24. À feu et à sang |Partie 1


"La plus grande tragédie de la vie n'est pas la mort, mais ce qui meurt en nous tandis que nous vivons."   Norman Cousins

- Ils sont où ?!

Le corps de Rána se contracte, sa mâchoire se crispe.

- Je ne sais pas... Ils étaient censés être là.

Dans ma tête tout se bouscule, et si Aranel avait choisi de venir ici se venger de sa quasi-défaite ?

Et s'il avait tué les membres du conseil ?
Mes mains tremblent alors que les pires scénarios se dessinent dans ma tête. Un puissant vent fait voltiger les feuilles qui étaient posées sur le large bureau en bois. L'élément s'intensifie de plus en plus faisant grincer les chaises qu'il déplace.

- Aëlys, calmes toi s'il te plaît ! On est sûr de rien, tente de me rassurer Rána en me prenant par les épaules.

Mes yeux me piquent, je sens que je suis au bord du gouffre... C'est comme si le vent amplifié mon angoisse.
Pas mon père, il ne peut rien lui arrivé ! Les gardiens des éléments et lui font partie des personnes les plus puissantes ! Aranel ne pourra rien leur faire ! Du moins, je l'espère du fond de cœur.

Rána continue de faire pression sur mes frêles épaules et la douleur m'aide à garder les pieds sur terre. Il respire fort en calant son regard dans le mien, puis de façon exagérée, il expire, inspire. Inconsciemment, ma respiration se cale sur la sienne et je me calme. Quand je suis suffisamment calmé pour lui, il me libère enfin en se tournant vers Nyx.

- Comment peut-on les retrouver ? Ils sont bien quelques part !, il lui demande.
- Je... Allons dans mes appartements, j'ai surement quelque chose pour les retrouver, elle répond en commençant à monter l'escalier.

Nous la suivons jusqu'au dernier étage de cette grande tour, puis nous pénétrons tous chez elle, tous plus ou moins essoufflés.

La pièce n'est pas très bien éclairée, de gros rideaux épais en tissu barrent la lumière des fenêtres. L'odeur de l'encens est très puissante, mais m'apaise immédiatement. Les autres observent la salle qui est assez originale, des bibelots en tous genre sont posés ci et là, et de gigantesque tableau psychédélique prônent sur les murs. Des fioles remplies de choses variées, comme des herbes ou des substances bizarres sont posées sur les nombreuses étagères de la pièce.

Nyx et Rána se dirigent ensemble vers le massif bureau et cherchent activement dans un vieux grimoire un sort, une incantation qui nous permettrait de retrouver le conseil.  
Quand tout le monde a fini d'observer la pièce semblable à un repaire de pirate, nous nous asseyons sur les coussins posés à même le sol. Très hippie comme décoration...


- Nous avons déjà fait ça !, je crie d'un coup faisant sursauter la plupart.
- Comment ça ?
- Quand nous avons recherché Nithaël kidnappé par Aranel.
- Et comment il faut procéder, demande Nyx.
- C'est un sort assez long... C'est après une nuit de sommeil que la réponse apparaît.
- On n'a pas tout ce temps !, réplique Rána en se replongeant dans le livre.

Nyx sourit poliment, comme pour excuser son comportement d'homme des cavernes.
Pendant un long moment, ils fouillent le livre. Ils se chuchotent quelques mots de temps en temps sous nos regards. Le mien y voit d'autre chose, comme Cylian je suppose.
Leurs tendresses respectives émergent enfin de leur geste, de leur regard. Rána, aussi étrange que cela puisse l'être, souris plus régulièrement.

Soudain, il se redresse avec un grand sourire puis il tape des mains nous faisant sursauter :

- Aëlys approche, c'est à toi de faire le rituel... Tu es sa fille ça sera plus simple.

Je hoche la tête en m'avançant pendant que Nyx s'affaire à la recherche d'objet nécessaire au rituel. Ses commodes et étagères regorgent d'objet en tous genre, des pierres, des fioles. Un bric-à-brac du parfait petit sorcier.

