11🐲Jeremiah Leonidi

[ARWIN]


Alors qu'ils passaient enfin les imposantes murailles entourant la cité du Soleil, dressées comme des gardiennes protectrices, Cassian déglutit en sentant un étrange poids sur son cœur.

Il était parti depuis si longtemps qu'il ne reconnaissait plus la ville où il avait grandi.

Les rues pavées accueillaient les visiteurs avec l'ambiance animée des étals de marchands remplis de trésors variés : des étoffes chatoyantes, des bijoux scintillants, des épices et un large choix de poisson.

Les odeurs de la cuisine locale embaumaient l'air, attirant les curieux vers les tavernes pour les régaler de mets succulents... qui donnèrent la nausée au chasseur.

Il n'arrivait pas à avoir de bons souvenirs, même lorsqu'ils passèrent près du port.

Le bruit des vagues qui se brisaient sur le rivage, accompagnés des mouettes planant gracieusement dans le ciel et des bateaux colorés, faisait pourtant partie d'une ambiance qui autrefois l'apaisait.

Quand il passa la dernière chambre qu'il avait loué avant son départ pour Givreciel, ce fut encore plus flagrant pour lui : le bâtiment avait été transformé en armurerie.

Tout ce qu'il voyait, c'était l'évolution de la vie à Leonidia.

Que le monde ne s'était pas arrêté de tourner sans lui.

C'était logique... et effrayant à la fois.

Au fur et à mesure qu'ils progressaient dans les rues labyrinthiques, entourés de bâtiments aux arcs gothiques et aux fenêtres ornées de vitraux colorés, son mal empirait.

« Eh ! Ça ne va pas ? » l'interpella Arwin lorsqu'ils s'apprêtèrent à sortir du dédale. « C'est une nouvelle crise de panique ? »

Cassian leva la tête vers le ciel avant de se cacher du soleil et de s'appuyer sur ses genoux tout en reprenant sa respiration.

Il se massa le menton, évitant le plus possible le regard de son compagnon, avant de murmurer :

— Et si Jeremiah m'en veut ? Qu'est-ce que je fais ?

— T'en vouloir de quoi ? Il va être aux anges de te revoir !

— Ça me... Tu vas me prendre pour un fragile, mais ça me terrifie.

Sa main sur son épaule, le Prodige attendit quelques secondes avant de s'accroupir pour être à son niveau et le fixer droit dans les yeux.

« Tu es l'homme le plus fort que je connaisse. »

Cassian baisse d'un coup la tête avant de se redresse et de se mordiller la lèvre puis observa le bout de la ruelle, les mains sur les hanches.

— Tu es un menteur.

— L'humain « normal ».

— Tu ne m'as pas vu à mon haut potentiel... Et je ne suis pas « normal ».

— Oh oui, ça j'en ai bien conscience...

Le chasseur ignora le commentaire d'Arwin avant de sortir de la ruelle étroite pour affronter le soleil éclairant la place dorée devant le palais royal. Comme dans ses souvenirs, heureusement, c'était un chef-d'œuvre d'architecture se dressant avec fierté.

Lorsqu'ils s'approchèrent des gardes en armure brillante, ces derniers firent un salut militaire à Arwin avant de donner l'ordre d'ouvrir les portes imposantes révélant une cour intérieure spacieuse ornée de jardins luxuriants.

Mais l'ambiance autour d'eux était étrange.

Tout semblait couvert d'un voile... de tristesse.

« Quelqu'un est mort, ou quoi ? » demanda le Prodige en plaisantant, lorsque l'absence de réponse des gardes lui fit regretter ses paroles.

« Le Roi va très mal. Ce matin, le médecin a déclaré qu'il ne passerait pas la journée. »

Subitement, le corps de Cassian ne lui obéissait plus. Ses jambes se mirent à détaler jusqu'à l'intérieur, ignorant les exclamations des gardes n'ayant aucune idée de son identité.

