"Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des gens bien. » – Edmund Burke  

Le contact avec l'eau me glace le sang, elle est si froide...

Je devrais réfléchir à plusieurs fois avant de foncer tête baissé dans les idées farfelues des gens. Nyx comme moi ne peut échapper un gémissement quand elle glisse dans l'eau gelée.
Avec mal, nous nous allongeons du mieux que l'on peut dans les baignoires en étain posées côte à côte.

Selon elle, c'est l'unique façon de pouvoir mieux intégré le flux de pensée qu'elle va me transmettre... Nos corps seront soumis à une température plus basse afin d'éviter la surchauffe.
Ce sort puissant peut griller des neurones s'il est mal effectué.
Alors je croise les doigts.

La Prêtresse me tend sa main tandis que je grelotte et que mes dents s'entrechoquent.
Son contact avec sa peau est électrisant, elle est encore chaude alors que la mienne se transforme en glaçon !

Sergey et Rána nous surveillent dans le cas où quelque chose d'inhabituel arriverait.
Comme si prendre un bain d'eau froide remplie de glaçon était habituel ?

- Ok, Aëlys je vais te demander de fermer les yeux et de te plonger dans un état de méditation. Je sais que tu es inquiète, mais tout va bien aller, ils sont présents pour veiller sur nous. Quand je commencerai le transfert d'information, ne le rejette pas et ne soit pas effrayé par ce que tu verras. D'accord ?
- Oui..., je lâche avec difficulté.

Nyx fait un léger signe de tête à Mr Grincheux alors que Sergey me fait un clin d'œil d'encouragement. J'espère que les choses iront vite, car je ne sens déjà plus le bout de mes pieds...
Les yeux fermés, je tente de réguler ma respiration et de me trouver dans cet état de méditation habituel.

Les effluves de encens m'aident à libérer mon esprit. Cette odeur de lavande et de fleur d'oranger m'apaise jusqu'à finalement avoir l'impression de plus me trouver dans une baignoire, mais dans l'océan et je me sens couler...

Puis brusquement, je me trouve dans un espace noir où la lumière n'a pas ses droits.

Un frisson me parcourt quand je sens quelque chose qui me frôle la main. J'essaie de ne pas bouger alors que je commence à paniquer.

D'un coup, on me prend la main, et je suis attaqué par une lumière vive. La tache blanche se réduit jusqu'à ce que je voie nettement Nyx, debout devant moi. Ses lèvres bougent, mais je n'entends pas ce qu'elle me dit, elle recommence et je comprends sur ses lèvres : c'est parti.

Un vent puissant m'entoure, mais je ne le sens pas comme une menace, il me protège. Rassurée, je glisse vers Nyx et quand je lui touche la main qu'elle tend dans ma direction, je suis assailli d'image en tout genre.

Tout défile si vite que je ne peux rien distingue. Un léger picotement m'indique qu'elle rentre dans mon cerveau. Elle rencontre comme une résistance qu'elle balaie rapidement provoquant une douleur si vive que j'ai du mal à me concentrer.

Les images continuent à défilées, mais s'ajoute des bruits qui font bourdonner mes oreilles et ne font qu'accentuer mon mal de tête. J'entends des rires, des pleurs, des cris, des gens qui discutent dans une langue que je ne connais pas, des bruits d'armes automatiques, des détonations. Puis le silence...
Avant que tout se mélange de nouveau, j'ai l'impression de devenir folle et que mon cerveau est sur le point d'exploser.

Soudain, mes cinq sens sont pris dans cette spirale simultanément. Les images se mélangent aux bruits puis des centaines de fragrances attaquent mes sinus et j'ai un goût métallique dans la bouche. Beurk...

Tout s'intensifie, me rendant vraiment folle. Mon cœur bat si fort, et j'ai si mal au crâne.
Il faut que la douleur s'en aille, j'ai l'impression de sombrer.
Puis un cri m'échappe et ne s'arrête pas, me brûlant la gorge.
Je sens la matière froide de l'étain sous la main puis un contact chaud me rassure.