Alors que Rána place deux bougies autour de moi, une blanche et une rouge Nyx fait brûler un bâton d'encens. L'odeur est forte, du patchouli !
Ensuite, elle me demande de m'asseoir face à la bougie rouge et place une pierre ovale blanche.
Nyx se penche vers moi, me tend un papier et je comprends que c'est ce que je vais devoir réciter. Je tente de retenir les actes que je dois accomplir.

Sous le regard des autres, je me concentre, libérant mon esprit de toutes les tortures qu'il s'inflige.
La flamme est bougies vacillent, signe que l'Air me réponds. Je suis prête...

Je saisis l'anguille que Rána me tend et je me pique le bout du doigt tandis que la fumée parfumée m'entoure d'un parfum épicé. À l'aide du bout de l'aiguille rougie de mon sang, je trace les initiales de mon père sur la pierre polie. Je me concentre sur son visage, ses yeux, son parfum.

Puis je trace toujours avec mon sang, trois cercles qui entourent ses initiales en récitant :

« Par mon sang, Grande Déesse Mère
Je vous demande de m'aider dans ma démarche.
Afin que nous soyons père et fille réuni
Qu'il en soit ainsi »


Je prends une grande inspiration et me pique de nouveau le doigt. Je le presse avec force et laisse tomber trois gouttes sur la flamme de la bougie face à moi. Une fumée rouge s'échappe alors que je referme les yeux dans l'espoir d'une aide, d'un signe...

À travers mes paupières closent, quelque chose apparaît tout flouté. Je redouble de concentration et plisse les yeux. Une sueur froide me saisit et je vois net.

- La prison !, je crie en respirant fort.

Ceux qui m'entourent me regardent perplexe alors je décide de m'expliquer.

- Oh allez ! Blair c'est la prison où tu as été retenue à ton arrivée ici !
- C'est ce que tu as vu, m'interroge Nyx.
- Oui ! On y va ? , je lui réponds en me relevant.

Les autres restent au sol, j'ai l'impression qu'ils ne me croient pas.
Avec un regard insistant, je parviens à faire lever Sergey mais tous ne bougent pas.

- Vous faites quoi ? Et s'ils étaient en danger ?, je continue.

Rána soupire en se tenant droit sur ses jambes.

- Aëlys, on ne va pas se jeter dans la gueule du loup ! On a subi assez de perte...
- C'est mon père !

Ma voix se brise contre leurs visages fermés.
C'est l'incompréhension totale, mais pourquoi personne ne bouge ?! C'est leur souverain...
Je les observe tous, et mon cerveau tente de trouver des réponses.
Les yeux de Rána, contrairement aux autres ne me fuient pas. Cependant, il semble désolé.

- Vous vous foutez de ma gueule, c'est ça ?, je demande alors mes derniers mots se perdent dans un sanglot..
- Aëlys, nous devons préparer un plan. Nous ne pouvons pas affronter tête baissée Aranel. Tu as bien vu quand nous sommes entrés dans la ville, il n'y avait personne ?! Nous sommes en guerre et personne ne surveille l'entrée ?
- Je... Merde. Je ne peux pas le laisser là-bas.

Sergey s'approche de moi et les regards se braquent sur nous. Me prennent-ils pour une folle ?
Il ouvre la bouche avant de la refermer sans rien dire, ça m'agace et je passe ma colère sur lui :

- De quoi ? Lâche ce que tu as me dire Sergey !
- Je pense juste qu'il a raison..., il répond en tendant sa main vers moi,

Ce n'est pas possible ?
J'évite son contact en le regardant d'un air mauvais.

- Ne me touche pas !

Je suis presque arrivé à la porte d'entrée et ils me regardent toujours comme si je portais une camisole et que j'étais bonne pour la cellule capitonnée.
Tous sagement assis obéissent à Rána, ce sont eux les fous, pas moi !

Les larmes affluent quand je réalise qu'ils ne bougeront pas. Ma vision se brouille et avant que je ne me ridiculise devant eux, je fais claquer la porte derrière moi.
Seule, je suis seule et dans un merdier sans nom...

