5. Le réveil est difficile

"Ce n'est pas tant l'aide de nos amis qui nous aide que notre confiance dans cette aide." Epicure

Je me réveille avec la bouche pâteuse et un mal de crâne lancinant. Je n'aurai pas dû boire autant...

Assise sur mon lit, je me masse les tempes essayant de me souvenir de la veille. En soulevant la couverture qui me couvrait, je constate que j'ai dormi dans ma robe hors de prix.
Cette dernière est fichue, elle est couverte de rouge et de terre.
Mais qu'est ce que c'est encore ? Qu'est ce que j'ai fait ?
Puis tout me revient quand une larme coule le long de l'arrête de mon nez. 
Je retire ma main à la hâte de ma robe.

Je me lève brusquement et cours vers les toilettes. Une fois vidée et épuisée, je me passe de l'eau froide sur le visage avant de me brosser les dents. Ma santé mentale ne tient qu'à un seul misérable fil. Et ce dernier m'a l'air bien entamé...

Je me rappelle avoir vu un corps allongé, inerte entouré d'une mare de sang qui s'étendait. Cependant je n'arrive pas à mettre un visage sur cette personne. L'inconnu était-il mort ?
Je me mords la lèvre, suffisamment fort pour bloquer cette pensée. Est-ce possible que ce soit Nithaël ?

Je ravale un sanglot et me précipite dans sa chambre.
Son lit n'est pas défait et il n'est pas là... Mon palpitant accélère et me fait mal.
Je descends alors les escaliers en trombe, en trébuchant à moitié.
Le salon est aussi vide que le reste de la maison. Mon visage est humide à cause de mes larmes qui tombent en continu.

Je suis seule, paniquée et je tourne en rond comme un lion dans sa cage. Je pourrai très bien sortir aller chercher des renseignements mais j'ai peur. Peur d'apprendre une vérité que je ne veut pas entendre.

Après une bonne heure à pleurer comme une madeleine, ça devient une évidence : il faut que je sache. J'enfile alors à la hâte une veste par dessus ma robe sale. 
Dehors, j'ai l'impression que l'automne s'est entièrement installé.
Une brume envahie l'air et je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est...
Dans le camp règne un silence inquiétant, il n'y a personne dehors. Cela ne fait qu'augmenter ma terrible angoisse, il se trame quelque chose ici. J'ai l'impression d'être dans un mauvais rêve.

Je presse donc le pas et j'ouvre la porte comme une furie, personne ne m'accueille. L'écho de mes pas est le seul bruit ambiant. Pourquoi tout est si vide depuis que je suis sortie ?
Et lorsque enfin quelqu'un vient, c'est le visage grave de Sergey qui me fait face.
Son visage est tiré, on dirais qu'il n'a pas fermé l'œil. Son apparence ne me dis rien qu'il vaille. 

Mes jambes flageolent, mon souffle est coupé et je ne me retiens pas quand je m'effondre au sol. Sergey n'est pas assez rapide pour me retenir mais il parvient à me lever rapidement.

- C'est lui ? je demande la voix tremblante.
- Oui..., il répond dans un soupire.
- Oh mon dieu... Il est mort ?

Sergey est blême et en remuant la tête il me dit à voix basse :

- Non non, il est en vie. Sérieusement blessé mais ils sont solides les écossais.

Je soupire, et sèche mes larmes sur la manche de ma veste. Je suis certes pessimiste mais il est en vie ! Mon Nithaël est là à quelques mètres de moi probablement.

- Où est-il ?
- Je t'accompagne. Désolée que tu te sois levée dans une maison vide, ça a dû te faire baliser. Mais je pensais qu'il fallait que je sois là.
- Tu as bien fait.

Nous traversons de nombreux couloirs dont un aérien et tout vitré. Sergey a son bras autour de moi, comme si je ne pouvais pas marcher seule. En même temps, je ne suis pas certaine d'y parvenir... Je ne connais pas cette partie du bâtiment. Je ne l'ai pas vu auparavant même de l'extérieur.

