Chapitre 21

/TW\ Scène sexuelle

Toute la journée, les gens s'étaient bousculés pour avoir accès aux différents temples. Les joues d'Iseult étaient douloureuses à force de sourires et de prières. À plusieurs, il fallait tout de même parvenir à faire diminuer la file de fidèles qui attendaient afin de pouvoir adresser leurs respects et leurs offrandes à la déesse. Les chasseurs s'étaient relayés toute la journée, du moins les volontaires. Beorn, qui devait se charger de présider les offices, était venu tôt le matin et à plusieurs reprises dans la journée. Iseult, restée là toute la journée, sentait ses jambes s'engourdir, elle n'était pas mécontente que le soir tombe et que les temples ferment leurs portes. Les offrandes étalées au pied de la statue de la déesse devaient encore être triées, ainsi se terminait leur journée, il fallait rassembler la nourriture puis les biens matériels. S'il s'agissait d'offrandes faites aux Dieux, en réalité tout était redistribué aux plus pauvres. Le lendemain, les prêtres et les prêtresses d'Hëlia, accompagnés de ceux de Yïld, Dieu majeur de leur panthéon et de ceux d'Elmyra, principalement composé des mages élémentalistes de la terre. De leur côté, ils accueilleraient les derniers pèlerins, pour honorer Felÿa certains venaient de loin. Déesse de la guerre et de la chasse, elle attirait bien des partisans, souvent des soldats, qui venaient recevoir sa bénédiction pour ne pas mourir sur le champ de bataille.

L'endroit était désert, lorsqu'Iseult commença à rassembler les différentes offrandes. Il ne restait avec elle que Atlan, le chasseur qui était près d'elle lors de la cérémonie de la veille. Jusqu'à présent, elle ne lui avait jamais parlé, elle avait découvert en lui un croyant, tout comme elle.

– Je vais aller manger avant de finir, tu viens ? proposa-t-il en déposant une peau de loup dans le coffre des offrandes matériels.

– Je préfère terminer, je n'ai pas très faim, répondit Iseult.

– Tu n'as pas quitté le temple de la journée, il ne faut pas négliger sa santé, fit le chasseur avec un sourire.

– Je mangerai plus tard, promis, je préfère attendre qu'il y ait moins de monde dans la salle de repas, expliqua la jeune femme.

– Oh, je comprends. La journée a dû être éprouvante avec tout ce monde.

– Un peu, c'est pour ça qu'il est mieux que je reste au calme.

Atlan hocha la tête et lui décocha un sourire, il tapa sur son épaule dans un geste d'adelphité. Elle le remercia du regard puis le laissa partir. Lui aussi avait passé sa journée dans le temple, il semblait prendre autant de plaisir qu'elle a parlé avec les gens qui venaient prier. C'était un homme droit et juste, en discutant, Iseult avait pu découvrir qu'il était un mage de l'esprit qui avait préféré prendre la voie du chasseur. Ce qu'elle comprenait, quant à elle, elle avait expliqué que son empathie la mettait parfois à fleur de peau et pouvait lui donner des migraines. Leurs bavardages avaient ponctué la journée.

Les caisses se remplissaient vite, Iseult se demanda s'il ne fallait pas qu'elle aille en chercher d'autres. Avoir autant d'offrandes était un bon signe, mais cela demandait une bonne organisation. Elle attendrait le retour d'Atlan pour déplacer les malles déjà pleines, seule elle n'en avait pas la force.

– Je vois que tu es encore ici, marmonna la voix de Morgan.

Son estomac se contracta et elle eut envie de vomir, ces derniers temps ses émotions s'exprimaient de manière physique. Sans cesser ce qu'elle faisait, Iseult entreprit d'organiser les différents lots de nourriture. Certains amenaient de la farine, d'autres, du blé, ou encore des gâteaux ou des plats.

– Je termine le travail de la journée, fit-elle.

– Il y a eu beaucoup de visites à ce que je vois, constata le chasseur qui se rapprochait.

– En effet, soupira Iseult en se redressant, pourquoi es-tu là Morgan ? Si ce n'est pas pour m'aider tu peux partir, sinon, tu peux apporter ces caisses au dépositaire.

Elle désigna celles qu'Atlan avait fini de remplir. Son partenaire ne chercha pas à esquisser un autre mouvement.

– Tu vas bouder encore longtemps ? demanda-t-il.

– Tu vas tourner en boucle encore longtemps ? rétorqua-t-elle. Ecoute, j'ai du travail. Si c'est encore pour t'en prendre à moi et m'insulter, c'est devenu lassant.

D'un geste brusque elle souleva une caisse de victuailles, plus lourde qu'elle ne l'imaginait, mais elle n'en laissa rien paraitre. Cela n'empêcha pas Morgan de s'en emparer.

– Laisse-moi faire, dit-il, je sais que mon attitude était puérile, mais j'ai été blessé Iseult. Tu m'as quitté, juste comme ça.

– Juste comme ça ? Tu t'en prenais à Hylios parce qu'il aime les hommes. Tu me traites comme une petite chose fragile qui ne peut rien faire toute seule.

– Pourquoi dois-tu toujours tout dramatiser ? Je veux juste te protéger Iz. Tu n'as pas pensé à ce que je ressentais ?

Sa peine était sincère, ce constat lui noua la gorge. Parfois, ressentir les émotions des autres était une plaie. Iseult ravala le sanglot qui montait dans sa gorge et s'affaira pour ne pas penser à Morgan.

