Chapitre 29 : Une rude nuit

Le cadenas tomba à leurs pieds. Le bruit fit monter la pression en elles.

Mackenzie était restée tellement longtemps dans les souterrains, qu'elle venait à en redouter l'extérieur. Elle avait peur de ne plus rien reconnaître, de ne plus être à sa place.

Elle ne savait pas très bien encore, ce qu'elle ferait une fois dehors, mais elle comptait retrouver l'escouade.

Les filles entrèrent l'une après l'autre dans le tunnel creusé par les anciens fuyards. Mackenzie passa la première, pour pouvoir prendre les mesures nécessaires une fois à l'extérieur, si besoin. Joy y entra ensuite et fut suivie par Léana.

Velingrade ne tarda pas à refermer derrière elles. Une fois bien engagées, elles commencèrent leur course en rampant dans la galerie de fortune. Elles n'avaient pas de lumières pour les éclairer, elles se devaient donc de ramper à l'aveuglette.

Ils avaient réellement fait un travail de fourmis. Les recoins étaient plutôt étroits, mais les demoiselles n'avaient pas de mal à s'y faufiler.

Les courbes, virages et montés rudes, les fatiguèrent rapidement. Pourtant, il ne fallait rien lâcher. Aucune ne parlait, si n'est haletant d'épuisement et à cause du manque d'air.

Mackenzie tenta de garder son calme, mais elle commençait à suffoquer. Elle ne pouvait pas perdre maintenant.

C'était difficile de se diriger dans un endroit sans aucune source de lumière. Faire marche arrière semblait pourtant maintenant impossible. Elles s'étaient bien engagées dans le tunnel et si elles ne voulaient pas mourir à quelques mètres de la surface, elles se devaient de continuer.

Jamais Mackenzie n'avait eu autant de pugnacité. Les filles qui l'accompagnaient ne disaient rien, voulant garder leur souffle, et se concentrant dans les diverses montées dont elles devaient faire face.

Parfois, Mackenzie pouvait entendre derrière elle des plaintes ou des gémissements de douleur. De temps en temps, elle demandait si tout allait bien, mais les réponses brèves et faibles, lui montrait à quel point il était encore plus difficile de parler.

Elle se cogna rapidement sur une surface dure face à elle.

« Arrêtez-vous ! » avait-elle crié.

C'était de la terre, et celle-ci ne semblait pas se mouvoir sous la pression.

« C'est quoi ? demanda Joy inquiète.

– Je crois que nous sommes arrivées, répondit Mackenzie en tâtant les surfaces autour d'elle, mais je n'arrive pas à trouver l'ouverture pour la sortie. »

Peut-être que finalement il n'y en avait jamais eu ? Etaient-t-elles coincées sans aucune opportunité de revenir en arrière ?

Heureusement, sa soudaine peur s'évacua, lorsqu'elle sentit une surface amovible au-dessus d'elle.

« C'est bon », susurra Mackenzie, soulagée.

A ces mots, elle déplaça la plaque en bois qui se trouvait au-dessus de sa tête. Elle s'extirpa du tunnel rapidement, suivie par Joy et Léana.

« Dieu merci », soupira Léana.

Le désert à perte de vue, entouré par quelques montagnes et arbres défraîchis, était illuminé par les rayons de la lune. L'atmosphère était drapée sous un brouillard radioactif. Mackenzie s'écroula sur ses genoux, les yeux grands ouverts et le sourire jusqu'aux oreilles.

Le vent claquait. Il était rude, et leur tenue en coton sembla vite désuète. En plus du froid, les demoiselles commencèrent à tousser. L'air de guerre venait s'immiscer dans leurs poumons comme les spores d'un champignon gigantesque.

« Faut pas qu'on reste là », indiqua Léana.

Mackenzie se releva et demanda à ses amies de la suivre.

« Il va falloir trouver des armes, dit-elle. Surtout ne courrez pas, nous n'avons pas de visibilité.

– Je ne sais pas me battre, tremblota Joy sous le froid et la peur.

– Tu dois mettre toutes tes forces sur le premier coup. Cela définira en grande partie ta survie dans un combat. »

Joy grimaça. Elle n'avait pas jugé utile qu'elle sache également se battre. Les demoiselles se trouvèrent rapidement face à une petite structure en pierre. Cela ressemblait à une maison des temps anciens. Le toit n'était présent que pour la moitié de la structure et certains murs n'étaient même plus debout.

Mackenzie alla fouiller à l'intérieur. Léana et Joy, la suivirent sans vraiment savoir quoi faire.

« Cherchez tout ce qui peut être utile, lança la clandestine, mais restez discrètes. »

Léana commença à chercher sous les décombres d'un ancien salon. Joy avançait doucement, tournant la tête aux alentours, et Mackenzie, plus habituée, s'était dirigée vers les murs détruits. Elle cherchait les tuyaux et autres barres en fer qui étaient utilisés dans l'assemblage du béton.