Et d'un coup le vacarme fait place nette à un silence de plombs.
Mes muscles se décontractent un à un et je ne ressens plus aucun mal.
J'entends qu'on m'appelle, mais je ne veux pas ouvrir les yeux, pas encore.
Mon corps entier tente de récupérer de ce traumatisme...

Son tour de passe-passe est-il fini ? Que devrais-je ressentir ?
J'essaie de fouiller ma mémoire et je suis surprise de me rappeler des choses que je n'ai pas vécue.
Le souvenir est d'abord flou... Puis il devient de plus en plus net.

Le visage de Rána m' apparaît, il est dans une forêt luxuriante, un filet de lumière l'éclaire. Un doux rire cristallin résonne et je m'aperçois qu'il vient de moi. Ce n'est pas ma voix...
Oh, j'y suis ! Je suis à la place de Nyx ? Mais que fout Rána ici ?

Il parait beaucoup plus jeune que maintenant et ses traits sont différents. Il sourit !
Oh mince donc le Rána joyeux et heureux existe bel et bien...
Ses yeux regardent Nyx avec une telle intensité que j'en reste scotché.
C'est étrange, ma main devient moite comme si je ressentais le soleil sur ma peau et surtout comme si Rána me faisait de l'effet ! Quelle horrible sensation !

Je porte, enfin Nyx porte une longue robe blanche et ses cheveux semblent si longs. On dirait qu'elle ne ressemble pas à la femme à mes côtés dans la baignoire avec ses dreadlocks...

Il prend la main de Nyx et à son contact, une explosion de sentiment se fait ressentir.
Je reste ébahi face à ses émotions... Il me semble même qu'une larme coule le long de ma joue.
Je n'y crois pas, elle ressent ce que je peux ressentir quand Sergey me touche.
Nyx est l'âme jumelle de Rána ?!

Brutal retour à la réalité, l'eau a continué à baisser en température et je tremble de plus belle.
Mes yeux sont douloureux d'être trop longtemps resté dans l'obscurité et je devine mal le visage qui se penche sur moi.

Lorsque je reprends le contrôle de mon corps, je me précipite en dehors de cette satanée baignoire de l'horreur. Comme un gentleman, Sergey m'entoure d'une épaisse serviette et je le remercie en me collant un plus contre lui.

J'ai du mal à ressortir totalement des émotions que Nyx a pu ressentir par le passé, aussi bien que je ne quitte pas des yeux Rána. Je le vois d'une nouvelle façon maintenant...
Que s'est-il passé pour qu'il soit devenu cet homme si torturé ?

- Pourquoi tu me regardes comme ça gamine ?, lance-t-il avec son habituel amabilité.

Je ne lui réponds pas, qu'il aille au diable avec sa haine à peine dissimulée. Un brusque retour de ce souvenir me fait sourire... Le bonheur lui va si bien.

- Pourquoi tu souris comme une demeurée ?, il demande.
- Hey on se calme, tente de temporiser Sergey.
- Qu'as-tu vu ?, m'interroge Rána prenant brusquement conscience du rituel que je viens d'effectuer.
- Tout, je lui réponds alors que mon sourire s'élargit.

Sa réaction me surprend plus que le ton qu'il emploie.
Une étincelle nouvelle éclaire son regard et il soupire longuement.
D'un geste tendre, il emmitoufle Nyx qui vient de sortir de la baignoire dégoulinante d'eau.

- Merci Rána, elle lui répond d'une voix qui trahit ses émotions.

Monsieur Grincheux contracte sa mâchoire avant d'esquisser un sourire envers la prêtresse.
Ça alors ! Ça m'aurais jamais effleuré l'esprit leurs relations...
Sergey continue à frotter son bras contre la serviette pour me réchauffer, mais c'est plus notre proximité qui me réchauffe lentement.

- Tout ce que je t'ai autorisé à voir arrivera petit à petit et plus fortement pendant ton sommeil, me prévient Nyx.
- Ok, je parviens enfin à lâcher.
- Je viendrais prendre de tes nouvelles demain. Tu devrais retourner dans ta chambre prendre une longue douche chaude Aëlys, elle me conseille en tournant les talons vers la porte.

