7. Toute la vérité, rien que la vérité
"Les secrets sont des piments sur le bout de la langue. Tôt ou tard ils mettent la bouche en feu." Christian Bobin.
La scène qui se joue devant moi, est toujours figée dans la même atmosphère gênante et soupçonneuse.
Blair et Valentin s'observent à une distance raisonnable et semblent sur leurs gardes.
Morwën ? Ce serait donc le vrai nom de Blair ?
J'interroge du regard Valentin en quête d'une réponse et il décide de couper court à ce silence :
- Nous nous sommes rencontrés dans le passé, mais rien de cette histoire ne te regarde.
- Je n'en saurai pas plus c'est ça ? je demande avec espoir.
- Bonne déduction petite. Si tu sais quelque chose ça ne viendra pas de moi.
- Ok... Mr Aimable, je réponds avec de me tourner vers Blair, Morwën c'est donc ton prénom ?
- Je dirais plus que c'était mon prénom quand je vivais parmi eux.
- C'est-à-dire ?
- J'ai volontairement changée mon prénom quand je suis resté auprès de toi.
- Tu vivais où avant ?
- Tes amis élémentaires vivent en Faérie, nous vivons dans un autre endroit, appelé les Terres Sombres.
- Donc tu ne m'as pas tout révélé ? je lui demande pleine de rancœur.
- C'est vrai, mais je pourrai passer des années à te raconter ma vie Aëlys.
- Tu n'a pas que 22 ans !
Ma remarque me parait stupide quand Valentin se tord le ventre d'un fou rire.
Je le toise d'un regard noir tandis qu'il continue de se plier en se moquant.
Les yeux humides, il est arrêté par Blair qui enfonce son coude dans son ventre.
- Bas les pattes, toi. Je pensais t'avoir pourtant indiqué la longévité de nos amis elfes, il me dit d'un air supérieur en se frottant les côtes.
- Tu as surement oublié cette partie dans tes cours magistraux.
Il hausse les épaules comme simple réponse. Puis comme s'il était chez lui, il avance vers la cuisine nonchalamment et se fait tranquillement son café.
- Tu es toujours avec Aranel ? il demande avec un sourire sournois.
Je vois mon amie frissonnée à sa question et lâche une sorte de grognement presque inaudible puis se redresse. Quant à moi, je m'interroge sur les deux personnes qui me font face. Comment une elfe noire puisse connaitre un sorcier de l'esprit exerçant dans ce camp ?
- Je n'ai plus de contact non, elle répond en le regardant fixement.
- C'est étrange, vous étiez sacrement proche...
Je remarque bien que Blair est tendue à l'évocation de son ancien compagnon. L'éclair lumineux de son iris s'est modifié et à présent elle reste les bras tendus devant sa poitrine., effroyablement calme. Afin d'éviter que la situation ne s'envenime, je prends les devants :
- Valentin, pour quelles raisons me rend tu visite au fait ?
- Ah oui, j'ai failli oublier avec ta présence, il me répond en adressant un clin d'œil à Blair, c'est à propos de Nithaël...
Sans attendre une seconde, ni même une explication plus claire, mon cerveau se met à mouliner sans cesse. Sans que je prenne conscience de mes gestes, je fais claquer la porte derrière moi et je cours vers l'infirmerie.
Dans un premier, Valentin tente de me parler mentalement mais plus les mètres nous séparent et moins je les perçois. J'entends uniquement le « reviens » directif de mon professeur.
Qu'il aille au diable ! J'en apprendrai plus auprès de Nithaël.
J'arrive haletante et en sueur devant sa chambre. J'attends de retrouver un semblant de respiration avant de pénétrer dans sa chambre lugubre.
J'ouvre la porte et me retrouve nez à nez avec ... rien ?! Le vide...
Je me suis trompée de porte ?
Non c'est bien la bonne... Je ne comprends pas, le lit à disparu ainsi que l'équipement médical.
Un peu prise de panique, je fouille la chambre de fond en comble, ce qui se résume aux armoires qui sont tristement vides... C'est comme s'il n'y avait rien eu.
A bout de nerf, je hurle de rage en tapant sur le meuble en métal qui résonne, me blessant évidement à la main. Mes larmes coulent et je m'effondre le long de la porte métallique froide.
Goutte à goutte, mon pantalon se tache de mon sang.
Je suis en train de perdre pied, c'est évident. Je suis sans cesse en plein cauchemar. Y aurait-il une issue à tout cela ?
Ma main me pique quand je remarque que je ne suis plus seule dans cette pièce obscure. Je m'aperçois que je me suis encore donnée en spectacle devant Sergey.
Il est immobile et ses yeux azurs percent l'obscurité. Son habituel sourire angélique a fait place à une moue réprobatrice et des yeux remplis de pitié.
