6. Nouvelle Donne

"Le meilleur moyen pour toucher du doigt sa folie, c'est d'être hanté par un souvenir qui ne veut pas mourir. " – Darnella Ford  

- Il faut que je parle à Hamilton les jeunes, lâche Adamson dans un souffle.

Il sort rapidement comme une tempête du chalet, puis après un léger flottement les autres se précipitent à sa poursuite. 

Malgré son âge, l'homme a une bonne forme physique et court sans mal vers le chalet principal dans lequel Hamilton se situe. Les jeunes le rattrapent enfin quand il ouvre la porte en grand.
Un silence de mort les accueille et Hamilton se tient droit comme une statue devant eux.

D'un coup, les portes se ferment sur le petit groupe et trois gros bras arrivent derrière le chef des lieux et l'encadrent.

Hamilton s'avance vers son homologue Écossais :

- Bonjour Adamson ! Tu n'as pas changé d'un poil, s'exclame-t-il.
- Bonjour John.
- Je voulais te présenter mes condoléances en personne. Je suis très sincèrement navré de cet accident...

Adamson contracte ses mâchoires pour contenir ses émotions. Avec un regard plein de mépris, il le regarde en soupirant :

- Tu avais promis les protéger... Et au final, Aëlys a disparu et Nithaël a perdu la vie. As-tu au moins une explication à me donner ?
- J'ai fait du mieux que j'ai pu, c'étaient des électrons libres et je ne parvenais rien à faire avec eux.
- Vous mentez !, hurle soudainement Sergey, vous les avez autorisés à aller là-bas ! Vous avez toléré la présence des elfes noirs . J'en mettrais ma main à couper que c'est même avec votre complicité qu'ils sont venus ici !
- Comment oses-tu ?!, lui réponds Hamilton.
- J'annonce uniquement la vérité. Mais vu votre expression, vous semblez pris à votre propre jeu.
- N'importe quoi ! J'ai tout fait pour les éloigner. Rappelle-toi Samhain, j'ai renouvelé le sort de protection !! Vous étiez tous témoins et certains mêmes acteurs.
- Et ? Ils ont attaqué cette même nuit, enfin, il a attaqué ! C'est Aranel qui est derrière tout ça. Mais à votre visage, je vois bien que vous le saviez.
- C'est complètement absurde..., lâche Hamilton. Écoutez, je pense que nous avons été suffisamment hospitaliers avec vous pour vous demander de rentrer en Écosse.
- Vous nous virez ?, demande Valentin incrédule.
- Calypso et toi devez faire ce choix, je ne veux pas de personne qui attire plus d'ennui à la communauté au lieu de l'aider.
- Pauvre con, crie Sergey en se jetant en avant.

Adamson et Valentin l'arrêtent suffisamment à temps pour lui éviter plus de problèmes.
Sergey est écarté par la brune pendant qu'Adamson fait de nouveau face à Hamilton.

- C'est pitoyable ce comportement.
- Je suis pitoyable ?, reformule Hamilton.
- Tu as très bien entendu. Notre communauté est internationale, tu as la gérance de celle de Salem, mais tu n'es pas décisionnaire du camp. J'en référerais aux personnes concernées ! C'était de ton  devoir de les former, de les dorloter comme tes propres enfants.
- Trop de paroles vieillard ! C'est mon camp, les règles qui régissent cet endroit viennent de moi uniquement. Ce qu'il s'y passe ne regarde que moi en aucun cas, tu n'as le droit de me juger.
- Ah oui ? Et quand Elisabeth Stirling est morte, lequel de nous a juger l'autre sévèrement ?

Adamson a le poing serré et regarde Hamilton d'un regard mauvais. Sergey qui s'est calmé entre-temps tente de recomposer ce qu'il vient d'être dit. Elisabeth Stirling ? La mère d'Aëlys ?
Le russe a toujours entendu qu'elle avait perdu la vie dans un accident de voiture, mais avec ces révélations la vérité serait toute autre ?