– C'est toi qui n'as jamais pensé à ce que je ressentais Morgan, tout doit toujours tourner autour de toi et fonctionner comme toi tu le souhaites. Moi aussi j'ai des envies, et des ambitions, même si elles ne sont pas aussi grandioses que les tiennes.

Cette fois, peut-être l'écouterait-il. Cela valait la peine d'essayer, même si son partenaire pouvait être bouché quand il le voulait.

– Alors vas-y, dis-moi, qu'est-ce que tu veux ?

– Premièrement, je ne veux pas me marier, ni avoir des enfants. Je veux continuer de chasser, voyager, peut-être même enseigner aux apprentis. J'ai juste envie d'être libre de mes choix.

– Personne n'est libre, nous devons tous faire ce que l'on attend de nous, rétorqua son meilleur ami – l'était-il seulement encore ?

– Et ça me suffit, les gens attendent de moi que je chasse et que je fasse bien mon travail. Je n'ai pas une famille avec des attentes à l'inverse de toi. Je sais que c'est compliqué parce que ton père veut beaucoup de choses.

Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas pu être fâchée contre lui bien longtemps. Iseult ressentait de la compassion, la pression que Morgan avait sur les épaules l'oppressait, mais pour cela elle ne pouvait rien.

– Tu ne sais rien puisque tu n'as pas de famille, cracha-t-il et elle sut qu'elle avait touché un point sensible.

– Toujours très délicat, répondit-elle sur le même ton.

La remarque était amère, mais cela ne la touchait pas autant que cela aurait dû. Iseult avait grandi comme orpheline, sans père ni mère, ni personne de son sang. Ce n'était pas important, elle avait eu la chance de se créer sa propre famille, parmi les prêtresses mais aussi parmi les chasseurs. Chose que Morgan ne comprendrait jamais, pour lui le sang avait une importance primordiale.

Son partenaire se glissa dans son dos, ses mains posées sur sa taille. Iseult tressaillit, le geste était habituel, mais différent à présent qu'ils n'étaient plus ensemble.

– Lâche-moi, articula-t-elle.

– Tu me manques Iz, souffla Morgan à son oreille, je veux te retrouver, retrouver notre complicité.

Son torse était collé contre son dos, ses mains glissèrent sur les hanches de la jeune femme pour la rapprocher de lui. Elle sentait la chaleur de ses paumes au travers de sa tunique. Iseult posa ses doigts sur ceux de Morgan pour le repousser.

– Arrête, ordonna-t-elle.

– Je peux te pardonner, murmura-t-il à son oreille.

– Me pardonner, répéta la chasseuse dubitative.

Les lèvres de son partenaire se posèrent sur son cou, un frisson remonta le long de son échine. Elle tenta de s'extirper, mais il plaqua une main contre son ventre. Sa force l'empêchait de se dégager de son étreinte. Et elle lui en voulut, de ne pas l'écouter, de la toucher, de faire comme s'il n'avait rien à se reprocher.

– Ce que tu as pu faire avec ce vampire, je peux te pardonner. Tout redeviendra comme avant, continua Morgan.

Les mots lui échappèrent. Une boule s'était formée au creux de sa gorge, Iseult voulait hurler. La rage palpitait en elle, mais elle était paralysée. Son corps refusait de lui obéir, tous ses muscles étaient contractés, aucun ne bougeait. La manière qu'il avait de la toucher lui paraissait pire que des coups qu'il aurait pu lui infliger, au moins quand ils se battaient, elle savait quoi faire, de quelle manière réagir.

– Je t'aime Iseult.

Cette phrase retentit à ses oreilles comme une ultime trahison. Il avait dit qu'il écouterait, qu'il respecterait. Encore une fois, Morgan prouvait qu'il n'avait qu'une volonté : la sienne. Ses sentiments étaient un mélange de haine, de crainte et de tristesse. Un cri de détresse grandissait en elle sans parvenir à se matérialiser. Son mutisme dut passer pour une invitation, l'une des mains de son partenaire remonta vers sa joue pour la caresser et descendre le long de son cou.

– Besoin d'aide ? demanda une voix enjouée.

Tout l'air qui s'était accumulé dans ses poumons s'en échappa, le soulagement étreignit la jeune femme qui profita du trouble de Morgan pour s'éloigner de lui. Nathaniel traversa le temple d'une démarche nonchalante, son attitude décontractée contrastait avec le noir de ses prunelles. Iseult ne savait pas ce qu'il faisait là, mais elle était soulagée de le voir.

– De quoi ? aboya Morgan qui lui laissait transparaitre sa contrariété.

– Avec les caisses, elles paraissent lourdes, continua le vampire sans se défaire de son sourire, il y aurait un autre problème ?

Son sous-entendu était clair, il n'en fallut pas plus à Morgan pour qu'il dégaine son épée. Iseult s'interposa, la pointe de l'arme menaçant le haut de sa poitrine. Dans son dos, Nathaniel ne bougea pas. Il aurait pourtant été capable de se déplacer bien plus vite qu'elle, elle supposa qu'il ne voulait pas attiser la colère du chasseur.

– Pousse-toi Iseult, les créatures n'ont rien à faire dans nos temples, éructa son partenaire qui ne quittait pas le vampire des yeux.

– Morgan, arrête. Rien ne lui interdit d'être ici, alors rengaine ton épée.

