///Troisieme partie///✔
Silencieux, oui, c'était bien cela.
Tout semblait si dénué de vie, sans qu'aucune âme ne vienne interrompre cette quiétude glaçante dans laquelle le Manoir semblait être plongé depuis quelques heures. Néanmoins, dans l'aile Nord de la grande bâtisse, une brosse passait une fois, puis deux fois et ainsi de suite dans le doux rideau sombre de Julia qui était resté éveiller par les récentes révélations de Catherine.
Son visage pâle restait impassible malgré les émotions qui la gagnaient de plus en plus, elle sentait que des choses extrêmement étrange clochaient dans toute cette histoire, une chose de pas très nette. Quand elle avait analysé minutieusement le gestuel de la Marquise au dîner, un détail imperceptible l'avait marquée, un trèfle noir était tatoué sur le dos de sa main. Le sceau du silence, c'était une évidence ! Mais c'était là que les choses se corsaient, parce que si elle se référait aux aveux de Catherine, cette dernière avait dit avoir entendu quelques brides de la conversation, mais qu'elle s'est vite en aller de peur qu'on la surprenne sur le fait, ce qui aurait sans doute eu de graves conséquences. Cependant, l'hypothèse la plus sûre, c'était qu'elle s'était fait surprendre, et qu'on lui avait greffé sur la peau cette marque pour éviter une quelconque fuite par rapport aux informations récentes. Néanmoins, pourquoi ne pas l'avoir tué quand ils en avaient l'occasion, et surtout puisqu'ils en avaient le pouvoir ?
Seulement s'ils voulaient se servir d'elle comme pion, mais contre qui ? Pensa-t-elle irritée.
Une idée lui venait soudainement, ce qui par conséquent lui glaçait le sang sur place, puis un rire incrédule lui échappait sans qu'elle ne put le retenir tant ça devenait complètement ridicule. Elle avait un instinct fiable qui lui avait sauvé la vie de nombreuses fois, et le temps de la mettre en question n'était pas encore venu. Maintenant, qu'elle avait certaines cartes en mains, elle devait la jouer maligne, et à la déloyale s'il le fallait, surtout si elle voulait délier des langues ! Tout ça le plus tôt possible avant que ce soi-disant problème ne devienne une épine dans son pied.
Déposant la brosse, elle nouait ses cheveux puis y mettait deux épingles pour les stabiliser pendant la nuit. Se levant, Julia lissait sa robe de nuit grise dans l'objectif d'éteindre la flamme de la bougie qui était sur le chevet de sa coiffeuse, et pour ensuite appliquer les mêmes gestes sur les autres chandelles éparpillés dans la chambre.
Cependant, avant qu'elle ne levait sa main, un froid glacial s'abattait brusquement dans la pièce, éteignant toutes les petites flammèches d'un seul coup, ce qui lui fit se mettre sur ses gardes.
Tandis qu'elle prenait d'un geste vif et maîtriser, ses deux épingles qui étaient attaché à ses cheveux, une présence oppressante se fit sentir dans la chambre, envoyant à contre coup une odeur qui lui était familière...de soufre. Un sentiment d'amertume et de trahison mêlé, lui enserrait douloureusement la gorge, ce qui lui faisait plisser imperceptiblement des yeux dans la noirceur de la pièce. Un courant d'air soulevait tout à coup le rideau qui était derrière son dos, la faisant sourire d'amusement.
Julia savait que la présence, ou plutôt la personne qui était dans la chambre était de nature imprévisible, forgée dans le même feu qu'elle, le même penchant pour les entrées en scène.
-- Tu n'avais pas à prendre la peine de soigner ta venue, puisque tu fais partie des indésirables. Déclara-t-elle narquoisement, mais ne desserrait pas pour autant ses paumes sur les fines épingles munies de lames.
À la suite de ses paroles qui ouvraient déjà les hostilités, la silhouette svelte de la personne se stoppait à un mètre d'elle, l'a dévisageant curieusement de ses yeux à l'apparence métallisée. Julia ne lui prêtait aucune attention préférant attachée ses cheveux au moyen des épingles qu'elle avait précédemment retiré, pourtant son corps ne se détendait aucunement.
