XVII.
Chapitre corrigé en janvier 2020
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Nous nous tenions en face de la statue de Nazaërl'h. Il y avait ce silence pesant mais nous étions concentrés avec Muglerina, on se tenait par la main pour se rassurer et montrer à l'autre pour quoi nous nous battions. Alors ensemble, nous nous avancions vers Nazaërl'h et plaquions nos mains liées sur sa poitrine pour éveiller la statue de pierre. Alors, le joyau entre ses seins s'illumina d'une lueur rouge mais ses yeux restaient vides de couleur, sans la moindre trace d'émotion. Je compris alors que l'épreuve commençait maintenant.
—Nazaërl'h, je sais que tu es réveillée, lui dis-je.
Muglerina paniqua face à ma brusquerie mais je ne comptais pas me rabaisser pour une reine, et encore moins devant qui que ce soit. Je devais apprendre à aimer de la bonne façon si je ne voulais pas perdre Muglerina.
« Tu es Arthur Van Eranamm Fear , n'est-ce pas » ?
Sa voix résonnait comme un lointain écho dans la pièce qui se répercutait contre les anciens murs aux inscriptions ancestrales. Nazaërl'h était imposante, construite dans une pierre inconnue qui restait malgré tout en très bon état contrairement à celle de cet endroit. Le temple s'effondrait tout autour de nous mais elle était là, debout et fière d'être reine. Muglerina était ébloui par sa prestance et sa voix à la fois douce et puissante.
«Tu es plein de remords derrière ce caractère, roi de Fëanor'd».
Si elle ne semblait pas avoir de vie dans les yeux, je pouvais la sentir me regarder derrière cette épaisse pierre dans laquelle elle était forgée.
« Mais tu peux changer les choses, Arthur. Il te suffit de croire en cet amour pour ton partenaire ».
Nazaërl'h adoptait un ton assez dur avec moi. Mais quand elle demanda à Muglerina de s'approcher d'elle, elle semblait beaucoup plus douce et avenante, un peu comme une mère.
« Fils, tu es plein de souffrance et de tristesse. Mais pourtant, tu continues de sourire avec sincérité ».
—Comment pouvez-vous le savoir, ma reine ? Lui demanda-t-il en hésitant.
« Tu appartiens à cette terre, ta place est à Faelenvirin, mon fils. Mais pourtant, tu as choisi de vivre loin de chez toi pour être avec un roi ».
Comme si Muglerina était un enfant, elle le gronda presque pour s'être égaré de la voie. Je l'avais toujours su au fond de moi. En acceptant de m'épouser, Muglerina perdait toute crédibilité face aux siens. Ces derniers étaient très marginaux et vivaient entre eux. Nathan et Miglerina en étaient la preuve. Frère et sœur, ils avaient fait le choix de se marier parce que leur tradition le voulait mais ils étaient deux alphas. Et j'étais le mieux placé pour savoir que seule une âme-sœur pouvait recevoir l'affection de ces êtres. Muglerina était différent de ses proches, il avait accepté cette union par amour. Il se fichait bien de cette tradition à condition que je l'accepte. Mais j'avais échoué. Si je tenais mon rôle de roi, Muglerina souffrait de mon comportement. Il m'avait trompé au moment où il ne croyait plus en moi pendant que je pensais le protéger. Mais j'avais tout faux, absolument tout était une erreur.
Et maintenant, je me raccrochais à une épreuve pour croire en quelque chose.
« Mais es-tu assez fort pour passer cette épreuve ? Crois-tu suffisamment en l'amour de ton compagnon pour te donner entièrement à lui » ?
À la moindre erreur tout volerait en éclats.
—Je suis prêt. Prêt à passer cette épreuve, ma reine. Prêt à ouvrir mon cœur.
« Sache que je pourrais te prendre par les mots, mon garçon ».
Puis, sa lourde présence se posa sur moi.
« Et toi, roi de Fëanor'd, jusqu'où es-tu prêt à aller pour ton compagnon » ?
—Rien au monde n'est plus important que lui.
« Malheureusement, les mots ne suffisent pas toujours». Me répondit-elle presque froidement.
Là, j'avais à présent la preuve de son existence. Nazaërl'h s'exprimait d'elle-même malgré sa condition de pierre. Et elle semblait beaucoup m'en vouloir et je ne pouvais pas la blâmer. Elle avait totalement raison et Muglerina était trop naïf pour me rejeter.
Une boule de lumière apparût entre son corps et celui de Muglerina. Je le fis reculer de quelques pas pour assurer sa sécurité mais ses yeux bleus ne quittaient pas cette lumière.
« Cette dague sera le symbole de votre amour si vous passez cette épreuve. Et quoiqu'il se passe aujourd'hui, vous êtes les seuls maîtres de votre destin ».
Je sentais la tragédie arriver mais j'étais près à prendre tous les risques pour prouver à Muglerina que j'étais prêt à poser mes yeux sur lui.
Et ce, pour l'éternité.
Malheureusement, même si nous y parvenions, la santé de mon compagnon continurait de chuter.
