Chapitre corrigé en janvier 2020
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Le palais reflétait parfaitement la manière de vivre de ce peuple. S'il était imposant et magnifique grâce à sa pierre blanche, je le trouvais vide d'âme. La cour principale était beaucoup trop symétrique et structurée pour que je m'y sente à l'aise, les lieux ne faisaient pas réels. J'avais cette impression d'être dans un ailleurs éloigné du monde.

Mais au milieu de cette incertitude pesante, il y avait Muglerina. Il me suffisait de le regarder pour oublier ce sentiment de lourdeur. Il était cette fleur qui ne fanait jamais. La lumière dont avait besoin mon cœur sombre empli de ténèbres.

Muglerina m'invita à le suivre et ouvrit les portes du palais transparentes. Les pièces étaient plus froides que le cristal en lui-même, mais mon compagnon n'était pas frigorifié à ce contact. Au contraire, je trouvais que le cristal lui allait bien. Délicats et à la fois fragiles, ils avaient cette force en commun.

En chemin, il me tint toujours par la main pour la serrer dans la sienne, elle était beaucoup plus petite que la mienne. Il existait bien une différence physique entre alpha et oméga.

Chaque salle était identique. Du sol au plafond en passant par les murs, tout était blanc sans aucune exception. Il n'y avait aucune touche personnelle appartenant à Nathan et Miglerina. La seule chose que je pouvais entendre était nos bruits de pas sur le sol et quelques peintures contre les murs. Je trouvais ce royaume triste et presque sans vie, mais également magnifique.

— Arthur, Muglerina !

Nathan nous accueillit les bras ouverts dès lors où les portent du trône furent ouvertes. Puis, Miglerina se joignit à nous en nous adressant un sourire chaleureux. Cette pièce se distinguait de toutes les autres. Les murs étaient entièrement en cristal transparent. L'extérieur se fondait parfaitement dans ces murs. Cette salle donnait sur une vue imprenable du royaume. Faelenvirin ressemblait à un paradis vivant et ici, Nathan avait un œil sur le monde. Mais au final, cela ne suffisait pas à me faire changer d'opinion. Faelenvirin n'était pas un royaume pour moi et je ne voyais pas mon compagnon s'épanouir dans un tel endroit. Je n'avais rien contre Nathan, mais je voulais offrir à mon compagnon un foyer plus...chaleureux.

—Ça faisait longtemps, mon ami.
— En effet Nathan, lui répondis-je alors qu'il posa sa main sur mon épaule.
—Vous auriez pu emmener Aerin avec vous quand même. Ça fait longtemps que je n'ai pas vu votre fils.

Aerin n'avait jamais voulu rencontrer la famille de Muglerina lorsque leur relation était mauvaise. Mais à présent, j'étais certain qu'il accepterait.

—La prochaine fois, me contentais-je de lui répondre en souriant.
_Tu as intérêt à tenir ta parole, mon ami. Mais... bordel, suis-je bête !

Nathan s'exclama tout seul, pris dans un délire.

— Je ne vous ai même pas installé autour d'un bon thé. Venez !

Il y avait un salon adjacent à la salle du trône. Seul les plus intimes pouvaient être reçus par Nathan ici, à la fois loin et près du roi.

Quand je regardais la fratrie Diana, je constatais qu'ils se ressemblaient tous. Si Nathan était le plus grand et le plus élancé, Miglerina ressemblait à une poupée de porcelaine. Un teint blanc et frais, elle avait les joues rosies naturellement. Son regard ne me portait aucune hostilité et malgré tout ce que les gens de Nathan pensaient, elle et lui m'appréciaient beaucoup.

Mais je n'étais pas ici pour passer du bon temps avec sa famille. Muglerina avait besoin d'une preuve et j'avais entendu parler du Mont Nazaërl'h et de son temple de cristal.

—Je suis venu ici avec Muglerina pour passer l'épreuve de Nazaërl'h, Nathan.

Mon interlocuteur fut surpris par mes mots. Hormis le peuple de Muglerina, personne ne connaissait cet endroit. Mais j'étais un sang pur. Ma connaissance n'avait pas de limites.

— Pourquoi es-tu intéressé par Nazaërl'h, mon ami ?

Si nous avions de l'estime pour l'autre, les sang purs n'étaient pas acceptés. Nathan se méfia de moi et me lança un regard glacial. Miglerina quant à elle resta silencieuse, assise aux côtés de son compagnon.

—Nous sommes sur le point de nous séparer avec Muglerina, admis-je.

Muglerina me regarda tristement. Il savait parfaitement que nous arrivions à notre limite si jamais nous continuions ainsi. Le Mont Nazaërl'h était ma seule chance pour le reconquérir. Néanmoins, il glissa sa main dans la mienne pour me soutenir. Si nous étions au bord de la rupture, nous nous portions toujours autant d'amour. Mais nous n'arrivions plus à l'exprimer.

Alors serrais mes doigts autour des siens pour qu'il ne me lâche jamais. Au fond de moi, je savais qu'il s'agissait peut-être de la dernière fois.

