Chapitre 58 : Féroce
Quand Mackenzie ouvrit les yeux, le calme de la pièce lui fit un bien fou. Sa plaie avait été soigneusement pansée et la douleur n'était plus aussi présente. Le regard vers le plafond, elle mit un certain temps avant de reprendre sa lucidité. Une fois apte, elle sortit de la pièce, et se rendit au rez-de-chaussé, où la plupart semblaient s'être regroupé.
« Mack, comment te sens-tu ? s'inquiéta Marilore en la voyant descendre.
‒ Bien. Mon médecin a fait du bon travail. »
Elle s'était tourné vers ce dernier, qui lui avait sourit en retour. Elle murmura du creux de ses lèvres un « merci », qu'il perçut sans problème.
« Alors on fait quoi ? interrogea Londir.
‒ Rien, répondit Kahésar. Si Victoire est dans le coin, il viendra sûrement à nous. »
Mackenzie fronça les sourcils. Elle avait l'impression d'avoir manqué un épisode.
« Steel est rentré de sa mission d'éclaireur, lui expliqua Marilore. Il s'était rendu au Nord, près des féroces, et y a trouvé un campement des faucons. Victoire y était également.
‒ Comment est-il sûr que c'était bien lui ?
‒ Parce que j'ai entendu ses coéquipiers en parler et que j'ai vu un mec porter une couronne faîtes de plumes, intervint Steel.
‒ Pourquoi s'installer près des féroces, alors qu'ils ont vidé la zone sud ? demanda Ambroise.
‒ Parce qu'ils sont tordus, lança Jack.
‒ Peu importe la raison, appuya Kahésar. Si les bêtes ne les abattent pas avant, alors il faudra y aller et s'en occuper nous-même.
‒ Pas la peine », annonça Londir en regardant par la fenêtre.
Tout le monde zieuta l'extérieur. Des hommes vêtus de plumes par-dessus des équipements militaires s'avançaient vers le manoir.
« Tous à votre poste, parla Kahésar. Ne les laissez pas entrer, et prenez l'avantage du lieu. »
Ils se dispersèrent, et Joy se cacha au dernier étage, incapable de prendre part au combat qui s'annonçait.
« Prends un fusil à précision, et cache toi au premier », suggéra Déon à Mackenzie.
Alors que les autres étaient partis se rendre à leur position, Déon avait rejoint Mackenzie. L'attention qu'il porta à son égard, lui fit chaud au cœur. Blessée ainsi, elle était incapable de combattre au corps-à-corps.
« D'accord. Fait attention à toi, et ne meurt pas une deuxième fois », avait-elle fini par plaisanter.
Il rigola avant de la quitter. Mackenzie prit son fusil, le même qu'elle avait utilisé près du pont, et se rendit à l'étage supérieur. Tant que les faucons ne rentraient pas à l'intérieur, ils avaient l'avantage.
Les tirs se firent plus nombreux et l'atmosphère s'imprégna rapidement de l'odeur du sang. Il était compliqué de viser tout en évitant les balles, mais Mackenzie avait fait de belles prouesses et avait abattu plusieurs ennemis. L'avantage semblait du côté de ceux vivant au manoir, pourtant, la situation s'inversa en une fraction de seconde. Le camion posté à l'entrée fut éjecté par une force phénoménale, et explosa au contact du sol. Personne ne pouvait faire ça. L'engin avait atteint un arbre plus loin, le faisant prendre feu immédiatement.
Une silhouette se dessina à l'emplacement préalable du camion. Elle n'était pas humaine. C'était un ours à trois têtes. Les dents acérés comme ses griffes. Il tenait sur ses deux pattes arrières, imposant sa taille démesurée. Les faucons avaient dompté l'une des bêtes les plus redoutables des terres dévastées. Un féroce, dont les balles avaient du mal à traverser le cuir et dont la force se décuplait par son nombre de têtes.
L'animal n'eut aucun mal à détruire la porte et laisser une ouverture aux autres. Les faucons entrèrent à l'intérieur presque immédiatement. Un homme à la couronne faîtes de plume, entra le dernier. Un sourire vainqueur aux lèvres, il se délectait de l'effet qu'il avait donné. Son groupe arpentait les couloirs, et les tirs reprirent de plus belle.
