Chapitre 7 : À tire d'Ailes
Déambulant dans les couloirs de l'Institut, les yeux hagards de Caleb recherchaient la lumière matinale. Mais il était bien trop tôt pour que le soleil soit à son poste. Il comptait pourtant sur le fait que le Directeur le soit. La nuit, employée à un coma noir et stérile, n'avait pas porté conseil. Mais un repos bien mérité avait produit ses effets : son cerveau s'était remis en marche. Il avait trouvé une solution très simple au problème de Caleb. Renoncer à la carrière de Psychopompe, quitter l'école et retourner chez lui.
L'idée lui était apparue peu après son réveil. Ses yeux avaient papillonné un moment dans la pièce avant qu'il ne réalise où il se trouvait. Il avait aussitôt pris une douche et s'était esquivé avant que Jarvis ne se réveille. Pendant son trajet, il dessinait mentalement des plans d'action pour atteindre son objectif. Il avait opté pour agir dans les règles, mais si on le retenait contre son gré, il était bien décidé à s'enfuir. Il escomptait que les choses n'en arrivent pas là avec son parrain.
Il ne lui restait plus qu'à être reçu dans son bureau. Une fois devant la porte, il prit un instant pour vérifier qu'il était présentable avant de se manifester. Le secrétaire, avec ses yeux de soucoupes au milieu de sa face insipide, attendit qu'il exprime de lui-même le motif de sa présence. Caleb sollicita donc un entretien avec les manières les plus distinguées dont il était capable. L'adjoint se rassit aussitôt derrière son bureau en tripotant l'ordre parfait des dossiers, pots à crayons, et du chevalet porte-nom qui apprit à Caleb qu'il se nommait Silas Comte. Puis d'une toux pointilleuse, il ouvrit l'agenda noirci de notes de son supérieur et lui demanda l'objet de l'entrevue.
_ Eh bien, réfléchit Caleb à toute vitesse en se balançant d'un pied sur l'autre. Elle serait de nature personnelle, entre un filleul et son parrain.
_ Je vois, dit le secrétaire avec placidité. Le vendredi de la semaine prochaine à dix-huit heures vous convient-il ?
_ C'est que j'avais pensé croiser M. Mourier ce matin avant le début des cours, expliqua Caleb d'un air emprunté.
_ C'est impossible, glapit Silas Comte en refermant l'agenda dans un claquement brusque. Prenez rendez-vous pour vendredi prochain !
Le jeune homme eut à peine le temps d'accepter piteusement qu'il était déjà poussé à l'extérieur par le ferme assistant. Une fois seul dans le couloir, il poussa un soupir à fendre l'âme et regarda autour de lui. Il n'y avait rien qu'il puisse faire maintenant. Il allait retenter sa chance plus tard, mais il était hors de question qu'il patiente dix jours.
En attendant, il vaquait dans le dédale de salles et de corridors vides pour tromper l'ennui en se demandant s'il était trop tôt pour que le petit-déjeuner soit servi. Son ventre vide commençait à pousser quelques plaintes gargouillantes. Il prit donc la direction du réfectoire. C'était un véritable mystère que cet endroit gigantesque fréquenté par si peu de personnes. Il se demandait quelle pouvait être la logique là-dedans quand son regard fut attiré par une porte d'acajou lustré à doubles battants. Ses dimensions laissaient imaginer qu'elle renfermait une pièce d'un volume phénoménal. Au-dessus de son encadrement, un écriteau dont les gravures étaient pleines d'or fin annonçait la Bibliothèque.
Stoppé net dans ses pas perdus, Caleb eut un sursaut d'espoir. Une bibliothèque ! N'était-ce pas l'endroit idéal pour trouver toutes les réponses à ses interrogations, et en toute discrétion ? À quoi ressemblait une vie de Psychopompe ? Un Psychopompe avait-il le droit de retourner vivre parmi les humains ? Il était sûr qu'une Bibliothèque dédiée possédait forcément quelques réponses. Il se hâta d'ouvrir la porte, mais la poignée résista entre ses doigts. Il insista un peu avec agacement, avant d'admettre sa défaite. Le lieu de savoir était fermé à clé. Il était probablement trop tôt ; ce n'était que partie remise, se raisonnait-il pour ne pas céder au découragement. De toute manière, il allait trouver un moyen de voir le Directeur très vite, alors toutes ses questions n'auraient plus aucune importance.
La salle du réfectoire se remplissait doucement des lumières cuivrées du soleil levant, quand il y pénétra. Le silence opaque fut troublé par le bruit de ses pas sous les hauts plafonds. Il fut très surpris de remarquer un élève déjà attablé et qui lui tournait le dos. Comme la veille, un buffet bien garni était à disposition et il se saisit avidement de quelques viennoiseries qu'il avait bien l'intention de faire passer avec une grande tasse de café fumant.
