12. Ouvre les yeux.
"Le mal n'est jamais spectaculaire, il a toujours forme humaine, il partage notre lit, et mange à notre table » W.H. Auden
PDV Sergey
Ça ne me plait tellement pas leur idée de week-end !
Le moment est mal choisi, avec un taré qui est à sa poursuite et qui la traque depuis des tas d'annéeS ... Je ne comprends pas ce qu'il lui passe par la tête.
Les imaginer seuls pendant deux jours entiers me rend dingue, à m'en taper la tête contre un mur de parpaing. Il peut s'en passer des choses pendant deux jours.
Suis-je en train de devenir jaloux ?!
De toute façon la personne à réprimander c'est bien moi, qu'est-ce que j'ai bien pu foutre ?
Aëlys provoque tellement de sentiments contradictoires en moi que j'ai préféré fuir. La solution des lâches, pas que j'en sois forcément un mais je fuis ce que je ne pige pas. Avant de quitter l'Ecosse, j'ai eu la prétention de lui imposer un dilemme, lui ou moi. De peur de ne pas avoir ses faveurs, j'ai préféré laisser ma place. Quel con...
Puis Alena est tombée à pic ! Elle est jolie, bien foutue et russe, que demander de plus ?
Malheureusement, elle n'est pas ELLE. Et je m'en rends compte chaque minute passée avec Alena.
Pourtant j'ai tenté de la remplacer, je me suis donnée corps et âme (plutôt corps nous ne mentons pas) dans cette relation, j'ai tenté lamentablement de l'ignorer, ne plus croiser son chemin mais quand je m'endors c'est toujours le visage rempli de grains de beauté d'Aëlys qui habite mes rêves.
Le caractère d'Alena me débecte de plus en plus, la jalousie qu'elle ressent envers la jolie rousse n'est pas saine. Sans cesse, elle souhaite me démontrer qu'elle vaut mieux qu'elle et qu'elle possède plus de pouvoirs , foutaise !
Aëlys est une des personnes les plus talentueuses de toutes les personnes que j'ai rencontré, même si ça me fait chier de l'avouer elle est plus forte que moi. La rage qu'il l'habite, cette volonté d'apprendre, de s'améliorer m'impressionne à chaque entrainement.
Il va falloir que je m'occupe pendant ses deux jours pour éviter de prendre la voiture et de les déranger avant que ça ne devienne trop sérieux entre eux. Cette idée me glace le sang, ils ne sont pas fait pour être ensemble, Nithaël est l'exact opposé d'Aëlys.
Faible, trouillard, indigne de confiance et tellement nul. C'est un piètre sorcier, il maîtrise à peine l'eau comment pourrait-il aider en quoi que ce soit Aëlys ?
Il est de la partie uniquement parce qu'il l'a trouvé avant moi le soir du soliste d'été, j'aurai dû prêter plus attention au signe lors de notre rencontre.
Enfin avec des « si » on pourrait refaire le monde....
Dans la matinée, je décide d'aller retrouver Valentin pour parler de ce qu'il reste à faire ici, dans ce camp. Le mal du pays a commencé à me gagner.
Dans leur chalet, Valentin et son amie Calypso se câlinent devant le feu de cheminée. J'ai l'impression de déranger ou d'interrompre quelque chose.
Il m'indique de rentrer en se séparant un peu, cette vision me serre le cœur, et je me projette dans cette même situation avec Aëlys...
Stop, je secoue la tête pour faire partir cette pensée, qui n'est pas nécessaire aujourd'hui.
Nous discutons une bonne partie de la matinée, aux sorts qu'il reste à lui apprendre, à ses progrès puis aussi d'Hamilton.
Je reste persuadé que ce type est louche, et que nous avons raison de rester loin de lui... Valentin me taquine en me demandant s'il y a un rapport entre ma mauvaise humeur apparente et le week-end romantique d'Aëlys. Je l'envoi promener gentiment avant que mon caractère sanguin prenne le dessus et que je lui envoi mon poing dans sa figure d'ange. Surtout que je n'ai pas envie de le mettre en colère, j'ai vu ses pouvoirs et je le respecte aussi. C'est un mec bien, qui est de notre côté aussi il ne faut pas l'oublier.