Je suis peut-être excessive dans mes réactions, mais il est ma dernière famille. De plus, je connais très bien la haine qu'Aranel ressent à son égard. Mon père ne peut pas rester sans aide !
Je m'appuie contre le mur à côté de la porte puis quand tous les éléments s'imbriquent dans ma tête, je glisse le long du mur.

Assise sur le sol, un torrent de larmes se déversent. Je suis bête, mon père savait.
En nous faisant partir dans une autre ville, il a voulu nous éloigner du danger. Il ne pouvait pas savoir que son frère réussirait à nous trouver.

Mon père a préféré se sacrifier pour notre survie ?
Quelle idiote je suis ! Mon rêve et toutes les attentions de mon père avant notre départ auraient dû me mettre la puce à l'oreille.

Avec rage, je frappe du point le sol.
Après mon erreur de partir seule récupérer Nithaël, je sais que je ne dois pas agir de la même façon.
Et si Rána avait raison ?

La poignée se tourne à côté de moi et des chaussures en toile apparaissent. Rána.
Sans un mot, il s'avachit à mon niveau et nous restons silencieux de longues minutes.
J'attends que mes larmes cessent de couler et sa présence a quelque peu des effets apaisants.

- Il savait ?, je lui demande.
- Oui, il me répond simplement en se redressant.

J'ai probablement mal jugé Rána tout ce temps...

- Je sais que c'est difficile pour toi Aëlys, tu as été propulsé dans ce monde qui n'était pas le tien. Mais tu survis plutôt bien, je ne te l'ai jamais dit, mais je crois que c'est le bon moment. Je suis fière de toi, de tous ces formidables progrès, de ta détermination, de ton mental. Tu as une telle force, que tu ne soupçonnes même pas. Je suis ravi de t'avoir un peu bousculée, tu aurais fini une victime toute ta vie sinon...

Je tourne ma tête en même temps que lui et l'espace d'un instant, je suis perturbé par ce que je vois dans son regard. D'habitude si froid et si fermé, il montre à présent une palette de sentiments variés. Je suis impressionné par l'ampleur de ses émotions, que je me prends de pleins fouets.

Surprenant, je m'attendais à de la noirceur, de la haine et du mépris, mais je n'y vois que respect, admiration, amour et de la peur. Il me sourit comme jamais auparavant et saisit ma main.
Je suis d'abord surprise par son geste, mais quand je sens sa chaleur, je lui souris à mon tour.

- Princesse ? Ne doute jamais de mon affection pour toi. Tu es devenue une femme forte ! Mais quand tu douteras de toi, je te relèverai toujours avec un coup de pied au cul. Je sais que je peux compter sur toi et j'espère que tu sais que tu peux compter sur moi ?


Ma bouche s'ouvre, mais aucun mot ne sort, l'émotion est trop vive. En ravalant mes larmes, je parviens à répliquer :

- Pourquoi ça sonne comme des adieux ?
- Je suppose que c'est l'ambiance qui veut ça, dit-il en souriant. On rejoint les autres ?
- Oui

Il se relève puis me tend la main. Avec facilité, il me relève.
Je le retiens par le bras avant qu'il ne tourne la poignée de la porte.

- Merci Rána.
- Merci à toi princesse, il répond en ouvrant la porte.

En rigolant, il fait une courbette pour me laisser entrer.

L'après-midi s'écoule à une vitesse folle, une fois ma crise passée, nous travaillons tous en équipe. Nous élaborons des plans d'attaques à tout-va. Chacun donnant son avis ou son idée.

Blair propose une attaque violente, sanglante qui va très bien à son caractère... Hécate constamment collé à elle, essaie de la temporiser.
Il faudrait qu'elle lâche l'affaire, j'ai jamais réussi à apaiser son côté fou et sanguin.

Mais à ma plus grande surprise, Blair lui donne raison.
Où est donc passée ma meilleure amie ?! Mais que se passe-t-il à la fin entre les deux ?
Je ne suis pas jalouse, Blair bénéficie autant du droit que moi d'avoir ses propres amis, mais je ne vois pas d'un bon œil le fait qu'Hécate la change.
Je l'aime comme elle est moi !

