1. Ici ou Ailleurs
"Ce qui se trouve derrière ou devant nous, n'a que peu d'importance. Comparé à ce que nous avons en nous..." Ralph Waldo Emerson.
Je me retourne vers l'inconnu, sa tête est dans l'obscurité de la grande capuche qui lui recouvre son visage. Seul son regard perçant transperce le mystère qu'il l'entoure.
- Qui vous êtes ? On est où la ??, je demande en prenant mes distances entre lui et moi.
- Bienvenue en Faérie Aëlys.
C'est une blague ?! Je le regarde de la tête au pied et rien ne m'inspire confiance en ce qu'il dégage.
Il est très grand comme tous les elfes mais il parait assez baraqué ou gros je ne vois rien avec sa cape noire qui le couvre. Son visage est complètement caché mais on devine facilement sa barbe.
L'elfe s'occupe de paquetage et d'un cheval... Vraiment un cheval ?!
Merde, je suis réellement en Faérie ? En tout cas je ne suis plus dans cette maudite ruelle...
Est-ce que je vais devoir monter sur cet équidé à la robe chocolat ?
Je porte ma main à ma bouche quand je comprends que je ne suis plus auprès de mes amis, de Nithaël...
- Ramenez-moi, dis-je à l'homme sous sa capuche qui a peine lève les yeux vers moi.
- Maintenant ! Je continue un peu plus fort en croisant mes bras sur ma poitrine.
Mais l'inconnu ne bouge pas, mon autorité naturelle ne fonctionne pas sur lui il faut croire...Quel impoli à ne pas me répondre.
- Tu pourrais au moins me répondre merde ! Qu'est-ce que je fous ici ? Et qui es-tu ?
Je le vois enfin tourner sa tête dans ma direction.
- Tu parles trop, il me répond avant de se concentrer de nouveau à l'attelage de son cheval.
Sa voix est tellement grave qu'elle me fait de nouveau frissonner. Et puis pour qui il se prend ?!
- Va te faire, je lui lance tout bas en m'éloignant de lui.
Comme auparavant il ne prête aucune attention à ce que je dis, je décide donc d'explorer les alentours. J'imaginais Faérie exactement comme ça se présente devant moi, j'aurai dû demander plus d'information sur ce monde que je ne connais pas du tout.
Nous sommes dans une sorte de clairière, des pierres semblables à des menhirs nous entourent en cercle. L'endroit me fait penser à ma chère Ecosse...
La clairière se trouve dans un vallon verdoyant, rempli de fleurs qui colorent le lieu de cent couleur. Mon œil se balade sur ce paysage enchanteur et j'en viens presque à oublier mon énervement mais un raclement de gorge me ramène sur la terre ferme.
- Faut qu'on bouge, m'indique mon charmant inconnu.
- Je ne pense pas, je ne bouge pas d'ici tant que je n'aurai pas de réponse, je m'indigne.
- Comme tu veux, il lâche en montant gracieusement sur le dos de son cheval.
Comment un homme taillé comme une armoire à glace peut être aussi agile ? Quoi qu'il en soit, il ne me jette pas un seul regard et tape les flancs de son compagnon pour le faire avancer.
Merde, qu'est-ce que je dois faire ? Va-t-il vraiment me laisser ici après m'avoir sorti des griffes d'Aranel ? La simple évocation de son prénom me ramène à l'incommensurable douleur de la mort de Nithaël. Je m'assois sur une pierre près des menhirs terrassée par le chagrin.
Qu'il s'en aille ! Bon vent.
Petit à petit les sabots du cheval se font de moins en moins entendre et en relevant la tête mon inconnu ne représente plus qu'une tache dans toute cette verdure.
Je suis seule.
Devant ce constat, je me sens abandonnée comme le ressente probablement mes amis. Je m'approche des pierres afin de trouver de quel endroit nous sommes venues. Je les passe toutes au peigne fin pendant de longues minutes, guettant le moindre défaut, l'infime irrégularité. Mes mains commencent à souffrir de caresser la matière rêche et je m'arrête.
