10🔥Sinath Gilmenorya Elmet
[TALYA]
« Votre Majesté, ne serait-ce pas opportun de retirer Talya des cours avec les autres enfants ? Elle les met mal à l'aise depuis l'événement impliquant votre fille, Opal. »
La Reine détourna le regard du professeur en charge de l'éducation des jeunes nobles de la cour greenlandaise pour mieux observer le jardin où ses enfants jouaient tous ensemble.
Presque tous.
Le plus âgé, Emmett, n'avait que dix ans mais s'assurait de la sécurité de ses cadets. Une épée en bois dans les mains, il simulait un combat avec son petit frère de 7 ans, Glenn, nommé comme l'ancien père adoptif du Héros.
Même occupé, le grand-frère surveillait également la fausse-jumelle de Glenn, Liana, jouant avec ses poupées et la petite dernière de la famille, Opal, à prendre le thé dans l'herbe.
La scène était attendrissante sous tous les angles, excepté le point noir devenant de plus en plus gênant dans la famille royale : Talya.
Cette dernière était à l'écart, contre un arbre, à observer en silence le ciel et profiter des rayons du soleil du début de printemps.
Si elle était seule, c'était à cause de son caractère trop sauvage.
Lors du premier repas de famille où elle avait été conviée à la table royale, afin de se familiariser avec ses autres frères et sœurs, l'enfant avait suscité l'attention d'Opal, alors âgée de 5 ans.
Cette dernière jouait avec ses nerfs en plantant les pics de sa fourchette dans la paume de sa main sans cesse, attendant une réaction de la part de sa sœur qui avait été surnommé « cœur de glace » tant elle semblait froide.
La patience de Talya avait failli et le repas c'était conclu sur des pleurs d'Opal à cause d'une morsure au bras et de l'enfermement de la fautive pendant un mois dans sa chambre.
Maintenant qu'elle pouvait ressortir, les rumeurs allaient bon train chez les enfants de nobles ayant eu connaissance de cette histoire, Liana ayant fait en sorte que le crime de son aîné sur la benjamine ne soit jamais oublié.
En conséquence, Talya n'était pas très apprécié de sa famille sauf du Roi qui s'était malheureusement absenté pendant trois mois après l'événement pour une campagne de « nettoyage » chez les monstres installés aux frontières du pays.
— J'aimerais régler cette affaire avant la fête de l'Amaryllis, déclara la Reine en tapotant son menton de son éventail. Les festivités auront bientôt lieu et mon époux sera contrarié si nous ne trouvons pas une solution pour Talya. Elle a un grand potentiel et si elle arrivait à s'assagir avec le temps, peut-être que les choses pourraient s'arranger.
— J'ai justement avancé sur notre affaire depuis votre demande et j'ai de nombreux précepteurs à vous proposer. Ils attendent dans la grande bibliothèque.
— Parfait. Leur avez-vous parlé de la petite ? Les trois derniers en savaient bien trop et ont profité de notre argent avant de fuir le château.
— Pas clairement. Je suppose que leurs motivations sont également purement financières.
— Peu importe, tant que le Roi ne s'en mêle pas. Que Fara nous y retrouvent dans une heure, avec la petite.
— Bien, Votre Altesse.
Un coup d'œil jeté à l'enfant l'ignorant royalement suffit à énerver la Reine qui soupira d'exaspération avant d'appeler ses enfants et de les enlacer avec amour. Un amour qu'elle souhaitait partager avec sa fille adoptive mais dont ses souvenirs de Yara lui provoquaient, en plus de son comportement, une grande réticence.
Talya ne recevait de l'affection que de son ancienne préceptrice Faraeline qui, avec le temps et les nombreuses nobles manières qu'elle devait enseigner à l'enfant, avait atteint sa limite en tant que professeure particulière.
Quant aux cours avec les autres enfants, ils les ennuyaient fermement tant elle avait de l'avance dans l'apprentissage.
