Chapitre 32 : L'escouade
Les marécages avaient laissé place à un endroit asséché, mais dont leur brouillard continuait de s'y étendre.
L'obscurité devenait pesante. Joy s'écroula, ses jambes ne pouvant plus la porter.
« Joy ! » avait crié Léana en se retournant.
Elles s'étaient toutes arrêtées, pour rejoindre Joy, au sol.
« J'en peux plus, se plaignit la petite. Est-ce qu'on peut faire une pause ? »
Léana regarda Mackenzie. Cette dernière devait décider.
« Dix minutes, pas plus », lança-t-elle en s'asseyant aux côtés de Joy.
Mackenzie aussi, avait besoin de se reposer. Être si proche et si loin à la fois la torturait. Joy s'était plainte à plusieurs reprises auparavant, Mackenzie redoutait que cette dernière ne s'écroule pour du bon.
Malheureusement, l'endroit n'était pas des plus propices au repos. Mackenzie restait vigilante aux bruits de la nature et de ses créatures. Chaque cri du vent, contre les feuilles sèches et solitaires des arbres, appelaient son attention.
Le froid prit le dessus assez rapidement. Lorsqu'elles marchaient, même lentement, elle ne le ressentait pas assez pour s'en plaindre. Maintenant assises, elles s'apercevaient réellement de sa férocité. Un ennemi parmi tant d'autres.
Il fallait à tout prix qu'elles rentrent avant la tombée de la nuit.
Les ventres gargouillaient à nouveau, et la soif se fit plus cruelle. Elles ne survivraient pas un jour de plus sans se sustenter et se réchauffer.
« Repartons », ordonna Mackenzie en se relevant.
Les jeunes filles qui l'accompagnaient ne dirent rien et s'exécutèrent. Mackenzie avait évité une crise de nerf, en leur acceptant cette pause, qui si elle avait été seule, n'aurait jamais eu lieu.
Reparties pour quelques heures de marche, les demoiselles soupirèrent l'une après l'autre.
Le paysage avait un peu changé, laissant entrevoir de nouvelles végétations et des arbres plus feuillus. Les bruits ambiants, eux, étaient toujours les mêmes.
Parfois, elles pouvaient voir des lumières au loin, qu'elles ne manquaient pas d'éviter, en les contournant. D'autres fois, elles apercevaient un groupe d'insectes, facilement évitable, contrairement aux moustiques gigantesques de la dernière fois.
Les heures défilaient, accompagnées de la souffrance due à la faim, la soif et la fatigue.
Puis... La délivrance.
« Enfin, soupira Mackenzie les yeux rivés sur le Manoir aux pierres blanches, qui se trouvait devant elles, couvert par les hauts arbres et autres herbes grimpantes.
– On est sauvé ? » demanda Joy.
Mackenzie acquiesça, avant de se diriger vers la porte d'entrée, suivit par les deux autres filles.
C'était un grand bâtiment en longueur, sur trois étages. L'étage supérieur était à découvert sur toute sa moitié. Une bonne partie des étages du dessous avaient été rafistolés avec de la vieille tôle, des plaques en bois ou autres matériaux, couvrant les trous créés par la guerre.
Une fois toutes trois devant, Mackenzie hésita. Quelle serait leur réaction ? Avait-elle le droit de rentrer ainsi, après avoir manqué à sa mission ?
Elle frappa contre la porte en bois rafistolée.
Elles attendirent un moment. Mackenzie savait qu'à cet instant, l'un des membres du groupe les avaient vu.
La lourde porte s'ouvrit sous le bruit de la clenche. Ambroise, une blonde aux cheveux lâchée et à l'apparence très coquette se trouvait derrière.
« Ambroise, soupira Mackenzie.
– Impossible ? Mack ? » s'étonna cette dernière.
Les larmes aux yeux, Mackenzie lui sauta dans les bras. Cela faisait tellement de bien d'être enfin rentrée chez elle.
« Entrez, entrez, s'exclama Ambroise, vous devez être affamées et frigorifiées. »
Les jeunes filles entrèrent, après que Mackenzie lâcha son emprise.
L'intérieur était coquet. L'entrée avait encore sa tapisserie d'antan, sa vieille moquette délavée et ses quelques meubles, anciennement de grande bourgeoisie.
Une fois à l'intérieur, la chaleur du lieu les atteint rapidement.