Magoa et Alena sont un peu plus sur la réserve, ils donnent leur avis sans vraiment se mouiller. Comme de braves petits soldats, ils acquiescent chaque mot de Rána.
Ces deux-là sont la plupart du temps ensemble. Je n'ai pas réussi à le cerner, il a tout du « je m'en foutisme » par excellence. Son comportement peut paraitre hautain, mais je suis persuadé qu'au fond, il est gentil. Enfin, j'espère...

Ma relation avec Alena est plus amicale qu'avec sa sœur, mais ce n'était pas dur de faire mieux...

Elsa, elle était toujours dans un état second, toujours endeuillé. Ce que nous comprenons tous.

Cylian et Sergey ont des centaines d'idées. Quand je les observe discuter, débattre ensemble, je me dis qu'ils se ressemblent plus que je ne voulais l'admettre.

Quand le soleil commence à se coucher, Nyx et Rána nous invitent à rejoindre nos chambres et d'éviter de dormir et trainer seul. Mieux vaut prévenir que guérir.
Le plan d'attaque a été fixé dans les moindres détails.

Demain aux aurores, Blair et Hécate iront faire un tour vers la prison. Surtout pour faire du repérage, voir combien de gardes noirs sont présents et aussi où sont nos gardes ! Ils n'ont pas pu se volatiliser quand même !

Pendant que les deux feront leur promenade, Cylian, Alena, Elsa et Magoa iront se poster non loin de la prison. Ils seront cachés par l'épaisse forêt qui commence tout près.

Sergey et moi, resterons à la cité avec Nyx afin de protéger les arrières de tout le monde. Puis nous sommes les seuls à avoir l'ouïe fine, donc nous aurons moins de mal à entendre ce qu'il se passe à la prison et aux alentours.

Rána lui se postera près de Blair et Hécate, en renfort si rien ne se passe comme prévu.

Nous nous couchons avec Sergey, nerveux. Je n'ai pas combattu, ni fait de guerre.
L'angoisse monte d'un cran quand je réalise que nous sommes dans le flou total, même en effectuant des plans. Je suis persuadé au fond de moi que rien ne se passera comme prévu. Notre adversaire à l'esprit fou... Et je reste sur mes gardes.
Il a du tout prévoir dans les moindres détails.

Au réveil, je suis barbouillée. Je me lève avec mal alors quele soleil perce à peine le ciel. Je m'appuie contre mon bureau etfixe la fenêtre.
La pression monte d'un cran quand jevois Sergey sortir de la salle de bains tout de noir vêtu. Sonsourire est crispé, mais n'entache en rien sa beauté, je leregarde alors qu'il s'avance vers moi.

Délicatement, ilse colle à moi en prenant mon visage entre ses mains. Avec uneinfime douceur, il me caresse la joue du bout des doigts. Sergeydépose ses lèvres sur mon nez :

- Ça va aller Aëlys, noussommes unis et pleins de ressources. Je ne laisserais pas Aranel tefaire quoi que ce soit...
- J'espère qu'il n'y aurapas de blessé dans notre camp.
- Nous ferons tout pouren-tout-cas.

Ses mains descendent dans mon cou puis il me tireafin de nous rapprocher d'avantage.
Mes lèvres viennent trouverles siennes et nous échangeons un baiser passionnel. Comme sic'était le dernier... 


Une larme perle au coin de mes yeux, l'inconnu me fait peur et je ne veux pas voir ce baiser être le dernier. Avec la force du désespoir, nos langues s'emmêlent, se caressent... Nos souffles sont moins réguliers puis quand nos corps se détachent, il colle son front au mien.

- Je t'aime Aëlys.

Mon cœur loupe un battement pour se gonfler de motivation.
Ces trois petits mots qu'il ne m'a jamais dits me boostent soudainement. Personne ne nous séparera.

- Moi aussi Sergey, depuis et pour toujours.

Sa bouche effleure de nouveau la mienne dans un gémissement alors que quelqu'un frappe à notre porte. Ses yeux sont étincelants et lorsqu'il se détourne de moi pour aller ouvrir, je me promets de profiter de lui quand tout sera de nouveau normal.
Si on peut toujours parler de normalité dans nos vies...

