◈ Épreuve I : L'envol - Omius, mon étincelle
Chapitre du livre de UneFlute_A_LaLune précédant celui ci : "Chapitre I : L'envol"
Bonne lecture !
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Les mots de Lady Germa moururent dans un souffle. Ça y est, les choses sérieuses avaient enfin commencé.
Le premier test, la première épreuve.
La première étape.
La première chance.
La première victoire ?
Ou la première défaite. La seule défaite, donc. L'échec n'est pas permis ici, pensai-je avec appréhension. Mais après tout, ce n'était pas comme si Père m'autorisait la moindre faute.
Mes camarades s'étaient éparpillés dans l'espace qui s'offrait à nous, observant avec attention les fiches placardées sur les portes. Il me fallait faire vite si je voulais dégoter un dragon potable. Non pas que je considérais certains d'entre eux faibles, bien au contraire, mais j'aurais aimé obtenir un dragon dont le caractère correspondait un tant soit peu au mien...
Je m'avançai vers les boxes, scrutant les fiches sans avoir besoin de m'approcher de trop près pour les voir dans les moindres détails. Un des avantages à être une elfe...
Je repensai au moment où Lady Germa avait évoqué l'intelligence des dragons, supérieure à celle des elfes. Une vague de gloussements stupides avait parcouru mes camarades, qui pensaient visiblement qu'être moins intelligente qu'un dragon était un déshonneur pour moi, alors qu'il n'en était rien. C'était juste un fait. Les humains étaient vraiment étranges... Et s'il y ici des gens vingt fois plus stupides que les dragons, ce sont bien les humains, pensai-je avec sarcasme. Seul un de mes camarades n'avaient pas ri. Rei. Il m'avait scrutée d'un air bizarre, et je me promis d'aller lui demander pourquoi.
Mes yeux revinrent sur les Aspirants, et un sifflement agacé m'échappa. J'avais été trop lente ! Tous les dragons intéressants étaient déjà pris ! Vagabor, Onyx, et surtout Fleur et Émeraude ! Je me mordis la lèvre. Aucun des dragons restants ne semblait me correspondre, mais j'allais devoir faire avec. Je m'arrêtai devant le seul boxe libre.
Omius. Dragon Feu de Joie... Queue coupée ? Je me pinçai l'arrête du nez. Un dragon estropié. Merveilleux.
Allez, Astréa. Concentre-toi.
Je fermai les yeux, projetant ma conscience hors des limites de mon corps. C'était une des premières choses que l'on nous apprenait, à nous, elfes. Sans peine, je visualisai les différents flux de mana qui courraient autour de moi.
Il y avait le mien, le plus familier, ceux des autres Aspirants, plus ou moins importants, celui de Lady Germa. Ceux, titanesques, de Dame Aliéna et sa dragonne, Myra. Et, enfin, les dragons. Véritables boules d'énergie et de puissance, mon cerveau les comparait à des comètes enflammées flamboyant dans un univers terne. Je réalisai avec stupeur que Omius faisait partie des plus puissants. Il fallait croire que sa queue estropiée et son caractère visiblement affable m'avaient fait le sous-estimer. Pourtant, il émanait du dragon une formidable puissance, et surtout une aura de sagesse qui aurait fait périr les plus vénérables des conseillers de mon père. J'avais affaire à un vieux, très vieux dragon. Une bête puissante et...
Ma concentration se rompit brusquement. Une étrange chaleur se diffusait dans mon corps. Ce n'était pas désagréable, bien au contraire... je me sentais étrangement bien... trop bien. Comme hypnotisée, je soulevai le loquet de métal, poussai le battant de bois, le refermai derrière moi...
Le sol sur lequel je me trouvais n'était plus celui de terre battue de l'allée. Il était fait de pierre, d'une pierre volcanique. De petites veines de feu rouge et orange saillaient et serpentaient vers le fond du box, de plus en plus nombreuses et vives au fur et à mesure qu'elle s'approchaient de la masse sombre affalée au fond de l'espace. Je m'avançai à mon tour sur le sol étrangement chaud.
Le dragon émergea brusquement de la pénombre. Il était... gigantesque. Mes yeux avides de découverte coururent sur ses pattes aux serres métalliques aiguisées comme des poignards, remontèrent le long de son corps aux écailles brunes qui paraissaient noires dans la pénombre. Comme pour le sol, je voyais de petits serpents de feu remonter vers ses yeux.