- Je t'ai soutenu vieil ami...
- Non, je le sais, mais c'est cette histoire appartient au passé. Dis-moi, quelque chose t'effraie chez Aëlys ?
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Ses pouvoirs sont puissants, elle est destinée à de grandes choses. Elle risquait de te faire de l'ombre non ?
- Calomnie !
- Donc pour faire taire cette menace, tu t'es allié avec Aranel ? Comment as-tu réussi à le contacter ?
- Ce fou ?! Je ne l'ai pas contacté !
- Mensonge..., laisse échapper Calypso.
- Que... Non, c'est la vérité ! Calypso, je t'ai quasiment élevé comment peux-tu?
- Je vois la vérité en face John... Cela faisait un moment que nous doutions de toi.
- Je n'ai rien fait, répond doucement Hamilton.

Les gestes d'Adamson sont trop rapides pour les yeux non avertis des gros bras et des jeunes derrière lui. Il empoigne le cou d'Hamilton et les yeux injectés de sang, il lui lance un regard mauvais.

-J'ai déjà échoué dans ma mission à protéger Elisabeth, je te promets que s'il est arrivé quelque chose à un autre de mes enfants et je tue.
- Lâchez-le !, hurle les gros bras en tentant de faire reculer l'ancien.

Les trois hommes se cognent dans un mur invisible. Adamson, à effectuer un sort de protection et personne à présent ne peuvent pénétrer dans cet espace sous haute tension. 

Sergey à la bouche grande ouverte devant la puissance de cette protection, ses poils se hérissent sur son avant-bras. Si auparavant, il avait pu douter du niveau de la magie de son mentor maintenant, il est persuadé de sa parfaitemaîtrise .Les deux autres regardent la scène ébahie et ont du mal à assimiler ce qu'il se joue devant eux.


- Maintenant, tu vas nous dire la vérité et nous partirons avec Nithaël quand nous estimerons que tu as tout avoué.

La pression autour de la gorge d'Hamilton se relâche et c'est penché vers le sol qu'il tente difficilement de reprendre sa respiration. Ses hommes se précipitent pour l'aider, mais d'un brusque geste de la main, il les fait reculer. Il se redresse et les premières contusions colorent déjà sa peau.

- C'est lui qui m'a menacé s'il n'avait pas ses accès ici, commence-t-il.
- Qui ça ?  
- Aranel. Il est obsédé par elle... J'ai tenté de négocier, de le stopper, mais il est complètement fou...

- Que t'a-t-il demandé ?, interroge Adamson.
- Il voulait la kidnapper, en faire son épouse et la ramener en Faérie.
- Quel malade !, s'indigne Sergey en retenant la bile qui remonte dans sa gorge.
- Et donc ?
- Le soir de Samhain, j'ai volontairement oublié un ingrédient au renouvellement de la protection du camp...
- Je savais !, ajoute Valentin.
- Je suis désolée, admets Hamilton à ses deux élèves, c'était pour vous protéger. Aranel avait menacé de tuer les enfants un par un jusqu'à ce que je craque.
- Tu aurais dû en parler au haut conseil, déclare Adamson. Comment est-il parvenu à venir sur Terre ?
- Je ne sais pas... Il n'est pas passé par un portail, ils sont tous fermés, ça le faisait enrager.
- Ok et quels sont ses projets ?
- J'n'en sais fichtrement rien !
- Fais un effort, je suis sûr qu'il en parler...
- Non !, crie Hamilton.

L'Écossais soupire en baissant la tête puis quand son regard parvient à se bloquer sur son voisin face à lui, ce dernier devient livide. Hamilton ouvre la bouche et un gémissement sinistre s'échappe faisant frémir les témoins de la scène.
Les lèvres d'Adamson bougent frénétiquement et il ne quitte pas du regard l'homme qui gémit de plus en plus fort.

- Adamson ! Que faites-vous ?, demande Sergey paniqué quand l'américain crache du sang.

Mais l'ancien ne réagit pas, il psalmodie sans mouvement puis s'arrête lorsque son homologue tombe à genou devant lui. 

Valentin qui a remarqué que la barrière protectrice s'était volatilisée, s'avance vers les deux chefs et saisit Adamson part le bras.

- On se calme ici !
- Je.... Je me suis laissé aller, balbutie Adamson en regardant sa victime au sol les yeux effrayés.
- Ça va vieillard, je suis fort encore, parvient à articuler Hamilton en s'appuyant sur ses coudes.