En s'approchant de la table occupée, il reconnut Celina, courbée sur sa tasse de chocolat chaud comme si elle essayait d'en évaluer la profondeur avant de plonger. Elle était si absorbée qu'elle semblait ne pas avoir remarqué sa présence. Pour ne pas la surprendre, il décida donc de se gratter la gorge avant de la saluer. Elle répondit un bonjour chuchotant en glissant un bref coup d'œil dans sa direction, avant de retourner à sa contemplation. Ses cheveux noirs et bouclés étaient trop courts pour dissimuler les stigmates de la nuit. Sa peau avait pris une teinte plus pâle que la veille et ses yeux bouffis étaient soulignés de cernes violets.
_ Tout va bien ? tenta Caleb d'une voix hésitante.
Elle haussa les épaules, puis le regardant en face, elle esquissa un sourire pathétique. Décidément, elle n'était pas très à l'aise avec le langage oral.
_ Mauvaise nuit ?
Elle lâcha un petit rire sans joie.
_ Tu connais ça toi aussi, j'imagine...
_ En effet, admit-il dans une grimace.
Étant donné qu'il avait fait des rêves de mort pendant des semaines avant de décider de s'automédiquer, ce n'était pas vraiment un mensonge, si ?
_ C'est tellement horrible. La manière dont ma cible meurt...
Elle s'interrompit pour lutter contre un haut le cœur. Elle paraissait si petite, recroquevillée là devant lui, comme prête à se briser sous le moindre souffle. Et pourtant elle allait faire partie de l'Ordre des Psychopompes, des blasés, des neutres collecteurs d'âmes. C'était dur à imaginer.
_ Tu sais qui elle est ? l'interrogea-t-il doucement.
_ Non, et je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où la trouver. Mais entre nous, je ne suis pas sûre d'avoir envie de la retrouver...
Elle avait regardé autour d'elle pour vérifier qu'ils étaient seuls avant de souffler cette confidence. C'était une précaution raisonnable, jugeait Caleb, car bien qu'on ne leur ait jamais parlé des sanctions à ne pas respecter leurs Règles, il aurait été stupide de penser qu'il n'y avait pas. Malgré le risque, elle avait choisi de lui faire cette confidence. Sans doute, parce que c'était un secret trop lourd à porter sans le partager avec quelqu'un. Peut-être même avait-elle reconnu chez lui les mêmes doutes qui l'habitaient.
_ Je comprends, soupira-t-il.
Avant cette discussion, Caleb n'avait pas une seconde envisagé que les autres élèves de sa classe faisaient face aux mêmes tourments que lui. Eux aussi avaient appris qu'ils étaient des Psychopompes, intégré une nouvelle école, découvert un nouveau monde et de nouvelles règles, seulement la veille. Il n'était soudain plus aussi seul. Partager leur angoisse semblait presque l'avoir diminuée. Les deux camarades se sourirent en guise de reconnaissance mutuelle.
Sur un ton plus léger, Caleb se plaignit de son nouveau colocataire et de son débit verbal à toute épreuve. Mais Celina lui proposa aussitôt de l'échanger avec sa camarade de dortoir. Megara avait passé la soirée à ressasser ses faits de guerre et recenser toutes les façons de mourir auxquelles elle voulait assister. Celina pressentait qu'elle aurait du mal à relativiser et se détendre en la présence permanente d'un père Castor sanguinaire.
Les autres élèves de leur classe finirent par affluer au compte-gouttes et ils n'osèrent plus échanger en leur présence. Leur complicité s'était soudain trouvée étouffée sous le poids des bavardages qui commençaient à former un léger brouhaha dans la salle pleine d'échos.
Jarvis, en voulant rejoindre leur table, trébucha en marchant sur le bas de son pantalon et répandit le contenu de son plateau sur ses vêtements. Sous les rires du groupe, il eut la réaction de ceux qui sont habitués à ce genre de moment : il arbora un rictus amusé et fit mine d'essorer sa chemise au-dessus de sa tasse, malgré la rougeur de ses joues qui le trahissait. Megara se montra particulièrement imbuvable et ne cessa de lui faire des remarques sur sa maladresse. Il les accueillit toutes avec bonne humeur comme s'il ne s'agissait que de taquineries entre amis. Caleb se fit la réflexion qu'il était une bonne pâte et que Megara n'allait en faire qu'une bouchée. Il n'était pas sûr de vouloir s'en mêler pour autant.
Tous lui mangeaient déjà dans la main avec une admiration qui l'écœurait. Qu'avait-elle fait, à part être particulièrement douée pour être inhumaine et sans remord ? Si cette fille représentait le modèle à suivre, il ne voulait vraiment pas en être. Elle était un argument en faveur de son départ de cette école, il fallait au moins lui accorder cela.