Yeux qui, en un mot, étaient spectaculaires. Mes yeux se plantèrent dedans et je frissonnai, soudain clouée sur place, à la fois par la stupeur et par une force étrange qui ne me disait rien de bon. Les iris attentifs d'Omius explosaient en un tourbillon de feu qui couvrait toutes les nuances allant du jaune au rouge, en passant par le orange. Ils étaient... magnétiques. Incapable de m'en détacher, je les contemplai, fascinée.
Tout à coup, la volonté de fer du dragon m'attaqua, s'écrasant sur moi comme une enclume. J'avais l'impression qu'un poids immense s'écrasait sur moi. C'était une sensation horrible. Je serrai les dents, complètement dominée. Je fléchis sous la pression et m'écroulai à genoux. Tentant désespérément de reprendre le contrôle de ma respiration hachée, je fermai les yeux. Laissai échapper un grognement de douleur. Sentis la pression exercée sur mon corps et mon esprit grandir.
Une douleur sourde pulsait dans ma tête, se répercutant dans tous mes os. Et encore, ce n'était qu'un dixième de ce que je ressentais. Un gémissement s'échappa de mes dents serrées.
La vérité que je refusais d'admettre s'imposa à moi. Limpide.
Si je ne contrais pas la volonté d'Omius, si je ne résistais pas, je mourrais.
Mes os se fendilleraient sous la pression.
Mon corps exploserait.
Alors je mobilisai ma force et, au prix d'un effort plus que colossal, je me relevai, plantai les yeux dans ceux, furieux et glacés, du dragon. Je souffrais dans chaque parcelle de mon être, mais pourtant je tins bon. Je fermai les yeux une seconde, me promettant de ne plus fléchir, et quand je les rouvris, une lueur nouvelle planait dans les iris d'Omius. Pas de l'apaisement, pas une sorte d'approbation. Est-ce que c'était terminé ? Pouvais-je m'approcher de lui et... me lier ?
N'ayant rien à perdre —... à part la vie ?—, je m'avançai à pas lents, mesurés. J'avais encore mal partout, je boitais légèrement, j'étais essoufflée... Je m'arrêtai juste devant la créature. Son museau se baissa à la hauteur de mon visage et un souffle chaud me balaya, faisant voler mes mèches brunes.
Je déglutis avec appréhension. Comment faire ?
Soudain, un souvenir me revint en mémoire.
Je suis sur le champ d'entraînement du palais, près des écuries. J'ai treize ans. Elion s'arrête près de moi, un dragon noir et argent derrière lui.
—Comment fais-tu pour leur parler ? le questionné-je.
—Je me lie avec eux.
—C'est possible de se lier avec plusieurs dragons ?
—D'ordinaire, non, répond-t-il laconiquement. Mais certaines personnes y arrivent. Comme moi.
Je me lève et m'avance vers lui. Le dragon aux yeux mordorés flamboie. La lumière de fin d'après-midi luit sur ses écailles, créant mille et uns jeux de lumière. Sur son corps élancé, le mercure resplendit et l'onyx scintille. Je le contemple fascinée.
—Comment se lier à un dragon ? fais-je doucement.
—Il faut que tu lui fasses tes preuves. Ainsi, il t'ouvrira sa barrière mentale. Il existe plusieurs manières d'y parvenir. Par exemple, en l'égalant dans son domaine, ou en tentant cela. En survivant durablement à ses attaques. Ou bien... en lui ouvrant ton âme.
—Puis-je essayer ? osé-je dans un souffle.
—Surtout pas ! Un dragon n'admet qu'un seul maître. Tu mourrais sur le coup. Et de toute manière, il te faudrait une force colossale, que tu ne possèdes pas, ou pas encore. Un jour peut-être, l'occasion s'offrira à toi...
Les mots d'Elion résonnèrent longuement.
Je continuai à détailler Omius. Il était véritablement magnifique, avec ces petites veinules de feu sous ses écailles. Ses larges épaules semblaient le grandir encore. Il était doté de deux cornes fines, rouges et noires. La chaleur émanant de son corps me réchauffait toute entière, et l'aura de puissance pure se dégageant de lui me faisait frissonner. J'avais face à moi une créature centenaire, millénaire peut-être, qui pouvait me balayer comme un fétu de paille en une fraction de seconde. La fente noire de ses pupilles me scrutaient attentivement au milieu du feu de ses iris.