Il fut rapidement rattrapé par Arwin, à deux mètres de lui en arrière, lorsqu'il suivit le chemin tout tracé dans sa mémoire menant à la chambre de son cousin.

Un bref instant, alors qu'il s'apprêtait à ouvrir les portes, il imagina leurs rires d'adolescents dans cet espace gigantesque devenu comme une deuxième maison.

Cassian avait toujours fui son père, chef de la garde du Soleil, et Jeremiah, ses responsabilités.

Ce lieu était leur cocon et, lorsqu'il y pénétra en se faisant happer par la lourdeur de l'air ambiant, il se mit à trembler.

Plusieurs hommes et femmes, certains plus âgés et d'autres plus jeunes, étaient au chevet du Roi : Jeremiah Leonidi.

Autrefois Don Juan et s'étant assagi en montant sur le trône, Cassian comprit en un instant que ce n'était pas son « grand » âge qui était en train de l'avoir, mais bien... une force extérieure.

Ses mains étaient presque noires et squelettiques comme le reste de son corps entouré de plusieurs draps, et son visage bien trop ridé.

Quand Arwin entra dans la chambre, ce dernier comprit : le Roi avait été contaminé directement par le chaos. Comme Yenfi, après leur courte aventure dans les profondeurs de la terre.

Cette dernière était bien présente, la tête dans ses bras en train de pleurer au pied de son grand-père, jusqu'à ce que tous remarquent la présence d'un inconnu parmi eux.

Le futur roi et père de Yenfi s'apprêtait à chasser ce dernier, lorsque la faible main de Jeremiah l'attrapa par le poignet. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'il lui fit signe de s'approcher et déclara :

J'espère que tout se passera bien pour nous deux.

J'espère te revoir vivant à la fin de cette guerre, répondit Cassian en s'agenouillant.

Leur dernier échange était tant gravé dans leurs mémoires qu'ils s'imaginèrent une nouvelle fois à Givreciel, prendre des chemins différents et se séparer. Eux, les cousins, mais surtout, les meilleurs amis.

— Tu en as mis du temps pour revenir. J'ai bien cru que j'allais caner avant de te voir !

— Tu es plus fort que cela, enfoiré.

— La vache, Cassi... Tu n'as pas changé d'un poil. Tu as toujours ta belle gueule alors qu'à côté, je suis devenu du pain rassis.

— Mais tu as eu le temps de pondre quelques marmots.

Les héritiers autour du lit ne purent s'empêcher de sourire tristement et restèrent silencieux face à l'importance de l'échange auquel ils assistaient. Toute leur vie, leur père/grand-père leur avait parlé de Cassian Nyrh et enfin, ils avaient l'occasion de voir les cousins réunis.

Lorsque Jeremiah fût pris d'une quinte de toux, Cassian lui tapota le doux avant de rajuster son oreiller et d'observer sa main, mais surtout, la bague à l'annulaire droit du Roi.

Celle qui le liait au Léviathan.

— La bête va mourir, intervint Jeremiah en le remarquant. Je ne veux pas lier mon fils ou n'importe qui d'autre à cette créature provenant du chaos. Le continent et notre cité perdront sa sécurité face aux autres puissances... mais nous saurons prouver notre force.

— Tout a tellement changé... Et tu as tant à me raconter... Donc ne meurs pas. Pas maintenant.

— Laissez-nous seuls.

— Père... murmura le futur Roi.

— Je ne vais pas mourir dans l'instant. Allez...

Tous ses héritiers quittèrent la chambre, mais, lorsqu'Arwin voulut suivre le mouvement, Jeremiah l'interrompit et lui demanda de se rapprocher.

Ils échangèrent un regard lourd de sens avant que le Prodige le remercie pour tout ce qu'il avait fait pour lui, et vice-versa.

