Caput IV
Coucou ^^, j'adore ce chapitre, je n'en dirai pas plus ...
Une bande-son en média pour vous accompagner.
Bonne lecture !
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La sensation désagréable du sac de glace enveloppé dans un tissu paralyse ma joue. Elle me brûle presque autant que si j'y avais allumé un feu. Souhaitant échapper à la douleur qu'Ofelya m'inflige, je recule la tête à son mouvement initié.
Ma paume de main passe avec prudence sur ma pommette.
La chaleur de mes doigts parvient un peu à la réchauffer, apaisant la torture avec laquelle on me traite.
— Reviens ici, tu n'es vraiment pas courageux.
Sa voix perçante et cristalline m'irrite sur le coup, tandis qu'elle me force à reprendre position. J'essaie de me débattre, mais le regard noir qu'elle me jette m'en dissuade.
Elle peut être terrifiante, lorsqu'elle le veut.
— Ça fait une bonne dizaine de minutes qu'on fait ça, Ofelya. Je préfère encore devenir bleu que continuer à souffrir, je la supplie presque.
— Et ça se dit brave homme !
La femme de quarante-cinq ans fronce ses sourcils fins, tracés d'un seul coup de crayon, puis abaisse son bras. Elle abandonne, je crois.
Je souffle de soulagement.
Ses longs cheveux roux sont emprisonnés par le carré de tissu qu'elle a accroché sur sa tête. Je louche un instant sur les motifs fleuris qui le décorent, accordés avec sa robe bleu ciel à manches courtes qui s'arrête mi-mollet.
Des tâches de rousseurs recouvrent l'intégralité de sa peau opaline, de son cou jusqu'à ses mains un peu boudinées.
— Tu as déjà essayé de les compter ? je demande, distrait.
— De quoi tu parles ?
Elle pose la glace ayant servie à me soigner sur mon bureau en bois, puis reporte son attention sur moi. Une grimace se dessine sur mon visage lorsque je remarque la pile d'ouvrage qui y trône.
Je les ai triés, à gauche se trouvent mes cours que j'ai partiellement épluchés, annotés et sur lesquels je dois repasser avant la semaine prochaine, tandis qu'à droite commencent seulement à s'empiler les quelques lectures censées accroître ma culture.
« La Rhétorique » d'Aristote l'inaugure.
Son corps est assis sur un tabouret et me fait face. Le mien se tient au bord de mon lit, les jambes écartées, les coudes sur les genoux et ma tête trop lourde de savoir dans mes mains.
Nous sommes à la fin du mois de septembre et le froid s'immisce lentement parmi nous. Il n'est pas encore assez puissant pour éveiller en moi toute l'aversion que je porte à la prochaine saison, mais son ressenti est décuplé dans ma chambre de bonne étriquée. Si, en temps normal, les toits de Paris apportent un semblant de chaleur chez ceux qui les habitent, la grande fenêtre peu épaisse qui épouse la forme de la charpente n'est pas du même avis.
Il me reste deux jours avant de retourner sur les bancs de la faculté.
Deux jours avant de revoir Auguste et les autres, d'arborer une expression flegmatique, de mentir sur mes vacances alors que je les écouterai vanter les soirées arrosées de leur résidence secondaire, dans le Sud.
Moi, je n'ai jamais quitté Paris, ni mon quartier de Ménilmontant.
Je l'aime comme je l'haine. Même si notre ancienne maison me manque souvent.
Deux jours à faire semblant de m'intéresser à leur mille conquêtes et les grands cabinets qu'ils intégreront pour leur stage de fin de diplôme. Bien évidemment, tous soigneusement pistonnés par papa. Peut-être que j'aurais aimé avoir un père influent qui m'aide aussi, mais le mien est mort, et la bile de l'amertume me brûle encore la gorge depuis qu'Auguste a raflé ma place chez les associés Lefèvre et Dumont.
Je joue mon rôle avec brio sur la scène du théâtre grandeur nature qu'est la vie, il faut croire.
Parce qu'Auguste, malgré les faveurs qu'il reçoit, n'est qu'un con, un idiot qui ne raisonne ni justement ni pertinemment.
Son esprit est médiocre, étriqué.
Pourtant, c'est lui qu'on a décidé de prendre plutôt que de privilégier mes connaissances et mon prodige qu'il n'équivaut pas.
Qu'il n'équivaudra jamais.
Je crois que j'ai toujours cette peur - celle de découvrir que l'ascension sociale est un mythe. Je ne veux pas être inconnu : je veux qu'on me regarde, qu'on m'estime et qu'on admire ma réflexion. Je désire que mes travaux transcendent, instruisent, inspirent, et qu'un jour je puisse entrer dans un tribunal et aspirer aux silences respectueux.
Ce diable que j'ai aperçu, hier... je convoite son charisme et la confiance qu'il réussit à gagner.
— Les tâches qui te recouvrent, as-tu déjà essayé de les compter ?
— Non Jungkook, pourquoi je ferai cela ?