Mackenzie, toujours à son poste, tirait sur l'animal encore à l'extérieur. Sa carrure ne lui avait pas permis de pénétrer par la porte comme tous les autres. Les balles ne semblaient que le chatouiller, bien que l'une d'entre elles se logea directement dans sa tête, le déséquilibrant. Ses têtes se tournèrent synchroniquement vers la sniper.
Elle déglutit.
L'animal à la force incroyable fut empli de rage et s'élança contre la paroi du bâtiment. En quelques instants ‒ qui permirent à peine à Mackenzie de s'éloigner des fenêtres ‒ il avait atteint sa hauteur et avait enfoncer les planches qui couvraient la vitre.
Il retomba une fois à l'intérieur. La demoiselle était restée bouche-bée, surprise par les prouesses de l'animal. Il agrippa un meuble qu'il projeta sur elle. Par chance, elle atteint la porte sans qu'il ne la touche. Elle s'élança à l'extérieur, mais l'animal ne semblait pas vouloir lâcher sa proie. Il ne prit pas la peine de passer la porte. De sa force, il détruisit un mur, afin de se créer une ouverture. Mackenzie était seule à cet étage et ne voulait ramener la bête aux autres membres, déjà en plein assaut.
Elle continua sa course dans le couloir, mais le féroce la rattrapa en une seconde, et la projeta sur l'un des murs. Son dos frappa la paroi avec une force qui lui coupa le souffle. Ses yeux voyaient rouge et son bras n'était plus la seule douleur qui l'envahissait à présent. Elle tenta de reprendre son esprit et s'arma de son fusil comme d'une arme de contact. La bête se rapprocha, dénuée de compassion, elle tenta de saisir la tête de sa victime de ses longues griffes acérées. Mais Mackenzie y fit s'abattre son fusil qui arrêta le coup avant de se détruire au contact. Désarmée, la demoiselle vit les battements de cœur s'accélérer. L'adrénaline s'empara de ses muscles et la vie prit un sens dramatique.
La bête voulue la saisir à nouveau, mais elle s'arrêta de douleur. La lame d'une hache venait de pénétrer l'un de ses crânes. La créature vacilla, l'arme coincée dans sa tête de droite. Derrière se trouvait Léana, essoufflée par son exploit.
Mackenzie en profita pour rejoindre son amie, et s'échapper ensemble. Le cri rauque et primitif de la bête fit trembler tous les murs. Une fois au bout du couloir, elles s'engouffrèrent dans une pièce.
Mackenzie sentait une horrible douleur tout le long de son échine, et la plaie sur son bras s'était rouverte. L'odeur du sang avait appâté la bête affamée, qui pénétra plus vite que prévu dans la pièce. Les deux jeunes femmes s'étaient accolées aux fenêtres les plus éloignées de la porte. La tête meurtrie avait succombé à sa blessure, vacillant de gauche à droite. Il n'en restait plus que deux à abattre. Pour autant, rien ne semblait encore gagné.
La bête rugit, comme annonçant son attaque imminente. Mais avant même qu'elle n'eut le temps de s'élancer, sa tête centrale explosa sous le tir à bout portant d'un fusil à pompe. La troisième et dernière laissa échapper un cri de douleur infâme. Elle ne résista pas également au tir d'une arme si dévastatrice. La bête s'écroula dans un fracas énorme, laissant apparaître derrière Déon, souillé par le sang de sa victime.
« Est-ce que ça va ? » avait-il demandé, haletant.
Mackenzie avait acquiescé. Elle était fascinée par les performances qu'il avait réalisé depuis peu.
« Je vais descendre, dit-il. Vous, restez ici.
‒ Je viens aider aussi », lança Mackenzie tenant à peine debout.
Il l'arrêta dans sa lancée, en bloquant la sortie de son corps.
« Hors de question. Regarde dans quel état tu es.
‒ L'adrénaline me fait encore de l'effet, répliqua-t-elle en s'avançant vers lui. Laisses-moi en profiter. »
Elle était maintenant assez proche de lui pour pouvoir voir son reflet dans les yeux noirs du ranger.
« La chute n'en sera que plus violente si tu continues ainsi.
‒ Il a raison, Mack, intervint Léana en les rejoignant. Ils s'en sortiront sans nous, maintenant que la bête est hors d'état de nuire. »
Mackenzie soupira, mais ils n'avaient pas tort. Une fois l'adrénaline retombée, la douleur ne serait que plus effroyable.
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