- J'ai besoin d'un service qui requiert ton attention, et si je suis ici, c'est que t'as été mon dernier choix sache le. Lança la silhouette sans faire de détour.
Julia regardait les cheveux de son ancienne connaissance se mouvoir comme s'ils étaient dotés d'une conscience propre, ce qui était en soi quelques choses d'impossible. Des mèches qu'elle avait passé des heures à natter tant elles se rebellaient. Mis à part à ça, son apparence restait inchangée, cette manie qu'avait la jeune femme d'être franche et souvent sans agir avec tact, même si pour ça, elle devait blesser son entourage, était aussi resté intacte depuis le temps.
Mais, de là à venir jusqu'ici pour lui demander un service dans une attitude qui frôlait l'audace, était le summum. Un rire mauvais lui échappait face à la situation qui prenait déjà un tournant grotesque.
- Ne me tente pas, ça ne serait pas dans ton intérêt de perdre un membre en cours de route ! S'agaça Julia en balayant rapidement l'air d'une main.
Une vive lueur perceptible malgré le peu de clarté, s'allumait dans les yeux de son interlocutrice qui s'avançait rapidement dans la direction d'où elle se trouvait. Nullement impressionnée, Julia regardait la progression de la jeune femme avec un sourie amusé aux lèvres.
- Tout ce que je demande, c'est un service rendu, et comme tu le sais déjà, avec en retour le prix équivalent. Proposa-t-elle sèchement en arrivant à son niveau.
- Si tu connaissais vraiment ma façon de procéder, tu saurais qu'il est temps pour toi de partir d'où tu viens ! Riposta-t-elle en la dépassant tranquillement, afin de s'asseoir sur l'extrémité du matelas, après avoir soulevé les nombreuses couches de draps.
La silhouette se raidissait brusquement, puis se retournait dans sa direction pour déposer une petite bille noire sur le bois de sa table de chevet.
- Si tu reviens sur ta décision, tout ce qu'il y a à savoir se retrouve là-dedans. Murmura-t-elle avant que sa présence ne s'effaçât et que l'air ambiant se réchauffe, ainsi que les flammes des bougies qui projetaient des ombres sur le vaste espace.
Julia s'allongeait confortablement dans le lit puis se recouvrait à moitié avec les draps. Sa bouche s'ouvrait doucement dans un dialecte inconnu, propageant une aura qui provoquait ainsi l'extinction de toute les bougies présentes dans la chambre, puis fermait les yeux sans jeter un coup d'œil sur ce qui a été déposé sur le meuble en bois, en espérant que le sommeil l'accueille.
*****
Le visage impassible, la jeune femme regardait du haut des escaliers, les va-et-vient incessants que faisaient les serviteurs dans la grande bâtisse. Elle s'était levée avant que le ciel n'ait adopté une coloration blanchâtre et indécise, signe distinct de l'aube, pour assister au départ précipité des invités. Un certain contentement avait traversé lentement son corps, mais était brusquement coupé par ses questionnements concernant ce pliage de bagages.
Restant quelques minutes de plus figée dans sa position, elle remarquait furtivement la silhouette gringalet, qui marchait rapidement sans faire attention à son environnement tant elle semblait pressée, seulement la jeune en avait décidé autrement.
- Quelle est la cause de cette hystérie qui parcoure tout le monde ce matin ? Questionna-t-elle en empoignant brusquement l'avant-bras de Janine qui avait les mains remplies de linges.
Ne s'attendant pas à être surpris de la sorte, le visage pâle de la servante devenait cramoisie sous les yeux perçant de sa maîtresse qui exigeait une réponse à sa question.
- Bien le bonjour madame la... Commença-t-elle hésitante, mais fut coupé par le regard froid de Julia qui lui indiquait d'aller droit au but.
- Le Marquis de Beauharnais ainsi que son épouse ont ordonné de ne pas défaire leurs valises afin qu'ils puissent partir le plutôt possible, sans laisser aucun indice qui pourrait nous permettre de savoir la cause de cette prise de décision soudaine. Conclua-t-elle en même temps que la main de Julia se desserrait sur son membre endolori.