Le geste de Rána est si brusque, maladroit que je retiens avec mal mon sourire.
Il se précipite vers la porte et cogne Nyx de plein fouet.
Comme si nous n'étions pas présents dans cette salle, ils se regardent longuement.
Puis Rána reprend son visage fermé et dit à Nyx d'une voix froide dénué de tout sentiment :

- Il va falloir qu'on discute.

Elle acquiesce et sans demander son reste s'échappe.
Rána se retourne vivement vers nous, qui n'avons loupé aucune miette de cette scène surréaliste.
Son regard noir est censé me menacer, mais à présent, Rana est une toute autre personne à mes yeux. Je parviens même à éprouver de la sympathie pour lui...

La tête haute, je passe devant lui et nous rejoignons ma chambre rapidement pour éviter que je n'attrape vraiment froid.
Une fois que je ne tremble plus et que mon corps a atteins sa température normale, je sors enfin de la douche et fais face à un Sergey pensif. Il est allongé sur mon lit les yeux rivés sur le plafond.

- À quoi tu penses ?, je lui demande en me séchant les cheveux.
- A part à toi ? Je ne pense à rien de spécial..., il me répond en se redressant sur ses coudes.

Sa langue passe lentement sur sa lèvre inférieure et ses yeux sont rivés sur mon corps nu caché par une serviette nouée à la poitrine.

- Je ne te dérange pas ?, je réplique en retournant dans la salle de bain.
- Je ne fais rien de mal ! C'est toi qui me tentes aussi..., il répond un peu plus fort.

Habillée, je le rejoins et il ne se trouve plus sur le lit, mais à la fenêtre, observant le paysage d'Eldíran.

- Tu vas bien ?, il m'interroge alors que je m'approche de lui.
- Oui, ça va mieux. C'était vraiment étrange et intense comme expérience.
- Tu m'as effrayé, tu semblais de débattre, tu gémissais et pleurais.
- Je suis désolée, je n'avais pas conscience de mon corps physique.
- Tu vas bien, c'est le principal, il lâche en me prenant dans ses bras.

De son doigt, il lève mon menton vers lui et nous échangeons un baiser d'une tendresse à me soulever le cœur. Il termine son baiser par une lente caresse sur ma joue et ses yeux me fixent

- Princesse Aëlys, seriez-vous disponible pour une promenade en bonne compagnie ? , demande soudain Sergey avec un sourire taquin.
- Avec plaisir ! Où m'emmènes-tu ?
- C'est une surprise.

Avant de partir de la chambre, il fouille et met quelque chose dans son sac qu'il jette sur son dos. Qu'est-ce qu'il m'a encore préparé ?

Nous marchons une bonne vingtaine de minutes à travers les bois, l'hiver est toujours à l'honneur et une épaisse couche de neige nous pousse à plus d'effort. Je lui explique ce que j'ai vu sur Rana et nous sommes autant étonnés l'un que l'autre que notre professeur possède un cœur ! Et encore plus qu'il ait un jour aimé Nyx...

Le chemin commence à être de plus en plus perdu et en pente. Inconsciemment, je reste à l'affût du moindre mouvement pouvant annoncer la présence d'elfe noir. On n'est jamais trop prévenant...

Nous arrivons à une embouchure et Sergey s'arrête en se tournant vers moi. Il se rapproche  avec un sourire sur les lèvres.

- Met ça s'il te plaît, demande t'il en me tendant un masque pour dormir.
- Pardon ? Tu nous rejoues une scène de 50 nuances du Grey ?, je demande en rigolant.
- Joue le jeu Aëlys pitié..., il soupire.

Non sans un grognement, je me tourne et le laisse me bander les yeux. Je ne suis pas encore habitué à de tels actes romantiques comme cela...
Délicatement, il reprend ma main et nous avançons.
Malgré sa prévenance et sa prudence, je me prends les pieds régulièrement pendant les quelques mètres que nous parcourons à vitesse d'escargot.