— J'en sais rien, il y en a beaucoup.
Je ferme un instant les yeux, pris par une migraine qui paralyse tous mes sens.
Mes doigts tirent sur les longues mèches de mes cheveux dans l'espoir de la calmer, comme un fou. Ma force, devenue incontrôlable, m'arrache un cri de rage que je ne parviens pas à contenir.
Je suis fatigué à l'idée de tout le temps devoir les affronter, ces maux de tête.
Ils doivent disparaître.
Je veux les déloger de là où ils semblent s'enraciner, encore et toujours, plus profondément que les précédents. J'ai le sentiment que, plus ils s'intensifient, plus les connaissances que j'ai acquises se font aspirer par leur force annihilatrice.
— Toi, tu recommences. Je vais aller te faire du thé, ne bouge pas.
Alors qu'elle s'apprête à se diriger vers la sortie de mon appartement pour rejoindre le sien, au bout du palier, je l'arrête, attrapant son poignet d'une rapidité impressionnante.
Ma peau s'accroche à la sienne et je souffle, presque désespéré :
— Non, Ofelya, est-ce que tu peux juste me laisser pour ce soir ? Je dois encore revoir quelques notions.
Ses orbes brunes m'analysent de haut en bas, inquiètes. Je lâche finalement son bras et elle attrape ma mâchoire sans grande délicatesse.
Après une rapide vérification de cette joue violacée qui avait rencontré le sol pas plus tard que la veille, elle déclare, récupérant ses affaires :
— Tu n'as plus mal ? Sonne chez moi si tu ressens le besoin de mettre encore un peu de glace.
— Tout va bien, merci, je la rassure avant de m'allonger sur le matelas peu confortable.
— Si j'entends encore du bruit, je viendrai.
— Ce ne sera pas le cas.
— Jungkook, je sais comment tu peux réagir un peu ... excessivement, parfois ? Ça peut arriver à tout le monde, ce n'est rien. Alors essaie de passer outre, d'accord ? Le ridicule ne tue pas, je suis sûr qu'ils t'ont déjà tous oublié.
Le ton qu'elle a employé me rappelle celui de madame Dubois, à la cour d'assise.
L'envie irrépressible de lui clamer de se taire me démange. De lui expliquer que, non, ce n'est pas rien, qu'il s'agit sûrement d'un épisode lointain pour des juristes de renoms comme eux, mais que moi j'y pense tout le temps. Et cela suffit à faire accroître le sentiment de honte que je ressens.
Parfois, je me dis que l'existence devrait être commandée par deux boutons sur lesquels on appuierait.
Un qui mettrait l'univers en pause ; lorsque que tout serait trop intense pour qu'on puisse le gérer correctement.
L'autre qui permettrait de revenir en arrière ; pour éviter de commettre une erreur, pourtant simple d'apparence, mais dont les conséquences sont trop désastreuses pour s'y risquer.
— Non, je ne me tairai pas, avance-t-elle tout en me pointant du doigt, je sais à quoi tu penses.
Relevant brusquement mon torse, je pose un regard indigné sur son expression qui, elle, reflète davantage l'amusement qu'autre chose.
— Pardon, lui dis-je avec sincérité.
Ofelya se met à rire. J'adore l'entendre manifester sa joie. C'est contagieux. Je fais souvent le parallèle avec un oiseau, mais peu gracieux.
Le genre de volatile qui se perche sur les gouttières chaque matin et extirpe de leur sommeil les parisiens encore endormis.
Je pourrais la reconnaitre entre mille.
Ofelya, c'est un peu la mère que je n'ai jamais eue, le grand frère qui me manque, la seule amie à qui je peux autant me confier. Bien que son âge correspond au double du mien, elle a conservé une âme d'enfant qui fait du bien à la maturité précoce dont j'ai hérité. Avec elle, j'ai parfois l'impression de revivre mes jeunes années et d'alléger le lourd fardeau que je semble traîner, moi aussi.
Même si elle doit souvent me rappeler à l'ordre, surtout lors de mes moments d'impulsivité où il nous arrive de nous quereller, j'accepte volontiers le rôle d'éducatrice qu'elle endosse.
Il n'y a que la recherche de son respect qui guide mes agissements, tandis que celui des autres me fait subtilement grincer des dents.
— Tu le passes quand, ton entretien ? me demande-t-elle sur le seuil de la porte.
— Demain, à neuf heures.
— Tu vas y arriver.
Elle sourit et ses joues pleines remontent, faisant valser les tâches rousses de son visage.
Ses yeux chocolats se plissent avec malice alors qu'elle cale une main sur sa taille.
— Je sais.
— Argh toi, t'es pas croyable alors. Ratatouille au menu ce soir, se contente-t-elle de dire avant de fermer la porte sans attendre de réponse.
Je mime le dégoût, faisant au passage glisser ma paire de lunettes de vue sur mon nez. Une fois le calme de nouveau installé au sein du studio, je fixe le plafond et me perds dans la couleur blanche mal vieillie qui le recouvre.