Rána parait également très tendu quand il rentre dans ma chambre pour nous informer que nous devons rejoindre les autres en bas. Je m'attache les cheveux en vulgaire chignon, mais qui sera bien pratique si je suis en mauvaise posture.

Alors que nous arrivons près des autres, la tension est perceptible. Hécate et Blair sont encore et toujours un peu à part et discutent en rigolant. Il va falloir que je lui demande des explications à cette elfe noire...

Nyx fait sa distribution de potion qu'elle a préparée cette nuit. Elles seront nécessaires dans les premiers temps, pour un effet de surprise surtout... Il faut juste espérer qu'ils ne sont pas au courant de notre arrivée la veille.

Rana semble guetter quelque chose, il a l'air concentré et regarde loin devant lui.
Pour nous donner du courage avec Sergey nous nous serrons la main, et à travers elle, je sens les pulsations de son cœur. Rapides, semblables aux miennes...

Je n'arrive pas à rester calme, comme Magoa assis nonchalamment sur des pierres en sifflotant. Heureusement que je me retiens, car son comportement m'exaspère...

Rana lance un regard rapide à Blair qui nous rejoint, le regard perçant. Accompagnée d'Hécate elle commence à partir, donnant le top départ de notre plan d'attaque. D'un coup, mon amie fait demi-tour et me fonce dessus. Brutalement, elle m'entoure de ses bras, avant de me faire face :

- Pas de conneries Aëlys, il faut que tu comprennes à quel point tu comptes pour moi, pour nous. Ne te mets pas inutilement en danger.

Avant que je n'aie pu répondre, Blair part aussi vite qu'elle est venue en me laissant un goût amer en bouche.

Alors qu'elles s'éloignent lentement, je les suis du regard activant ma super-ouïe pendant que les autres se concentrent sur leurs prochaines taches.

J'entend Hecate tenter de rassurer Blair« Ca ira , je te promet que nous survivrons tous... »
« Je sais, j'angoisse, c'est tout. »
« Il n'y a pas de quoi, notre plan est à peu près rodé », lui réponds Hecate.
« Fait attention à toi aussi, s'il te plaît. Je ne veux pas que notre... Histoire se termine si tôt »

Abasourdi par les brides de conversations espionnées, j'arrête immédiatement.
Pourquoi ça ne m'est pas venu à l'esprit ? Blair est amoureuse d'Hécate ?!

Peu de temps après, les deux filles disparaissent derrière un bâtiment, qui sert selon Rana de stockage de graine et farine. Puis elles réapparaissent comme prévu près d'un rocher imposant et elles se mettent à genou en attendant Rana.
Comme dans le plan, j'active une nouvelle fois mon ouïe fine en faisant signe aux autres de se taire.

C'est extraordinaire comme la portée de ce pouvoir est longue... Blair doit se trouver à deux cent mètres et je l'entends comme si elle me chuchotait à l'oreille.

« Oh merde, y a des gardes... Ils ressemblent à ceux qui accompagnaient Aranel. Beurk qu'ils sont moches... Le vent est dans ma direction alors j'ai le nez plein de leur merdique odeur !

Je ris malgré moi, c'est du Blair tout craché...

Le départ de Rana signe également celui de quatre autres, Cylian, Elsa, Magoa et Alena...
Ils passent à côté de moi en me mettant une tape dans le dos ou sur l'épaule.
Je croise furtivement le regard de Cylian et ses yeux indiquent la même chose que Blair, je ne dois pas mourir.

Loin de moi l'envie de perdre la vie aujourd'hui...

« Ils sont tout autour de la prison, séparés. » , j'entend Blair continuer à mon intention alors que je fait un signe de la main à Cylian.
« On ne fait pas ça Blair » déclare Rana qui est déjà à leur côté.
« Rooh, on ne peut plus se marrer maintenant ! » S'indigne Blair.
« Il y en a d'autre », lâche soudain Rana.
« Où ça ? Oh putain, ils sont cachés dans la forêt ! » , constate Hecate.

S'en suit une rapide discussion entre Blair et Rana pour savoir qui va prévenir les autres. Rana abandonne rapidement et laisse le loisir à Blair d'exercer sa vitesse supersonic.
Au même moment, je dirige mon attention vers mes quatre amis, qui arrivent en bordure de forêt. Je parviens surtout à entendre leur pas sur la neige et les branches qui jonchent le sol.