— Je suis rassuré de savoir que mon cousin pourra compter sur toi, Arwin. Malgré « tout », tu m'as convaincu qu'un sourire pouvait faire disparaitre tous les maux.

— C'est un peu exagéré, Votre Altesse... Mais je comprends. Merci à vous.

— Petit. Est-ce que tes sentiments sont plus... clairs ?

— Oui. Je pense, oui.

Jeremiah hocha la tête avant de le laisser partir alors que Cassian était perdu dans ses pensées. Les deux cousins se retrouvèrent enfin seuls alors que les rayons du soleil à travers les vitres réchauffaient leurs peaux.

Le Roi poussa un long soupir, observant de loin la vue hors de sa chambre, avant de déclarer :

— On en a passé des journées ici... C'était il y a une éternité. Qu'est-ce que ça me manque... Tu te souviens quand on a bu nos premières bières ?

— En cachette sous ton lit, oui. Tu as même failli vomir.

Les anecdotes s'enchainèrent pendant un long moment, suivi d'autres histoires que Jeremiah avait vécues et qu'il désirait absolument lui partager avant la fin.

Ils n'en avaient plus la notion du temps et, ce qui devait être un triste adieu devint une réunion joyeuse entre deux vieux amis.

Au bout de plusieurs heures et de quinte de toux, Jeremiah ferma les paupières en souriant, heureux d'avoir retrouvé Cassian avant la fin, jusqu'à ce qu'il lui demande :

— Est-ce que tu n'aimerais pas revenir définitivement à Leonidia ?

— Quoi ? Tu veux que je devienne Roi ?

— Ne doute pas des capacités de mon fils aîné !... Mais comme chef de la garde du Soleil, comme ton père, ça serait pas mal.

— Mon frère, je... Ce n'est pas...

— J'ai compris. Je pensais que tu aurais changé, mais tu détestes toujours autant cette ville. Ce n'est pas pour toi. Tu es un amoureux des bêtes et de la nature. En parlant de bête...

Le Roi laissa un silence gênant s'installer en eux, Cassian ne voyant pas du tout où il voulait en venir, jusqu'à ce qu'il fasse des gestes de la main pour l'inciter à continuer.

— Arwin et toi. C'est un bon duo ?

— Il est particulier et j'ai encore quelques réticences, mais j'ai connu pire.

— Oui, mais... Enfin Cassi... Tu nous refais ce coup-là ? Viktor ne t'avait pas suffi ?

— De quoi parles-tu ?

— Bon sang, il faut te le faire comprendre comment ?! C'est si évident ! Le petit est à fond sur toi !

Cassian manqua de défaillir de sa chaise avant de couvrir son visage de sa main et de rire doucement à la remarque de son cousin. Mais lorsqu'il croisa son regard plus que sérieux, il eut un doute.

— C'est une blague ?

— Soit tu es aussi stupide qu'un bout de bois, soit tu es dans le déni. Ou alors, tu fais exprès. Tu avais bien compris qu'avec Viktor t-

— Oui, merci. J'avais saisi. Mais les demi-dieux loups ne m'intéresse pas.

— Et les dragons ?

— Encore moins ! Enfin, Jeremiah... On parle d'un homme...

— Ce n'est plus « contre-nature » de nos jours. Je sais à quel point ton père avait un avis tranché sur la question quand nous étions adolescents.

— Ce n'est pas... Arwin ne m'intéresse pas de cette façon-là.

— Alors ne le fais pas espérer. Dis-lui clairement.

— Je ne fais rien.

— Peu importe les gens, tu as un charme naturel qui fait croire au monde entier que tu les désirs. Je te l'ai toujours envié, mais jamais tu n'en as profité ! Qu'est-ce que tu attends ?

— Arwin est un gamin !

— Arwin est un homme adulte dans la vingtaine qui a passé sa vie à attendre que tu sortes de la glace pour ne serait-ce qu'échanger quelques mots avec toi ! Il sait ce qu'il veut, ce qu'il vaut et pourrait attendre une éternité pour que tu lui donnes une minute d'attention !

