« Fais attention où tu marches », susurra Steel.
Ils avaient pénétré tout deux dans l'antre des faucheurs. Ces insectes étaient semblables à celle de l'ancienne époque, c'est-à-dire à des arachnides au corps restreint et aux pattes d'une longueur impressionnante. Pourtant, à la différence des petites bêtes connues pour se cacher sous les rochers ou les fissures de grottes, elles étaient ‒ dans les terres dévastées ‒ des monstruosités de la taille d'un chevreuil, incapable de se cacher autre part que dans les grandes cavités des grottes.
Ce n'était pas des créatures dangereuses, mais des nuisibles qui, lorsqu'ils sortaient de leur habitat, faisaient un carnage sur toutes les ressources alentours et pillaient tout ce qu'ils trouvaient. Ces insectes s'étaient installés non loin des rangers, et c'était la raison pour laquelle ils avaient fait appel à l'escouade.
Ces bêtes ne s'attaquaient jamais vraiment à l'homme, sauf pour se défendre. Cela n'empêchait cependant pas Mackenzie, d'être affolée par ces bêtes suspendues au plafond ou terrées à plusieurs dans les impasses de grottes.
Une fois à l'intérieur, la jeune femme frissonna. Quand elle leva les yeux, elle fut prise d'un frisson et s'accroupit immédiatement. Au dessus de leur tête pendait de gigantesques arachnides aux longues pattes fines. Leur corps avait la taille d'une tête humaine, si ce n'est plus. Steel agrippa le bras de la jeune fille, pour la ramener à ses côtés.
« Pourquoi avoir accepté, chuchota-t-il, si tu as la phobie de ces choses ?
‒ J'avais besoin de vivres. Mon stock se vide à vue d'œil. »
Steel força la marche, la jeune fille toujours accrochée à son bras. Il leur fallait trouver les œufs et les incendier. L'intérieur était un vrai labyrinthe. Ils avaient pris avec eux une vieille lampe torche, qui faisait fuir les créatures sous un cri strident. S'ils ne tombaient pas dans une impasse recouverte de pattes entremêlées, ils étaient bloqués par un amas de cadavres d'arachnides, les forçant à faire demi-tour.
Alors qu'ils marchaient dans ces longs couloirs humides et froid, Mackenzie réussi enfin à quitter la protection du jeune homme, et s'efforça à ne pas lever la tête.
« Dis-moi... dit-elle, je ne t'ai jamais vu avoir des phobies.
‒ Parce que je n'en ai pas, parla-t-il calmement.
‒ Je ne te crois pas, tout le monde en a.
‒ Peut-être, mais tu peux toujours passer outre. Et alors, c'est comme si tu n'en avais pas. »
Elle posa son regard sur lui. Le jeune homme de vingt sept ans, avait la maturité d'un quarantenaire. Le silence à peine entamé, Mackenzie reprit :
« Au contraire, tu réussis juste à les surpasser, mais ils sont toujours là. »
Il s'arrêta, la forçant à faire de même.
« Que cherches tu à savoir, Mack ?
‒ Je sais que tu ne vas pas bien depuis quelques temps et j'aimerais t'aider, avoua-t-elle, comme avant. »
Il soupira. Elle se préoccupait toujours de cette dernière fois au restaurant. Le jeune homme la serra dans ses bras. Ils avaient toujours été comme un frère et une sœur. Pourtant Steel n'était pas du genre à s'attacher à quelqu'un, au risque de perdre ses moments de solitude qu'il aimait par dessus tout.
« Très bien, tu as gagné, capitula le jeune homme. Terminons la mission, et nous pourrons en parler de retour au manoir. »
Il desserra son étreinte. La jeune fille lui sourit avec tendresse, et ils reprirent leur tâche. Ils traînèrent encore un peu dans les couloirs sombres et infestés, avant d'enfin pouvoir mettre la main sur un nid gigantesque. La cavité dans laquelle ils se trouvaient à présent, était creusée sur plusieurs dizaines de mètres et le plafond pouvait en atteindre le double.