- Pourquoi faut-il que tu assistes à tous mes moments de faiblesse ?
- Je ne sais pas, parce que ça doit être est comme ça je suppose ...
- C'est pas juste, tu parais tellement fort, sur de toi. Comme si jamais rien ne te toucher ou te perturber.
- Tu es certaine de ce que tu avances ?
- Oui, je ne connais rien de toi ! Et je suis juste une merde poisseuse ambulante.
Il sourit gentiment en m'approchant. Dans ses mains, une sorte de trousse qu'il vient de prendre dans ma victime. Il se met à genou face à moi et délicatement il saisit ma main.
Une grimace sur le visage, il prend un coton qu'il imbibe de liquide rouge. De la Bétadine ?
Je comprends qu'il a décidé de me soigner quand le cocon effleure ma plaie sanguinolente.
Il va falloir serrer les dents, il en a déjà vu assez de moi...
Ses gestes sont tendres, ce qui me surprend totalement. Il parait tellement concentré sur sa tâche que je peux l'observer à profusion. Ses traits sont tendus, il subit autant que moi et je ne le ménage pas. D'une voix sans sentiment, il brise le silence :
- Je n'ai pas vécu longtemps en Russie, j'y suis né enfin je crois... Mais mes parents ont fui dans un premier temps pour échapper à la guerre ouverte en Russie contre toutes pratiques de la sorcellerie. C'était très différent de l'occident. Ce que je me rappelle principalement c'est le froid, la faim...
Je ne parviens pas à le quitter des yeux face à son récit. S'il a décidé de s'ouvrir à moi, je ne vais pas l'arrêter en si bon chemin. Il poursuit ses soins en continuant :
- Nous avons vécue plus longtemps en Islande après. J'y ai appris des choses très intéressante sur la magie avant mes 7 ans mais...
Il s'arrête, et entoure ma main blessée d'un bandage et son buste se soulève sous la forte inspiration qu'il prend avant de poursuivre d'une voix cassée.
- Mon père a été tué devant mes yeux, brutalement, froidement. N... nous avons encore fuit avec ma mère vers l'Europe Centrale. Ma vie n'a pas été facile Aëlys, je peux comprendre ta douleur d'avoir perdu ta mère... La mienne est morte en France. Nous étions sur le point d'aller en Ecosse retrouver Hamilton qui avait nous avais repéré mais elle n'a pas pu y aller avec moi. Un matin elle était effondrée sur le sol de la chambre d'hôtel qu'elle nous avait loué près de la frontière. J'avais huit ans à peine et j'avais vu ma mère baignant dans son sang... Je...
Sa voix se brise sous l'émotion.
Les soins sont finis mais il conserve la tête penchée sur nos deux mains qui se tiennent.
Ma vision n'est plus très claire car malgré moi je ressens ses émotions. Et malheureusement, elles sont puissantes et me dévastent.
Je ne peux pas imaginer sa douleur, ni ses souvenirs mais ses sentiments oui... et ça me brise le cœur.
- Enfin voilà, tu dis que je ne me dévoile pas mais il n'y a rien de beau à raconter Aëlys. Et ne reste pas muette, c'est assez difficile de te dire tout ça...
- Je... je ne sais pas quoi te dire vraiment Sergey. Je suis heureuse que tu te dévoile à moi, soit en certain. Mais je pense que ça te fait plus de bien que moi.
Sergey relève la tête vers moi, ses yeux brillants se fixent au miens et nous restons quelques minutes à s'observer. Une fois les émotions apaisées, nous revenons au présent :
- Sait tu où ils l'ont emmené ?
- Non, je ne sais pas... Mais valentin a débarqué chez moi.
- Avec Blair ?!, il s'écrie surpris.
- Oui... Ils se connaissent apparemment... Et elle s'appelle Morwen, ou s'appelait je ne sais plus trop à vrai dire.
- Pardon ?
- Je t'expliquerai plus tard. Je vais aller trouver Hamilton pour avoir des explications.
- Je t'accompagne.
Une fois sur ses jambes, il me tend la main afin de m'aider à me relever. Nous sommes d'un coup beaucoup trop proche, surtout après cette proximité affective que nous venons d'avoir.
Nous nous reculons simultanément mais avant de quitter la chambre, je le retiens :
- Merci beaucoup.
- De ?
- T'occuper de moi.
- Ah, c'est rien. Tu ferais pareil pour moi, non ?
Sergey n'attend pas ma réponse et me précède alors que je m'interroge sur sa question.
Est-ce que je ferai pareil pour lui ? Etre patiente tout en le protégeant ? Je ne sais pas si j'en aurai la force...
Sur le chemin pour aller voir Hamilton, nous ne discutons pas. La conversation nous ayant probablement assagis. De plus, mon inquiétude sur le sort de Nithaël augmente en moi.