Au prix de gros effort, ce dernier se relève et essuie le sang qui sort de sa bouche d'un revers de main. Ses acolytes ne bougent toujours pas, trop effrayés d'affronter l'homme qui a le regard fou.

- Je ne voulais pas en venir jusque-là, il faut que tu comprennes que ces enfants sont comme les miens ! J'ai en quelque sorte voulu venger Nithaël, je suis navré. Où est-il ?, lâche doucement Adamson.
- Écoute l'ami, Aranel a décidé de retourner en Faérie. Là où Aëlys a été emmené...
- Comment sais-tu ça ?, interroge Valentin.
- Il est venu après l'affrontement avec l'autre elfe noire. Il n'était pas au mieux de sa forme, mais il est reparti ce matin.
- En es-tu certain ?, lance Sergey en regardant tout autour de lui.
- Oui, il a des contacts en Faérie. Il semblerait que le souverain ait encore quelque carte dans sa manche. Il a réussi à faire rapatrier sa fille grâce à un elfe de la lune semble-t-il.
- Impossible, ils n'existent plus !, rétorque Calypso.  
- Il faut croire qu'ils ne sont pas tous morts..., répond Hamilton.
- Donc le projet d'Aranel est de retourner en Faérie ?
- Oui. Il veut tuer Elros sous les yeux de sa fille et faire un maximum de victime également... Ce type est sadique, un des pires elfes noirs que j'ai pu côtoyer. Votre amie est un bisounours à côté de lui...
- Vous savez pour Blair ?, demande Sergey.
- Je sais tout ce qu'il se passe ici, même les choses que l'on veut dissimuler. Comme un adolescent pré-pubère qui se fait doubler par son ennemi pour un flirt.

Avant qu'il n'ait pu terminer sa phrase, dans un craquement sec le poing de Sergey s'abat sur son nez. Le jeune homme lève son bras pour l'abattre une seconde fois sur l'homme qu'il méprise, mais son mentor le retient. Sergey rumine alors un peu plus en faisant les cent pas, non sans quitter des yeux Hamilton.

- Assez d'enfantillage ! Quel âge as-tu John pour te prêter à un tel jeu ?, interroge Adamson sans avoir de réponse alors il continue, C'est tout ce que tu peux nous dévoiler sur Aranel ? A-t-il une planque ?
- La seule chose que je suis persuadé, c'est qu'il n'est pas bien loin. Il a besoin de notre source d'énergie pour décupler la sienne...
- Nous aideras-tu à le trouver ?
- Ce fils de pute ?! Non qu'il ne remette jamais les pieds ici où je le fais brûler ! Il a perverti un grand nombre d'hommes ici depuis qu'il a ses accès au camp. Sais-tu combien de sorciers a-t-il embrigadé ?
- C'est ton problème cher ami, à pactiser avec le diable, on en paye le prix. C'est même étonnant qu'il t'ait laissé en vie ! Ce genre d'homme ne laisse pas de preuve, ajoute Adamson.

D'un coup, le bruit d'une fenêtre que l'on brise se fait entendre. Chaque personne cherche du regard l'origine de ce bruit puis une voix retentit.

-Oh non..., lâche Hamilton le regard en l'air.
Les autres présents lèvent aussi leurs têtes vers le haut et un hoquet de stupeur s'échappe de leurs bouches.

- Je m'amuse comme un fou !! Ce n'est pas bien de penser à la place des gens Adamson !
- Aranel, salue l'homme.
- Je vois que nous sommes tout les deux à la recherche de cette putain !
- Surveille ton langage, cri Sergey la mâchoire serrée de colère.
- Ou sinon quoi ? Tu n'es pas de taille demie. J'aurai peut-être dû te tuer au lieu de l'autre. Il était plus inoffensif !
- Ferme-la !, lui répond Sergey en s'avançant.
- Pathétique...

Aranel agile comme un singe, descend de la verrière du toit en s'accrochant aux armatures en métal. Quand il n'est plus qu'à deux mètres des autres, il s'élance dans le vide tel un chat. Puis avant d'arriver sur le sol l'elfe se met en boule et atterrit en roulade devant Sergey.
D'un simple geste de la main, il immobilise les jeunes demis et les gros bras d'Hamilton puis s'avance vers les deux anciens.   