À ceux qui utilisent la super-ouïe, ils font un vacarme de tous les diables ! On ne peut que se baser sur ce que Sergey et moi entendons, personne n'a de super-vue. C'est bien dommage !
Tandis que Blair arrive au milieu du chemin, j'entends un bruit étrange, comme un sifflement.

Je me crispe quand je reconnais le bruit d'une flèche qu'on tire, sur mes amis !
L'instant d'après les jurons de Magoa me parviennent et je distingue le bruit fouillis d'un combat puis le souffle des éléments. Cylian est en train d'utiliser l'Air.

Je me relève quand je crois entendre le bruit d'un projectile qui se plante dans la chair. Je suis sur le point de courrire les rejoindre pour leur venir en aide, mais Nyx me retiens pas le bras.
En lui faisant face, elle a son doigt sur sa bouche pour me faire taire. Elle fait les gros yeux et d'un signe de tête montre le sous-bois derrière nous.

Merde, je les entends avant de les voir... Des pas réguliers et lourds sur le sol gelé.
Un petit escadron arrive droit sur nous.
Sergey m'arrache de ma stupeur et nous nous abritons dans l'entrée de la tour.
Tous les trois, nous retenons nos souffles afin d'écouter le mieux possible.

Nyx sort de sa poche une fiole de potion et je parviens à lire sur sa bouche «éclat».
Mon âme jumelle et moi-même sortons en même temps la nôtre. Je la sers bien fort dans ma paume.

Quand le bruit des pas lourds des gardes noirs semblent près de nous, Nyx sort en courant. Il nous faut quelques secondes avant de se jeter nous aussi dans l'inconnu.
La prêtresse devant le regard hagard des gardes noirs, jette au sol une potion éclat. Une soudaine lumière éclate aux pieds des monstres.
Les gardes aveuglés frappent dans tous les sens.
C'est étrange que la lumière ne nous éblouissent pas non plus...

Avec agilité Sergey fonce tête baissée sur l'un d'eux et le rejette en arrière dans un cri, aiguillant au passage sa position aux autres. Bien qu'handicapé par la perte de leur vue, celui face à lui le balaie d'un revers de la main.

Tout s'est passé si vite, et je réalise que je ne bouge pas. Mais quand Sergey crache au sol du sang, je perds mon calme. Le regard rivé vers son assaillant, je sens la puissance de l'Air investir chaque parcelle de mon corps.
Puis avec une pensée unique, le vent l'entoure et l'expulse à plusieurs mètres de nous. Sa tête tombe lourdement en arrière sur un des rochers.
Quand son sang coule sur pierre grise, mon visage se tord d'un sourire triomphant.

Les deux elfes restant qui ont récupérés la vue, paraissent plus menaçants par ce qu'il vient de se passer. Puis ils se ruent sur Nyx. Elles les laissent s'approcher tout en reculant, dans sa main se forme une boule de couleur violette.

Nyx tourne la tête vers nous pour s'assurer de notre distance. Ses yeux ont changé de teintes, ils sont à présents violets.

La boule augmente et crépite. Ils ne sont plus qu'à un mètre d'elle et Nyx tend son bras dans la direction du premier. Dans un bruit sinistre, la boule lumineuse vient s'écraser sur son torse.
La créature titube un temps avant de s'effondrer sur le sol aux pieds de la Prêtresse.

Je profite du moment de terreur du deuxième pour m'infiltrer dans son esprit. Fort heureusement, je ne rencontre pas le même problème qu'avec Aranel. Cependant, ses pensées sont étranges, comme si elles ne lui obéissaient pas. Aranel les maitrisent-ils tous ?

Sournoisement, je lui insinue un sinistre ordre, "arrête de respirer".

Je réalise ma demande qu'une fois que le garde gît au sol, le visage à la limite du bleu...
Oh merde ! J'ai vraiment fait ça ?!