Impassible en apparence, cependant, Julia fronça imperceptiblement les sourcils, témoignage de sa concentration face aux paroles de Janine, qui faisait des échos multiples dans sa tête.
- Vous pouvez retourner à vos occupations. Déclare-t-elle en détournant son attention d'elle pour la poser sur le bas des escaliers.
La servante courbait l'échine puis tournait les talons avec une grande hâte, emportant les nombreux linges dans ses mains. Julia suivait sa silhouette du coin de l'œil, qui disparaissait dans l'un des nombreux couloirs.
Hum...les choses sortaient de plus en plus de l'ordinaire avec ces deux-là, et puis venait la visite d'hier qui l'avait laissé songeuse. Peut-être que tous ces événements n'étaient pas liés penserais quelqu'un de logique, qui mettrais cela au premier coup sur le compte du hasard, mais elle, elle ne reposait jamais aucune supposition entre les mains négligent du hasard.
C'est sur cette dernière note intérieure, qu'elle descendait lentement les marches, ne prêtant aucune attention aux serviteurs qui s'était arrêté dans leurs mouvements pour la saluer. Continuant son ascension, elle arrivait dans la salle principale d'où se trouvait Howard, son frère ainsi que le Marquis de Beauharnais en très grande discussion. Un coup d'œil rapide vers l'autre côté de la pièce, l'informait de la présence d'Élisabeth et de Catherine qui prenait le thé, adoptant une attitude nonchalante comme si son départ précipité ne les atteignait nullement.
Un comportement qui ne l'avait jamais étonné venant de leur personnalité extrêmement creuse.
- Bien le bonjour ! Déclare-t-elle lentement, sans se préoccuper qu'elle venait de mettre un trait finale à leur occupation.
Toutes les têtes se tournaient simultanément dans sa direction, puis chacun la saluait rapidement.
- Bien le bonjour madame ! Avez-vous passé une excellente nuit ? Renvoya Howard en retour, tout en baisant sa main qu'elle avait tendue vers lui, comme se le voulait l'étiquette stricte de la bienséance.
- Délicieuse a-t-elle été en effet, mais comme à l'ordinaire mon horloge biologique m'a mis sur pied, et c'est par ce biais que j'ai su que vous alliez partir hélas ! Répondit-elle en feignant un sourire peiné, les yeux à l'affût du moindre information qui pourraient se peindre sur leur visage.
Leur mine embarrassée indiquait qu'ils n'avaient aucunement l'intention de la prévenir de leur départ, ce qui était quelques choses de déplaisant à savoir pour elle, surtout venant de la part d'Howard qui avait une lueur provoquante au fond de son regard. Lueur qui allait vite être chassée par une petite piqûre de rappel.
- Nous ne voulions point que votre sommeil s'interrompt pour si peu voyons ! L'informa Élisabeth en faisant irruption, avec une Marquise habituellement silencieuse à sa suite.
Ses paroles lui donnaient l'envie subite de rire tant la voix de son interlocutrice était chargé en hypocrisie. Elle n'en avait que faire de leur départ, mais la cause qui s'y cachait derrière l'intéressait plus que ce qu'elle ne l'aurait voulu.
- Puis-je savoir la raison qui cause ce départ au combien précipité ? Les questionna-t-elle dans un sourire avenant.
- La cause principale est d'ordre... Commença le Marquis jusqu'à là silencieux, mais fut coupé par un raclement de gorge hésitant d'un serviteur dans l'entrée de la salle.
L'irritation la faisait plisser des yeux par cette interruption subite, la faisant rater les énièmes paroles du Marquis, même si ces dernières qui allaient sortir de sa bouche n'étaient plus qu'inutile, puisqu'elles n'allaient rien lui révéler.
Peut-être que ce nouveau voyage était guidé par la main d'un puissant faisant partie du gouvernement ou indirectement, mais s'il y avait d'autres possibilités cela l'aurait intrigué que davantage.