Après ça, je déjeune seul dans le chalet, les images du couple à Boston m'assaillent. Je les imagine se promenant dans les rues mains dans la main avec un sourire niais sur le visage ! Mon poing se serre encore plus quand j'imagine Nithaël posait ses paluches sur son corps. Mon assiette vient s'exploser dans le mur face à moi quand je vois mentalement Aëlys se laisser embrasser par ce naze. Ça devrait être moi à la place de Nithaël ! Quel con je suis... pourquoi je n'ai pas su saisir ma chance ?
Mais qu'est-ce qu'elle a fait de moi ? Quelqu'un guidé par ses sentiments ? Je ne veux pas être comme ça ! Lorsqu'on s'attache aux personnes, on souffre irrémédiablement. De plus, je ne suis loin d'être certain qu'elle ressente la même chose.
La bouteille de Vodka se vide considérablement à chaque verre qui se vide. Il faut dire que j'ai une bonne descente aussi, mes origines Russes probablement... C'est à mourir de ridicule, moi me soûlant pour oublier une fille ?
Quelle merde !
Ma vision se trouble à cause, ou grâce, à l'alcool ingéré. Mes pensées ne sont plus que bruits de fond que je n'identifie plus. L'écran de télévision diffuse des images qui vont beaucoup trop vite pour moi.
Je ferme les yeux pour profiter du calme qui plane dans la pièce, sauf que c'est la pire idée qui m'est venu. Je suis frappé par ma tête qui me tourne, me rendant plus malade.
Je me redresse dans le canapé, presque tremblant. Avec une folle vitesse, des images de mon passé me percute de plein fouet. Des souvenirs que j'aurai voulu ne jamais ressortir.
Je me bats mentalement pour ne pas sombrer.
En ouvrant les paupières, je croise le regard glacial d'Alena sur moi.
Une vague de frisson me traverse l'échine, bordel ! Le mal qui émane d'elle est flippant.
Ses bras pendent le long de son corps alors que ses poings sont solidement fermés.
-Qu'est-ce que tu fous là ?, je lui demande en me mettant avec difficulté sur mes jambes.
- Tu plaisante là ?
Merde, j'ai oublié qu'elle devait venir ? Je n'en sais vraiment rien et je m'en tape comme de l'an 13. J'essaie de me rappeler nos parties de jambes en l'air devant son visage fermé dans l'espoir de relancer la machine. Mais en vain, je suis vaincu par la tempête qui fait rage dans ma tête et mon corps. Aëlys est présente dans chaque centimètre de moi... Je suis foutu.
- Tu m'as donné rendez-vous ici hier Sergey !
- Baisse d'un ton !, je lui ordonne alors qu'elle beugle comme une vache. Je pose mes mains sur mes tempes douloureuses, je suis pas apte pour une dispute d'un pseudo couple.
- Tu as bu ?, elle me demande d'un ton accusateur.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
- C'est à cause d'Aëlys ?
Mon regard vitreux rencontre son regard qui pendant quelques secondes est triste mais qui redevient aussi froid qu'un hiver en Russie.
- Ça fait deux mois ! Deux mois, que j'essaie de faire en sortes de te protéger ! De faire en sorte que tu m'aimes ! Mais putain tu la préfère toujours ! Ça n'aurait pas dû se passer comme ça...
La blonde s'approche de moi énervée. Son regard pourrait me tuer sur place s'il elle pouvait.
- Me protéger de quoi ?, je lui demande en me maintenant à distance d'elle.
- C'était toi qui aurais dû être attaqué ! Mais j'ai échangé ta place nigaud !, elle répond en criant et en me poussant des bras.
- Hein ? Tu parles de quoi ?
- On aurait pu être heureux, tous les deux exilés de Russie... Ça aurait dû être bien.
- T'es tarée en fait ?, je lui réponds en reculant.
Je n'aurai pas dû boire autant... La situation va m'échapper je le sens.
Pourquoi tombons-nous que sur des cinglés en ce moment ?
Dans le regard d'Alena, une lueur folle s'y est allumée. Je l'observe, je la jauge, persuadé que ça va partir en couille d'un moment ou un autre.
D'un coup, je suis frappé par une évidence, elle est de mèche avec Aranel et Hamilton !