— Je-

— Sans le vouloir, tu es en train de le rendre accro à ton côté détaché un chouia perturbé. Mets les choses au clair si tu es totalement certain de ne jamais éprouver quelque chose pour lui. Parce que vu le temps que vous allez passer ensemble...

— Ça va, j'ai compris. Sa Majesté Jeremiah Leonidi qui me fait la leçon, on aurait tout entendu.

Ce dernier se mit à rire avant d'être de nouveau interrompu par une nouvelle quinte de toux inquiétant de nouveau Cassian qui lui agrippa la main.

« Appelle mes héritiers, s'il te plait. Je sens que... » dit-il d'une voix faible avant que le chasseur n'obéisse.

Le temps qu'ils arrivent, il revint à son chevet, les larmes perlant à ses cils alors que Jeremiah souriait de plus en plus.

— Arrête de te foutre de ma gueule !

— Parce que c'est magique. Cassian Nyrh, monsieur cœur de glace, qui pleure pour un autre être humain.

— Pour l'enfoiré qui a essayé de me faire boire sa pisse quand on était gamin. Je n'oublierais jamais.

— C'était drôle, ça aussi... Alala... Tu vas me manquer, mon frère.

— T'as encore de belles années à vivre avec ta grande famille. Ce serait con de partir si tôt, alors que je viens de revenir, non ?

— Si j'ai tenu, c'est grâce à Vyrr.

— Sérieusement ?

— Il a mis des années à me concocter un remède pour ralentir la progression du chaos. Je survis avec ça depuis longtemps... mais il n'y a rien pour guérir ses effets. C'était le prix à payer pour garantir la sécurité de mon peuple, et je ne regrette rien.

— Jeremiah...

— Je t'adore, Cassi. Ne l'oublie jamais.

— Père !

Cassian laissa sa place au futur roi et aux nombreuses têtes royales venant s'agglutiner près de son cousin. Le cœur battant à tout rompre et la respiration devenant soudain erratique à cause de l'émotion, le chasseur ne put en supporter plus.

Il courut hors de la chambre, bousculant Arwin au passage avant de rejoindre le jardin de la cour intérieure. L'un des derniers endroits où il avait pu parler normalement avec sa mère, avant sa mort.

Elle aussi, atteinte d'un mal inexplicable, mais aussi similaire au chaos.

« Encore une vie que l'on m'arrache... » murmura-t-il en essuyant ses larmes d'un revers de la main.

Le temps était presque divin, parfait pour les plus belles célébrations...

Et dans la chambre à l'étage, alors que la fenêtre était entrouverte, il entendait soudain des pleurs déchirant un peu plus son cœur.



🔥



« Je vais bien, je t'assure ! »

Les sourcils froncés, Arwin dévisageait son amie Yenfi et les brûlures de chaos éparpillées un peu partout sur son corps alors qu'elle agitait sa lance.

Cela faisait une semaine que le Roi Jeremiah Leonidi avait succombé et autant de temps que les tenues noires et dorées de deuil étaient devenues l'habit quotidien des habitants du pays par respect pour le défunt.

Ils étaient tous les deux assis sur un banc du terrain d'entrainement de la garde du Soleil, en train de manger des croquettes de poissons, et d'observer les soldats se battre en contrebas.

Arwin s'en voulait toujours autant pour les blessures de Yenfi et sa simple présence lui rappelait des souvenirs du chaos grandissant sous terre.

Imposant, inarrêtable et destructeur.

Lorsqu'il se souvint de sa sœur.

— J'ai eu une vision... ? Non. Plutôt une « communication » avec ma sœur. Talya.

— Par corbeau ?

— Non, c'est... C'était comme lorsque l'on était à la source du chaos. Je l'ai vu et je lui ai parlé en temps réel.