Mon coeur bat au rythme des cliquetis du réveil posé sur ma table de chevet.
Je glisse un regard vers ce dernier.
Il est dix-sept heures.
Le palais de justice a sûrement fermé ses portes.
Leur plage horaire est assez limitée. Si la classe ouvrière a lutté contre les réformistes, faisant émerger un droit des acteurs eux-mêmes en parallèle de celui étatique, ce sont pourtant les grands patrons qui en ont profité. Karl Marx parlait d'une force de travail arrachée par les capitalistes qui ne cherchaient qu'à accroître la durée du temps de travail des travailleurs qui, eux, voulaient la réduire.
Le premier mai ne leur paraît plus tout autant synonyme de révolte.
Un sentiment de regret pousse à l'intérieur de ma poitrine. Je ne connais pas le nombre exact de jours sur lesquels s'étend le procès de Monsieur Muller, mais l'amertume de ne pas avoir eu le courage d'y retourner est, elle, permanente.
J'aurais aimé pouvoir l'entendre plaider une nouvelle fois.
Maître Dubois n'est sûrement pas prête de m'y emmener à nouveau. J'ai dû lui faire honte, surtout après lui avoir lâché compagnie, la laissant seule dans la salle d'audience. Je ne m'étais pas retourné une seule fois lorsqu'elle avait crié mon prénom.
L'idée de sortir aller trouver une cabine téléphonique pour m'excuser auprès d'elle trotte dans mon esprit depuis le début d'après-midi, mais mon corps refuse de se détacher du matelas sur lequel je suis maintenant allongé.
Je dois avouer que ma fierté m'en empêche aussi.
Je m'empares du premier ouvrage qui se trouve sur la pile de droite, trop distrait pour me consacrer pleinement à celle de gauche.
L'exécution de Robert Badinter. Réflexion sur l'abolition de la peine de mort, discutée d'ailleurs cette année.
Mes doigts passent les premières pages déjà entamées et s'arrêtent à celle cornée, reprenant là où je m'étais arrêté.
« Qu'est-ce que l'accusation pour un avocat ou plutôt qu'est-ce que l'accusateur ?
Apparemment son adversaire, celui qu'il affronte dans ce combat singulier dont l'enjeu est le sort d'un autre, celui qui ne participe pas au duel mais qui en assumera seul l'issue.
Le public, nourri de récits et de films, attend cet affrontement, ce match entre l'accusation et La Défense, et se prépare à compter les points. Tout est mis en oeuvre, dans le rituel judiciaire, pour que l'opposition soit dramatisée, robe rouge contre robe noire, questions contre répliques, réquisitoire contre plaidoirie [...].
La justice ne saurait être une mêlée, ou un duel.
Un avocat gagne rarement à biaiser avec la vérité. »
Alors que je termine la lecture de ces dernières lignes, il n'y a plus que ces mots qui résonnent dans mon esprit. Ils recouvrent les lettres encrées de noires qui se mettent à bouger, serpentant sur le papier grain pour tenter de s'enfuir. Elles finissent par s'envoler, tourbillonnant dans les airs pour former une phrase. J'essaie tant bien que mal de toutes les suivre, le souffle coupé.
Les pupilles sûrement dilatées, je ne parviens pas à cligner des yeux une seule seconde de peur qu'elles s'échappent.
D'un ordre précis, elles s'alignent et je peux enfin les lire, mouvant mes lèvres dans un silence presque religieux.
Tomber a été inventé pour se relever, malheur à celui qui ne tombe jamais.
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— Vous me dites que vous n'avez aucune expérience en tant que barman ?
Je fixe la dame âgée dont les longs cheveux blancs sont tirés en un chignon. De derrière, on dirait un coquillage qui s'enroule sur lui-même, ou bien le centre d'une rose des neiges, comme celles d'Alice au pays des merveilles. Sa peau est marquée par l'art du temps et ses lèvres, peintes de violet foncé, laissent un fin duvet les surplomber.
Ma jambe droite tremble un peu de nervosité.
Si en tant normal les entretiens que j'ai l'habitude d'enchaîner ne m'impressionnent guère, celui-ci est un poil différent.
Je me trouve dans l'arrière salon du Ritz Paris, l'hôtel cinq étoiles le plus réputé de la capitale.
Ici, chaque recoin dégouline d'excès et de luxe ; une pléthore d'or, de lumière et de couleurs majestueuses qui me donnent le tournis. Un calme inquiétant règne en maître, même le personnel qui circule dans les couloirs depuis une dizaine de minutes se mue dans le silence.
Tout est si... sérieux ?
— J'apprends et me perfectionne vite, rebondis-je immédiatement.
Je glisse un regard sur sa jupe en tuile noire puis sur le comptoir derrière nous. Un homme perdu au milieu d'une vague de bouteilles d'alcool jette parfois un coup d'œil en notre direction. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il ne s'agit pas de l'endroit le plus idéal pour un entretien d'embauche.