C'est ainsi que, dans l'optique de convaincre quelqu'un d'assez avide des richesses de la Couronne, Talya se fit mettre en beauté par sa seule amie et domestique. Allant de la plus belle robe aux couleurs de la famille Green en passant par les plus somptueux bijoux et une coiffure sophistiquée.
— N'es-tu pas heureuse ? demanda Faraeline en terminant sa tresse. Tu es très jolie dans cette tenue. Tu trouveras un bon professeur, j'en suis certaine.
— Je veux juste ne pas être avec les autres. Je le sens, leurs pensées envers moi... sont très négatives.
— Si tu sens qu'un professeur pourrait te convaincre, tu n'hésites pas à me le dire.
Après un hochement de tête et un baiser sur sa joue, elles partirent toutes les deux en direction de la grande bibliothèque royale, l'un des lieux préférés de Talya à chacune de ses sorties de l'aile Ouest.
En poussant les portes massives en bois sombre, l'odeur des vieux manuscrits, de l'encre et du cuir virent titiller ses narines alors que ses yeux observaient avec admiration les immenses étagères remplies de trésor littéraire.
« Talya, ma fille, approche. »
Lorsqu'elle entendit la voix de la Reine, l'enfant ne put s'empêcher de froncer les sourcils mais d'obéir sagement en avançant doucement jusqu'au centre de la pièce, accompagné de Fara à quelques mètres derrière elle.
Éclairée par les agréables rayons du soleil traversant les vitraux, l'enfant détailla le visage de chaque adulte se tenant à contre-jour et dont la tenue et la prestance étaient synonymes d'érudition.
Il y avait trois humains, un nain et deux elfes. Tous étaient de contrée différente car pas un savant greenlandais ignoraient les rumeurs sur l'indiscipline et les manières sauvages de la petite princesse.
« Je vous présente ma fille, commença la Reine. Talya Green. Certes, elle semble être en début de puberté mais elle n'a que dix ans. Une particularité fréquente dans la branche maternelle de ma famille. Néanmoins, elle a beaucoup de vocabulaire pour son âge ainsi que de nombreuses connaissances qui nous obligent à la retirer du système d'apprentissage de la jeune noblesse.
Le Roi et moi-même désirons qu'elle cultive son intelligence entre ses murs. Pas de sortie hors du château et aucun récit interdit concernant la situation géopolitique mondiale. Ce n'est pas nécessaire pour son rôle de demoiselle.
Talya est destinée à être une princesse érudite qui représentera la Couronne et la famille Green. Pas une savante, ni une bibliothécaire. Retenez-le bien.
Il se peut que vous ayez des difficultés avec son... caractère. Mais je suis certaine que tout est pardonnable avec le salaire que nous vous verserons. Idéalement, il lui faudrait trois professeurs mais un seul pourrait suffire s'il est assez compétent.
Maintenant, je vous laisse l'apprivoiser. Vous avez deux heures pour susciter l'intérêt chez elle. »
C'est ainsi que Talya fut entrainé d'un professeur à l'autre pendant plus d'une heure.
Le nain ne semblait pas très érudit et Fara en déduisit rien qu'à sa manière de s'exprimer qu'il n'avait été attiré que par l'argent.
Les deux elfes étaient de jeunes chercheurs tentant de faire un enseignement à deux mais sur un sujet beaucoup trop complexe même pour une enfant comme elle.
Ne restait que les trois humains.
Mais face à l'ennui que l'un d'eux lui procurait, la fillette profita d'une pause dans l'enseignement pour se sauver et se cacher entre les immenses rayons de la salle.
Vagabondant tout en caressant les reliures, elle s'arrêta soudain sur un ouvrage parlant d'initiation à la magie arcanique qu'elle avait lu une dizaine de fois mais dont les enseignements étaient complexes à mettre en pratique.