Il se laissa entraîner par le groupe vers la salle du premier cours de la journée. Un rouquin rondelet ne tarda pas à fendre le rang pour déverrouiller la porte de la classe qu'il maintint en grand pour les inviter à entrer.
_ Lawrence Duran, professeur de Maîtrise des Ailes, annonça-t-il avec un charisme digne d'un agent de la douane.
Court sur pattes, il bougeait ses jambes de manière irrépressible en une sorte de balancement comme s'il s'apprêtait à se mettre sur la pointe des pieds pour se grandir.
_ J'irai droit au but, car le temps presse. Votre première âme attend. Dans ce cours, vous apprendrez les techniques fondamentales pour traquer et rejoindre votre cible. Je vous demanderai donc d'être particulièrement attentifs pendant la partie théorique, assidus et responsables pendant les exercices pratiques.
J'ai appris par mes collègues que l'une d'entre vous avez déjà cueilli sa première vie ?
Son regard curieux passa en dévisageant les élèves. Une main blanche et fine s'éleva au-dessus des têtes.
_ Megara Lambaud, Professeur, se présenta celle-ci du ton des élèves modèles.
_ Excellent, renchérit Lawrence Duran en lui décernant un regard approbateur. Cela ne vous dispense pas de mon cours évidemment, et j'attendrai de vous que vous fournissiez encore plus d'efforts que vos camarades moins prédisposés pour les arts mortels.
Caleb n'avait pas besoin de se retourner pour voir la moue suffisante qui devait s'imprimer en ce moment même sur son visage d'albâtre. Apparemment, il ne faudrait pas compter sur le personnel éducatif pour la faire redescendre de son piédestal. L'écœurement que cela lui inspirait, ainsi que sa volonté grandissante de partir de cette école, avait fait de Caleb un mauvais auditoire. C'était donc avec une certaine mauvaise volonté qu'il écoutait de manière sporadique son professeur déblatérer les grands préceptes de sa matière. Ils se résumaient à ceux-ci : chaque Psychopompe possédait des Ailes, mais il n'était pas question d'ailes physiques qui permettraient de voler. Il s'agissait en fait autant d'un moyen de transport que d'un système de localisation de leur cible.
_ Cet art noble et complexe repose sur la compréhension profonde de la relation entre les Ailes et le Lien, s'ébrouait Duran en marchant en rond les mains dans le dos. Peu de Psychopompes peuvent se vanter d'être des virtuoses des Ailes. Cependant, une certaine maîtrise des Ailes, ne serait-ce que superficielle, vous sera absolument nécessaire pour remplir votre office. Car elles constituent non seulement votre boussole intérieure, qui vous oriente notamment vers votre cible, mais aussi le moyen de vous déplacer jusqu'à celle-ci.
Non loin de Caleb, la main moite et tremblante de Jarvis se leva et le professeur s'interrompit pour l'inviter du regard à s'exprimer. Il se lança d'une voix aussi hésitante que policée :
_ Le Lien, Professeur, qu'est-ce que c'est ?
_ Je pensais que ces concepts vous seraient déjà connus à l'heure qu'il est, soupira Duran. Le Lien, comme son nom l'indique, est ce qui relie un Psychopompe à sa cible. C'est une forme de contrat tacite entre vous et l'âme que vous devez collecter, qui vous engage jusqu'à ce qu'il soit rempli. Ce Lien peut être plus ou moins fort selon le talent du Psychopompe, le tempérament de sa cible, ou selon le temps qu'il met à cueillir son âme.
Le Lien fonctionne de concert avec l'Œil et les Ailes. Sans l'un, les autres ne sont d'aucune utilité. C'est un peu comme si vous vous branchiez sur une seule fréquence : celle de votre cible. Le psychopompe habile et attentif saura entendre, voir, ressentir sa cible, et même l'identifier, en faisant collaborer le Lien et l'Œil. En outre, un Lien correct allié à des Ailes bien maîtrisées permettront de se transporter là où se trouve la cible et dans les circonstances les plus appropriées pour sa mort.
Mais n'espérez pas accomplir ce genre de prouesse de sitôt. Si déjà vous parveniez en couplant vos Ailes à votre Œil à découvrir la localisation approximative de votre cible, nous pourrons nous estimer heureux.
Voilà pour ce qu'il en était de la pédagogie positive, commenta intérieurement Caleb. Mais son esprit avait buté sur un détail du discours, comme un caillou sur le chemin de ses réflexions. Cette histoire de Lien le laissait pensif. Sa cible étant Zoé, ils partageaient ce Lien. Et en effet, il lui semblait indéniable que celui-ci était assez intense. Cela expliquait l'obsession immédiate qui l'avait saisi et qui l'avait poussé à la rechercher après l'avoir reconnue au lycée. Il était mal à l'aise à la simple pensée que ce qu'il ressentait n'avait rien à voir avec son libre arbitre, mais tout à voir avec sa nature de Psychopompe. Comme s'il était le jouet d'un destin qu'il n'avait pas choisi et qu'il ne choisirait jamais.