L'air autour de nous change alors qu'il nous arrête. On doit être arrivé à bon port.
Il me lâche la main et je commence à être partagé entre la panique et l'excitation...

- Tu en as pour longtemps à me laisser toute seule ?
- Non, soit patiente ! , me tonne-t-il.

Je soupire bruyamment et tape du pied comme une enfant, mais je n'arrive pas à retenir mon sourire à l'imaginer nous organiser un rendez-vous.
Qu'est-ce qu'il a changé depuis Salem... Heureusement que son caractère de cochon mal luné reprend quelques fois le dessus sinon ça serait l'ennui assuré.

Sa main vient de nouveau toucher la mienne et je sursaute.

- Tu peux ouvrir les yeux.
- Hm il faudrait peut être que tu me débarrasse de ce truc non ?
- Tu ne peux pas le faire toute seule Princesse ?, raille t'il en passant derrière moi, tu va gâcher mon effet de surprise.

La pression sur mes yeux causée par le masque s'estompe et j'ouvre les yeux lentement.
J'ai l'impression de ne plus être en Faérie, quel dépaysement !
Un magnifique plan d'eau, qui ressemble à un petit lac se trouve devant moi. Des vapeurs s'échappent de cette eau cristalline d'un bleu envoûtant.

Comme un flash, des souvenirs de Nyx refont surface. L'intensité est-elle que j'ai du mal à rester sur mes deux jambes, heureusement Sergey est rapide et me retient in-extremis.
Je ressens sa joie alors que je revis une scène de son passé... Rana est toujours là avec ses yeux de merlan frit à la regarder comme si c'était la 8e merveille du monde.
Le souvenir s'estompe pour laisser place à un autre différent.

Nyx cette fois-ci est face à un vieil homme, qui a un physique aussi original que le sien. Il est assis sur le bord de cette source d'eau chaude et l'invite à en faire de même. En voyant les mains de Nyx, je remarque qu'elle a commencé à changer physiquement, des tatouages sont apparus sur ses avant bras et ses poignets.

- Je comprends la douleur mon enfant, c'est son choix. Qu'il tourne le dos aux traditions, c'est son problème, mais cela ne peut empêcher ton avenir.
- Maître, je sais tout ça... Je ne quitterais pas votre apprentissage si c'est de cela dont vous vous inquiétez.
- Je m'inquiète pour toi Nyx.
- C'est gentil, je suppose... Quel est cet endroit ?
- C'est la source de Nén Gûl.
- L'eau de la connaissance ? C'est-à-dire maître ?
- Les anciens oracles venaient ici consulter la Grande Déesse Mère, mais elle ne parle plus à présent.
- À cause de la grande guerre, je sais...
- Mon enfant si un jour le doute s'installe en toi, baigne-toi dans cette source. Qui sait elle saura peut être répondre à tes interrogations.

Le souvenir s'arrête brutalement et je reviens à moi. Sergey ne semble pas si affolé, Nyx a dû le prévenir.

- La source de Nén Gûl, je lâche.
- Et en français ?, demande t'il en souriant.
- L'eau de la connaissance...
- C'est assez flippant quand même ces illuminations, dit il en souriant. Tu veux en parler ?
- Non, c'est bon. Comment connais-tu cet endroit ?, je demande intriguée.
- Cylian m'a conseillé.
- Cylian ?, je répète incrédule.
- Il fallait qu'on se change les idées et je ne connais rien ici... Il est... Assez gentil, il avoue.

Je rigole devant son envie de bien faire les choses.

- Et que comptes-tu faire ici ?
- Se baigner pardi !
- Par ce temps-là ? Ce ne va pas, on va attraper une pneumonie !, je m'insurge.
- C'est une source d'eau chaude Aëlys...
- Et je me baigne comment ? Je n'ai pas de maillot.
- Tu peux enlever tes vêtements..., il suggère puis éclate de rire en voyant ma mine déconfite.
- Dans tes rêves !, je rétorque.
- Si tu savais..., il ajoute en esquivant de justesse mon poing qui se dirigeait vers son épaule.
- Sergey !, je râle.
- C'est bon ! J'ai un maillot pour toi, cadeau de Blair.
- Oh, tu l'as croisé ?, je demande déçue.
- Rapidement avant d'aller manger ce matin.