Elle essaya de tracer un cercle imaginaire dans le vide, reproduisant avec le bout de son doigt les symboles, lorsqu'une voix derrière elle la fit sursauter :
« Ce n'est pas avec autant d'hésitation que la petite princesse va réussir son tour de magie. »
Talya se retourna immédiatement, le rouge aux joues, avant de lever les yeux et de faire face à un autre elfe habillé d'une longue robe de mage trainant au sol.
Elle fut fascinée non pas par sa prestance mais par le fait même de voir la couleur de ses cheveux bruns et de ses yeux aussi verts que les siens.
Il était peu fréquent qu'elle puisse voir de la couleur dans son monde noir et blanc, surtout sur des êtres humains. Et encore moins sur des inconnus.
Alors l'elfe devant elle l'intrigua.
« Regarde. » murmura-t-il d'une douce voix en traçant à son tour les symboles jusqu'à faire apparaitre devant eux une magnifique amaryllis.
Un tour qui émerveilla en un instant la jeune fille.
« Ah Talya ! Vous êtes là !... Et qui êtes-vous messire ? » demanda l'un des humains encore en test.
L'elfe tendit la fleur à l'enfant avant de se redresser et d'ignorer celui l'ayant interpellé. Il commença à se diriger vers la sortie de la bibliothèque, lorsque la Reine l'interpella en voyant Talya le suivre.
— Vous n'êtes pas un des professeurs ?
— Ça dépend du domaine, votre Majesté.
— Il n'était pas dans les candidats ? demanda-t-elle à son serviteur. Qui êtes-vous alors, messire elfe ?
— Je suis de passage dans votre bibliothèque. J'ai une autorisation de la famille royale d'Elmetya si vous êtes méfiante.
— Cela ne répond pas à ma question.
L'elfe s'excusa d'une révérence avant de faire face à tout le petit groupe ainsi qu'à Talya. Il leva légèrement sa main vers eux, mettant en évidence ses bagues avant de se présenter :
— Je me nomme Sinath Gilmenorya Elmet.
— Votre Altesse ! s'exclama l'un des elfes suivis de son compagnon faisant la révérence.
— « Elmet » ? répéta la Reine étonnée. Vous faites partie de la famille royale d'Elmetya !
— « Faisait » partie est plus juste.
— Monseigneur Sinath est connu pour être un grand chercheur ayant exploré les terres inconquises du continent Ouest ! Il s'est retiré de la lignée royale pour dédier sa vie à la connaissance et fait partie des meilleurs cartographes de ces dernières années !
— Très beau palmarès mais où étiez-vous pendant la Grande Guerre si ce n'est pas indiscret ?
— Piégé à l'Ouest, votre Majesté. Les frontières étaient fermées sur l'autre continent et je n'ai pas pu rejoindre ma patrie avant l'an dernier. Je suis ici en tant qu'invité chercheur pour profiter des riches ouvrages de votre capital. Je comptais repartir en voyage après la fête de l'Amaryllis.
La Reine avança lentement vers l'elfe et le détailla avec attention, faisant le tour de sa personne jusqu'à s'arrêter devant lui et réfléchir.
Devant elle, se tenait un haut-elfe ayant des compétences bien au-delà de ce que les autres candidats possédaient. Sa beauté était équivalente à son charisme et elle n'avait aucun doute sur son intelligence qui pourrait être non seulement utile pour garder Talya à l'écart mais également servir les intérêts de Greenland.
— Cherchez-vous un travail ?
— Pas actuellement. Tout dépend de l'urgence, de la quête et du prix.
— Votre prix sera le mien. La requête est urgente et la mission est d'éduquer la... ma fille que vous voyez ici.
— La petite princesse... je dois y réfléchir, alors.
— C'est maintenant, à prendre ou à laisser.