Nous sommes en plein milieu du passage et, même si la clientèle n'est pas encore de sortie à cette heure hâtive de la journée, je reste mal à l'aise à l'idée de pouvoir croiser les personnes influentes qui séjournent ici.
La responsable est assise devant moi, sur l'une des chaises transpirant le luxe qui peuplent l'établissement.
Sa chemise à l'imprimé zébré est échancrée, laissant entrevoir le milieu de sa poitrine plate ainsi que les os de sa cage thoracique visibles et recouverts par une peau fripée.
Le motif, qui je dois avouer se marie assez bien avec l'aspect glamour qu'elle dégage, contraste avec le vermilion du cuir qui recouvre son assise.
— Mmh, rappelez-moi vos études, Monsieur Delcroix.
J'essaie de déchiffrer une quelconque pensée sur ses traits sévères, mais seul son désir de rigueur me saute aux yeux. Son nez aquilin domine son visage saupoudré d'une couche de maquillage pâle.
Elle ne parait pas convaincue.
Alors je tente le tout pour le tout :
— Je suis actuellement inscrit en Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées en droit pénal à La Sorbonne. Il est vrai que cela pourrait sembler éloigné du service hôtelier à première vue. Cependant, vous conviendrez, je l'espère, que toute discipline se fonde sur une logique rigoureuse et une conduite irréprochable. Ces qualités, je les possède et, je dois l'admettre, il est rare que je ne brille pas dans un domaine qui m'intéresse. Mon engagement dans mes entreprises est total puisque j'estime que l'excellence n'est pas une option, mais une nécessité.
— Intéressant, se contente-t-elle de répondre en notant quelques mots sur une feuille, vous semblez assez confiant. Pourquoi ?
— Parce que douter, c'est se convaincre de ne pas y arriver.
Mes mots parviennent à lui faire décrocher un sourire et je sens le soulagement diminuer la cadence avec laquelle le sang afflue à travers mes veines.
Ses yeux ne daignent même pas se relever pour affronter les miens qui, pourtant, la fixent depuis le début de l'entretien.
Je n'arrive pas à savoir si elle me prend toujours de haut ou si le discours que je viens de jouer a fait son effet.
— J'aime cet état d'esprit, Monsieur Delcroix. Je dois quand même vous rappeler que le poste à pourvoir est assez polyvalent. Outre l'accueil et les cocktails, nous aurons parfois besoin de personnel pour le bon entretien des suites que nous proposons. En plus d'une formation, il faudra être prêt à assumer et concilier les horaires nocturnes que nous vous proposons avec vos cours à l'Université.
Laissez-moi rire. Je ne le savais pas du tout.
— J'en ai bien conscience, la rassurai-je tout en enfonçant ma paire de lunettes avec mon index, je m'en sens capable. C'est pourquoi je suis ici.
— Quelle est votre motivation ?
L'argent.
C'est toujours l'argent, jamais autre chose. Le reste n'est que pur mensonge tissé pour remplacer l'envie de se mettre à genoux tout en la suppliant de me prendre.
Le concept de démocratie au travail, de liberté, d'acte rédempteur qui concourt à notre bien-être, je ne l'ai jamais approuvé en cours et continuerai de penser qu'il n'a guère d'adepte en pratique. A preuve du contraire, nous n'avons pas le choix que de travailler.
Il n'y a que sur le papier, que c'est beau.
— La même qui anime votre désir de préserver l'image de cet établissement.
La femme arrête ce qu'elle est en train de faire et me fait enfin l'honneur de plonger ses deux iris bleus-gris dans les miens.
Sa coupe tirée atténue les rides dessinées sur son front.
— Levez-vous, s'il vous plaît, ordonne-t-elle sans méchanceté.
Surpris, je laisse mes sourcils se froncer sans me retenir. Au moment où mon expression me trahit, je remarque le coin de ses lèvres se soulever.
Pourtant, en dépit de mon incompréhension, mon corps s'exécute et je me tiens rapidement à la vertical.
Mes doigts glissent à l'intérieur de mes cheveux pour les coiffer en arrière, faisant retomber mes mèches lisses de part et d'autre de mon visage. Je ne porte qu'un haut et le pantalon de mon costume sur mesure, ma veste ayant été débarrassée à peine entré à l'intérieur. Soucieux des détails, mes mains font le tour de ma taille afin de replacer ma chemise blanche à l'intérieur de mon bas.
Les queues de canard sont les choses que je déteste le plus après la couche de gras sur les verres de lunettes.
La responsable m'analyse, de haut en bas, puis de bas en haut, durant une longue minute qui me semble interminable.
— Vous êtes grand, beau et élancé. Vos yeux sont un atout redoutable. Ce sont des visages comme vous qu'il me faut pour incarner le prestige de notre l'hôtel. Je n'ai aucun doute sur le professionnalisme que vous dégagerez. Voici ce que l'on va faire.
Je réfléchis un moment pour m'assurer que je n'ai pas postulé pour être mannequin. Mais tout me hurle pourtant que je suis bien au Ritz.