Je ne suis qu'une débile ! Je me trouve seule au milieu de nulle part avec aucune aide possible. J'aurai préféré être auprès de mes amis, de faire notre deuil ensemble et de reconstruire notre groupe. Au lieu de ça je perds mon temps dans ce monde isolé ! De quelle façon avons-nous traverser les deux mondes ?
Les mains sur ma tête je me suis rassise sur ma pierre froide et je songe à tout et rien.
D'un coup, je décide de voir si je peux faire le tour de passe-passe que Nithaël avait effectué lorsqu'il m'avait révélé ses pouvoirs.
Mes paumes sont tournées vers le ciel, j'essaie comme pour le vent de me recentrer sur moi. Chose troublante je ne visualise plus ma pensée calme mais le visage de Nithaël m' apparaît devant mes yeux clos, je souris en voyant son regard lumineux.
J'imagine avec perfection l'eau limpide, transparence qui s' écoule sans cesse.
En rouvrant les yeux, je vois une bulle d'eau dans ma main sèche. C'est étrange l'eau n'humidifie pas ma peau... Avec l'aide du vent je la fais léviter et d'un geste elle tourne sur elle-même.
Semblable à un kaléidoscope la sphère d'eau reflète les rayons du soleil dans des dizaines de couleurs.
- Tu t'amuses bien ? Résonne une voix derrière moi.
Prise au dépourvu, la bulle m'échappe dans un juron et vient éclater sur mes genoux. Je me retourne et reconnait l'inconnu puis son cheval qui broute l'herbe au pied d'un menhir.
- Tu as eu pitié finalement ? je lui demande en détachant l'eau de mes vêtements grâce à l'air.
Depuis quand je sais faire ça ?!
- En Faérie les éléments se sentent plus en harmonie donc tes pouvoirs sont boostés, m'explique t'il.
- Ok, pas la peine de lire mes pensées.Je m'indigne alors qu'il lève les yeux au ciel.
- Si tu veux bien bouger tes fesses et venir avec moi, nous allons prendre du retard.
- Pour aller où à la fin ?
- Tu le verras assez tôt, il me répond en tendant sa main.
- Pourquoi je devrais te faire confiance ?
- Parce que tu n'as tout simplement pas le choix, si ?
Un point pour le barbu si aimable...
Il n'a pas tort alors je joins ma main à celle qu'il me tend. J' époussette mon jean alors qu'il remonte sur sa monture.
- Pourquoi un cheval ? je lui demande.
- C'est beaucoup trop long à pied et je doute de tes capacités physiques avec si peu de muscle.
Et vlan encore un tacle pour moi... Mais quel est son problème ?
De toute façon, il va falloir que je fasse avec donc quand il tend une nouvelle fois son bras vers moi je pose ma main dans la sienne.
Sans effort, il me tire avec force et arrive à me faire monter derrière lui.
Mon dieu, c'est le cousin elfique d'Hulk ?
Je ne suis pas à l'aise sur le canasson, je n'ai jamais monté un cheval et c'est encore moins sans selle. Un peu mal à l'aise, je ne sais pas comment me tenir sur l'animal et je n'ai surtout pas envie de me tenir à ce grincheux.
Le cheval part rapidement au trot et je manque de tomber au bout de quelques minutes à peine. Sans rien demander, l'homme prend mes mains et les mets autour de sa taille.
A croire que j'ai de petit bras car je ne fais pas complètement le tour... Alors je m'accroche au pan de sa cape.
- Accroche toi, on a déjà perdu trop de temps.
Je m'exécute rapidement et ferme les yeux quand je sens le cheval filer à vive allure à travers les plaines. Nous parcourons une bonne distance avant que je ne parvienne à me détacher de lui et d'ouvrir enfin les yeux. Le vent s'engouffre dans mes cheveux et je n'y attendais pas mais je me sens vraiment bien. Même si je préfère la voiture pour me déplacer, on se fait vite aux rapides foulées de l'animal.
L'homme reste silencieux et se tient bien droit les rennes à la main.
Au bout d'une heure de traversée de gigantesques champs de fleurs multicolores j'aperçois une épaisse forêt qui s'étend sur des kilomètres. A notre passage, les pissenlits libèrent leurs aigrettes donnant au paysage un côté plus féerique, magique.