Le Marquis se mettait rapidement en direction de la sortie, suivie de près par son épouse qui ne s'est pas donné la peine de dire le moindre mot, se contentant seulement de suivre le courant. Julia regardait leur silhouette franchir les mètres qui les séparaient de l'entrée en quelques secondes, puis décidait de faire de même au côté d'Howard.
Julia descendait pour la deuxième fois les marches de la grande demeure des Castellane avec un sentiment de scepticisme totale, peut-être, était-ce dû aux événements étrange qui se suivait depuis l'arrivée de la famille du Duc et aux multiples zones d'ombre qu'ils ont apportés.
Peut-être... Pensa-t-elle.
L'air du début de la matinée balayait doucement son visage, faisant rougir ses pommettes par sa fraîcheur, ce qui lui fit du bien. Le transporteur était déjà au bas des marches, et qu'en seulement quelques secondes, les valets avaient fini de mettre les valises dans le compartiment qui lui était consacré. Catherine mettait tranquillement ses gants pour protéger ses mains delicates d'aristocrate de la fraîcheur de la route qui l'attendait. Du côté du Marquis, il était en train de parlementer avec son acolyte, ces deux-là, ils étaient toujours fourrés ensemble à comploter elle ne savait quoi.
Julia au côté du Duc, patientait silencieusement afin d'assister à leur départ et ainsi attendre le moment où ils feront leur échange de cordialité incessant.
Ce qui ne tardait pas à arriver bien sûr.
- Je suis vraiment peiné de vous quitter de sitôt et cela, avant même que mon séjour ait commencé, mais je vous assure que nous allons vous rendre visite le plus vite que possible, et que mes prochains jours ne seront pas bref comme ceci. Maintenant, nous vous disons à très bientôt et prenez soin de vous. Déclara la Marquise dans un léger sourire en pressant les mains de chacun.
Julia détestait quand on la touchait sans son approbation, le contact de sa peau avec celui d'un étranger ou autre avait le don de l'irriter plus qu'autre chose. Cependant, en vue de la situation, elle ne pouvait faire de geste compromettant, qui pourrait avoir la force d'ordonner son exécution à ciel ouvert, ce qui serait vraiment déplaisant.
- Au plaisir de vous revoir pour un séjour plus long, je l'espère. Répondit-elle les lèvres étirées dans un sourire léger.
La Marquise hocha la tête, pendant que derrière son dos, son mari dans une posture rigide devant le transporteur luxueux, attendait que sa femme ait fini ses échanges barbants. Catherine passa devant le cocher qui tenait la porte, suivi de près par son lié, d'où ils s'y assirent pour le restant du voyage.
La jeune femme pendant une pincée de minutes, regarda sans intérêt le transporteur filer droit sur le chemin de gravier, avant que son ombre ne devient qu'un petit point flou à l'horizon. Comme à son habitude, Élisabeth avait choisi de rester à l'intérieur, pour profiter de la chaleur que lui offrait sans doute le confort du Manoir, néanmoins, son mari avait choisi de faire le contraire, ce qui résumait sa présence au côté du Duc.
Julia était en partie frustrée de n'avoir pas eu les informations dont elle avait besoin, néanmoins quelques hypothèses qui tenaient un temps soi peu la route l'avait réconforter. Elle tourna la tête vers le Duc, et songea à la lueur qui avait enflammé son regard, il y a de cela quelques minutes. Une attitude qui lui avait grandement déplu, et il allait le savoir, avant que l'astre lunaire mette un trait à la journée.
- Je crois que la chaleur que nous offre l'intérieur nous sera, sans aucun doute, bénéfique ! Déclare-t-elle en passant devant.
Et qu'une journée bien remplie nous attendait. Pensa-t-elle narquoisement.
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Bonjour/Bonsoir les loulous !
Ça dépend de l'heure à laquelle vous lisez la note bien sûr, mais les questions qui se posent sont :
▫️Comment avez trouvé le chapitre (pas trop long ou bien le contraire)
▫️ Comment vous percevez
▫️Une idée sur la suite (des suggestions peut-être)
Enfin bref, faites moi part de tout ça dans les commentaires et n'hésitez pas à cliquer sur la petite étoile si vous avez aimé.
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