– Non ! Toi arrête ! Arrête de prendre sa défense ! Tu veux être une chasseuse ? Et bien sois-en une pour une fois !

La présence de Nathaniel semblait ne faire qu'accroitre la haine du jeune homme à son égard. Son épée ne bougea pas, il attendait qu'elle se pousse, ce qu'elle ne fit pas. Iseult resta entre eux. Elle ne pourrait rien s'ils décidaient de se battre, pour le moment néanmoins le vampire n'avait pas esquisser un seul mouvement. Il ne déclencherait pas une guerre pour si peu, en revanche, elle pouvait le défendre cette fois. Elle fit un pas en avant pour le confronter.

– Baisse ton épée, ordonna-t-elle.

Son épieu reposait dans sa chambre, il était mal vu d'être armé dans un temple, même celui de Felÿa. L'endroit était un sanctuaire qui représentait la paix, personne n'avait le droit de s'y battre pour régler une simple question d'égo.

– Que se passe-t-il ici ? tonna une voix derrière eux.

La lame de Morgan s'abaissa de quelques centimètres.

– Il est entré dans notre lieu sacré, annonça-t-il en désignant Nathaniel, il n'a aucun droit d'être ici.

Atlan, à présent près d'eux, posa sa main sur la lame du jeune homme pour l'obliger à l'abaisser un peu plus.

– Aucune loi n'empêche sa présence, cependant les armes sont interdites dans l'enceinte du temple.

Morgan éloigna son arme, son regard se braqua sur le vampire. Il fit un pas en arrière, il ne semblait pas savoir de quelle manière réagir face à eux. Pour une fois, il était celui en infériorité numérique.

– Tu ferais mieux de partir, conseilla Atlan le regard braqué sur le jeune chasseur.

– Mais je... commença le concerné.

– Pour le moment, évitons les débordements.

Le conseil ne sembla pas ravir Morgan, mais il n'avait pas d'autre choix que celui d'obéir. Il fit demi-tour à contre cœur, son regard trahissait la haine qu'il éprouvait à leur égard. La main de Nathaniel se posa dans son dos, Iseult sentit le froid de ses doigts au travers de sa tunique. Ce contact la rassura, elle leva les yeux vers lui afin d'éviter ceux de son partenaire. Elle savait qu'elle aurait dû se sentir désolé pour lui, au lieu de quoi le poids dans son estomac disparu. Son corps frissonna, elle sentait encore les endroits où Morgan l'avait touchée, elle se sentait salit sans en comprendre la cause.

– Tu as toujours aimé t'attirer des ennuis, soupira Atlan.

Iseult voulut répliquer, après tout elle ne le connaissait même pas, avant de comprendre – à son sourire – qu'il s'adressait à Nathaniel.

– Je n'ai fait qu'entrer dans un temple pour saluer une amie, expliqua le vampire.

Le regard du chasseur passa de l'un à l'autre, ses yeux s'arrêtèrent sur la main de Nathaniel. Puis, il secoua la tête.

– Une amie, reprit Atlan avant de poser son regard sur elle, tu devrais aller te reposer Iseult, tu as été là toute la journée. Je vais terminer de ranger ces caisses.

Une part d'elle voulait protester, il fallait cependant qu'elle reconnaisse qu'elle ne souhaitait pas rester là. Morgan venait de souiller un lieu dans lequel elle se sentait en sécurité. Sans compter que sa journée l'avait épuisée, un peu de repos ne lui ferait pas de mal. Elle hocha donc la tête.

– Merci, fit-elle.

Iseult se tourna vers Nathaniel dont la main ne reposait plus sur son dos. Elle ne savait pas de quelle manière réagir tandis qu'Atlan se tenait près d'eux, chez les vampires tout était facile, ici elle avait l'impression de trahir les autres chasseurs. Puis, Nathaniel se tenait à distance d'elle, à part son geste furtif, il n'y avait rien d'autre. Mal à l'aise, elle ne parvenait pas à briser le silence devant Atlan. Son collègue sembla comprendre car il prit deux caisses pour se diriger vers le dépôt, les laissant seuls dans le silence du temple.

– Je loge dans une maison près du port, tu veux te joindre à moi ? Tu aurais un bain chaud et un bon repas.

– Je... j'ai une chambre ici... murmura Iseult.

– C'est comme tu veux, fit le vampire avec un sourire, je veux juste m'assurer que tu vas bien.

– Que je vais bien ? Bien sûr, pourquoi ça n'irait pas ? La journée a été difficile, mais ça l'est toujours. Organiser les cérémonies, recueillir les offrandes et les prières, en plus je n'ai...

– Je parlais de Morgan, l'interrompit Nathaniel d'une voix douce. J'ai entendu ce qui s'est passé, je ne voulais pas intervenir mais ton cœur battait si fort que j'ai compris que tu avais peur.

Le vampire avait approché une main sans la toucher, son geste suspendu à ce qu'elle désirait. C'était pour cela qu'il gardait une distance raisonnable, il craignait de la blesser de la même manière que Morgan. Elle glissa alors ses doigts entre les siens.

– Je ne sais pas ce qui s'est passé, c'était idiot de ne pas réussir à bouger mais...

– Tu n'y parvenais pas. Cela arrive quand on a peur, n'ai pas honte. C'est lui qui t'a agressée.

– Il ne m'a pas...

