Chapitre 9 : Coup d'Œil (2/2)
Après un repas du midi sous tension, à cause de l'attitude aussi silencieuse qu'hostile de Megara que tout le monde avait appris à craindre, les élèves se dirigèrent mollement jusqu'à leur prochain cours. Une femme toute de noir vêtue et à la mine taciturne fendit le rang pour ouvrir la porte et les laisser entrer sans un mot ni un regard.
La pièce plus spacieuse que celles qu'ils avaient eu l'occasion de fréquenter dans l'établissement était pleine de lumière et de vide. Le sol était presque entièrement recouvert de tatamis que les élèves piétinaient en cherchant du regard des sièges et des pupitres. Ils comprirent rapidement que ce ne serait pas le genre de cours qu'ils passeraient confortablement installés.
La professeure, sous des dehors sinistres, déploya pourtant une certaine vivacité dans ses mouvements lorsqu'elle se saisit d'une craie pour tracer en grand sur le tableau noir les mots "Ekala Ingham".
_ Bienvenue dans le cours d'Art de la mort, articula-t-elle d'une voix égale et profonde. J'attends de vous une entière attention et discipline, à la hauteur des risques encourus dans ce cours. Puisque vous n'en aurez pas besoin de sitôt, nous n'étudierons les techniques d'arts martiaux que dans quelques semaines. Suivront, le maniement des armes de poing, puis l'escrime et le kendo. Mais pour l'heure, nous allons travailler à votre renforcement musculaire, disons pendant un bon mois.
À chaque début du cours, vous enfilerez la tenue réglementaire dans les cabines situées au fond de la classe. Vous trouverez vos tenues dans vos casiers respectifs, à gauche.
Les élèves s'échangeaient des regards perplexes. Ils allaient apprendre à se battre et à manier des armes ? Aucun ne s'était attendu à cela, hormis peut-être Megara qui trépignait d'impatience, après avoir légèrement tiqué à l'évocation d'un uniforme. Dociles, ils se mirent en mouvement vers les casiers et les cabines avec la lenteur d'un troupeau hésitant.
Dans une des étroites cabines à leur disposition, Caleb passa une espèce de combinaison noire à mi-chemin entre le jogging et le kimono. Il ne savait plus quoi penser, hormis qu'il avait l'impression persistante qu'on ne leur disait pas tout. Le personnel enseignant égrenait des miettes d'informations capitales sur leur nature et ce qu'on attendait d'eux. Et les élèves se contentaient de saisir ces quelques miettes et de les digérer en attendant les prochaines. Il y avait de quoi craindre que ce ne soit qu'une technique de manipulation pour qu'ils acceptent progressivement des conditions qui iraient chaque jour un peu plus loin. Jusqu'où étaient-ils capables d'aller ? Allait-on leur demander de tuer, comme ce cours le suggérait ? Le Directeur l'avait pourtant assuré du contraire...
Cependant, s'il avait retenu quelque chose de son entretien avec son parrain, c'était d'attendre d'en savoir plus avant de tirer des conclusions hâtives. Depuis qu'il avait mis les pieds dans cette école, il fallait admettre que les choses n'avaient jamais été tout à fait ce qu'elles paraissaient. C'est pourquoi il rejoignit le rang des têtes hagardes qui trottinaient autour de la salle.
Mme Ingham n'était pas du genre loquace. Elle ne daignait ouvrir la bouche que pour leur lancer des instructions de sa voix inflexible. Elle ne les lâchait pas des yeux toutefois, et ils n'étaient pas dans des dispositions pour lui désobéir et sortir du rang. Elle reprenait tout de même régulièrement le pauvre Jarvis qui avait déjà du mal à tenir le rythme.
Le cours de quatre heures se résuma à un enchaînement de course et d'exercices de cardio et de musculation, autrement plus intenses que tout ce que Caleb avait pu connaître en cours d'EPS. Leur professeure ne daigna fournir aucune explication à la raison de cet entraînement intensif et personne n'osa lui poser la question. Même Caleb préférait attendre de rencontrer à nouveau son parrain pour obtenir des éclaircissements à ce sujet.
De toute manière, il n'était pas capable de se consacrer entièrement à cette question en suspens, toute importante qu'elle était, son esprit étant également occupé par l'effort physique presque douloureux qui lui était imposé et par la vision qu'il avait eu de Zoé. Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer la revoir et apprendre de sa bouche que la scène qu'il avait surprise n'était qu'un malheureux quiproquo. Mais bien sûr, il ne le pouvait pas. Elle avait raison de vouloir continuer sa vie, sans lui. Et cette pensée le rongeait tellement qu'il sentait un creux s'agrandir en lui.
À présent, tout ce qu'il voulait était exceller en cours, mais il lui fallait occulter le fait que tout cela ne servirait à rien s'il n'était pas capable d'interrompre la vie de Zoé. Or, depuis sa vision, et bien qu'il ait saisi l'importance de sa tâche, aller au bout de celle-ci lui semblait intolérable. Auparavant, son instinct lui avait dicté de protéger Zoé. Il n'était pas sûr qu'il soit possible de le contraindre à faire l'inverse. C'était une distorsion de tout ce qu'il était profondément bien trop importante pour qu'elle s'opère sans heurts.
L'Institut des Psychopompes poussait ses élèves sur une pente idéologique, soupçonnait-il, pente sur laquelle il se sentait tout à fait capable de se laisser entraîner progressivement. Mais il nourrissait de sérieuses craintes au sujet de l'obscur chemin qu'il lui restait à parcourir : ne risquait-il pas de toujours trébucher tant que Zoé serait sa cible ? Tant que cette épineuse question ne serait pas résolue, il ne lui servirait à rien de briller dans ses cours.
La mine insatisfaite, Mme Ingham interrompit le cours sans faire de commentaire. Vidés, Caleb et ses camarades se dirigèrent vers les dortoirs sans qu'aucun bavardage ne vienne troubler l'ambiance docile. Ils étaient trop fatigués et démotivés pour échanger la moindre plaisanterie. Puis ils partirent tous de leur côté dans leurs chambres respectives la tête basse.
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Bom dia ! J'espère que tout se passe bien pour vous, chers lecteurs, et que vous vous sentez toujours aussi bien dans mon roman, aussi bien que dans vos pantoufles préférées :)
Je me pose une question (et il est peut-être un peu tard pour ça mais bon ^^) :
Depuis le chapitre 3, j'inclue en média, au début de chaque partie une musique qui m'a inspirée pour écrire ladite partie. Je le fais parce que je suis moi-même friande de ce genre de choses quand je lis sur wattpad et que j'adore découvrir de nouvelles musiques.
Mais je me demande, est-ce que vous les voyez ? Est-ce que vous lisez les médias de manière générale ? Est-ce que ça vous intéresse, ou pas du tout ?
Voilà, selon ce que vous me direz, je les remplacerai peut-être par de jolies images évocatrices, comme je le faisais au début. Ou alors, je chercherai peut-être une solution plus pratique pour que vous puissiez écouter les musiques qui m'ont inspirée pour créer mon univers et mes personnages.
Mille beijos !
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