« Mack, dit Ambroise, je n'arrive pas à y croire. »
Comme une mère à son enfant, Ambroise du haut de ses trente ans, prit le visage de Mackenzie entre ses mains. Elle l'observait, comme voulant s'assurer que ce n'était pas un rêve.
Ambroise était avec Mackenzie, la fois où cette dernière avait été capturée. Quand les passeurs avaient mis la main sur cette dernière, Ambroise n'avait rien fait. Pour autant, elle en avait été attristée. La blonde avait seulement suivi les règles, comme toujours.
Le chahut à l'entrée avait ramené une tête curieuse. Steel apparut à l'embouchure d'une porte sur leur gauche.
« Mack ? » demanda-t-il légèrement perturbé.
Steel était un jeune homme de vingt-sept ans. Plutôt grand et fin. Ses cheveux noirs mi-longs, lui tombaient sur le visage. Il avait appris à Mackenzie tout ce qu'elle savait en termes de furtivité. C'était un loup solitaire, qui vaquait souvent pour ses propres intérêts, mais qui ne manquait pas à aider l'escouade et à s'y installer, quand la flemmardise le happait.
« Waouh, jamais je n'aurais pu imaginer que tu rentrerais un jour. Je regrettais déjà nos missions communes. »
Le ton détaché de Steel, laissait pourtant entrevoir une émotion plus forte.
« Toi aussi tu m'as manqué, Steel, dit Mackenzie, sourire sincère aux lèvres.
– Bon, c'est pas tout, mais toi et tes amies devez être affamées, non ? demanda Ambroise. D'ailleurs, on n'a pas eu l'occasion de faire les présentations.
– Oh, c'est vrai, répondit Mackenzie. Voici Joy et Léana. »
Les deux amies saluèrent leurs hôtes, alors qu'Ambroise les poussa jusqu'à la pièce d'où était sorti Steel précédemment.
C'était une cuisine ouverte sur une salle à manger. La pièce rectangulaire s'observait sur sa longueur. A gauche de grandes fenêtres laissant entrer la lumière, pour celles qui n'avaient pas été couvertes par des planches en bois.
Sur la droite, à côté de l'entrée d'où ils étaient, des meubles de cuisine laissant apercevoir des plans de travail. Au fond, près d'une autre porte, se trouvait une grande table ovale, entourée de chaises. Elles n'étaient pas toutes les mêmes, certaines provenant de missions de récupération.
L'endroit était chaleureux. Identique aux souvenirs de Mackenzie.
« Bien, mangez et buvez autant que nécessaire, ordonna Ambroise. Ce sont nos rations communes, vous les rembourseraient plus tard », s'exclama-t-elle tout sourire.
Mackenzie savait très bien que ce n'était pas une blague, malgré le ton qu'elle avait employé. Ici, tout avait un prix.
Les demoiselles s'attablèrent, alors qu'Ambroise et Steel déposaient des produits issus de rations et de l'eau potable sur la table.
« Je pense que dans mon cas, c'est vous qui me devez des rations, dit Mackenzie vers Ambroise qui déposait une bouteille d'eau sur la table.
– Tu verras ça avec Kahésar lorsqu'il rentrera, c'est lui qui est allé dans ta chambre.
– En parlant de Kahésar, dit Mackenzie en croquant dans une pomme, où sont tous les autres ?
– Lui est parti avec Marilore voir les rangers avec qui on travaille. Jack, quant à lui est en mission depuis ce matin.
– Des rangers ?
– C'est une longue histoire, mais on t'expliquera un peu mieux, plus tard. Vous devez être fatiguées. Mangez et ensuite partez-vous coucher », conclut Ambroise.
Les demoiselles, terminèrent leurs repas et allèrent dormir.
Mackenzie retrouva sa chambre. Quant à Léana et Joy, on leur en attribua une. Des lits chauds et douillets, qui allaient aider leurs muscles à se restaurer.
Demain matin, Mackenzie retrouverait les autres membres. Beaucoup de choses s'étaient passées durant son absence. Elle avait hâte d'en savoir plus sur ces rangers. Tout comme elle avait hâte de parler à Ambroise d'Hayden.
Elle ne savait pas encore comment aborder la situation, mais elle voulait que cette dernière, aide l'ami qu'elle avait laissé derrière.
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