La jeune femme s'interrompit elle-même, sans trop savoir pourquoi elle souhaitait défendre son partenaire. Il n'avait pas été violent, ses gestes étaient doux, empreints d'amour. Pourtant... y repenser lui donnait la nausée, sa peau brûlait sous sa tunique, comme un rappel de la manière dont il avait posé les mains sur elle.

– Prends-moi dans tes bras, souffla Iseult.

Nathaniel s'exécuta. Ses bras l'enveloppèrent comme un cocon protecteur, il dégageait une odeur de fleurs, sucrée et charmante, comme lui. Son corps froid lui paraissait pourtant être une couverture chaude et réconfortante dans laquelle elle voulait se blottir.

– J'accepte ta proposition, finit-elle par dire.

L'Académie lui avait toujours paru être un endroit sûr, mais personne ne l'avait prévenue qu'elle devrait se confronter aux siens. À une personne en qui elle avait toujours eu confiance et qui à présent lui faisait peur.

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La maison que Caeriel possédait à Riftha était une charmante demeure, une maison de trois étages avec son propre personnel. Le seigneur n'était pas encore arrivé, si bien qu'elle et Nathaniel se retrouvaient seuls. Cette intimité lui plaisait, elle qui depuis toujours partager chaque moment de sa vie avec d'autres pouvait profiter d'un instant qui n'appartenait qu'à elle. Ses paupières se fermaient tandis qu'elle se laissait envelopper par les doux effluves de l'eau, de l'essence de fleurs parfumait son bain. Ses joues rosies par la chaleur lui paraissaient brulantes. Les cheveux relevés, la jeune femme avait étendu ses jambes devant elle, son corps raidit par sa journée au temple. Cela était agréable de ne pas avoir à partager son bain avec d'autres personnes, elle se souvenait de tous les moments où les apprentis faisaient des batailles d'eau. Toute leur salle des bains devenait alors une véritable étendue glissante et humide, les mages de l'eau se faisaient alors un plaisir de s'amuser avec leur élément. Bien sûr, cela pouvait être amusant, mais ce jeu était quasi systématique. Il était arrivé à Iseult de se réfugier avec les apprentis guérisseurs, ils devaient souvent s'isoler, surtout au début ou pour ceux dont l'empathie était forte. Même avec leur don les mages avaient leur spécialité.

Quelques coups furent frappés à la porte. Iseult se redressa dans la baignoire tandis que Nathaniel entrait. Sa veste brodée des armoiries de sa famille était ouverte sur sa chemise et ses cheveux moins bien coiffés que lors de son arrivée au temple. Il s'était délesté de sa cape dès qu'ils eurent franchis le pas de la porte. Dans ses mains, il tenait une chemise de nuit et un peignoir de soie qu'il déposa sur la chaise près d'elle. Une servante aurait pu s'occuper d'elle, Iseult supposa qu'il préférait le faire lui-même. Le vampire s'approcha et s'assit sur le bord de la baignoire.

– Je craignais que tu ne finisses par t'endormir, sourit-il en glissant sa main dans l'eau.

– Aucun risque, je suis juste heureuse de ne pas avoir à supporter plus d'émotions autre que les miennes aujourd'hui, répondit Iseult avec un sourire.

– Cela devrait s'apaiser avec le temps, tu apprends encore à utiliser la nécromancie et cela bouscule tes autres facultés.

– J'ai hâte de reprendre les entrainements. Tu m'as manqué, avoua-t-elle.

Ses doigts allèrent trouver les siens, elle les serra avec tendresse et Nathaniel se pencha vers elle.

– Juste pour les entrainements ? Je suis déçu, s'amusa-t-il.

Iseult laissa un sourire flotter sur ses lèvres, puis les posa sur celles du vampire qui s'étaient entrouvertes. Il fit glisser une main sur sa joue qu'il déposa sur sa nuque pour la caresser avec tendresse.

– Ne te sens pas obligée si tu n'en as pas envie.

Elle rouvrit les paupières, ses yeux noisette fixèrent ceux de Nathaniel.

– Je ne fais pas les choses que je n'ai pas envie de faire.

– Je voulais que tu le saches, par rapport à ce qui s'est passé tout à l'heure.

– Ça va mieux, je ne veux plus y penser. Avec toi, je ne me sens pas oppressée ou obligée, confia-t-elle, et je n'ai pas à réfléchir à la manière dont je dois agir, tout me parait naturel.

Le front de son compagnon se posa contre le sien, son doigt effleura ses lèvres avec douceur. Son contact la fit frissonner, elle adorait la manière qu'il avait de la toucher.

– C'est tout ce que j'espère, souffla-t-il, parce que je me sens bien avec toi et en sécurité.

Les doigts d'Iseult serrèrent un peu plus les siens, puis elle porta sa main à ses lèvres pour en embrasser les dos, ce qui arracha un sourire à Nathaniel.

– Tu ne te sens pas en sécurité avec les autres ? demanda-t-elle. Tu as toujours l'air si sûr de toi.

– Je suis sûr de moi, mais je doute des autres. En trois cent ans d'existence, j'ai pu rencontrer bien des personnes et en côtoyer certaines qui n'étaient pas toujours bienveillantes.

– Je crois que nous avons tous des gens qui nous ont blessé, fit Iseult.

Nathaniel s'était agenouillé près de la baignoire, sa main toujours dans la sienne, tandis qu'elle posait sa joue sur son bras libre appuyé au rebord.

– Que t'est-il arrivé ? risqua-t-elle de demander.