 - Vous ne trouvez pas la situation risible ?
- Personnellement non, répond du tac au tac Adamson alors que son homologue reste silencieux comme s'il ne voulait pas attirer l'attention.
- Tu as trahi notre accord !, lance l'elfe à Hamilton.
- Ils m'ont forcé ..., tente de se justifier l'américain.
- Tss... J'ai tout vu de là-haut donc n'essaie pas de mentir. C'est à cause de toi si je comprends bien qu'ils sont partis à Boston ! Vous avez essayé de me la faire à l'envers..., déclare Aranel d'une voix assurée.

Son regard, toutefois, est rempli de folie, son iris est entièrement noir. Son teint est devenu grisâtre, comme un fantôme et des tatouages parcourent sa peau.

En le regardant, on pourrait croire que son enveloppe corporelle est en décomposition, toute sa peau est craquelée et laisse apparaître la putréfaction de sa chair. Comment un haut elfe peut-il autant changer physiquement ?
Les légendes disent vrai ? Il a vendu son âme au dieu du chaos ?

C'est avec dégoût et effroi qu'Adamson avance et porte son regard sur lui.

- Que t'est-il arrivé Aranel ?
- Je suis en pleine mutation ! Je vais devenir enfin le roi de Faérie !
- Tu as sombré dans la noirceur... On peut voir l'enfer dans tes yeux mon enfant..., continue Adamson.
- Tais-toi l'ancien !
- Que veux-tu Aranel ?

Le concerné jette sa tête en arrière et un rire sournois perce le silence.

- Il va mourir, répond-il en pointant Hamilton du doigt.
- Pourquoi ?, interroge Adamson.
- Il le mérite, il m'a trahi ! , crie Aranel en bougeant nerveusement la tête.
- Que va te faire de nous ?
- Vous êtes en deuil, partez en Ecosse et ne remettez plus les pieds ici ! Mettez-vous dans le crâne qu'Aëlys est morte !
- Noon, hurle Sergey qui est sorti de sa torpeur.
- Co. Comment t'es-tu libéré ?, demande les yeux grands ouverts Aranel.
- Le pouvoir des âmes jumelles, lui répond fièrement Adamson.

L'elfe noir recule et jauge Sergey de haut en bas puis comme un enfant, il tape du pied en se prenant la tête entre ses mains.

- Merde ! J'ai vraiment tué le mauvais ! Ta théorie est vérifiée l'ancien ?
- Possible.

Aranel tourne en rond comme un lion dans sa cage, il débite un nombre hallucinant de parole sans sens. L'énergie noire qui émane de lui crépite tout autour. Adamson ne quitte pas l'homme devant lui pour analyser la situation.
Sans prévenir, il se tourne vers les jeunes et leur ordonne de fermer les yeux mais pas assez rapidement.  

 Sous les yeux de Sergey, Calypso et Valentin, Aranel tend la main vers Hamilton et par la pensée le fait lévité à plusieurs mètres du sol. Adamson qui connaît le plaisir de la torture chez les elfes noirs, détourne le regard et ordonne de nouveau à ses élèves de fermer les paupières.
Valentin et Calypso lui obéissent, mais Sergey décide d'affronter la réalité en face.

Ce qu'il voit alors n'est que cruauté et folie. Aranel d'un geste de la main, éventre l'homme suspendu dans les airs et un liquide rougeâtre éclabousse le sol comme une sinistre peinture.
Hamilton pousse un cri effroyable et pleure à chaude larme. Dans un ultime espoir, il met sa main sur son ventre et tente de maintenir ses organes à l'intérieur, mais en vain.

Le russe détourne le regard quand un lugubre bruit de quelque chose tombant lourdement au sol retenti. Adamson qui a cessé de parler, attrape le bras de Sergey et le tire vers l'intérieur de la maison. Tous quittent le hall d'entrée sous le râle de douleur du chef des lieux. Ils trouvent rapidement Nithaël ou du moins, le cercueil dans lequel il repose.

L'ancien vérifie sa présence, en soulevant légèrement le haut de la boite puis la referme aussi vite. Les yeux humides, il parvient à dire la voix brisée :

-Il faut qu'on sorte d'ici et vite ! Il y a une autre sortie ?
- Oui par-là, indique Calypso blanche comme la neige.