Elle se lève également et notre différence de taille est flagrante.
Un bruit désagréable accompagne son geste, le bois lourd de la chaise frottant sur les dalles de carrelage.
Liant mes mains pour les laisser pendre au niveau de mon bassin, je renchéris, intrigué par sa future proposition :
— Je vous écoute.
Sans ajouter un mot, elle exécute un bref mouvement de tête et je comprends qu'elle m'intime de la suivre. Ses talons martèlent le sol alors que je prends le rôle de son ombre, émerveillé par les moulures dorée qui habillent les murs.
Lorsque je reporte mon attention sur elle, je suis étonné de voir qu'elle se dirige vers le bar.
Moi qui pensais changer d'environnement, je me retrouve à quelques mètres seulement de là où nous nous trouvions.
Encore une fois, je suis démuni, baigné dans l'inconnu, et l'envie irrépressible de l'assommer de questions m'oblige à pincer mes lèvres.
— Yoongi ! hurle-t-elle de sa voix vibrante mais autoritaire, l'index suspendu dans les airs.
Elle s'assit sur le haut tabouret, simple déclinaison des chaises plus loin, puis croise les jambes avec élégance. J'observe les alentours et remarque finalement ledit Yoongi au bout du zinc, marchant en notre direction.
— Madame ?
Arrivé à notre hauteur, je le détaille discrètement alors qu'il m'adresse un simple hochement de tête.
Son visage a des traits murs, peut-être la trentaine.
Finalement, un peu moins. Il fait encore un peu enfantin.
Ses cheveux châtains sont plaqués en arrière, avec un effet mouillé qui laisse retomber une mèche en forme de pic sur son front. Il ne sourit pas, son expression est impassible ; ni sévère ni trop amicale.
Le physique parfait pour un groom d'un hôtel réputé.
Il porte une chemise et un veston de costume noir sous lequel est rangée une cravate de la même couleur. Sur l'une de ses épaules se trouve une serviette négligemment jetée. Un tablier bordeaux brodé du nom de l'hôtel serre sa taille masquée derrière le comptoir, où traînent encore un verre vide et un bol rempli de glace dans lequel est plongée une bouteille.
— Je vous présente Jungkook, elle tend son bras vers moi. J'aimerais que vous lui montriez une de vos préparations. Quant à vous, Jungkook, mettez-vous ensuite à l'œuvre et montrez-moi de quoi vous êtes capable.
Yoongi se tient fièrement derrière le bar du Ritz, une étincelle de passion dans les yeux. Autour de nous, la salle résonne des murmures feutrés de la clientèle fraîchement arrivée.
— Observe attentivement, dit Yoongi, nous allons préparer un cocktail classique du Ritz : le Sidecar.
J'hoche la tête, mes yeux brillants d'anticipation.
Le groom commence par disposer les ingrédients sur le comptoir - du cognac, du Cointreau, et du jus de citron frais. Il place un shaker en métal devant lui, sorti d'un endroit brillant sous les lumières dorées du bar.
— Première étape, entame-t-il nonchalamment en prenant la bouteille de cognac, verse 40 millilitres de cognac dans le shaker.
Il incline la bouteille avec une précision étudiée, laissant couler le liquide ambré.
Paniqué, je me demande comment il parvient à doser de manière si précise, sans aucun indicateur.
— Ensuite, 20 millilitres de Cointreau, ajoute-t-il, saisissant la bouteille de liqueur d'orange.
Le liquide rejoint le cognac comme on sert l'eau bouillante sur un sachet de thé.
— Et enfin, 20 millilitres de jus de citron frais.
Yoongi presse un citron frais au-dessus d'un petit verre doseur, avant de verser le jus dans le shaker. Il ajoute quelques glaçons ronds, leur cliquetis résonnant agréablement.
— Maintenant, place au show, murmure-t-il, presque comme un secret.
Le serveur pose le couvercle sur le shaker et le secoue avec énergie. Ses mouvements fluides et mesurés se transforment en une danse gracieuse. Je le regarde faire, impressionné. Le verre en métal passe au-dessus de sa tête, puis sous son bras. Il le fait même voler un instant pour le rattraper avec dextérité, devenant une extension de lui-même, chaque secousse parfaitement synchronisée.
Apres quelques secondes où une véritable salsa habite ses pas, il me tend le shaker.
— À toi.
Je passe derrière le zinc et le saisis, imitant la précision avec laquelle il s'attèle. Je veux, moi aussi, offrir du spectacle à ceux qui me regardent. Les glaçons cliquètent contre le métal froid et je sens la fraîcheur se répandre dans mes mains alors que je secoue le mélange avec la même énergie.
Confiant, je me mets à tenter quelques gestes osés, concentré sur ma tâche. Je glisse une œillade vers la responsable qui arbore une expression satisfaite, tandis que mes doigts ne cessent de se mouvoir comme un champion d'art martial.
Je me retrouve à me plaire dans ce rôle, m'amusant plus que je ne me souviens réellement de la composition alcoolisée.