Sinath s'éloigna de la Reine pour s'approcher de la princesse et se mettre accroupie devant elle. Il jeta un coup d'œil à l'elfe Fara l'accompagnant avant de sourire et de caresser un des pétales de l'amaryllis entre les doigts de Talya.
Cette dernière, pour la première fois de sa vie, supplia sa mère du regard en lui faisant comprendre silencieusement son intérêt pour ce nouveau professeur.
Son expression surprit tellement cette dernière qu'elle dû faire une proposition financière tellement indécente à Sinath, qu'elle dû lui chuchoter à l'oreille. Ce dernier, convaincu par la conséquente somme d'argent, accepta immédiatement et signa un contrat avec ses conditions, faisant de lui le nouveau professeur de Talya.
🔥🔥🔥
« Je vous remercie pour votre accueil, votre Majesté. Je ne vous décevrais pas. »
Quelques jours plus tard, alors que la fête de l'Amaryllis commençait à battre son plein dans la capitale, Sinath Elmet s'était présenté au château avec sa tenue officielle de professeur, aux couleurs bleues et vertes de la famille royale.
Le Héros à peine rentré de campagne avait été pris de court quant au choix de sa femme mais l'approuvait tant qu'il ne m'était pas en danger l'intégrité de la famille Green.
Les antécédents du haut-elfe avaient été vérifiés minutieusement tout comme sa puissance magique ainsi que ses récentes relations et déplacements.
Des précautions que le Roi avait prises en cas d'espionnage de la part du nécromancien qui, depuis quelques mois, soutenait financièrement les tribus de monstres aux alentours du pays.
— Nous avons fort à faire pendant la fête, expliqua le Héros, alors je vous laisse le soin de vous présenter à ma fille et de lui donner ses premiers cours.
— Nous vous rappelons qu'elle a pour interdiction de sortir du château, rajouta la Reine. Pas de participation à d'événements mondains ou autre. La seule sortie qu'il lui est autorisé est dans le jardin de l'aile Ouest. Est-ce clair messire ?
— Limpide, votre Majesté. En vous souhaitant une bonne fête de l'Amaryllis.
À ces mots, Sinath fut escorté jusqu'à l'aile Ouest du château et fit la rencontre officiellement de la seule et unique domestique en charge de son élève : Faraeline.
Cette dernière se méfiait du nouveau venu, craignant à juste titre qu'il se contenterait d'empocher son salaire et de laisser la petite Talya à son simple sort.
— J'ai étudié la liste d'ouvrage lu parle la princesse et que vous avez transmis au professeur en charge des études de ce château. C'est conséquent pour une fille de son âge.
— La princesse n'a que la lecture comme distraction. Il lui est interdit de sortir ou de pratiquer toute autre activité. Et cela malgré l'insistance de la Prodige Teresa à chacun de ses passages ici.
— J'ai également eu vent de débordements comportementaux. Il faudra corriger cela car je ne le permettrais pas. Je dompte les humains ne sachant pas se tenir.
— Talya n'est point un animal !
— Il parait qu'elle a mordu sa jeune sœur pourtant. Cela est typiquement un comportement de bête ou même... de monstre.
Après avoir vérifié qu'ils étaient seuls dans les couloirs de l'aile Ouest, Fara attrapa soudainement le col du professeur, le menaçant du regard de retirer immédiatement ce qu'il venait de dire.
Ce dernier se contenta de la fixer d'un air amusé, provocateur, jusqu'à lui murmure quelques mots :
« Qu'est-ce que vous pensez du libre arbitre ? Est-ce que vous êtes bien maitresse de vos choix ? »
Soudain, la phrase éclaira l'esprit de Faraeline qui relâcha son emprise sur le haut-elfe. Elle laissa Sinath se diriger vers la salle d'étude où l'attendait Talya alors qu'elle réfléchissait à ses paroles.
Deux phrases lui ayant immédiatement rappelé la manipulation de Myumurin il y a quelques années sur sa volonté. Un rappel terrible l'empêchant de révéler à Talya la vérité sur ses origines sous peine d'y perdre la vie.