Le cheval ralentit quand nous arrivons à l'entrée de la forêt jusqu'à l'arrêt complet. Le grand gaillard descend de sa monture puis se tourne vers moi, il attend quoi de moi au juste ?
Je comprends qu'il veut m'aider à descendre à mon tour alors je m'avance.
Il me saisit par la taille et me soulève comme si je ne pesais qu'une dizaine de kilos puis retire ses mains quand mes pieds touchent le sol. Sans un mot encore, il fouille dans les sacoches attachées à son animal tandis que je reste debout ne sachant pas trop quoi faire.
Heureusement que j'ai de bon réflexe car je rattrape in extremis une sorte de gourde.
- On s'arrête maintenant quelques instants car nous ne ferons pas de pause avant d'être sortis de la forêt.
- Et ça prendra combien de temps ?
- Deux petites heures si tout va bien..., il répond en croquant dans une pomme.
- Si tout va bien ? Qu'est ce qu'on risque ?
- Beaucoup de chose.
A nouveau, mes réflexes sont mis en action quand il me jette une pomme rouge. Je me retiens de lui jeter au visage ce que je pense de lui et de ses viles manières.
Je mange ma pomme silencieusement en tentant de découvrir son visage en vain. Je ne sais pas pourquoi mais il met un point d'honneur à ne rien me montrer de lui. Ça donne vraiment confiance ce genre de comportement...
Il jette le trognon de son fruit au pied de son cheval, qui s'empresse de l'attraper. Grincheux se tourne vers moi m'intimant du regard de me dépêcher.
Par simple vengeance, je grignote aussi lentement que je peux ma pomme.
Il grogne en chevauchant de nouveau son étalon puis il joue avec les rennes.
A contrecœur mais surtout parce que je n'ai pas envie de me retrouver seule de nouveau , je donne la fin de ma pomme à notre moyen de transport, lui caresse le cou et saisit la main que son propriétaire me montre.
C'est reparti pour un tour !
Nous pénétrons dans la forêt et l'air devient plus humide, froid.
A cause du feuillage des hauts arbres le ciel disparaît au-dessus de nous, faisant planer une ambiante un peu pesante. L'humus qui recouvre le sol amorti le bruit des fers du cheval, c'est donc silencieusement que nous filons au trot à travers un chemin tortueux.
La première heure est très éprouvante, l'humidité commence à transpercer mes vêtements et je tremble de plus bel. Puis le silence rend les choses vraiment sinistres. Il n'y a pas un seul bruit d'animal, ni d'oiseaux un peu comme si nous étions seuls dans cette forêt.
L'odeur du bois et de la terre mouillée sont nos seuls compagnons. Par moment le cheval hennit et se braque devant un arbre tombé au sol.
Lors de la deuxième heure, l'obscurité s'installe plus intensément et je grelote un peu plus contre lui. Par pitié surement, il sort une épaisse couverture en laine et me la tend.
- Merci, je lui réponds en entourant le tissu autour de moi.
- Je ne vais pas te laisser tomber malade, répond il simplement en haussant les épaules.
- Nous sommes encore loin ? je tente timidement.
- Pas tellement on avance bien.
- Ok, merci.
- C'est une manie chez vous de remercier à bout de champs ? demande t'il froidement.
- Heu désolée grincheux, chez nous on appelle ça de la politesse.
- Grincheux ? m'interroge t'il comme s'il n' avait entendu que ça.
- C'est on surnom, je connais pas ton nom.
Comme réponse, il donne un coup dans les flancs de son cheval et ce dernier part au galop.
Je m'accroche comme une folle à sa cape et j'ai vraiment peur quand je vois les arbres nous frôler de bien trop près.
Quelle mouche l'a piqué encore ? Est-ce que les elfes sont tous aussi bourrus ?
Peu de temps après, je profite d'une accalmie pour fermer les yeux en reposant ma tête contre son dos.
Peu importe ce qu'il en pense, mon corps est tout endolori de tenir cette position si inconfortable. Je m'endors un moment et revois dans mes pensées Nithaël, le combat avec Aranel. Le visage de Sergey m'apparaît aussi et je suis triste d'avoir été séparé de lui ainsi que le reste de la bande. J'ai la vague impression que Nithaël ou du moins son visage guidera beaucoup de mes choix et de mes pensées.