— Pas mal, chuchote Yoongi, observant attentivement, maintenant, filtre et verse dans un verre refroidi.
Je retire le couvercle du shaker et place une passoire, qu'il me tend dessus, versant le mélange doré dans un élégant verre à cocktail. La glace s'entrechoque avec le fond.
Comme touche finale, j'ajoute un bigoudi de citron que le barman m'a préparé.
— Regarde comme les couleurs se mélangent parfaitement, dit-il d'une voix calme et basse.
Je souris, ravi de son travail et de ma maigre participation.
— Goûte, me propose-t-il.
— Je peux ? mon regard cherche l'approbation de la femme en face de moi.
Cette dernière hoche la tête et j'apporte le verre à mes lèvres. Le liquide coule lentement contre ma gorge et une bulle de saveurs explose sur mon palais.
Je veux en boire une bouteille entière.
— C'est exquis ! je m'exclame, les prunelles pétillantes.
La responsable laisse échapper un rire gras, signe de son addiction pour la cigarette. Son éclat de voix fait oublier la stricte discipline qu'elle fait régner au sein de l'établissement.
— Vous êtes embauché. Vous commencez samedi, à vingt heures. Si d'ici là vous pouviez seulement faire quelque chose pour...
Elle gesticule sa main autour de sa joue, une grimace déformant ses traits.
— Oui, je rétorque aussitôt, la marque s'estompera. Je vous remercie mille fois pour votre confiance. Vous ne serez pas déçue.
— Laissez-moi vous raccompagner, conclut-elle.
Je souris faussement à mon tour, réprimant, au fond de moi, l'envie de sauter partout comme un enfant surexcité.
Alors qu'elle se dirige vers le hall d'entrée, le barman m'interpelle, m'obligeant à rester quelques secondes.
— Jungkook, c'est ça ? Bienvenue parmi nous.
Sa voix est mélodieuse, j'apprécie un instant la manière avec laquelle il a formulé mon prénom.
— Merci.
— Cruella semble avoir eu un bon œil pour toi, on dirait. Je parie que tu deviendras son préféré en un rien de temps.
— Cruella ? je questionne, curieux de l'origine de cette appellation.
— Tu comprendras vite. A bientôt, je l'espère.
Il lâche un petit sourire pour la première fois et je lui rends.
Cette fois-ci sans me forcer.
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Une pluie abondante se déverse sur la capitale depuis ce matin. Par manque de chance, elle a décidé de faire monter le niveau de la Seine alors que j'avais déjà chevauché ma bicyclette en direction de l'Université, à huit heures et demi.
Tenant le guidon à une main, j'essaie tant bien que mal de protéger mon visage des gouttes qui recouvrent mes lunettes au point où j'en suis aveuglé.
Je saisis ma mallette accrochée en bandoulière puis la dresse au-dessus de ma tête afin d'évacuer l'eau sur les côtés.
L'habileté n'est pas une de mes qualités, alors je ne suis pas étonné de voir la roue avant de mon engin dévier et écraser le pied d'un piéton qui traverse la route. J'entends l'homme proliférer des insultes derrière mon dos mais ne me retourne pas, laissant l'occasion au temps de recouvrir ses atrocités avec le bruit écrasant de l'averse.
— Pardon ! je braille tout en reprenant le contrôle de mon vélo.
Je regarde ma montre.
Huit heures cinquante-trois.
Il me reste sept minutes pour arriver. C'est impossible, il y en a bien dix qui me séparent du Panthéon, et je ne suis même pas encore arrivé devant Notre-Dame.
Tout en faisant ce constat, j'accélère le rythme et appuie avec force sur les pédales, priant pour arriver à l'heure.
Mes roues glissent sur les pavés, planant sur des flaques d'eau qui éclaboussent et mouillent mon pantalon. Le souffle erratique, je traverse les ponts, les ruelles et slaloment entre les travailleurs matinaux qui quittent seulement les cafés.
Mon corps tremble sous les routes pavés lorsque je ralentis la cadence, enfin débarqué sur la place de La Sorbonne.
Je descends de ma bicyclette, la soulève pour la faire monter sur le trottoir puis cherche un endroit où l'accrocher.
Le coeur battant après l'effort physique monstre que je viens de fournir, j'approche du bâtiment de l'Université où se trouve des barres spécialement prévues à cet effet, puis sors la chaîne métallique de mon sac. Mes doigts l'enroulent avec dextérité autour de la structure qui relie la selle en cuir marron au guidon et, enfin, verrouille le cadenas à clé.
Cette dernière manque de glisser plusieurs fois d'entre mes mains à cause de la pluie qui ne cesse de déferler.
Je l'insulte mentalement, puis la jette à l'intérieur de ma mallette.
Sans même regarder autour de moi, je cours pour m'abriter à l'intérieur sous un ciel chargé de nuages gris. Malgré le temps maussade, le bâtiment devant moi irradie d'une dignité intemporelle. La façade avec ses pierres patinées par le temps se dresse avec fierté.