– Plusieurs choses, mais les deux qui m'ont marqué ont été une fois avec un vampire, et une fois avec une humaine.

La jeune femme le contempla pendant qu'il parlait, son regard changeait avec ses humeurs. Elle lisait dans ses yeux une infini tristesse, qui lui fit mal au cœur. Il ne pouvait pas avoir passé autant de temps sur cette terre sans avoir rencontré de mauvaises personnes, cela ne l'empêchait pas d'être désolée pour lui. Iseult lui laissa le temps de rassembler ses pensées avant de se confier, elle ne rompit pas le silence qui s'était installé entre eux.

– J'étais un tout jeune vampire la première fois que j'ai été trahi par un autre de mon espèce. Il était bien plus vieux que moi, créé par l'un des frères de Caeriel. Je pensais beaucoup à m'amuser – ce qui est toujours le cas – et je papillonnais de partenaire en partenaire. Je ne m'attachais pas. Puis il est arrivé, pour la première fois j'aimais quelqu'un, nous avons appris l'un avec l'autre, enfin moi surtout. Il faut savoir que l'un de nos plus gros interdits est de boire le sang d'un autre vampire. C'est pire qu'une drogue, cela peut rendre un vampire fou, même si les effets mettent du temps. Parce que boire le sang d'un vampire c'est s'imprégner de son essence, et donc de son pouvoir.

Cette notion ne lui était pas étrangère. Iseult était persuadée de l'avoir lu quelque part. Son don glissa jusqu'à Nathaniel afin de soulager son cœur. Il sourit en levant les yeux vers elle, mais ne fit pas de commentaire.

– Nous nous fréquentions depuis quelques années – une broutille pour des vampires – lorsqu'il m'a contraint à le laisser boire mon sang. Quand nous prenons un partenaire, cela se fait en petite quantité, et dans les deux sens. Là, il a usé de sa magie sur moi pour m'immobiliser et se nourrir. C'était douloureux, et je crois qu'il m'aurait vidé si Caeriel n'était pas intervenu.

– C'est affreux, je ne savais pas que la morsure faisait si mal...

– Pas si l'acte est consenti, je ne fais jamais mal à mes sources. Nous faisons en sorte d'y aller doucement. Mais certains prennent plaisir à faire souffrir leur proie.

Iseult prit le temps de réfléchir à ce que cela signifiait. Elle s'était peu interrogée sur ce que pouvait ressentir une personne lorsqu'un vampire la mordait. Il lui paraissait évident que cela n'était pas toujours agréables, mais elle n'imaginait pas que l'on puisse l'infliger comme une véritable torture. Ce qui n'aurait pourtant pas dû la surprendre, ces derniers temps elle découvrait l'esprit retord de l'être humain. Nathaniel déposa un baiser sur son bras et elle remonta sa main pour caresser sa joue.

– Quant à la deuxième, continua-t-il avec un soupir, c'était l'une de mes sources mais elle a essayé de me poignarder durant mon sommeil. Une domestique est intervenue – heureusement – avant qu'elle ne me plante un pieu dans le cœur. Depuis ce jour, je n'accepte plus de dormir avec quelqu'un, et je ferme toujours ma porte à clé.

Les yeux d'Iseult s'écarquillèrent, c'était la première fois qu'elle s'imaginait Nathaniel avoir peur. Il esquissa un sourire, il paraissait sentir son étonnement. Sans compter qu'il avait accepté qu'elle dorme avec lui et cela durant des mois.

– J'ai eu confiance en toi, dès le début, expliqua-t-il avant qu'elle ne pose la question.

– Comment as-tu fait ? Tu n'as pas eu peur ?

– Au début, mais j'ai compris que tu ne me ferais rien. Et, tu dormais sans crainte à côté de moi.

Cette déclaration lui fit monter le rose aux joues, une bouffée de chaleur l'obligea à s'éventer avec la main. Nathaniel ne la quittait pas des yeux, et soudain, elle se sentit gênée. La jeune femme n'eut pas le loisir d'en faire la remarque que le vampire se levait. Il repoussa sa veste de ses épaules et passa une main dans ses cheveux. À la lenteur qu'il mettait dans ses gestes, il voulait être observé, Iseult aurait aimé avoir la force de se détourner mais elle ne pouvait s'empêcher de le trouver beau. Si au début son attirance n'avait été que physique, elle sentait à présent qu'elle voulait encore se rapprocher de lui. Une étrange chaleur secoua le bas de son ventre et elle se ratatina dans la baignoire, loin d'être désagréable, cela lui procurait un plaisir qui vibrait en elle comme une mélodie.

– Rejoins-moi dans la chambre quand tu auras terminé, fit le vampire avec un clin d'œil.

Pour toute réponse elle hocha la tête, perdue dans la contemplation de Nathaniel qui s'éloignait. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, qu'est-ce qui lui prenait de le désirer maintenant ? Il venait de lui confesser des choses horribles et ses pensées à elle dérivaient vers des désirs qu'elle réfrénait depuis le début de leur relation.