Une lourde porte avec inscrit en lettre blanche infirmerie. Sergey l'ouvre et me laisse passer. L'odeur n'est pas accueillante, cette atmosphère aseptisée me rend malade. Devant ce que je présume être là chambre de Nithaël il y a Hamilton, Valentin et d'autres personnes que je ne connais pas. Leurs visages graves ne me rassure pas. Sans prononcer un seul mot je rentre et referme la porte derrière moi. J'en profite pour fermer les stores qui donnent sur la salle à l'extérieur, à l'abris des regards curieux.
 Je reste quelque minutes dos à son lit pour me donner du courage. Le bruit des machines me compresseur le cœur.

Quand je me retourne, je retiens un cri de stupeur quand je vois le grand bandage qui barre son cou. Mon dieu qu'est ce qu'il lui a été fait ? Une perfusion au bras, il semble être dans un si mauvais état.

J'avance doucement, il dort ou a été endormi. En tout cas il semble paisible malgré son teint blanc et le sang qui tâche ses vêtements. Je m'assois sur la chaise et la rapproche au plus près. Pourquoi a t'il été attaqué ? Et puis par qui ?! Ce camp n'était pas censé être invisible et surtout protégé ? Je fulmine contre les personnes qui attendent à l'extérieur.

Sa main repose sur le matelas blanc et je la saisie délicatement. En la caressant, je  ne peux empêcher mes larmes salées de perler sur mon visage. J'enfouie alors mon visage sur son corps. Nous n'avons donc pas fini de souffrir ? A quel prix se fera notre quête ?

Une main se pose sur mon épaule. Sergey. Je n'ai pas besoin de me relever pour le savoir.

- Ils ont décidés de l'endormir Aëlys.
- Ok... Que s'est-il passé ?
- Je n'en sais pas plus que toi petite chatte.

Ses doigts se font plus dur sur mon épaule et je fixe mon regard sur le sien. Si on m'avait dit que Sergey serai à ce point touché par Nithaël, ce dernier en rirait. Cependant moi ça me fait drôlement plaisir. Cela me rassure, ça donne à Sergey un côté un peu plus humain.

- Mais qu'en penses tu ? Les elfes noirs ?
- Je ne sais pas, comment auraient-ils su que nous sommes ici ?
- Ils ont l'air plus préparés que nous...
- Ouais... Hamilton veut te parler.
- Bah il attendra !
- Houla, tu ne lui fais pas confiance toi aussi ?
- Il n'a rien fait ni dis pour gagner ma confiance et ce qu'il s'est passé confirme mon ressenti. Il y a un truc louche Sergey.
- Possible, mais restons sur nos gardes et soudés.
- Ouais.
- Je te laisse mais ne t'éternise pas ici, il se réveillera pas immédiatement.
- J'y penserai.

Sa main ne repose plus sur mon épaule et son absence me fait frissonner. Mais je replace toute ma concentration sur Nithaël. Je repose ma tête sur son torse et j'écoute les battements de son cœur qui ont quelque chose de rassurant.

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- Aëlys ? j'entends alors que l'on me secoue.

Je grogne quelque chose d'inaudible même pour moi et lève mes yeux.

Valentin est penché au dessus de moi, j'ai dû m'endormir contre Nithaël. En me redressant, je me rends compte que j'ai des courbatures dans chaque parcelle de mon corps.

- Il faut que tu rentre te laver, manger et dormir. Les médecins doivent effectuer des soins et des examens.
- Oh... Je ne peux pas rester ?
- Non. Je te raccompagne et je reviens ici après. Je te promets de t'informer dès le moindre changement.
- Hamilton est là ?
- Non pourquoi ?
- Je n'ai pas envie de le voir.
- Ok, allez vient.

Je me relève à contre cœur et avant de suivre mon professeur je dépose un baiser sur le front de Nithaël, en souhaitant profondément qu'il me revienne vite.

Nous sortons du bâtiment par une autre sortie. Il fait nuit. Un silence de mort s'est installé sur le camp, et comme des fantômes nous traversons le centre du camp.