Une puissante peur de moi me paralyse, si bien que je ne voie pas le garde qui me coupe le souffle avec la force de l'impact. Je tombe comme au ralenti vers le sol, sonné. Dans les mains de Nyx sortent de puissants éclairs qui touche à plusieurs endroits le garde qui m'avait percuté.

Ma tête vient cogner contre une surface dure et qui me blesse fortement.
Puis d'un coup, j'entends au loin un cri...
Sans tenir compte de la douleur qui me fait vriller quand je me relève, mon cœur s'arrête de battre.

C'était mon père ! D'un mouvement de la main, je balaie mon agresseur grâce à l'Air.
Tandis que je commence à courir vers la prison, j'entends son corps heurté le mur de la tour et un bruit d'os disloqué résonne derrière mon dos.

Je me mets à courir de plus en plus vite en ignorant les appels de Nyx et Sergey. Je les entends me poursuivre, mais l'adrénaline me donne des ailes, ou c'est l'entrainement acharné de Rana qui porte ses fruits.

Le vent fouette mon visage, m'enivrant d'une puissance et confiance sans faille.
Sur ma gauche, je vois le regard noir de Rana que je viens de dépasser.
Soudain, des mottes de terre se soulèvent devant moi. Je parviens à en éviter plusieurs, mais une motte plus haute me fauche mes jambes.

Je tombe comme une crêpe au sol, en me relevant, je comprends que c'est Rana qui essaie de m'empêcher de continuer ma course folle.
Avec rage, j'enlève la terre de mon pantalon et continue sur ma lancée lui adressant mon plus beau majeur.

La prison n'est plus qu'à 100 mètres et les gardes statués près de moi se retournent à mon vacarme.
Ils ne bougent pas, ce qui n'augure rien de bon...
Leur immobilité me fait arrêter, mais je n'en n'ai pas le temps.

Mon corps est brusquement propulsé sur le côté et je perçois un rugissement.
Passé l'effet de surprise, je suis sur le dos enfoncé dans le sol d'au moins cinquante centimètres.
Sur moi Bair respire fort, et de la fumée sort de sa bouche.

Ses fortes mains me plaquent encore au sol alors que son regard est noir de haine.

- Je t'avais dit quoi putain !!, elle hurle en me soulevant le haut du corps.

Ses yeux sont teintés de noirs, et elle m'effraie vraiment.

- Tu es conne, c'est ça ?! Je pensais que tu étais doté d'un cerveau comme tout humain bien constitué, mais je me suis trompé ! Tu es suicidaire ? Tu veux notre mort, c'est ça ?

Blair est encore rouge de colère quand elle me remet sur mes jambes à bout de bras.
Les autres nous ont rejoints et semblent aussi énerver qu'elle.
Ok j'ai fait une boulette, mais dans ces moments où les émotions prennent le contrôle de moi, je ne maitrise vraiment plus rien.

Je n'avais qu'une idée en tête secourir mon père. Est-ce si mal ?

Alors que j'affronte leur regard inquisiteur, je remarque que les gardes nous observent toujours, mais ne bougent pas d'un poil.

- Pourquoi ils restent comme ça ?, je demande en faisant retourner tout le monde.

Les visages contractés par la colère se raidissent face à leurs étonnements.
La porte de la prison n'est qu'à cent mètres...


Et si, ils n'avaient pas eu l'ordre de nous attaquer ?, je lache percant ce silence imposant.
- Pourquoi dis-tu ce genre de connerie ?!, siffle Magoa.
- Quand je suis entré dans la tête d'un tout à l'heure, on aurait dit qu'il était contrôlé.
- Comment ça ? , demande Rana.
- Ses pensées... N'étaient pas les siennes, c'est tout, je réponds sur de moi.

- Bah vas y mademoiselle, je sais tout, prouve-nous ta théorie ! Tu ne pourras pas faire pire de toute façon... , lâche Rana en m'indiquant le garde le plus proche.


Mes mains sont moites quand j'avance lentement vers eux.
Sergey ne semble pas être du même avis que Rana et je les entends s'insulter en se poussant des bras. Ils ne peuvent pas s'affronter comme ça, on est une équipe !