D'un coup, devant moi s'avance Valentin et mon sang ne fait qu'un tour.
Sous la colère, je me précipite vers lui près à en découdre. Ma poitrine me chauffe et avant que je ne l'atteigne je le propulse contre un mur qui se trouvait derrière lui. Je suis impressionnée par la réactivité de mes pouvoirs. Il me semble que c'est la première fois que je n'ai pas besoin de me concentrer avant d'utiliser mes pouvoirs.
Abasourdi, Valentin ne réagit pas immédiatement. Il subit plutôt mon affront mais ses yeux noirs de rage pourraient me tuer sur place.
- Qu'avez-vous fait de Nithaël ?!, je lui crie dessus pendant que mentalement je tente de le garder maintenu contre le mur.
- Ne joue pas à ça avec moi petite. Ou tu risques de perdre et pas que ta fierté.
- Dis-moi la vérité je veux le voir.
- Ho ho du calme, je venais te retrouver. Je suis venu chez toi pour te le dire, mais tu es tellement bête que tu te précipites sans savoir. Donc redescend un peu sur terre.
Je réalise que j'ai bêtement été prétentieuse de penser que je pouvais le maintenir car il n'a aucun mal à m'attraper par le bras. Les veines de ses bras sont gonflées et sa mâchoire est crispée.
- Hamilton a transféré ton ami à l'hôpital de Boston. Ce matin, pendant que tu discutais avec cette Elfe, il a eu des problèmes respiratoires. Hamilton n'est peut-être pas fiable à 100% je te l'accorde mais il s'est occupé de Nithaël. Il a trouvé plus sage de le confier à l'hôpital.
Le regard fuyant, je tente de me concentrer sur autre chose car la honte que je ressens me submerge. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit car il saisit mon menton et m'observe longuement.
- Ce n'était pas des menaces en l'air, ne refait pas ça ! Tu n'as pas la moindre idée de ce que je suis capable de faire ! il siffle dans un souffle.
- Oh si j'ai une bonne idée. Tu connais Blair et une clique d'Elfes noirs.
- Ne soit pas insolente, tu vas le regretter.
- Tu crois sincèrement nous impressionner ? demande Sergey en enlevant les mains de Valentin de mon visage.
Ce dernier rigole si fort que plusieurs oiseaux effrayés d'ici de s'envoler. Valentin tourne les talons en nous demandant de le suivre.
Un peu hésitante, je mets quelques minutes à réagir mais le froid saisissant m'oblige à me déplacer.
Valentin prend le chemin de la maison d'Hamilton.
Sans un regard, il jette un objet à Sergey et disparaît mystérieusement. Je rejoins Sergey, curieuse de connaitre l'objet réceptionné.
Quand je suis à proximité, il ouvre sa main. Une clé de voiture s'y trouve. En relevant la tête, nous remarquons le véhicule qu'Alena avait utilisée pour nous emmener ici.
- Je suppose que c'est pour aller voir Nithaël, en conclu Sergey en déverrouillant la voiture.
Nous nous installons à l'intérieur et lorsqu'il tourne la clé et que le moteur ronronne, je me rappelle que j'ai oublié Blair. Il me faut une dizaine de minutes pour faire l'aller-retour, au pas de course pour l'avertir de notre départ.
Elle me rassure en m'indiquant qu'elle a des personnes à voir. Après m'avoir étreinte, elle disparaît aussi rapidement que Valentin, ce qui continue de me mettre le doute sur la véritable nature de Valentin...
De retour à la voiture, j'assiste à une scène qui me provoque des hauts le cœur.
La chevelure blonde de la russe s'enfonce par la fenêtre de la voiture. Par le pare-brise, je ne peux que remarquer leur échange buccal. BRR...
En ruminant, je claque la portière quand je suis au chaud ce qui les sortent de leur immonde baiser.
Sergey s'excuse, embrasse une dernière fois sa pétasse et nous partons pour une heure de route.
Je fulmine d'avoir assisté à cette scène, aussi bien que l'émouvant échange que nous avons eu auparavant a totalement été effacé de mes pensées.
Le trajet risque d'être long alors que je pousse un profond soupire riche de signification...
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Note :
Salut :)
J'espère que ce chapitre vous plait même si vous n'obtenez pas encore toutes les réponses autour de Valentin.
La semaine prochaine, je ne pourrais pas poster de chapitre car je serai en train de me dorer la pilule en Grèce :p
Je vais donc essayer de poster un peu plus grand chapitre avant de partir.
En tout cas, je tenais à vous remercier de me lire, de laisser des commentaires et de voter pour mes chapitres. Grâce à vous, je prend confiance en moi et je m'améliore.
Un gros bisous à OceaneGhanem, TitiaGuibs et Pmp pour vos conseils, votre aide (à choisir Sergey) et votre soutien :).
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