Les grandes colonnes forment un étau qui se resserre sur mon corps.
Avant que je ne franchisse la porte à moitié ouverte, mes yeux se lèvent vers les hautes fenêtres arquées, encadrées de fines sculptures en pierre.
Les gravures dorées au-dessus de l'entrée principale clament :
Liberté, Égalité, Fraternité.
Pourtant personne n'est totalement libre.
Peu sont égaux.
Quelques-uns sont fraternels, mais mettez de l'argent en jeu et, vous verrez, tout le monde deviendra orphelin.
Soulagé, c'est dans le couloir du hall que j'essaie de débarrasser mon costume des gouttes qui se sont accumulées dans les plis. J'avance sous les lustres suspendus aux arches qui forment l'entrée, mes chaussures couinant à chaque pas que j'effectue.
Je suis heureux d'être revenu ici, je me sens presque revivre.
Il y a ce sentiment qui m'habite à chaque fois que j'y mets un pied, celui d'avoir l'impression de suivre les traces et l'héritage des grands esprits qui ont marché ici avant moi.
Il n'y a quasiment personne, seulement deux étudiants que je salue d'un signe de tête.
Pressé, je cherche le tableau d'affichage afin de connaître la salle dans laquelle je suis censé suivre mon premier cours.
Je pose une main sur la fraîcheur du mur en pierre, reprenant mon souffle alors que je suis les lignes pour me guider.
Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées : Droit Pénal Approfondi.
Procédure pénale, amphi K13, 18h00
Droit des peines, amphi K13, 15h00
Sources du droit criminel, amphi K13, 13h00
Droit pénal des personnes, amphi Gény, 11h00
Option: l'Art de la Rhétorique, salle B113, 9h00
Je ne sais pas ce qu'il y a de bien pratique à détailler les cours dans l'ordre inverse de celui chronologique, mais celui qui a rédigé cette feuille est un idiot.
Salle B113.
Voici la destination qui m'intéresse.
Elle se trouve au premier étage et ne contient que très peu de places comparée à un amphithéâtre ; la raison étant que l'option à laquelle je me suis inscrit n'attire pas grand monde.
Pourtant, je trouve que tout bon étudiant en droit devrait en avoir, des cours d'éloquence.
Je me dépêche d'emprunter les escaliers, gravissant les marches deux par deux.
Mon corps emprunte le couloir où les portes s'alignent et où les baies vitrées donnent vue sur la cour intérieure.
La salle B113 est la première.
J'attends une minute avant d'y pénétrer, le temps d'apaiser mon torse qui se soulève de manière frénétique et le « Bonjour » que je m'apprête à lancer.
Mon poing se lève dans les airs, mes mèches de cheveux mouillées se collent sur les verres de mes Ray-ban Clubmaster.
Je secoue la tête pour les sécher un peu, en vain.
Sans réfléchir, je frappe à la porte et n'attends pas une seule seconde avant de l'ouvrir.
Je tombe nez à nez avec le bureau du professeur. Ce dernier est appuyé contre le devant, les jambes et les bras croisés, faisant face à la classe d'une dizaine d'élèves.
Lorsque mon regard se pose sur l'homme devant moi, qui d'ailleurs est en train de me fixer, je sens mes jambes flancher.
Le monde autour de moi semble s'écrouler.
Pour la première fois de ma vie, j'ai perdu toute l'assurance et la confiance avec lesquelles j'ai pour habitude de me présenter. Mes lèvres s'écartent, lentement, alors que ma main, qui tenait autrefois la poignée, tombe désormais sans douceur contre ma hanche.
Je suis maudis, je ne vois pas d'autre explication. Le malheur coule dans mes veines.
Le choc me paralyse, peinant à réaliser qui se trouve au sein de cette pièce.
L'Avocat du Diable, Maître Kim, se tient fièrement, et il n'est autre que mon professeur de rhétorique.
Mon rythme cardiaque pulsent avec une vitesse affolante à l'intérieur de ma tête tandis que je ne peux détourner le regard de sa personne.
Il porte un pull en mailles gris sous lequel dépasse le col d'une chemise blanche parfaitement repassée. Au bout de son nez arrondi se trouve toujours sa paire de lunettes noires. Ses cheveux lisses et profondément inspirés des plumes du corbeau sont séparés par une raie au milieu. Ils camouflent ses oreilles et paraissent légèrement humides.
Lui aussi a pris la pluie, on dirait.
Son charisme démoniaque m'oblige à rester figé un instant.
Il est encore plus beau que la dernière fois.
— Bonjour, je vous prie de m'excuser pour le retard, parvins-je à lancer en refermant la porte derrière moi.
Ses orbes vertes m'analysent de bas en haut et j'ai soudainement honte de me tenir ainsi devant lui ; trempé de la tête aux pieds.
Est-ce qu'il m'a reconnu ?
Décidément, je me sens toujours indigne en sa présence. Il me donne le sentiment de n'être qu'un moins que rien et son regard écrasant lit le mot « incapable » marqué au fer rouge sur mon front.