Quand la porte s'ouvre sur l'extérieur, l'odieux rire d'Aranel les salue et tous reprennent avec mal leur esprit et leur respiration. Chacun se regarde pour tenter de reprendre contact avec la réalité.
Étrange scène... Quatre personnes essoufflées, sur le point de rendre leur repas et au milieu, le cercueil blanc d'un jeune homme qui avait toute sa vie devant lui...


---------------


L'air est plus sec quand le petit groupe arrive sur le sol écossais.
Ils sont partis par le premier avion après la rencontre avec Aranel et durant le trajet en voiture pour l'aéroport aucun d'entre eux n'a osé briser ce silence.

Dans la tête de Sergey défilent sans cesse les images atroces de ce qu'a commis Aranel, il se souviendra toute sa vie de ces horreurs, mais surtout du  regard suppliant d'Hamilton sur lui l'implorant d'achever ses souffrances. Puis le magnifique visage d'Aëlys envahit ces visions macabres.

Une phrase en particulier résonne en lui sans qu'il ne comprenne la réelle signification. Le pouvoir des âmes jumelles.... De quoi parlait Adamson ?

C'est lors du trajet en avion, qu'il interroge son mentor :

- Aëlys ne t'en as jamais parlé ?, lui demande Adamson.
- Non, elle était au courant ?
- Je suppose, Nithaël devait lui transmettre un message.
- Oh... Mais il était amoureux d'elle donc il ne lui a probablement rien dit.
- C'est possible..., avoue l'ancien.
- Et que signifient les âmes jumelles ? , interroge Sergey.  
 - Selon les anciens écrits et témoignages, les âmes jumelles ou flammes jumelles sont deux personnes incarnées sur Terre qui sont issues de la même âme. Au commencement, une âme a été créée et a été divisée en deux entités, l'une d'énergie Féminine, l'autre d'énergie Masculine. Elles ont la même Essence et sont à la fois égales et opposées. Et ces deux entités, ces deux âmes ne forment qu'une seule et même Flamme : l'Unité... C'est comme si l'une était la moitié de l'autre. Ensemble, leur énergie est pleine et puissante. Elles ne font plus qu'une.
- Comment pouvez-vous être sûr que nous sommes des âmes jumelles ?
- C'est simple, les âmes jumelles deviennent très vite des amis proches, des confidents, ayant en elles la certitude de ne pas se tromper. Je vous ai vus et l'énergie qui se dégagent de vous quand vous êtes ensemble est à couper le souffle...
- Je ne sais pas... Aëlys a choisi Nithaël plutôt que moi..., constate Sergey.
- Mais il y a votre connexion, quand vous lévitez main dans la main et que vous voyez cette aura...
- Comment savez vous tout ça ?
- Aëlys m'avait interrogée sur ce sujet. Tu sais avoir une âme jumelle, c'est comme avoir un miroir de qui nous sommes profondément. Quand deux âmes jumelles se rencontrent, elles se reflètent la partie la plus magique l'une de l'autre. Rencontrer son âme jumelle, c'est voir dans un miroir son essence, sa parcelle la plus pure.
- Ok, répond Sergey dubitatif, mais quelle est la différence entre des âmes sœurs et flammes jumelles ?
- Avant de se retrouver, les flammes jumelles ont vécu des milliers de vies chacune de leur côté. À aucun moment, durant leur séparation, elles ne se sont revues. Cette séparation est nécessaire à leur apprentissage et leur parcours initiatique. Les âmes sœurs, quant à elles, se sont croisées dans plusieurs vies. C'est en fait-tout l'inverse des flammes jumelles. Elles partagent beaucoup de vies communes, et font un bout de chemin ensemble de manière répétitive.