Et alors que Fara était abandonnée à ses réflexions sur sa vie, Sinath entra dans la salle et s'approcha de l'enfant lisant un gros ouvrage.
— Qu'est-ce que c'est ? dit-il d'un ton presque méprisant.
— « L'histoire de l'évolution de la monnaie sur le continent Est », répondit Talya en agitant ses pieds.
— Cela est d'un ennui mortel. Sortons, voulez-vous ?
La petite fille ne se fit pas prier et suivit son nouveau professeur jusqu'au jardin abandonné. Curieuse de savoir sur quoi porterait sa première leçon.
Néanmoins, le comportement du haut-elfe commença à l'intriguer car il semblait analyser les lieux et chercher quelque chose sur les troncs d'arbres.
— Ça devrait être ici.
— Que cherchez-vous, messire ?
— Alors pour commencer, petite princesse, vous devrez m'appeler Sinath. Pas « messire ». Ensuite, sachez qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. Je parle de moi, de vous mais également de ce jardin. C'est votre première leçon.
— Ma foi, que ferais-je sans un tel enseignement ?...
— Et elle griffe comme un chaton ! C'est parfait, parce qu'il va falloir mordre bien plus que le bras de votre sœur en me suivant.
Les réponses de Sinath la piquaient au vif et pour la première fois, l'enfant se sentait stimulé par l'échange qu'elle avait avec un autre adulte que Fara.
Son professeur avait certes l'air trop sûr de lui mais elle avait déjà la conviction de ne pas s'ennuyer à ses côtés.
— Vous avez parlé du jardin ?
— Exactement. Que voyez-vous ici ? Des mauvaises herbes ? Oui et non. Ils poussent ici des plantes rares qui feraient sourire le moindre apothicaire. Et ce symbole sur cet arbre ?
— J'ai toujours cru que c'était des messages d'amour d'anciens nobles.
— Erreur, c'est une porte de sortie. Deuxième leçon : osez enfreindre les règles.
— Les règles sont faites pour maintenir l'ordre. C'est ce que le professeur nous a appris.
— Existerait-il un ordre sans chaos ? Autre leçon : remettez toujours en question ce que l'on vous enseigne.
— Cela implique vos paroles.
— Surtout mes paroles. Alors, prête à être une vilaine petite princesse ?
Sa nature chaotique faisait autant battre son cœur à toute vitesse que réveiller l'adrénaline en elle. Jamais dans sa courte vie, elle n'avait ressenti pareille envie de suivre un inconnu et de se mettre en danger.
Mais elle avait également conscience que personne au château, mise à part Fara, ne la cherchait. Surtout pas lors de la fête de l'Amaryllis où tout le monde était débordé par les festivités.
Sinath lui offrait une occasion rêvée.
Et il lui suffisait de tendre la main pour la saisir.
/!\ Désormais, il n'y aura qu'un chapitre qui sortira par semaine. Pour me laisser le temps d'écrire, de retravailler dessus, etc.. Merci pour votre patience 😉/!\
Qu'avez-vous pensé du chapitre sur Arwin ? De la façon dont les gens le traite alors qu'il est trooop chou ?🤭 Du rapprochement qu'il y a eu pendant quelques années éllipsées entre lui, Drunog et Alcine ? Et enfin, de l'énervement de Vyrr sur la découverte de sa maladie ?
De la mise à l'écart de Talya dans sa famille d'adoption suite à sa morsure ? Du comportement de la Reine mais également de son nouveau professeur Sinath ? Je pense que vous allez aimer ce nouveau personnage 😏
J'espère que ces deux chapitres vous ont plu et si c'est le cas, n'hésitez pas à me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile ou en me laissant un commentaire ! 🥰 On se retrouve la semaine prochaine pour la suite !
🔥🔥🔥
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top