Commençant à perdre mes moyens face à son silence, je tente de me faufiler discrètement vers le fond de la classe pour m'asseoir.
Mais c'est sans compter sur ses paroles qui glacent tous les membres de mon corps sur place :
— Votre retard ne fait qu'illustrer un défaut de caractère bien plus alarmant que le simple désintérêt pour la ponctualité, Monsieur.
Misère. De ce simple "Monsieur", il vient de me détruire comme il a détruit le criminel au procès, sans aucun remord.
Mon égo est violemment heurté.
L'envie de disparaître et de ne plus jamais revenir laisse progressivement place à une bulle de colère qui menace d'éclater.
Mes sourcils se froncent et j'affronte ses deux yeux toujours rivés sur ma personne.
Je glisse une œillade sur ma montre.
Neuf heures cinq.
Je reporte mon attention sur Maitre Kim qui me scrute avec le même dédain que je dois laisser paraître. Son expression est ferme, sévère et aucune bienveillance ne se laisse ressentir. La posture avec laquelle il se tient et les traits de son visage pourraient intimider les plus hauts dirigeants politiques.
Il n'a plus rien à voir avec l'homme qui s'était soucié de mon état au palais de justice, la semaine dernière.
Plus rien à voir du tout.
Je suis étonné par autant de méchanceté d'entrée de jeu et me demande même si je n'avais pas rêvé cette main altruiste qui s'était tendue pour me ramasser.
Il m'avait craché sa phrase avec un tel mépris que j'en oublie un instant son statut pour ne laisser que mon amour-propre rétorquer.
Je prends une profonde inspiration, rassemblant mon courage et ma frustration pour forger chaque mot que je lui jette avec condescendance :
— Si cinq minutes suffisent à illustrer un défaut de mon caractère, alors permettez-moi de suggérer que votre jugement hâtif en révèle bien plus sur le vôtre.
Seul le son de la pluie réagit.
Je remarque l'expression amusée d'Auguste au premier rang.
Ma voix est calme, mais ferme. Dans ses yeux, je cherche un signe de fléchissement, mais je trouve un adversaire inébranlable. Pourtant je reste debout, prêt à défendre non seulement le temps derrière lequel je cours, mais surtout ma dignité.
Maître Kim retient un sourire furtif, pli temporaire de son visage austère.
— Quel est votre nom ? se contente-t-il de demander.
— Jungkook Delcroix, je murmure, sans assumer mon effronterie.
L'idée d'une nouvelle fois m'enfuir comme au palais me traverse.
Sa voix reprend, plus grave encore que les fois précédentes, mais avec une pointe d'ironie qui ne m'échappe pas :
— Monsieur Delcroix, votre réplique est aussi piquante que votre retard est éloquent. Mais permettez-moi de vous rappeler une maxime essentielle. À l'Université comme dans la salle d'audience, le temps n'attend personne. Pas même vous.
Il me fixe et je ressens pour la première fois cette sensation que je voulais tant éviter à la cour d'assise.
Ces iris qui peuvent entraîner leurs adversaires vers les forces obscures de l'après-monde.
Le professeur finit, d'un timbre ferme :
— Allez vous asseoir.
L'ordre qu'il vient de me lancer me remet à ma place.
Son regard ne vacille pas, mesurant l'impact de ses phrases.
J'ai perdu, il faut croire.
La répartie ne remplacera jamais la rigueur qu'il semble chérir plus que tout, ni dans ce hall, ni nulle part ailleurs. Même si elle contraste avec le côté bordélique qu'il avait dégagé au palais.
Je décide de me faire petit et prends position sur la chaise tout à gauche, près de la fenêtre.
Quelques gouttelettes tombent de mes cheveux pour venir s'écraser sur la table en bois.
La tête baissée, je les fixe et me dis que si je pouvais me réincarner en une simple flaque d'eau, je le ferai.
— On peut dire que pour une entrée fracassante, c'est réussi, chuchote Auguste devant moi.
Je ne relève pas ce qu'il vient de dire, trop occupé à cristalliser mes orbes sur l'origine du noeud d'humiliation qui s'est formé à l'intérieur de mon estomac. Mais pas une seule fois les siens ne prennent la peine d'à nouveau se poser sur moi.
Comme si je n'existais pas.
— Bien, reprenons.
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La première vraie rencontre ! Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Taehyung le professeur, ahlala, il est là pour abattre et Jungkook, et moi, et vous. Je vais tout mettre en place pour créer un personnage qui, à chaque apparition, donne envie de jeter son téléphone au bout du lit. Je hurle parfois en écrivant ses scènes, vous voyez un peu le délire ...
Je me suis trop plu à écrire l'heure de cours dans le chapitre suivant, j'ai déjà hâte d'être vendredi prochain. En espérant continuer à vous cultiver juridiquement.
Je suis toujours disponible si vous avez des questions !
Prenez soin de vous, je vous aime <3
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