N'y tenant plus, Iseult s'extirpa du bain, il y faisait trop chaud pour elle. Les vapeurs lui donnaient des idées indignes d'une personne qui avait prié toute la journée. Et pourtant... Son regard tomba sur son reflet, elle n'avait jamais pris le temps de se contempler, cela lui paraissait ridicule de le faire. Sa peau était trempée, et rosie par le bain, tout ce qu'elle avait toujours considéré comme un tas de chair sur des os et des muscles, se révélait être plein de surprise. Les émotions se bousculaient dans son esprit, avec en première place le désir brûlant qu'elle ressentait pour le vampire. Son corps réagissait à l'insu de son esprit, bridé et raisonnable. Les sensations qu'elle avait n'étaient pas habituelles pour elle, d'ordinaire elle savait se maitriser et garder la tête froide. Ses doigts glissèrent sur son ventre, Iseult osa se regarder dans les yeux, en face à face. Elle aimait cette envie d'être désirée autant qu'elle la détestait, elle voulait se suffire à elle-même, mais était-ce mal d'ajouter une autre personne dans l'équation ?

Lorsqu'elle se détourna, ses doigts agrippèrent le peignoir qui trônait sur la chaise. Sa gorge était sèche et elle déglutit pour faire passer l'inquiétude qui l'étreignait. La guérisseuse ne voulait plus se sentir aussi vulnérable qu'elle l'avait été face à Morgan, elle voulait apprendre à apprivoiser ses désirs plutôt que de suivre ceux d'un autre. Nathaniel avait dit lui faire confiance, elle voulait que l'inverse soit vrai. Sa main glissa jusqu'à ses cheveux, elle dénoua et passa ses doigts dedans afin de les démêler, la masse châtain ondulée parce qu'elle avait été attachée, dégringolait à présent sur les épaules d'Iseult. Du mieux qu'elle put, elle y mit de l'ordre, puis ses doigts saisir le peignoir en soie qu'elle noua sur son corps nu.

Timide, la chasseuse compta jusqu'à vingt, cachée derrière la porte. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il résonnait dans ses oreilles, ses mains devenues moites lui paraissaient lourdes et maladroites. Sa bouche était sèche et pâteuse, son corps tout entier brûlait de honte et de gêne. Elle n'était pas certaine d'être capable d'un tel geste.

Vingt.

Iseult s'obligea à entrer dans la pièce adjacente. Allongé sur le lit, un livre au-dessus des yeux, Nathaniel paraissait tout à fait différent à des lieues de son état à elle. Soudain, elle avait envie de vomir, se sentant ridicule dans ce rôle grossier de femme désireuse. Lorsqu'elle voulut reculer pour battre en retraite, il était trop tard, le vampire s'était redressé, son regard incandescent posé sur elle.

– Ton cœur fait énormément de bruit, constata-t-il.

– Je suis désolée, couina Iseult en s'agrippant à son peignoir.

– Tu peux venir.

La main de Nathaniel était tendue vers elle, il affichait un sourire avenant. Iseult savait qu'il lui laissait le choix de reculer, mais elle voulait se prouver à elle-même qu'elle était capable de franchir les quelques pas qui la séparait de lui. Le sol était froid sous ses pieds, malgré la cheminée, elle sentait l'air frais mordre sa peau sous son vêtement. Sa main trouva l'écrin rassurant de celle de Nathaniel qui ne la lâchait pas des yeux.

– Tu n'as pas à te forcer, murmura-t-il.

– Je ne me force pas, assura Iseult, j'ai peur de mal faire et d'être ridicule.

Être à l'initiative de la séduction lui paraissait effrayant, la main libre de Nathaniel se posa sur sa hanche et il la rapprocha de lui. Assis au bord de draps en satin, il relâcha ses doigts pour la laisser faire ce dont elle avait envie.

– Tu es loin d'être ridicule, tu es merveilleuse Iseult et belle. Je ne vais pas te juger à la fin, c'est juste notre moment.

« Notre moment » ces deux mots résonnèrent à ses oreilles et elle se décrispa. Comme dans tout ce qu'elle faisait, elle voulait que cela soit parfait et calculé. Mais, le problème avec les relations humaines, c'est qu'elles étaient imparfaites et imprévisibles. Ses bras glissèrent autour du cou de Nathaniel qui avança la tête pour embrasser son ventre au travers du peignoir. Ses mains descendirent le long de ses fesses et Iseult eut un hoquet, il avait le don de la surprendre. À la recherche des meilleurs gestes à avoir, elle pencha la tête vers les lèvres de Nathaniel qui s'était redressé, ses genoux s'appuyèrent contre le matelas. D'abord timide, leur baiser se prolongea, elle caressa les cheveux du vampire en pressant sa bouche avec plus d'insistance sur la sienne, leurs langues glissèrent l'une contre l'autre dans un ballet suave et lent non dénué de passion.

Les mains de Nathaniel longèrent la ceinture qui attachait le peignoir, d'un geste habile et rapide, il défie le nœud qui la nouait. Les deux pans du vêtement s'écartèrent pour dévoiler la peau nue de la guérisseuse. Il relâcha ses lèvres pour la regarder tandis qu'elle se redressait, toujours assis, il embrassa son nombril et parsema son ventre de légers baisers. Son corps était si chaud, qu'Iseult en oubliait le toucher glacer du vampire. Ses paupières se fermèrent pour profiter de cet instant, de son ventre qui se contractait à chaque fois qu'elle sentait la bouche de son amant dessus. Tous ses autres muscles faisaient de même, lui laissant une douce sensation de plaisir.