C'est sûrement grâce ses yeux qu'on a nommé son espèce ainsi, songeai-je. Ils ont la couleur d'un, non, de plusieurs feux de joie !
J'étais en train de me déconcentrer. Je tentai (non sans mal) de faire abstraction de la beauté d'Omius. Je ne devais pas perdre ma tâche de vue !
Lentement, j'approchai ma main du museau d'Omius. Lorsque ma paume entra en contact avec ses écailles chaudes, je fermai les yeux.
Précipitai mon âme à la rencontre de celle du dragon.
Et faillis mourir.
Une véritable barrière feu protégeait l'esprit d'Omius. Naïvement, je tentai de me jeter contre cette dernière, mobilisant toute ma misérable force mentale, dans le vain espoir de passer.
Le vain espoir, car je me heurtai littéralement au mur de flammes. Une violente onde de choc parcourut tout mon corps et me projeta en arrière. Je heurtai le sol avec un bruit mat. Le lien que j'avais tenté de créer avec Omius se dissolut net. Un rugissement s'échappa de la gorge de ce dernier. Un trait de feu orangé fusa et heurta le sol à moins de deux centimètres de moi, qui avais tout juste eus le temps d'effectuer une roulade en arrière avant le pire. Je me relevai avec difficulté, affaiblie par le choc de la seconde passée. Un nouveau jet de feu jaillit, heurta mon exosquelette dans un grésillement. Sans cela, ma main aurait été carbonisée...
Omius avait reculé dans le fond du box, méfiant. Je remarquai avec surprise que les lignes de feu sur le sol s'étaient déplacées avec lui. Une lueur mauvaise brillait dans ses yeux —rouges sombre dans l'instant—, et sa gueule entrouverte prouvait que de nouvelles flammes pouvaient surgir à tout moment.
Il faut que je le contre, compris-je tout à coup. Que je lui montre que je peux résister.
Mais comment ?
L'idée fusa. Limpide.
Il me fallait créer une barrière qui l'empêcherait de m'atteindre. Je fermai les yeux, appelai le feu. Lui demandai de me protéger, appliquant la méthode de Lord Æstar. Et cela marcha. J'intimai au feu de ne pas se retirer, de rester là. Ainsi, il pourrait jaillir en moins d'une seconde.
Je m'avançai prudemment vers Omius. À nouveau, je projetai mon esprit contre le sien. E;t il me rejeta.
Mais cette fois-ci, j'étais prête. Ma propre barrière mentale contra l'onde de choc et contrairement à la première fois, je n'eus pas l'impression que tout explosait. Mes pieds raclèrent le sol et je reculai de quelques centimètres, sans pour autant tomber. J'eus le souffle et l'ouïe coupés, et mis quelques secondes à les retrouver.
Je me campai fermement sur mes appuis, commandai mon mana qui vint s'accumuler au bout de mes doigts, me brûlant presque.
Les flammes jaillirent de la gueule d'Omius en une tornade furieuse, mais je ne bougeai pas. Et au moment où elles allaient me frapper et me réduire en cendres, mon feu jaillit devant moi. Il forma un bouclier tournoyant qui me protégea des flammes du dragon. Je vacillai sous l'effort, tentant de conserver le contrôle de ma magie tandis qu'Omius continuait à frapper et que la température grimpait, atteignant bientôt une degré
presque
insupporta
Et puis cela cessa. Aussi vite que c'était arrivé. Le feu se retira, me laissa endolorie et trempée de sueur.
Omius me toisait d'un air... approbateur ?
Je m'approchai de lui.
Posai, encore, ma paume sur son museau.
Fermai les yeux.
Et fus aspirée à l'intérieur de son esprit.
Qui, en un mot, était brûlant. Brûlant de feu, brûlant de sagesse, brûlant de pouvoir, brûlant d'ancienneté, brûlant de vie, brûlant de tout !
L'esprit d'Omius était certes chaud, mais agréable, apaisant. Je m'y sentais à ma place.