— Si tu deviens fou, est-ce qu'il y a moyen que l'on se marie plus tôt ?

— Elle était vraiment mal, poursuivit-il en l'ignorant. Elle n'arrive pas à retrouver sa nature de dragon. J'aimerais l'aider, mais je n'arrive plus à la « voir ».

— Hum. Peut-être que c'est parce que vous êtes le chaos.

Arwin fronça les sourcils, dubitatif, avant de fixer ses pieds et d'agiter la terre sèche sous ses chaussures en comprenant petit à petit ce que voulait dire son amie.

— Tu veux dire que c'est le chaos qui nous lie ? Donc, quand elle renoue avec, cela établie une connexion entre nous... C'est logique, mais...

— Ça implique qu'elle laisse le chaos l'envahir. C'est mauvais, non ?

Il se contenta de hausser les épaules parce que même s'il ne connaissait plus si bien sa sœur, il avait compris en un combat contre elle qu'elle serait facilement influencée par des énergies destructrices.

« Tal pourrait se faire avoir par sa voix intérieure chaotique... Et ne jamais revenir à la raison. Espérons que Vyrr soit à ses côtés à ce moment-là. » pensa-t-il avait de se redresser et s'étirer.

Soudain, il vit à leur opposé l'un des capitaines de la garder discuter avec Cassian. Ce dernier semblait aller un peu mieux que la veille et tous les jours suivants la mort de son cousin l'ayant profondément marqué.

Arwin avait essayé de le soutenir jusqu'à lui laisser l'espace dont il avait besoin. Ils n'avaient pas eu de discussion depuis leur arrivée à Leonidia et, même s'ils étaient en période de deuil, voir les brûlures de Yenfi le ramenait à ses responsabilités.

Ils ne devaient plus perdre de temps et se rendre à NightHallow.

« C'est dingue qu'il ait accepté de devenir chef de la garde ! »

Arwin déglutit et se tourna lentement vers Yenfi agitant ses pieds joyeusement, jusqu'à ce qu'elle comprenne la bourde qu'elle venait de faire.

Elle mit ses mains sur sa bouche avant de jurer lorsqu'elle sentit l'air autour d'eux se réchauffer à cause de la température du demi-dragon augmentant progressivement.

— Pardon ? Chef de la garde ? Ça sort d'où ?

— Oups... Je n'aurais pas dû. Père m'avait demandé de ne pas l'ébruiter car ce n'est pas officiel, mais Cassian s'est proposé pour prendre le commandement. Comme son père avant lui.

— ...Quand ?

— Il y a quelques jours et ce sera bientôt effectif sauf s'il se rétracte.

La jeune femme hésita à en dire plus en voyant les jointures des poings de son ami blanchir, mais lorsqu'il poussa un grognement bestial, elle tenta d'attraper sa main pour le retenir d'aller confronter le chasseur.

Mais la main d'Arwin était si brûlante qu'elle regretta en agitant ses doigts.

— Calme-toi, s'il te plait ! Tu vas foutre le feu !

— Comment tu veux que je me calme alors que ce traitre avait promis de m'aider et de rester avec moi ?! Il est en train de se rétracter parce qu'il...

« Parce qu'il a perdu un membre important de sa famille. »

Ses épaules se détendirent soudain et, alors que Yenfi pensait qu'il était en train de se calmer, Arwin lui échappa et fila à l'opposé du terrain à la rencontre de Cassian.

Le Prodige tenta de lui donner un coup de poing que le chasseur évita par réflexe avant qu'il le saisisse par le col de sa tunique et s'exclame :

— Depuis quand rester à Leonidia, ça t'intéresse ?! Je croyais que tu étais un homme qui aime l'aventure, la nature et surtout pas diriger ?!

— Lâche-moi.

— Je comprends que la perte du Roi t'a autant affecté, mais tu m'as fait une promesse ! Même plusieurs ! Tu ne peux pas m'abandonner comme ça après tout ce que j'ai fait pour toi !

