par sentiment d'infériorité en ces lieux ? Bien sûr, vous êtes le seul Roi n'ayant accédé à son statut que par le mariage et non par votre sang noble... Votre femme aurait dû venir à votre place, dans ce cas.
« Jeremiah ! » s'exclama joyeusement Viktor en arrivant jusqu'à eux, le serrant dans ses bras pour interrompre leur échange à deux doigts de se terminer par un combat à l'épée.
Tout le monde avait conscience des frictions entre les deux continents mais surtout des ressentiments du roi de Greenland envers Jeremiah Leonidi.
Ce dernier, alors âgé de soixante ans, possédait le pouvoir d'invoquer une créature mythique liée au chaos appelé Léviathan et capable de détruire des flottes entières en une nuit.
Un pouvoir légué avant la guerre civile de Givreciel par le plus proche conseiller de Vyrr, à l'époque où il était encore un haut-elfe, et donné en échange un pacte favorisant l'avancée et le pouvoir de Leone Stormrage.
Assurant à Jemeriah sa place de Roi de Leonidia pendant de longues années ainsi que l'indépendance de l'Ouest face aux exigences de l'Est...
Ainsi que première puissance susceptible de s'allier au nécromancien pour les batailles à venir.
Jeremiah, le crush de certain.e.s dans Givreciel, a pris un coup de vieux mais a bonifié sa parole avec l'âge ! 😆 Ça pique entre lui et le Héros !
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Du stress d'Arwin et de sa rencontre avec son "ennemi", père adoptif de Talya ? Le prochain chapitre sera sur le reste de la soirée ainsi qu'une interaction avec Arwin et Emmett, qui... 😬🤐
Avez-vous des théories pour la suite ?
J'espère en tout cas que ce chapitre vous a plu et n'hésitez pas à me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile ou en me laissant un commentaire ! On se retrouve la semaine prochaine🥰
P.S : j'ai décidé de changer la couverture par celle ci-dessous. Vous en pensez quoi par rapport à l'ancienne ? Je veux bien vos avis 😊 (la rose, la famille Rose, les deux roses/Rose, vous avez saisit 😆)
Photo libre de droit Unsplash - Alexandre Boucey
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