Quand je me réveille, nous ne sommes plus dans la forêt et un village se rapproche de nous.
- Tu ronfles, me signale grincheux quand je bouge dans son dos.
- Ne me parle pas.
- De mauvaise humeur ?
Je ne prends pas la peine de lui répondre, je suis éreintée par cette course. Ma journée n'a pas été l'une de plus simples de ma vie...
Le village est très différent de ceux de la Terre, mais dans quel siècle ils vivent ?
Je ne comprends pas, ils ont accès à notre technologie mais vivent encore sans électricité ni eau courante ? Je soupire quand notre cheval s'arrête à une sorte d'auberge du moyen âge.
- On passe la nuit ici et on reprendra la route demain de bonne heure.
- Pardon ?
Je rêve c'est ça ? C'est un cauchemar ? Je vais me réveiller dans mon lit confortable et Nithaël sera encore en vie c'est ça ?
Une larme de désespoir roule sur ma joue mais je l'essuie rapidement pour que grincheux n'ai pas de raisons valables d'être impoli.
- On dors séparément, ne te fait pas de soucis là-dessus.
- Mais où va-t-on à la fin ? Et où sommes-nous ? je demande excédée de tous ces mystères.
Mais cette tête de mule hausse les épaules encore et parle à un homme qui prend les rênes de l'animal. Puis il ouvre la porte aussi rustique que la maison...
- Viens manger et dormir, ordonne t'il mais devant mon immobilité il se corrige, s'il te plait ?
Satisfaite de ma demi-victoire, je le suis à l'intérieur et je pénètre dans une autre dimension.
Je me trouve dans une auberge noire de monde et tout le monde crie ou chante.
Quand j'observe plus attentivement les personnes, je remarque que beaucoup ont de longues oreilles ou une paire d'ailes, enfin pour ce qui est le moins étrange car je croise le regard de créature plus différente. Comme un homme dont le visage semble fait dans du bois... ou une personne qui tiendrais dans la paume de ma main.
Grincheux me tire par le bras en m'indiquant que mon repas sera monté dans ma chambre.
Lorsque j'ouvre la pièce dans laquelle je vais dormir je manque de défaillir...
La décoration est vétuste s'il on peut dire les choses ainsi et je n'ai que le minimum qu'exige une chambre digne de ce nom je suppose. Un lit prend quasiment la totalité de ces quelques mètres carrés, il est composé une couverture en laine immonde et tachée, d'un édredon comme on n'en fait plus à mon époque et le matelas semble être aussi confortable que le sol. Je n'ai pas de douche ?
Moi qui comptait au moins me prélasser sous une eau chaude je peux aller chercher mon bonheur ailleurs...
On frappe à ma porte, surement mon dîner. Derrière la porte se trouve Mr Grincheux la capuche encore cachant son visage.
- Tiens, mange et dors, il dit en tendant un panier en osier.
- Merci grincheux, je lui dis en refermant la porte mais ce dernier glisse son pied pour m'empêcher de la fermer.
- Tu peux te laver ici, il ajoute en pointant du doigt la porte face à ma chambre.
- Ok merci.
Je pousse de nouveau la porte mais il la bloque encore une fois, mettant mes nerfs à vifs
- Quoi encore ? je demande énervé.
- Rána.
- Hein, de quoi Rána ?
- Mon nom, il lâche avant de disparaître.
Quel étrange personnage ce Rána...
Je me couche rapidement après avoir mangé en passant l'étape de la salle de bain, je prendrai plus de temps demain matin dedans. Le visage souriant de Nithaël après m'avoir embrassé occupe l'intégralité de mes pensées avant que je m'endorme
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Note :
Bonjour !
Petite question: Avez vous envie que je publie le prologue et premier chapitre d'une autre histoire pour bonus de 25K ?
J'espère que ce premier chapitre vous plait tout autant que moi :p
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez car c'est comme ça que je peux m'améliorer ^^
A votre avis qu'est ce qu'il va arriver à notre héroïne ?
A présent nous reprenons le même rythme que précédemment 2 à 3 post par semaine :)
Merci encore beaucoup ! Vous êtes des amours ♥
Lot's of love
♥
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