— Arwin.

Le demi-dragon ne s'en rendait pas compte et, alors que Yenfi l'avait rattrapé, elle vit soudain tout son être s'entourer d'une aura très sombre.

Son contact avec le chaos la rendait plus sensible et, ce qu'elle percevait légèrement dans le regard de son ami, désormais, était en train de l'engloutir par colère.

Quant à Cassian, il le constatait non seulement par la chaleur, mais également par ses canines devenant de plus en plus pointues et ses yeux changeants progressivement de couleur.

« Mets les choses au clair si tu es totalement certain de ne jamais éprouver quelque chose pour lui. »

— Je ne peux pas t'accompagner si loin dans ta quête. La mort de Jeremiah m'a fait réaliser plusieurs choses, et...

— Tu me fuis.

— Non. La perte du Léviathan vient de rendre le pays vulnérable à une attaque et je dois-

— Je sais que tu n'as jamais été patriotique, c'est Jeremiah qui me l'a dit. Tu as rejeté ton père pendant des années pour éviter cette situation, alors pourquoi cela changerait-il maintenant, hein ? Tu me fuis, enfoiré.

— Peut-être que tu en as besoin pour comprendre la vérité.

— Quelle vérité ?

— Il y a des choses plus importantes que toi dans ma vie, Arwin. Et je ne ressentirais jamais ce que tu éprouves pour moi, peu importe la nature de tes sentiments. Merci de m'avoir libéré de la glace, mais ma reconnaissance s'arrête là.

— ...Quoi ?

— Tu ne me plais pas. Jamais.

Un silence de mort s'abattit sur eux, tous les deux n'osant pas bouger d'un poil, lorsqu'Arwin relâcha le col de Cassian et baissa la tête en détournant le regard.

Mais alors que Yenfi réfléchissait à un moyen d'apaiser la situation entre eux, l'un des soldats de la garde arriva en criant sur le terrain d'entrainement :

« Les troupes d'Okuni sont en train d'attaquer l'un des villages de naufragés au sud ! »

Les elfes noirs, dès l'annonce du déclin du Roi du Soleil, avaient préparé leurs troupes pour s'attaquer aux monstres, acceptés par Jeremiah et vivant près de la côte la plus « proche » d'Okuni.

Pour eux, l'implantation des créatures issues du chaos ne faisait qu'accroitre ce dernier et finirait par tous les condamner. Un argument qu'avait toujours réfuté le Roi.

« On a besoin de moi, ici. » conclut Cassian avant de rejoindre le capitaine et demander le rassemblement des troupes pour partir vers le sud.

Yenfi observa Arwin se laisser tomber au sol, son aura chaotique prenant de l'ampleur, lorsqu'il s'allongea à même la terre en grognant.

— Tal.

— Arwin ?

— Comment est-ce que l'on doit réagir lorsque la personne que l'on admire le plus nous rejette ?

— Je... Ça m'est déjà arrivé, à vrai dire...

— Qu'as-tu fait ?

— J'ai pété un plomb.

Peut-être qu'il allait le regretter et que Cassian le verrait comme un monstre... mais il ne pouvait pas rester calme.

Ses mots l'avaient blessé et il devait lui montrer que l'on ne joue pas avec les sentiments d'un dragon.



C'était inévitable, et pourtant... Qu'avez-vous pensé de ce retour à Leonidia ? Des derniers instants entre Jeremiah et Cassian ? 😭

De sa décision concernant Arwin et ce dernier qui ne l'accepte pas du tout ? Pensez-vous que Cassian est dans le déni ? Qu'il va trop loin ? Ou qu'il n'y aura jamais aucun sentiment de cette nature entre eux ? 🤔

J'espère que la suite vous plaira ! On se retrouve bientôt pour le prochain chapitre ! 🥰

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