Tout s'explique, cette haine incompréhensible qu'elle nourrit envers Aëlys.
Fait-elle partie elle aussi des elfes noirs ? Brr cela voudrait dire que j'ai baisé avec cette espèce de merde ?! Un haut le cœur me soulève l'estomac...
Ces elfes sont des abominations, ils ont tués ma mère. Des souvenirs que j'avais enfouis de cette fameuse nuit me sont revenus il y a quelques semaines.
« Flashback »
Un cri perçant me réveille. Avec mes yeux d'enfants, j'ai dû mal à m'habituer à l'obscurité.
Mon cœur bat trop fort, comme si j'effectuais une course effrénée.
Je sors de mon lit, en attrapant mon peignoir, il fait froid la nuit.
Un filet de lumière me guide vers ma porte entrouverte.
J'entends des bruits précipités et un rire monstrueux.
Il faut que je fasse preuve de discrétion même si je suis mort de trouille. J'avance alors sur la pointe des pieds. Les battements de mon cœur pulsent dans mes oreilles.
Les bruits semblent provenir de la cuisine, je me rapproche lentement.
Un autre cri se fait entendre suivi d'un sanglot. Malgré mes 6 ans, j'ai un mauvais pressentiment, j'ai peur de m'avancer plus, peur de devoir regarder quelque chose qui me hantera toute ma vie.
Allez, il faut y aller peut être que ma mère a besoin de mon aide.
La lumière m'éblouie quand je rentre dans la minuscule cuisine que nous disposons dans notre chambre d'hôtel.
De par ma hauteur, je n'aperçois que quatre jambes puis quand mon regard porte un peu plus loin je vois avec stupeur ma mère allongée sur le sol recroquevillée sur elle-même.
Son dos est secoué de sanglot, tandis que les deux autres personnes rigolent entre elles.
Je me trouve dans leur dos, pris de panique je me faufile discrètement sous l'évier. Un espace vide s'y trouve, caché par un rideau à fleur bleu et rose. Ce motif a longtemps habité mes pensées obscures. Assis en tailleur, je patiente quelques secondes essayant de faire le moindre bruit possible avant de passer un œil sur le côté du rideau. Mon corps tremble comme une feuille morte maintenu par un fil invisible à une branche d'arbre.
De ma cachette, je prends alors plusieurs minutes pour les observer. Ils sont grands, trois fois ma taille au moins. Leur cheveux sont très long, comme des filles et sont noirs comme les gais. Avec surprise, je constate qu'ils ressemblent à des personnes d'un conte, des elfes ! Leurs oreilles pointues dépassent fièrement de leurs cheveux.
Ma mère toujours couchée au sol et d'un coup est relevée sur les genoux. Mon jeune regard, voit les hommes tirés les cheveux de ma mère et la traîner contre le mur.
Un des hommes allume une cigarette et un nuage de fumée me cache son visage.
L'autre semble être le pire, après un cri bestial il met une gifle à ma mère qui retombe comme un pantin sur le sol. Puis il lui crie d'une façon insultante :
- Catin de sorcière ! Où est ton mari ?!
Mon père ? Ils font du mal à ma mère à cause de mon père ?
Je retiens mes sanglots pour ne pas les avertir de ma présence, mais mes yeux me brûlent.
J'ai envie de crier, de les frapper, de leur dire que mon père a été tué dans des circonstances à peu près similaires... ! Ils n'ont pas le droit de taper ma mère comme cela.
L'homme violent se met à genou et se penche vers ma mère alors que son complice reste à fumer appuyé contre le four. Les gémissements de ma mère sont à peine audibles mais l'elfe se penche encore plus vers elle. Sa tête se plie vers l'arrière et un rire sadique sort de sa bouche.
Je suis tétanisé, tremblant de peur quand il tape violemment la tête de ma douce mère contre le carrelage. Un bruit sordide résonne et fait taire les deux hommes.
Ma bouche reste grande ouverte quand le corps de ma maman reste inerte au sol et qu'une mare de sang s'étire sous ses cheveux. Je ne peux quitter les yeux de cette vision de cauchemar... j'attends avec espoir voir un mouvement, entendre un bruit qui émanerait d'elle, mais rien ne se passe.