J'ordonne au vent de les séparer, ce qu'il fait puis je me retourne vers mon ennemi.
En avançant je prend de longues bouffées d'air pour me donner du courage.
Nous allons bientôt vérifier si mon instinct est bon.

Le garde continue de me regarder et aucune étincelle de vie se reflète dans ses yeux.
Est-il seulement vivant ?

Si je tends le bras, je peux à présent le toucher et il n'a toujours pas bougé.
Mise à part son regard qui me suit et le léger soulèvement de sa poitrine, on dirait qu'il est mort.

Je me tourne vers les autres triomphante et ouvre grand mes bras.
Puis je continue d'avancer vers la porte qui n'est plus si loin que ça...

Ma super-ouïe toujours active, je distingue le pas hésitant de mes amis sur l'herbe gelée.

Le rythme de mon cœur s'accélère dangereusement quand je me tiens devant la porte en bois. Des sons me proviennent plus loin, mais ils sont inaudibles. J'attends mes camarades qui avancent à pas de loup, évitant avec soins les gardes.

- C'était un coup de chance, tu ne peux pas toujours avoir raison !, me lance Rana en me rejoignant.

Je lui tire la langue avant de faire face à la porte. Nous sommes proches du but.
Nerveusement, je mange les petites peaux de mes lèvres puis avant un soupir, je tourne la poignée.

Je suis étonné par ce que je trouve derrière, un long couloir éclaire par de faibles lumières provenant de torches accrochées tous les mètres. Puis entre, un garde se tient droit en regardant devant lui.

La main de Sergey me saisit la mienne, m'insufflant un peu plus de courage. Et nous avançons doucement le cœur battant à mille à l'heure.
Au bout d'une centaine de pas, nous arrivons vers le grand hall qui dessert toutes les cellules.

C'est étrange le calme qui règne ici, comme si l'endroit était désert.
J'avale ma salive avec difficulté quand mes yeux rencontres ceux d'Aranel.

Il se trouve au milieu de la pièce, entouré de garde plus grand les uns que les autres.
Mes amis qui rentrent à leur tour à l'intérieur se figent et se mettent en position de combat.
J'entends même le sifflement de haine de Blair pour son ancien amant.

Derrière lui, les cellules sont occupés et verrouillées.
Je reconnais avec soulagement Maab, Paralda et Nixsa. Dans une autre un peu plus loin se trouve mon père.

Aranel m'empêche de le voir et se place juste devant sa prison de fer.
Blair qui bout intérieurement, assène un violent coup au garde à ses côtés le tuant d'un coup.

- Oh, mais pourquoi tant de morts ? Vous êtes mes invités, entrez. Vous avez mis du temps à nous rejoindre... Je vous attendais depuis hier soir ! , glisse Aranel.

Son visage se déforme dans un rictus sadique tandis que je pose mon regard sur mon père.
Il a des cernes et ses yeux me montrent une tristesse infinie de me voir ici. Son visage est tuméfié et ses lèvres craquelées et tachées de sang.

- Vous ne veniez pas, il fallait bien que je m'occupe !, lâche Aranel alors que des bras m'encercle le corps.

Bonjour les fous ♥

Comment allez-vous ? :)

Wouahdésolé pour ce chapitre long ! J'ai dû le partager en deux... Etla suite viendra ce week-end et ça signera la presque fin du tome 1:'(

J'espère en tout cas qu'il vous plaît ?
J'aivraiment plus de mal à écrire des scènes de combat ou dessituations tendues à l'extrême ... J'espère que ça ne se ressentpas trop xD




Comment voyez-vous la dernière scènede ce tome ?
J'ai tellement hâte d'avoir vos avis !



Jevoulais vous informer qu'enfin mon rantbook est sorti,
>https://www.wattpad.com/story/97996084 <
Si voussouhaitez participer à l'atelier d'écriture ou si vous voulez meposer des questions, me donner des thèmes pour discuter n'hésitezpas !



Merci à vous ♥
Merci de me faire vivrecette folie ! Vous êtes si gentils, adorables !
Sans vous, ça neserait vraiment pas pareil...
Je vous aime fort ♥



Prenezsoin de vous surtout :)



Lot's of love & magiiic

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