Muglerina me fixa, inquiet. Il appréhendait l'épreuve et je sentais bien que Nazaërl'h nous réservait une épreuve unique, et cette dague allait probablement faire couler du sang.
Mais lequel ?
Le mien ? Ou celui de l'oméga ?
Une fois la lumière envolée, la dague retomba dans les paumes de mains de Muglerina. Si je pensais que seul le discours suffirait, Nazaërl'h en avait décidé tout autrement. À présent, c'était elle qui dirigrait5 les règles.
Cette reine comprit que notre amour était intense. Intense mais beaucoup trop difficile à vivre pour qu'on le supporte.
« C'est la première fois qu'un sang pur se montre en face de moi », avoua-t-elle.
Muglerina resta silencieux mais regarda la dague avec intensité puis, attira l'attention de la statue qui prenait un malin plaisir à se jouer de sa naïveté, Muglerina était trop naïf pour s'en rendre compte. Je m'approchais de la statue et arrivais à la hauteur de l'oméga afin de lui prendre la dague des mains et demander :
—À quoi joues-tu, Nazaërl'h ?
Elle éclata de rire avant d'invoquer des ronces. Les mûriers qui sortent du sol détruisaient le sol sous nos pieds. Je recule avant de me rendre compte que j'agissais comme elle espérait. Les ronces vinrent s'entourer autour de mes bras et mes jambes, me forçant à mettre mes genoux à terre alors que la dague avait atterri plus loin sur le sol.
« Pour cette épreuve, j'ai besoin de toi, mon enfant ».
—D-De moi ? Hésita Muglerina en ignorant ma position.
Il semblait omnibulé par la voix de Nazaërl'h, plus rien ne comptait à ses yeux. Une ronce plus fine que celles qui m'entravaient s'éveilla pour récupérer la dague. Elle s'enroula soigneusement sur le manches tout en évitant de passer par-dessus les pierres précieuses. Puis, elle se dirigea vers Nazaërl'h qui l'a rendue à Muglerina.
« Si tu aimes réellement ce sang pur, alors tu es capable de lui offrir le sang de ton cœur. Si tu es réellement son âme-sœur, alors ce dernier viendra te sauver ».
—Nazaërl'h ! Hurlais-je après elle.
La bonne femme ignora ma voix.
« Dans le cas contraire, tu mourras dans d'atroces souffrances ».
—Muglerina ! L'appelais-je.
Mon compagnon entendit ma voix et tourna sa tête dans ma direction.
—Ce sont des conneries, tu n'es pas obligé de faire ça. Je t'en prie...
« Roi de Fëanor'd, tu as détruit ton âme-sœur et cela ne s'effacera jamais. Cependant, tu peux lui montrer tes véritables sentiments à travers cette épreuve ».
Bordel, Nathan ne m'avait pas parlé de cette option tout simplement parce qu'il savait que je refuserai d'y aller si je l'avais su avant. Je tentais de persuader Muglerina mais je compris que c'était bien inutile. Nazaërl'h avait l'intention d'aller jusqu'au bout des choses et je sentais ma rage remonter en moi, prête à tout détruire sur son passage. Les ténèbres n'étaient plus très loin de mon cœur, et si Muglerina donnait sa vie pour cette épreuve, alors j'y succomberai.
—Muglerina, ne fais pas ça ! Je n'ai pas besoin de ton sang pour t'aimer... que dois-je faire ou dire pour que tu n'écoutes que ma voix !?
Inlassablement, je le suppliais. Pour un alpha, comme un sang, il n'y avait rien de pire que de succomber aux ténèbres. Rares étaient ceux à entendre raison car le destin qui nous attendait derrière n'était que le supplique de la mort et d'atroces souffrances. Mais mon compagnon avait souffert ainsi pendant plus de cent ans par ma faute. Jamais, je ne m'étais posé la question. Jamais, je n'avais essayé de comprendre sa souffrance et de la partager avec lui. À cause de moi, Muglerina se détruisait et cette épreuve ne suffirait pas à lui rendre sa santé.
« Tu abrites la vie en toi, si tu te sacrifies alors tu entraîneras cet enfant. Mais si ton roi t'aime vraiment, alors il vous sauvera tous les deux en acceptant les ténèbres ».
Je réalisais alors que Muglerina était enceint et que la vie de cet enfant était en danger. Si pour un alpha il était possible de sauver son âme-sœur et leur enfant, en étais-je réellement capable ? Pouvais-je affronter les ténèbres pour les sauver tous les deux ? À nouveau, je tentais de me débattre, mais plus je forçais, plus les ronces s'enrouler autour de mes membres. Seule la reine pouvait me libérer de ces chaînes.
—Nazaërl'h !
J'étais terrifié face à ce sentiment que je ressentais. Pour la première fois de ma vie, je ne maîtrisais plus rien. Le danger était à son apogée et en regardant Muglerina, je compris que ce sentiment était subjectif. Si j'étais terrorisé à l'idée de devoir affronter les ténèbres, lui semblait prêt à tout pour prouver à Nazaërl'h que je l'aimais.
En acceptant de se sacrifier, Muglerina me témoignait une confiance presque irrationnelle.
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