Au lieu de ça, je vois les hommes lui cracher dessus et quitter la chambre en rigolant.
La porte claque et il règne dans la pièce un silence de mort, j'attends quelques minutes encore tapis dans mon abri. Quand je sors enfin et que j'avance vers ma mère, une odeur de fer attaque mes sinus. Mes tripes se retournent dans mon ventre et je vomis dans un coin de la cuisine.
La vision que j'ai devant moi restera à jamais gravée dans ma mémoire, celui de ma mère baignant dans son sang. Ses magnifiques cheveux dorés teintés d'un liquide rouge et gluant.
Alors que de son vivant j'aimais plonger mon nez dans son cou reniflé son odeur de violette, maintenant ma mémoire me rappelle cette odeur métallique et âpre de son sang qui coagule devant mes yeux d'enfant.
Je m'effondre au pied de ma mère, pleurant des litres et des litres de larmes.
Du haut de mes petites années, je suis devenu orphelin à cause des elfes noirs.
A partir de cette nuit, j'ai nourrit une haine sans nom envers eux, bien décidé de faire vengeance à mes parents. Même si je n'ai appris que beaucoup plus tard, que l'homme que j'ai considéré comme mon père n'était pas mon géniteur. Un haut elfe avait enfanté ma mère.
Je ne me rappelle pas de maître Adamson arrivant dans la cuisine, me portant dans ses bras et m'emmenant avec lui loin de ce cauchemar... Dans mes yeux, se trouvait pendant des semaines ma mère battue à mort par ces elfes noirs.
« Fin flashback »
Je réprime une nouvelle fois un haut le cœur, mon cœur bat fort suite à ses souvenirs.
Les revivre me scie mon âme et fait renaître cette haine envers ces saletés d'elfe inhumain.
Je me suis un peu fait à la présence de Blair qui heureusement pour elle, garde son apparence humaine constamment. J'essaie de taire ma haine naissante pour Alena.
Je me lève pour aller chercher de l'eau, ma bouche est sèche. Je rencontre le reflet d'Alena dans la baie vitrée et je m'aperçois qu'elle ne modifie plus sa réelle apparence. Elle mesure deux tête de plus que moi et ses cheveux auparavant blond n'ont plus aucune lumière. Ils sont noirs comme la nuit et raide comme un piquet. Un frisson me traverse et je détourne le regard.
Je fais comme si de rien n'étais, je liquide le verre d'eau tout en réfléchissant à ce que je pourrai faire. Tandis que je me retourne vers elle, un premier coup m'arrive en plein dans le nez m'arrachant un juron. Mes yeux rouges de colère cherchent une explication à ce geste quand j'esquive le prochain coup qu'elle tentait de m'infliger.
Je me recule en ne la quittant pas du regard. Merde ! Elle m'a prise par surprise, et je suis saoul !
Dans quel merdier je me suis encore fourré à essayer de réprimer les sentiments que j'ai envers Aëlys. A son retour, je vais devoir mettre les choses à plat, me dévoiler mais avant il faut cette sale elfe noire se calme et ne me réduise pas en charpie...
Je pare un autre coup, et je jubile trop rapidement.
Une droite puissante m'atteints encore dans le nez. Je suis sonné par sa force.
J'hurle de douleur avant que ma vision se brouille et que paniqué je tombe dans l'obscurité qui m'entoure.
Mes yeux se ferment automatiquement alors que je tente de lutter et de les garder grand ouvert.
Ma dernière vision claire de l'instant et le visage radieux d'Alena qui me surplombe. Une pointe au cœur en me disant que je regretterais de mourir en n'ayant pas pû montrer à Aëlys ce que je ressent pour elle.
« Aëlys.... je parviens à chuchoter avant de l'entendre crier de rage et que je m'effondre entièrement.
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Tadam ! Un autre point de vue de Sergey qui nous en dis plus sur son passé, ses sentiments pour la rouquine !
J'espère que ce chapitre vous enchante :) J'ai eu beaucoup de plaisir à l'écrire avec le regard et le langage du russe.
Encore des soucis pour notre troupe, un avis sur ce qu'il risque d'avoir ?
Merci encore à vous ♥
Bisous bisous
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