Soudain, des images défilèrent à toute vitesse devant mes yeux. Des arbres, verts puis carbonisés, des humains, un ciel empli de dragons, deux armées se jetant l'une contre l'autre, des dragonnets crachotant de petits jets de feu, des cadavres, une montagne d'œufs dans un nid, des Aspirants s'avançant, une montagne aux pics acérés, des jets de lave, une naine en armure dorée et aux cheveux flamboyants brandissant une hache, une vive douleur, une queue coupée et puis... plus rien. Seulement une longue attente.
Venais-je de vivre des éclats de la vie d'Omius ?
"Bonjour, humaine", fit soudain une voix grave dans ma tête, interrompant le fil de mes pensées.
"Je ne suis pas une humaine", répondis-je.
"Il est vrai. Tu es une elfe... et pas n'importe laquelle. Ce mélange de pouvoir, de détermination et d'arrogance... serais-tu de la lignée de Dalirys Gasten ?
"C'est mon arrière-grand-père. L'as-tu connu ?"
"Il y a fort longtemps..."
Même en esprit, je sentais Omius me toiser.
"Peu ont réussi ce le même exploit que toi, Astréa... d'ailleurs veux-tu que je t'appelle Astréa Aélia, Astréa Neven ou simplement Astréa ?"
Je me demandai une seconde comment il connaissait mon nom, puis fis impasse sur ce détail.
"Astréa Neven ou Astréa suffiront."
"Étoile guerrière... cette appellation semble te correspondre. Savais-tu, Astréa Neven, que cela fait plus de deux-cent ans que je ne me suis lié à quelqu'un ? Depuis la mort de ma précédente... étincelle, comme je vous appelle. Ce que je soumets aux candidats est si dur que personne ne réussit. Tous sont morts."
"Et moi ? J'ai réussi ?"
"Pas encore."
Pas... encore ? Après la puissance que je venais de fournir... ce n'était pas fini ?
Ignorant mon évidente frayeur, Omius reprit, imperturbable.
"Tu as dû remarquer que je suis mutilé. Ma queue m'a été arrachée un jour où le ciel était rouge. C'est un énorme handicap, aussi je demande à quiconque veut se lier avec moi de pallier à cela."
Pallier à son absence de queue ? Mais... comment ?? Je déglutis, décontenancée et apeurée par ce qui s'annonçait.
"Je préfère te prévenir, Astréa Neven", continua Omius. "Tu viens de faire quelque chose d'insensé en passant ma barrière, et je t'en félicite. Seulement, ce n'est pas grand chose face à ce qui t'attend. Si tu échoues, tu mourras. Comme tous les autres avant toi."
Je comprenais. Mais je n'étais pas capable de dégager la puissance qu'il exigeait. J'avais déjà épuisé toutes mes réserves. Ma fin approchait...
"Tu n'as pas la puissance nécessaire", reprit Omius. "Mais ton âme l'abrite. Oui, tu devras te séparer d'une partie de toi-même si tu veux réussir. Si tu y arrives, le feu viendra sans effort et en quantité suffisante."
Me séparer d'un bout de mon essence ? Cette simple pensée me fascinait et me terrifiait à la fois...
La voix d'Omius résonna une ultime fois dans ma tête, basse et chargée de menaces.
"Astréa Neven, je t'ordonne de me rendre mes moyens. Si tu échoues, je te tuerai."
Il rompit la connexion.
Après une ou deux minutes où mon cerveau carbura activement, l'idée se présenta à moi. Folle, irréalisable. Mais nécessaire. Je n'avais rien à perdre... à part la vie, et tout à gagner.
Je me massai les tempes, cherchant un moyen de... faire. Je fermai les yeux et invoquai mon feu, l'appelant de toutes les fibres de mon être. Cela me demanda un énorme effort, mais après une minute, une colonne de feu se forma, grossissant jusqu'à faire plus de ma taille. Je serrai les dents sous la pression. Maintenant, il fallait que je modèle mon feu. Je lui commandai de se diriger vers Omius... et il disparut. Aussitôt, je me sentis revigorée.
Mais j'eus à peine le temps de réaliser mon échec qu'Omius se jetait sur moi, tous crocs dehors.
La porte du box explosa tandis que j'étais projetée sur la paroi d'en face. La patte d'Omius se posa brusquement sur moi, ses serres plantées dans la terre battue effleurant ma gorge.Du coin de l'œil, j'aperçus les écuries à présent à moitié vides. Certains Aspirants me jetèrent des regards apeurés. Je vis Lady Germa s'avancer, avant d'être retenue par Dame Aliéna. La Chevalière Archimage avait l'air inquiète, mais ne fit rien.