Quand il se leva, Iseult rouvrit les yeux pour le contempler, quand il n'y prenait pas garde, Nathaniel bougeait si vite qu'elle ne le voyait pas. Son regard glissa sur le corps encore habillé du vampire, qui ne semblait pas décidé à retirer ses vêtements. Elle entreprit alors de le faire, ses mains saisir la chemise en coton pour la faire passer par-dessus sa tête. Iseult l'avait déjà vu nu, lorsqu'ils avaient plongé dans le lac, sauf qu'elle n'y avait pas prêté attention à ce moment-là. Elle pouvait donc, à loisir, le découvrir cette fois-ci. Son torse était lisse, dépourvu d'imperfections, et glabre, il n'était pas musclé, comme ce à quoi elle s'était attendue avec sa force. Sa main glissa dans une caresse, de son cou jusqu'à la ceinture de son pantalon, sa peau était douce en plus d'être d'une blancheur éclatante. Elle ne décelait aucune veine en dessous. Il était parfait. Trop parfait. La main de Nathaniel contre sa joue la ramena à la réalité.

– Tout va bien ? demanda-t-il d'une voix douce.

– Oui, c'est juste que tu parais... parfait et irréel, souffla Iseult.

– Pourtant je suis bien réel ma chère chasseuse, et je t'assure que même si je veux te laisser tout le loisir de me contempler, je ne vais pas tenir bien longtemps avant de laisser tomber la chasteté.

Son regard étincelait, Iseult eut un petit rire puis se rapprocha. Les choses étaient simples avec Nathaniel, elle voulait que les choses se fassent naturellement et elle semblait y parvenir. Elle voulait aussi être plus audacieuse. Sa main s'aventura vers le bas-ventre du vampire qui poussa un grognement quand elle caressa son entre-jambe au travers du pantalon de toile.

– La chasteté disais-tu ? s'amusa-t-elle.

– Je ne te savais pas si joueuse, fit le vampire.

– J'essaie de l'être, avoua-t-elle.

Ses doigts remontèrent et elle tira sur le lien qui retenait le vêtement de Nathaniel. Elle le fit glisser le long de ses hanches pour l'en libérer et le dévoiler dans toute sa nudité. Cela sembla le satisfaire car un immense sourire barrait son visage. C'était quelque chose qu'elle avait déjà fait avec Morgan, parce qu'il le lui avait demandé, mais elle n'était pas certaine que cela plaise aussi à Nathaniel. Sa main se posa sur le sexe du vampire et elle le caressa, ses doigts faisait un mouvement de va et vient le long de sa verge qui se tendait un peu plus à chaque caresse. Les yeux détournés, Iseult se sentait devenir rouge. Les doigts de Nathaniel glissèrent sur son visage pour l'obliger à le relever vers lui.

– Je ne veux pas te perdre des yeux, souffla-t-il.

Son regard avait une teinte qu'elle ne lui avait jamais vu, il semblait tiraillé entre ses sensations et ses sentiments. Iseult se risqua à se laisser aller, afin d'accueillir les émotions de son amant. Elles lui giclèrent au visage, telle une vague puissante, un désir qui fit s'hérisser les poils sur ses bras. Nathaniel poussa un gémissement, puis émit un sifflement en glissant une main dans ses cheveux. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour s'emparer de ses lèvres, la jeune femme cessa ses caresses et enroula ses bras autour du cou de son amant. Il répondit à cette étreinte par un baiser sauvage, les mains plaqués contre sa taille avant de la coller à lui. Iseult sentit les crocs contre ses lèvres, cette simple constatation l'excita et entre ses cuisses son propre sexe palpitait de désir. Nathaniel grogna contre ses lèvres, la guérisseuse s'éloigna de quelques centimètres pour pouvoir parler.

– Tu veux que j'aille m'allonger sur le lit ? demanda-t-elle d'une voix timide.

– T'allonger ? Je n'ai aucune envie de te voir allongée ! protesta-t-il.

– Oh... je... d'accord.

Perplexe, elle se demanda ce qu'il voulait, ou même ce qu'elle devait faire. Elle sentit de nouveau l'angoisse l'étreindre mais Nathaniel ne lui laissa pas le temps de réfléchir. Son peignoir termina sur le sol, et il l'embrassa avec tant de force qu'elle se demanda s'il s'agissait du même homme. Puis, il la fit reculer jusqu'à ce que ses fesses percutent le bureau derrière elle.

– Retourne-toi, fit-il d'une voix rauque.

Iseult s'exécuta, la main de Nathaniel longea sa colonne vertébrale, de sa nuque, jusqu'à ses fesses. Son corps se figea à ce geste intime et doux à la fois.

– Pose tes mains sur le bureau, Iseult, murmura-t-il dans un souffle.

Une nouvelle fois elle obtempéra. Les doigts de son amant avaient glissé entre ses cuisses, il caressa ses lèvres extérieures, tirant d'elle un gémissement d'aise. De son autre main, il s'empara de sa poitrine, il pressa l'un de ses seins et en frotta le bout avec sa paume. Ses caresses simultanées provoquèrent en elle une vague de plaisir qui la fit se cambrer contre lui, ses mains habiles jouaient avec les points sensibles de son corps qui se délectait de ce toucher. À chaque fois elle gémissait plus fort, ses cuisses se resserrèrent à la recherche du plaisir qui ferait monter en elle une vague si forte qu'elle se sentirait comblée. Cela ne vint pas, Nathaniel suspendit son geste en embrassa sa nuque. Il se colla contre elle. Ses gestes étaient à présent plus doux, son sexe glissa contre le sien.