Par chance, elle trouva non loin, des restes de tuyauteries qui étaient tombés avec le haut du mur. Elle en saisit un. Suffisamment dur et lourd pour assommer une bête.

« Qui le veut ? » demanda-t-elle.

Joy secoua très rapidement la tête de négation.

« Vas-y, passe », répondit Léana.

Mackenzie lui donna l'arme en métal et continua sa recherche.

« Il faudra qu'on pense à établir notre camp pour la nuit, non ? demanda Léana.

– Non, on est encore trop proche de l'ouverture. Demain matin, ils se rendront compte de notre disparition. Il faut prendre de l'avance, si jamais ils envoient des passeurs venir nous chercher.

– C'est trop dangereux de déambuler la nuit comme ça, renchérit Léana. On voit à peine où l'on fout les pied.

– Ne t'inquiète pas. Si nous restons éloignées de la montagne, tout devrait bien se passer.

– C'est utile ça ? demanda Joy en brandissant une casserole toute rouillée.

– Prends la, lança Mackenzie. C'est pas trop lourd. C'est parfait pour toi. »

Elles continuèrent leurs recherches, mais l'endroit semblait assez vide. Il avait déjà dû être dépouillé.

« Bon, continuons, dit Mackenzie. Je chercherais quelque chose pour me défendre ailleurs.

– Non non ! s'exclama Léana. Prends le tuyau, tu sais mieux te défendre que moi. »

Mackenzie hésita. Elle savait que les filles avaient moins de chance qu'elle de s'en sortir, pourtant si aucune d'elles n'étaient capable de défendre le groupe, alors elles seraient toutes trois perdues.

« Très bien, passe-le-moi. »

A ces mots, Mackenzie prit le tuyau.

Elles sortirent de la bâtisse pour affronter le froid. Les demoiselles toussaient l'une après l'autre. Elles pressaient le pas, sans pour autant courir et rameuter les bêtes nocturnes.

La nuit était très sombre, en partie à cause de l'atmosphère épaisse. Il était difficile de se diriger, mais Mackenzie avait appris à suivre les montagnes et autres structures de la nature. Il fallait à tout prix éviter de tourner en rond.

Le froid les déstabilisa rapidement. Mackenzie savait, mieux que quiconque, que le froid serait leur premier ennemi, mais elle savait également, que tant qu'elles marchaient, elles tiendraient assez longtemps avant de tomber en hypothermie.

Cela faisait déjà quelques heures qu'elles marchaient à vive allure. Joy avait bien demandé à pouvoir se reposer un instant, mais Mackenzie avait refusé. Chaque minute était précieuse. Chaque minute comptait pour leur survie.

Pour l'instant, leur objectif était de s'éloigner du tunnel par lequel elles étaient passées. Elles n'avaient pas été tout droit, mais elles avaient plutôt suivi d'anciennes routes, avant de s'éloigner pour de bon.

Elles étaient trop visibles sur ces chemins, il ne fallait pas rester, à moins de vouloir se prendre une balle par des bandits cannibales.

Fatiguées, elles virent une vieille cabane. Il était temps de s'arrêter pour le reste de la nuit, et de se réchauffer pour repartir le lendemain matin.

À l'intérieur, l'espace n'était pas bien grand. C'était une cabane de fortune comme il y en avait des milliers dans les terres irradiées. On disait qu'elles avaient été construites par d'anciens chasseurs ou mercenaire. Le mobilier avait été dévalisé, mais il restait bien quelques trucs utiles. Il y avait notamment un petit couteau que Léana prit pour se défendre.

Il n'était pas rare de trouver ce genre d'équipement, un peu partout. Tout le monde préférait les armes à feu, mais celles-ci étaient très rares, en plus de balles quasiment inexistantes, si ce n'est dans les usines d'armement. C'est de ce fait, pour cela, que c'étaient les lieux les plus surveillés de toutes les terres, et donc les plus inaccessibles.

Mackenzie invita les jeunes filles à se reposer contre l'un des murs. Léana prit une couverture toute trouée, au milieu des décombres, et s'occupa de réchauffer Joy, frigorifiée.

Mackenzie serait de garde pour les premières heures, Léana viendrait la remplacer un peu plus tard.

Le reste de la nuit allait être rude pour les jeunes filles. Le vent soufflait beaucoup et arrivait à passer au travers des multiples fissures et brèches des murs en bois.

Il était temps de se reposer, et de se réchauffer. Mackenzie veilla près de la porte, l'arme à la main, prête à s'en servir.

Demain serait un nouveau jour. Le premier réveil dans ce monde effrayant et fascinant à la fois...


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