Finalement, que ressentait-il pour elle ? N'était-ce qu'une sorte d'obsession tout juste bonne à faciliter le processus de sa mort, et rien d'autre ? Oui, il y avait eu méprise, voilà tout, trancha Caleb. Soudain tout faisait sens et il s'accrochait à cette pensée qui avait le mérite de rendre facultatifs tous les plans qu'il avait imaginés pour échapper à ses obligations. Plus besoin de se triturer les méninges pour se soustraire à un destin inéluctable. Car sans celui-ci, Zoé n'aurait jamais existé à ses yeux. Le fait même qu'il en aille autrement prouvait qu'il avait sa place dans cette école. Voilà pourquoi il était probablement inutile d'essayer de s'en détourner.
Avec un nouvel intérêt, Caleb reporta son attention sur le cours dans l'espoir de raccrocher les wagons. Bien qu'il n'en ait pas entendu la raison, le professeur Duran était en train de répartir les élèves en binômes. Caleb entendit donc de toutes ses oreilles sa sentence : il allait devoir faire équipe avec Megara.
Il ne réagit pas tout suite et prit un moment pour digérer l'information. Mais ce n'était pas du goût de Megara qui s'impatientait au fond de la classe
_ Eh toi, l'appela-t-elle comme si elle n'avait pas pris la peine de retenir son nom. Tu comptes te décider quand ?
Il se tourna vers elle et ne loupa pas la mine enjouée qu'elle affichait. Il jugeait cette attitude presque effrayante et il déglutit avec difficulté, persuadé qu'elle allait lui faire passer un sale quart d'heure. De toutes les personnes qu'il avait rencontrées, elle était certainement la plus à craindre. En bonne créature sadique, elle n'allait pas manquer l'occasion de tester ses nouveaux pouvoirs sur lui.
Le fond de la classe consistait en un grand espace vide sans pupitre ni chaise où ses camarades de classe avaient déjà pris position. Il finit par leur embrayer le pas pour se positionner face à sa nouvelle équipière en s'efforçant de cacher son anxiété.
_ Aujourd'hui, nous allons travailler vos Ailes sous une seule de ses applications : le déplacement, annonça le Professeur. Puisqu'il serait dommage qu'au cours de cet exercice vous vous retrouviez directement face à votre cible bien avant d'être prêts, nous allons devoir détourner votre pouvoir de celle-ci. Lorsque vous serez dans ma classe, votre nouvelle cible est en face de vous.
Vous allez vous entraîner à vous transporter à côté de votre partenaire. Étant donné que vous ne serez séparés que de quelques mètres, vous pourriez croire que c'est plus facile. Certes, mais ne sous-estimez pas l'exercice. Pour le réaliser, vous devez vous détourner de votre cible actuelle pour créer artificiellement un nouveau Lien avec votre camarade.
Créer un Lien. Avec Megara. Caleb aurait pu rire nerveusement pour un moment, si l'ironie ne le prenait pas à la gorge à la limite de l'étouffer. D'abord, il découvrait que ses sentiments pour Zoé étaient faux et motivés par des circonstances extérieures. Et maintenant, il devait répliquer le Lien avec la personne glaçante et exécrable qu'il avait sous les yeux. La plupart des moutons présents dans la pièce auraient adorés être à sa place, mais entre tous il avait fallu que ça tombe sur lui. Si créer un lien avec elle revenait à rejoindre leurs rangs, il préférait ne pas jouer le jeu. Il avait beau avoir une estime de lui passable, il refusait de tomber aussi bas.
_ Première étape : créer le Lien, continuait Lawrence Duran de sa voix protocolaire en circulant entre les élèves, mains dans le dos. Ici, il va falloir y mettre du vôtre. Regardez-vous dans les yeux, faites connaissance. Je ne parle pas d'échanger autour de vos hobbies. Merci de nous épargner les faux semblants en présentant à votre partenaire votre meilleur profil. Ma classe n'a pas vocation à être un speed dating, donc pas la peine de vouloir faire bonne impression. Découvrez un secret, provoquez une réaction chez l'autre qui vous permettra de saisir une petite partie de qui il est vraiment.
En lançant un regard à sa camarade, Caleb espérait ne pas avoir l'air trop anxieux. La nature de l'exercice lui aurait déplu avec n'importe qui, mais comme si cela ne suffisait pas, les yeux en amandes de la jolie blonde brillaient d'une lueur de défi qui n'annonçait rien de bon. Un sourire racoleur s'étalait sur son visage, pleins des promesses de tortures qu'elle lui réservait.
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