Ce grand espace était légèrement éclairé par les ouvertures de part et d'autre au dessus de leur tête. Chaque rayon de lumière faisait barrière aux monstruosités, qui ne s'en approchaient en aucun cas. De multitudes d'œufs, les uns serrés contre les autres, étaient parsemés un peu partout dans les coins sombres et humides de la grande fosse.
« Bien, préparons de quoi enflammer tout ça », annonça Steel.
Ils sortirent de leur sac un briquet, quelques bombes aérosol et des grenades. Steel lança les premières explosions à même l'ouverture béante, peuplée de la plupart des spécimens. La déflagration fut soudaine, accompagnée des cris stridents des faucheurs alors en flamme. Mackenzie tendit son briquet face à son spray et en fit usage comme d'un lance-flemme. Ils s'occupèrent des œufs dans un tourbillon d'horreur et de brasier. Les créatures enragées, ne s'attaquaient pas aux deux mercenaires, de part leur réticence à s'approcher de la lumière produite par l'incendie qu'ils avaient causé.
Ces bêtes, propageaient le feu entres elles à une allure hallucinante. Incapable de s'en défaire et affaiblies par la luminosité, elles se jetaient d'elles-même dans le vide ou se rendaient au plafond, enflammant leurs camarades par la même occasion. Leur corps complètement carbonisé, retombait alors dans un bruit infernal.
Le carnage monstrueux faisait peine, mais les deux visiteurs ne pouvaient s'en émouvoir. Ils coururent jusqu'à la sortie, espérant que leur action ait été efficace.
Ils réussirent à sortir, malgré l'aspect dédaléen, et les flammes suffocantes. Derrière eux les flammes avaient commencé à se répandre à vive allure. Les bêtes n'osaient pas sortir, par peur de s'exposer au soleil. Elles étaient totalement prises au piège, entre le feu et le jour extérieur.
« Mon Dieu », soupira d'effroi la jeune fille.
Elle était hypnotisée face aux flammes et aux cris qui s'échappaient de la grotte. Steel lui prit le bras, la ramenant à la réalité, et la força à le suivre. Ils partirent alors vers le quartier général des rangers, afin d'annoncer leur fin de mission.
Une fois arrivés devant un vieux bâtiment, entouré de ruines, ils se dirigèrent vers une porte blindée avec digicode, surplombée d'une caméra en fonctionnement. Steel actionna l'interphone à côté et s'identifia. Il en fallu peu pour qu'on leur ouvrît la porte. Ils pénétrèrent dans le bâtiment, aux allures de complexe militaire souterrain. Ils longèrent un petit couloir avant de se retrouver dans une pièce centrale, où les attendait Greg.
« Merci pour votre travail, annonça celui-ci. Attendez-moi ici, je vous apporte votre récompense. »
A ces mots, le ranger les quitta pour prendre une porte un peu plus loin. Les deux jeunes mercenaires se regardèrent en silence et zieutèrent la pièce autour d'eux. Il y avait un stand de tir aménagé sur leur gauche et des établis à leur droite, servant aux réparations et aux améliorations de l'équipement et des armes.
Londir venait d'entrer dans la grande salle, essoufflé. Mackenzie posa ses yeux sur lui. Il était couvert de sang. Greg revint par la porte qu'il avait précédemment prit et fut accosté par le jeune ranger. D'où Mackenzie se trouvait, leur discussion était inaudible, mais elle semblait bien agitée.
Une fois leur conversation terminée, Greg revint vers les mercenaires.
« Pardonnez-moi pour l'attente, s'excusa-t-il, on a eu quelques soucis entre temps. Voilà pour vous. »
Il leur tendit un sac rempli de nourriture et une sacoche contenant quelques balles de revolver.
« Est-ce que tout va bien ? demanda Steel. Si nous pouvons faire quoi que ce soit...
‒ Ce n'est rien. Notre plus jeune membre a été blessé lors d'une défense du QG. Tout laissait à croire qu'il avait succombé à ses blessures, mais apparemment ce n'était pas le cas.
‒ Tant mieux s'il s'en est sorti, constata Mackenzie.
‒ Oui, rare sont les gens qui survivent à une balle en plein cœur. »
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