Je suis piquée à vif...
Pour quelles raisons, elle m'évite autant? J'ai dit ou fait quelque chose de si grave que ça ?

- Allez, je me tourne change toi, tu as une minute avant que je me retourne, me prévient Sergey.

En un temps record, je me faufile derrière un épais arbuste et mets le maillot deux pièces très sexy... Merci Blair ! C'est donc sa vengeance de me fournir un aussi saillant bikini ?
Avec mes bras qui tentent de cacher le décolleté échancré je rejoint Sergey qui est en short.
Mon regard dérive et je contemple avec délice son corps si bien sculpté avant de me reprendre et de le voir faire la même chose.

Mes joues me chauffent et je me sens ridicule.

- Tu es..., commence-t-il.
- Ridicule ?, je l'interromps.
- Non ! Sublime. Aller vient profitons de notre jour de relâche.

Sergey reprend ma main et nous avançons dans l'eau. Quelle douce sensation de sentir cette eau divinement chaude alors que le reste de l'endroit plie sous dix centimètres de neige.
Un gémissement de plaisir s'échappe de ma bouche quand je suis entièrement dans l'eau.
Quel délice !

Sergey ne me quitte pas des yeux et je comprends qu'il veut faire de moi son quatre-heure...
Heureusement pour moi, je tape la surface de l'eau dans sa direction et viens l'éclabousser.
Nous rigolons comme des enfants avant qu'il ne me saisisse les cuisses et me rapproche de lui.

- Tu te souviens cette soirée dans la piscine ?, il me demande les yeux dans les miens.
- Comment je pourrai oublier ?, je lui réponds en remuant les bras pour ne pas couler.
- Je t'avais tellement désiré ce jour-là... Et j'ai fait l'enfoiré après comme toujours.
- Ça ne sert à rien de remuer le passé Sergey.
- Je voulais quand même m'excuser, dit- il en m'embrassant la joue.
- Excuses acceptées.

Nous profitons une bonne heure de cette eau chaude, on se détend, on se ressource, mais surtout, on vit nos premiers moments seuls. Un vrai rendez-vous.
Sergey sort rapidement et je décide de rester encore un peu.
Je glisse ma tête sous l'eau et nage un peu, jusqu'à ce que je décide que la position de l'étoile de mer me va très bien.

Les yeux tournés vers le ciel, je regarde la neige qui tombe des nuages blancs.
Les flocons virevoltent avec le vent dans un magnifique ballet de l'hiver.
Je ne pense à rien pendant un long moment, jusqu'à ce que mes pensées et inquiétudes refassent surface.
Suis-je prête à affronter tout ce qu'il nous attend ?

Je soupire et nage vers Sergey pour sortir à mon tour. Puis quand je sors et que je saisis la serviette qu'il me tend, j'entends comme un bruit dans les feuilles des arbres aux alentours.
En prêtant l'oreille, mon sang ne fait qu'un tour :

« Oui, tu es prête Aëlys. »

Je cherche du regard la personne qui a pu parler. Sergey range nos affaires et de toute façon, j'aurai reconnu sa voix. Non ce n'est pas lui, la voix était plus... Comme un murmure du vent dans les arbres.

- Ça va ?

Sergey me fait face et je n'arrive pas à lui répondre. Dois-je en conclure que la légende que décrivait le maître de Nyx existe réellement ?
La main de mon voisin touche mon épaule et je lui souris.

- Je me suis jamais sentie aussi bien, je lui avoue.

Je l'embrasse tendrement alors qu'il me ramène près de lui. Puis il continue à rassembler nos affaires.
Un souffle sur ma joue me fait fermer les yeux. Le vent comme à son habitude me salue et m'apaise. J'inspire, j'expire puis je rouvre les yeux.
Une soudaine confiance gronde en moi.