Sergey pousse un soupir devant toutes ces nouvelles informations. Avec un grand sourire, Adamson continue son explication :

- Que ressens-tu depuis qu'elle est partie ?
- Un immense vide..., lâche Sergey. Elle est, dans ce monde impitoyable, infernal ma seule étoile qui brille encore dans ce ciel noir. Elle est la dernière chose à laquelle me rattraper et surtout l'unique personne qui compte encore pour moi. Dites Adamson est-ce que je dois faire semblant de sourire pour que la douleur et le manque me soit plus supportable ?
- Je ne sais pas mon garçon, mais je peux te comprendre...
- Je vois bien le regard de pitié de Valentin et Calypso. Je ne sais pas comment faire...
- Peut-être faudrait-il que tu t'occupes l'esprit ?
- Vous avez probablement raison... Vous savez mon monde tourne autour d'elle et je ne peux l'empêcher...
- Je suis désolée Sergey... Ecoute j'ai un livre qui parle en détail des flammes jumelles, tu pourras le lire après la cérémonie...
- D'accord merci.

Le petit groupe est accueilli par un membre du conseil des anciens, ils montent dans une voiture, qui ressemble plus à un corbillard qu'autre chose... Quelques instants plus tard un membre du personnel de l'aéroport pousse un chariot sur lequel est posé le cercueil du jeune écossais.   

 Adamson ressort et discute en installant dans le coffre Nithaël.

Puis ils se dirigent sans un mot vers leur ville natale, l'ambiance est pesante.
Les jeunes à l'arrière ne se sentent pas à leur aise si près de leur ami. 

Valentin et Calypso côte à côte admirent le paysage verdoyant de l'Ecosse. Ils ne sont jamais allés dans ce pays anglo-saxon et auraient préféré d'autres circonstances pour visiter cette terre magique.

Au bout d'une heure de trajet, la voiture s'arrête devant la vieille maison d'Aëlys.

- Il y a suffisamment de place pour vous et je suis certain qu'Aëlys n'y verrait pas d'objection. Demain matin soyez prêt pour la cérémonie, bien habillé s'il vous plaît, déclare Adamson en jetant un rapide coup d'œil au jean troué de Valentin.

La voiture s'éloigne alors que les trois jeunes sont encore sur le trottoir. En soupirant, Sergey regarde la maison qui lui rappelle tellement de souvenirs...
Nostalgique, il pousse le portillon et peu de temps après ouvre la porte d'entrée.
L'odeur habituelle de la maison plane encore dans les airs... Ça fait pourtant quelques mois qu'ils n'y ont pas mis les pieds.

Le cœur lourd, Sergey laisse entré le couple et referme lentement la porte et ses pensées le propulsent dans les moments passés avec elle ici.
Il montre rapidement au couple ce dont ils risquent d'avoir besoin, salle de bain, cuisine, toilette et leur chambre puis il se précipite dans la chambre d'Aëlys. 

En refermant la porte derrière lui, il s'appuie contre cette dernière et étonné observe la  pièce.

Elle est vide... 
Il cligne plusieurs fois des yeux et en les rouvrant fait toujours le même constat, il ne reste plus que l'armature du lit, le matelas ayant disparu.

Précipitamment, il ouvre les placards, les commodes et chaque tiroirs et toujours le même vide... Comment est ce possible ? Aëlys avant de partir en Faérie est venu prendre ses affaires ? C'est vraiment trop bizarre pour le russe, qui se masse les tempes en vue d'une sacrée migraine.

Il redescend et en fouillant dans les placards de la cuisine, déniche une bouteille de wisky. Lui qui ne boit qu'en de rare occasion s'en ait trouvé une. Il fait sauter le bouchon puis il amène la bouteille à sa bouche, la première gorgée le fait grimacer mais il recommence de nombreuses fois. 

Le russe semble dans un état second, pas encore sous l'effet de l'alcool. Son regard qui est dans le vide semble denué d'un quelconque sentiment, ses epaules relachées lui donnent un air abbatu. Comme s'il n'avais plus la force de comprendre, de lutter...

Une dernière gorgée et le russe s'effondre sur le canapé. Le visage contre le tissu qu'il hume, espérant sentir une nouvelle fois son odeur. C'est le visage baigné de larme qu'il tombe inconscient sous l'effet du wisky.

--------------

 Sergey se réveille peu de temps après, la bouche pâteuse, mais aucun mal de crâne.
En grognant, il se redresse sur le canapé et regarde droit devant lui. Une silhouette se dessine.