– Je peux ? demanda-t-il d'une voix douce.

Iseult en avait envie, elle voulait le sentir en elle, savoir ce que cela faisait. Ressentir de nouveau le plaisir qu'il lui avait procuré dans la forêt. Mais son esprit réalisa soudain une chose terrible.

– Attends, souffla la jeune femme, je ne prends plus mes herbes pour tomber enceinte.

Quelle idiote elle était ! Le silence tomba entre eux, jusqu'à ce qu'elle entende le rire moqueur du vampire. Elle se tourna à demi vers lui, les sourcils froncés, le regard sévère.

– Je suis un vampire, je ne peux pas te faire tomber enceinte.

Cela fut à la fois un soulagement et une honte brulante qui remonta sur ses joues. Nathaniel embrassa celle tournée vers elle.

– Je crois que cela règle le problème, s'amusa-t-il.

– En effet, répondit Iseult avec lenteur, nous pouvons donc, continuer.

– Tu m'en vois ravie.

Il déposa un nouveau baiser sur sa joue, ses mains posées sur ses hanches. Le vampire commença à la pénétrer, avec précaution comme s'il attendait de voir ses réactions. Iseult profita de ce moment, tendre et sensuel, à sa grande surprise, elle termina le geste à sa place. Ses mains s'agrippèrent au bureau. Son amant commença un mouvement de va et vient, d'abord lent pour qu'elle s'habitue, puis plus soutenu. Elle écarta un peu plus les jambes, son corps se mouvait de lui-même pour accueillir Nathaniel. Il faisait aller les mains sur son corps, de ses hanches à ses seins, son visage enfoui dans ses cheveux. Chaque coup de rein faisait remonter une sensation intense de chaleur, le vampire semblait s'appliquer à prendre un rythme plus humain. Il ne haletait pas, à l'inverses d'elle dont le corps se couvrait d'une pellicule de sueur, alors qu'elle devenait de plus en plus bouillante, lui restait d'un froid glacial. Seuls ses grognements lui indiquaient son plaisir. Blottit contre son cou, elle sentit les crocs sur sa peau. Une part d'elle assez folle voulait lui dire de la mordre, elle en avait envie, comme une excitation supplémentaire à celle qu'elle ressentait déjà. Nathaniel enroula ses bras autour d'elle, ses gestes s'intensifièrent, Iseult sentit le souffle lui manquait, plusieurs cris lui échappèrent alors qu'elle lui demandait de continuer, puis qu'elle murmurait son nom. Elle voulait que cet instant se prolonge, mais elle sentait le plaisir déferlé en elle, jusqu'à ce que la vague l'emporte, son souffle se bloqua et elle se cambra contre le torse du vampire. Nathaniel grogna à son oreille, il la relâcha et ses mains s'abattirent sur les bords du bureau qu'il agrippa. Alors qu'il poussait un râle, le bois se brisa entre ses doigts. Iseult écarquilla les yeux. Il souffla alors qu'elle allait se retourner mais l'en empêcha.

– Attends, deux minutes, murmura-t-il.

– Pourquoi ? demanda la jeune femme.

– Je ne suis pas moi-même, répondit Nathaniel.

Alors, elle comprit. Il devait lutter pour ne pas la mordre, et si elle sentait autant ses crocs, c'est qu'il avait son visage de vampire. Elle se retourna malgré ses protestations, elle glissa les mains sur ses joues pour l'observer. Il avait le même visage que lors du combat contre les loups garous, dangereux et inquiétant, les crocs dépassant de ses lèvres. Un sourire se peignit sur son visage et elle déposa un baiser sur la bouche du vampire.

– C'est une part de toi, je l'aime autant que le reste.

Peu à peu, il retrouva ses traits habituels et arqua un sourcil.

– Est-ce que tu viens de dire que tu m'aimais ?

– Je crois qu'il est tard et que nous devrions nous coucher, rétorqua-t-elle.

Les mots lui avaient échappés, et elle ne les regrettait pas, mais elle ne voulait pas que Nathaniel en joue. Il restait un plaisantin qui pouvait avoir les chevilles enflées.

– Nous coucher ? Après ce que nous venons de faire ? Je suis en pleine forme moi ! s'exclama le vampire.

– Mais moi, je suis humaine, et mon corps n'a pas autant d'endurance.

– Quel dommage, j'avais encore plein de positions à te proposer, se plaignit Nathaniel tout sourire.

– Tu as déjà cassé un bureau.

Elle désigna les débris de bois d'un geste de la main, ce qui fit sourire son amant.

– Oh, ça ce n'est rien. J'ai déjà brisé un lit une fois, et un carrosse, ce n'est pas très solide.

Iseult arqua un sourcil.

– Tu pourras me raconter tes exploits dès que j'aurais mis une chemise de nuit. J'aime être dans tes bras, mais tu es glacé.

– C'est en effet un inconvénient, fit-il tout sourire. Tu me rejoins au lit ?

– Dans deux minutes !

La chasseuse souriait, et elle n'arrivait pas à se défaire de ce sentiment de joie intense mêlée au plaisir. En cet instant elle était heureuse, c'était aussi simple que cela, elle n'avait pas à se poser de question. Elle irradiait de bonheur. Iseult sourit à son reflet, elle voulait profiter de cet état d'esprit autant qu'elle le pouvait, elle aurait tôt fait de redevenir la chasseuse sérieuse alors autant rester insouciante encore quelques heures. 

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