Oui, je suis prête à tout pour sauver ce monde de la folie des elfes noirs !

Quand nous pénétrons main dans la main dans la tour, l'agitation qui habite les lieux me fait un peu peur. Un étrange pressentiment titille tout mon corps. Que se passe-t-il ?

Je cours vers le bureau de mon père et le trouve grand ouvert.
À l'intérieur ,je le vois en grande discussion avec Nyx et les conseillers. Leurs regards convergent tous vers nous et je déglutis avec mal.

- Quoi ? , je demande le cœur battant la chamade.
- Nous devons parler... , me répond mon père.
- Que se passe-t-il ? , interroge Sergey.
- De nouvelles attaques... Ces monstres... Ont tué des enfants d'Ondines, continue mon père les yeux humides en posant sa main sur celle de Nixsa.
- Oh non... , où ca ? , questionne Nyx.
- À Dordun. Il faut que vous alliez chercher des renforts les amis. Je ne voulais pas impliquer nos frères et nos sœurs, mais c'est nécessaire...
- Nous comprenons Elros. Nous partons ce soir même avec un grand bataillon vers Dordun. Nous ferons un détour par Unbara missionner nos amis du feu, déclare Maab.
- Très bien merci . Rana je te demande de bien vouloir emmener nos protèges à Faerithil, lâche mon père sans me regarder.
- Bien, nous avançons donc la formation ?
- C'est nécessaire en effet.
- Qu'allons nous faire papa ? , je l'interroge.
- Terminer votre formation.
- Blair vient-elle avec nous ?, je continue.
- Oui, ça ne lui fera pas de mal de s'entraîner aussi ! , me répond Rana.
- Je les accompagne, réplique aussitôt Nyx.

Le visage de Rana se décompose à la réplique de sa voisine, ses muscles se crispent.
Si la situation n'était pas aussi dramatique, je me serais aisément moqué de lui.

- Bonne idée, conclus mon père. Écoutez, je ne voulais pas de cette guerre qui se prépare, mais ils ne nous laissent guère le choix. Je me dois de protéger mon peuple mes amis j'espère que vous comprenez...

L'ensemble des personnes présentes acquiesce de la tête les mots de mon père.
Je vois très bien que cette situation ne lui convient pas.

Tous sortent sans un mot du bureau et Rana vient me taper l'épaule :

- Je vous veux dans vingt minutes en bas. N'emmenez que le strict minimum.
- Ok je peux dire au revoir à mon père quand même ?, je demande froidement.
- Fait court s'il te plaît Aëlys.

Le regard triste de mon père me laisse dubitative et le souvenir de mon rêve ne m'aide pas non plus. Je me jette dans ses bras et il me sert fortement contre lui.

- Promet-moi d'être prudente et de ne pas trop énerver notre cher Rana.
- Je te promets, mais papa s'il te plaît, n'engage pas de combat avant mon retour.
- Pourquoi ?
- Promets-moi, j'insiste en le fixant.

Il tourne la tête, et je vois un voile d'inquiétude passer devant ses yeux.

- Je te promets Aëlys.

 Bonjour ou bonsoir :)

Comme promis voici le chapitre !
J'espère qu'il vous plaît et qu'il réponds à certaines questions xD

Nous sommes bientôt à la fin du tome 1 et ça me rend si triste... J'aimerais tellement que cette fin vous plaise et qu'elle vous donne envie de lire la suite. Plus que 3 ou 4 chapitres :(

Vous vous demandez probablement : mais pourquoi diable a-t-elle mis des ??? à son titre de chapitre ?! Tout simplement parce que c'est à vous de jouer !
Proposer vos idées de titre pour ce chapitre et comme d'habitude tirage au sort parmi ma sélection :) le choix se fera à l'écriture du prochain :p

Je tenais encore à vous remercier pour tous ces beaux chiffres !
Et vous dire que vous êtes géniaux vraiment, que tous à votre façon, vous m'apportez tellement.

Prenez soin de vous les amis.

Lot's of love & magiic.

♥