- Il va se remettre rapidement petite.
- Comment peut tu en être sûr ?
- Il a perdu beaucoup de sang mais ils lui ont fait des transfusions. Les médecins sont très compétents Aëlys.
- D'accord, et vous avez une piste ?
- Non. J'aurai penser que vous vous en aviez une ?
- Nan, et puis nous sommes dans votre camp ! Vous deviez nous protéger ! je crie.
- Je sais tout ça. Tu pense que je ne m'en veux pas assez ?
- J'en sais rien moi. Et que fait Hamilton ?
- Je ne suis pas son chef, il fait ce qu'il à faire je suppose.
- Bref.

Valentin s'arrête et saisit mes épaules pour que je lui fasse face. Ses yeux sont aussi translucides que de l'eau.

- Aëlys j'en pense autant de bien que toi. Mais il est là il faut faire avec.
- Je ne comprends pas. Tu es quasiment son bras droit.
- J'ai gagné sa confiance oui, ça ne veut pas dire qu'il a la mienne. Écoutes tu va te reposer, prendre soin de toi un peu et nous parlerons quand tout ça sera terminé. Ok ?
- Ok.

A ma grande surprise, Valentin m'entoure de ses bras et me serre contre lui. Surprise, mes bras restent dans un premier temps raidis le long de mon corps mais face à l'émotion que je ressens je les accroche rapidement autour de lui.

Fraternellement, il caresse mon dos en me rassurant puis quand notre élan sentimental prend fin nous reprenons la route silencieusement. Il me souhaite une bonne nuit quand je rentre à la maison.

Je m'affale sans vie dans le canapé avant de me rendre compte que Sergey est là.

- Je ne suis pas d'humeur à me battre ce soir Sergey.
- Pourquoi se battre ?
- C'est ce qu'on fait le mieux, je lâche pleine de rancœur.
- Non, la journée a été longue.
- Pour une fois je suis d'accord avec toi.
- Ce n'est pas parce que nous avons des différents que sa situation m'indiffère...
- Je sais Sergey. Je sais aussi que tu es loin d'être le monstre froid et distant que tu laisses paraître.
- Ah Mlle est psychologue maintenant.
- Haha non mais je suis empathique très cher.

Il rigole en posant ses yeux sur moi. Ça me fait du bien de rire, me détendre avec lui mais il faut que je prenne une douche. Je me lève donc quand il me demande

- Tu repart déjà ?
- Non la douche m'appelle.
- Ah, c'était donc ça l'odeur, il plaisante avant de recevoir un coussin que je lui jette.
- Méfie toi, je suis fatiguée mais pas sans ressource !
- Tu ferais presque peur petite chatte. File. Je prépare à manger.

Après une soirée plus que normal, sans un mot plus haut que l'autre nous allons nous coucher chacun dans sa chambre et je m'endors rapidement.

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Mon début de nuit est laborieux, je me réveille toutes les heures en plein cauchemar et en sueur. Puis vers deux heures du matin, je suis réveillée par un bruit dans la chambre. Tout de suite sur mes gardes je me lève à l'affût. J'avance doucement vers la porte quand une main me bloque la bouche. 

Je me débats avec force, mais l'intrus prend le dessus. Je me calme n'ayant pas d'autre choix.
La main se resserre et la personne me chuchote à l'oreille :

- Ne crie pas c'est moi...

Je remue la tête quand je reconnais la voix de Blair.
Sa présence a forcément un lien avec l'agression de Nithaël hier. Est-elle son agresseur ?!
Mes poings se ferment quand je me retourne vers elle.

Elle porte des vêtements sombres et une large capuche cache une grande partie de son visage.
Alors qu'elle la repousse en arrière, son visage amical m'apparaît. Un demi-sourire sur ses lèvres.
Au fond de moi, je suis heureuse de la voir. Une présence familière n'est pas de refus en ce moment.
Le visage sérieux elle dis d'une voix sans émotions :

- Il faut qu'on parle, vous êtes en danger Aëlys.

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Note :

Voila voila, plus de frayeur que de mal :)
Qui a bien pû attaqué notre groupe ?
J'ai hâte d'entendre vos théories .

Bisous ♥Et merci encore de me lire :)

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