"Tu m'as menti !" rugit la voix d'Omius dans ma tête. "Tu ne fais pas ce qu'il faut. Tu dois donner ton âme au feu. Si tu ne le fais pas, jamais tu ne réussiras !"
"Attends", gémis-je. "Laisse-moi une autre chance."
"C'est d'accord. Mais c'est la dernière."
Il se retira de mon esprit en même temps que sa patte se soulevait.
Je soufflai, soulagée. J'avais compris où je m'étais trompée. J'avais voulu contrôler le feu, mais au-delà des limites de mes capacités. Alors il s'était retiré. Ce n'était pas moi qui contrôlait le feu, mais l'inverse. Il fallait que le feu prenne en moi ce qu'il voulait pour que je l'utilise. Et ce qu'il désirait, c'était un bout de mon âme. Alors je lui adressai un message.
Feu. J'ai besoin de toi. Prends la part de moi que tu désires. Et donne-moi ta puissance.
L'effet fut immédiat.
Une chaleur brûlante s'empara de moi tandis qu'une étrange force m'arrachait un bout de... de moi ? J'avais l'impression de prendre feu, et hurlai de douleur.
Cela dura plusieurs secondes qui me parurent une éternité. Quand ça cessa, j'étais meurtrie, essoufflée, incomplète.
Mais, c'était indéniable, une puissance nouvelle me parcourait. J'avais l'impression de pouvoir tout réussir.
Oubliant la douleur, je visualisai Omius. Puis l'imaginai paré d'une queue de flammes.
Je rouvris les yeux. Appelai le feu.
Fais.
Et tout de suite, de longs filaments incandescents jaillirent de mes doigts et se précipitèrent sur le moignon d'Omius, formant peu à peu une queue de flammes, intangible mais existante. Une douleur intense me vrillait la tête, mais je continuai.
Quand mon œuvre fut achevée, je la forçai à tenir cinq secondes. Puis je m'effondrai à terre.
Quand je relevai la tête, je vis Dame Aliéna et Omius me toiser d'un air approbateur.
"Bravo, Astréa Neven. Tu as réussi. Je suis étonné, je l'avoue. Je ne t'en pensais pas capable.
Mais tu l'as fait."
"Moi, non plus", avouai-je. "Et je ne pourrai pas le refaire.
Il secoua la tête.
"Avec mon aide, si. Comparée à la tienne, ma puissance est infinie. Je te fournirai le feu, tu feras le reste. Et viendra un temps où il te suffira d'une pensée pour réitérer cela."
"Si tu le dis."
"Oh que oui, je le dis ! Maintenant, approche. Il est temps."
Je me relevai, les jambes flageolantes. J'avais failli mourir, mais j'avais réussi ! J'étais partagée entre fondre en larmes et hurler de joie. Je m'approchai d'Omius. J'allais me lier avec lui !
Le dragon envahit soudain mon âme. Littéralement. Il compléta la part de moi qui avait été prise par le feu. Nous devînmes un tout. Il était ma puissance, moi son humanité. Nous étions notre étincelle respective.
Je ne sais décrire cette sensation. Je peux juste dire que tout était à sa place. Omius et moi ne faisions plus qu'un. Pour toujours. J'ouvris les yeux. Ceux de mon étincelle s'étaient faits bienveillants.
"Merci, Omius."
"De rien, Astréa. Nous sommes un, à présent."
Nos pensées se croisèrent, nous nous comprîmes. Il me souleva par le col et me balança par-dessus son cou. J'atterris à la base de son cou et retirai mon exosquelette qui finit au sol.Après une minute, je réussis à recréer la queue de flammes. Omius déploya ses ailes à la membrane noire.
En quelques secondes, nous nous étions accordés. C'était incroyable, magique, parfait.
"Prête, Astréa Neven ?"
Je souris, apaisée, et m'agrippai à ses pics dorsaux.
"Plus que jamais !"
Omius s'arracha à la gravité et s'envola dans le ciel immaculé, le vent volant dans mes cheveux.
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Nombre de mots (hors passages "non-histoire") : 3123
J'espère que ça vous a plu !
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