—Si j'ai bien compris, tu souhaites passer l'épreuve de Nazaërl'h ?
—C'est ça, confirmais-je.

Nathan se leva de son fauteuil de cristal avec élégance. L'homme ressemblait presque à un elfe tant il était doté d'une grande beauté et d'une chevelure brillante. Nathan était vêtu tout de blanc, dont une veste avec des boutons argentés. Il ne portait que très peu de tissus comme le voulait la tradition. À Faelenvirin, il n'était pas rare de croiser des gens nus mais le roi se devait d'avoir une tenue descente devant ses sujets. Il nous fit signe de la tête pour que nous nous levions avec Muglerina. L'Alpha nous guida jusqu'à l'un des murs en cristal pour nous présenter l'extérieur. En plongeant mon regard au loin, je rencontrai mon propre reflet. J'étais en face d'un monstre : des cheveux sombres et un regard sanglant, j'incarnais le mal absolu.

—Le Mont Nazaërl'h abrite notre le plus vieux temple de notre univers.
—Et donc ? Lui demandais-je.

Je n'étais pas venu ici pour une leçon d'histoire, mais pour prouver à Muglerina que je l'aimais. Mon compagnon avait besoin de preuves, pas de longs dialogues. Et j'allais bientôt obtenir l'accès à cet endroit pour en finir au plus vite.

— Il y a la statue de notre première reine, Nazaërl'h. Si tu te rends là-bas, tu pourras passer l'épreuve avec ceci.

Il me tendit son poing et d'instinct, je lui présentai ma main.

—Je suis le seul à pouvoir donner mon accord pour se rendre sur le Mont. Cet endroit n'est pas facile d'accès et il te faudra beaucoup de courage pour réussir l'épreuve, mon ami.

Puis il le remit un anneau de cristal.

—Il te permettra d'ouvrir la porte du temple. Personne n'a remis les pieds là-bas depuis la guerre. Le temple est abîmé et peut s'effondrer d'un instant à l'autre.

Je regardais le bijou qui reflétait la lumière. Je tenais un objet d'une rareté inestimable et cette bague appartenait à la famille Diana depuis des générations. Aujourd'hui, Nathan me le confiait afin de passer cette épreuve. Je mis l'anneau dans la poche arrière de mon pantalon afin de ne pas la perdre.

Nathan nous parla longuement de Nazaërl'h. Cette femme au sang noble était une oméga. Pourtant, elle était vénérée par tous. Ici, il n'y avait pas de discrimination entre les natures. Si Faelenvirin me donnait des sueurs froides, ce royaume avait le mérite d'avoir un excellent souverain.
Plus loin dans son discours, Nathan nous indiqua que la montagne se trouvait au loin, après la forêt enneigée. Depuis le mur de cristal, elle était visible et était la plus haute et la plus enneigée de toutes. Elle dégageait une certaine spiritualité que les autres n'avaient pas. Elle était spéciale, un lieu idéal pour accueillir un temple pour passer une épreuve.

—Ne sous-estime pas Nazaërl'h, Arthur. Me mit en garde mon ami. Un fiacre t'attendra demain, à l'entrée du royaume. M'indiqua l'alpha à la chevelure blanche.

Alors que je comptais remercier Nathan pour sa bienveillance, Muglerina se mit entre nous pour faire face à son aîné.

—Je veux y aller aussi, mon frère !

Je regardais mon compagnon pour tenter de le raisonner.

—Ce n'est pas un jeu, Muglerina. Te rends-tu compte de ce que tu dis ?

Nathan fit un geste avec son bras pour me demander de me taire, impressionné par le courage de son frère. L'homme à la chevelure blanche se retrouva en face de son jeune cadet pour tester sa détermination. Il ne doutait pas du courage de ce dernier, néanmoins, Muglerina devait être fort pour supporter cette épreuve. S'il suffisait de se confier devant une statue, ce n'était pas aussi simple. Pourtant, dit ainsi, cela semblait si facile. Mais je savais que la communication pêchait et que nous aurions dû mal à passer cette épreuve.

—Muglerina, c'est ce que tu souhaites, lui demanda-t-il ? Et si tu ne survivais pas en chemin et que tu mourrais par ce froid ? Le Mont Nazaërl'h est extrêmement difficile à atteindre. Il te faudra énormément de force et de courage pendant cette épreuve. En es-tu conscient ?
—Tout ce que je souhaite, c'est retrouver mon compagnon. Pourquoi ne pouvons-nous pas être heureux ?

J'étais bouleversé par les mots de Muglerina. Nathan ferma un instant les yeux pour réfléchir, puis leva sa main au dessus du visage de son frère pour caresser sa longue chevelure.

—Par moment, je crois toujours que tu es cet enfant, mais tu as bien grandi. Je suis fier de toi, Muglerina. C'est à toi de trouver la réponse à ta question et j'espère sincèrement que Nazaërl'h pourra te venir en aide.

Puis, il retira sa main pour regarder un instant sa paume avant de me fixer.