Son cœur s'accélère à un rythme effréné quand la silhouette féminine se rapproche.
Tout autour de lui la pièce semble plongée dans un épais brouillard et il comprend qu'il fait un rêve comme au début de sa rencontre avec Aëlys.

D'un coup, il entend sa voix, lointaine, mais c'est elle ! Aëlys.

D'un bond, il se lève et sa tête lui tourne un peu. La silhouette approche plus en plus,et il devine les divins contours de sa belle rousse. Son cœur près de l'explosion lui fait mal quand elle apparaît plus distinctement.

-Sergey ?
- Merde, c'est toi Aëlys ?
- Ouii ! Ça a marché ! Bon sang.

La rousse se tient devant lui avec un sourire béat sur la bouche et les yeux brillants.
Elle efface les quelques centimètres qui les séparent en lui sautant dans les bras.

Sergey sous le choc, reste de marbre avant de se rattraper et de glisser son nez dans les plis de son cou. Une vague de frisson le rappelle à l'ordre alors qu'il recule.
Tendrement, il la regarde et caresse du bout des doigts la peau douce de son visage puis il essuie une larme qui coule de ses yeux.

- Je pensais jamais te revoir, déclare t'elle la voix remplie d'émotion.
- Moi non plus, tu es sublime.
- Merci, elle lui répond en rougissant.
- Tu as réussi à te transporter dans mes rêves.
- Il faut croire, dit-elle en rigolant. Je ne suis pas sûr que ça marche longtemps.
- Ok..., lâche t'il en baissant le regard.
- Oh Sergey, je suis désolée de vous avoir laissé en plan comme ça... Je ne voulais pas ça. Et ... Nit...
- Chut, ordonne t'il en la serrant dans ses bras.

Le corps de la jeune femme est secoué par le chagrin et malgré les bras rassurants du russe, elle a du mal à contenir sa tristesse.

- L'enterrement a lieu quand ?, demande t'elle hésitante.
- Demain matin.
- Merde, veut-tu bien dire à sa famille que je suis sincèrement navrée.... C'est de ma faute.
- Non ! Je t'interdis de dire ça, c'est sa faute à lui !
- Qui ? Nithaël ?
- Non Aranel...
- Vous l'avez tué ?
- Blair l'a sacrément amochée, mais non... Il a tué Hamilton.
- Oh... Donc il était de mèche avec lui ?
- Oui, ce dingue cherche un moyen de revenir en Faérie pour terminer son travail et tuer ton père.
- On s'en doute oui..., déclare Aëlys.
- On ?
- Le conseil et moi... Je ... Je repars Sergey.
- Non ce n'est pas assez.
- Désolée... , dit elle en plaquant ses lèvres sur les siennes.

Sergey se raidit en sentant ses douces lèvres au goût amer et salé.
Ce n'était pas assez !
Il n'a pas eu le temps de lui dire ce qu'il ressentait...
Et ce baiser, avait-il la même signification pour elle que pour lui ?
Ou c'est juste l'émotion du moment qui parlait ?

Autour de lui le brouillard devient de plus en plus épais. Et en refermant les yeux, il plonge dans l'inconscience des rêves et des cauchemars.

----------

BONSOIR VOUS !
Comment allez-vous ?

Voilà un chapitre sur Sergey attendu si je ne m'abuse ! Quel succès il a celui-là sur la gent féminine ! ( Si si, je le sais coquinettes :p).

J'espère que ce retour vous plaît et que Sergey ne vous parait pas trop "faible" ou pleureur ^^

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de mes chapitres, c'est important de savoir si je ne fais pas du n'importe quoi quand même :p

J'espère que vous avez respecté l'ouverture de votre calendrier de l'avent les gourmandes ! Et que votre lettre au papa Noël est postée ^^ Enfin si vous avez été sage (Et ça, j'en doute pour certaines et certains ! :p)

J'aime vraiment beaucoup cette période de fête ça me rend toute fofolle avec un grand retour en enfance ^^ Et vous vous aimez ?

Trêves de bavardages, je m'écarte du sujet :p

J'espère que vous avez aimé en tout cas, car je donne tout ce que j'ai à chaque chapitre, je vous donne un bout de mon cœur et mon esprit à chaque fois :)

Gros bisous.

Lot's of love & magic
& chocolat

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top