I am a bitch

Je réajuste mon peignoir après une énième gorgée d'alcool qui me fait monter le rouge aux joues glacées par leurs souffles de luxure que je sens depuis mes loges. J'entends planer la musique d'ivresse qui inonde les sens et fera d'ici peu vibrer chacun de mes os noirs en une douce et idolâtre mélopée qui ne sera pas celle qui me scie le mieux. Ce que j'apprécie ? Ça n'a aucune espèce d'importance cette nuit comme aucune autre d'ailleurs. Mon seul intérêt est le leur, être le seul centre de leur intérêt, qu'ils ne voient que par moi, que chaque soir quand ils vont se coucher ils trompent compagnes et compagnons dans leurs rêves maudits. Être l'objet de leurs fantasmes les plus inavouables, qu'ils me touchent, me battent, me griffent et me mordre pour faire de moi le jouet que je veux leur être.

Une dernière retouche de mon maquillage aux provocations pouvant passer pour grossières chez certains se disant petits saints qu'ils ne sont plus une fois entre mes mains et jambes expertes. Je crois bien que ce sont eux qui me plaisent le plus, eux qui tombent sous la sanction des lois, sous les jugements obtemperés, qui plaident la morale par-dessus la mort et qui s'adonnent à mes heures perdues sous les coups et injures pour s'octroyer une puissance et dominance fortuite qui ne leur est guère occasionnée au delà du mépris qu'ils véhiculent de leurs vaines et insatiables, bestiales pêchés capitaux.

N'en suis-je moi-même pas un ?~ Petit monstre d'os et de chaire magique, je suis à leurs yeux vierges une démone qui magnétise leurs sens, je transcende leurs âmes pour qu'ils ne voient que ce que je veux qu'ils aiment. Mes tissus de cuir ne sont présent que pour attirer sur moi les regards qui ne se détachent que pour goûter à cette proie qui n'est que prédateur à leur instincts bestiaux premiers faisant de moi l'être à varier, esclave à bannir de leurs pensées lubriques, ces mêmes pensées que j'alimente et surenchéri lorsque mon pavoisement atteint son paroxysme.

Abandonnant ma barrière de coton qui me brûle les os, j'entre enfin dans la lumière qui m'inonde et imbibe mes os ébènes aux ailes cassées pr tant d'efforts qui me transportent aux portes d'un enfer que je domine de toute ma superbe. Je me saoule à cette mutique cacophonie que mes sens apprécient. Au début c'était presque rien, un petit point qu'on voit au loin comme un soleil qui sème les ombres. J'avoue que je ne l'ai pas vu venir l'éclats des leurs sourires suffisants dans leurs écrins, de leurs mains pelotantes sur mes membres et chaire dénudés, leurs rires gras à leurs insultes légères, leurs attouchements aussi légers que la caresse d'une aile de papillon. Au début c'était tellement beau, ils venaient, portaient mes fardeaux et je me sentais plus légère de mes actes comme une prisonnière qu'on libère, à qui on redonner des printemps à qui on vole ses hivers pour qu'elle espère. Je voulais simplement le long de cette barre voler le temps qu'on ne m'avait offert en m'implantant à la vie comme ils l'ont fait ; je m'accordais sans leur demander une nouvelle identité qui n'avait aucune espèce d'importance.

Puis bien sûr, j'ai commencé leurs trafics, devenant complètement l'objectivité qui leur manquait, la splendide ange que leurs ténébreuses tentacules tentatrices voulaient abîmer mais ne faisaient que révéler de toute sa beauté. J'existais enfin par moi-même, moi qui n'étais personne, qu'une ombre au funeste tableau de leur glorieuse mort qui n'est qu'un éternel recommencement. Avant d'être leur sextoy, leur poupée de collection qu'il ne pourront qu'idolâtrer puisque hors de toutes leurs portées commerciales ; je n'étais rien, ni fille, ni sœur, ni mère, ni même amante. Une petite ombre au tableau de leur idyllique achèvement, une inconnue dans la pénombre qui espère, qui espère. J'aurais dû quoi, m'en tenir aux faits, passer mon chemin ? Je suis réduite en cendres entre tes mains, toi qui appuies encore, tu ne voies rien. Je rêvais à des comptes de fée.

La chute est lente, lente et tu me hantes, hantes quand je revoies tous les instants de toi. Dans mes nuits lentes rien ne chante depuis que ta voix chante trop loin de moi. Au début c'était du hasard, quelques fois tu rentres un peu tard, tu dis que je m'enflammes que je ne dois pas en faire un drame. Il arrive qu'un élan du corps nous emmènes dans d'autres décors et ce n'est rien, non, ce n'est rien. Alors sans le voir, sans même le vouloir, je suis aller chercher de meilleurs lendemains, sans même que tu ne me retiennes. Mes larmes enfin, ne tombent en vain. La chute est lente et je revois tous nos instants à nous.

La musique continue et je reçois les acclamations que je sais mériter, le show continue au rythme de mes déhanchés, de la drogue et de l'alcool qui coulent à foison. Vos airs ahuris puis nonchalants vous trahissent sur votre fréquence à visiter ce lieu de débauche où je suis devenue reine inconsciente et incontestable de vos orgueils. Déjà les regards sont braqués sur moi découvrant la scène par les yeux froids et vitreux de vos corps en chaleurs. Qui peut comprendre qu'à lieu le jugement de vos âmes de vices corrompue ?~ Des fers aux poignets, marionnettes à n'en plus compter je ne compte plus m'agenouiller à leurs aides puisque ils savent ce qu'ils ont à faire s'ils souhaitent accepter mes propres regrets.

D'accord je le confesse, accroc de toi je reste. Tu es lâche, grotesque, tu fais de moi une sombre peste. Nos colères, nos querelles, nos innombrables bassesses, comment veux-tu que je les oublier ? Tu es mon amour, tu es mon ivresse. Je t'aime mais je te déteste. Je te laisse puis te regrette. Je t'oublie et je me rappelle. Je prends la porte mais reste près de toi. Tu me dégoûte je te désire. Quand tu souries je soupire. J'ai même déchiré nos photos pour les garder en souvenir. Je voudrais que mon esprit clos t'envoie paître tant tu me prends la tête et occupe mon esprit de tes foutaises.

Et rien ne nous rapproche si ce n'est nos candides différences comme deux enfants liés dans une romantique itinérance, comme deux fous trop fous pour y voir clair. Dans la violence et la provocation, fais l'amour pour faire la guerre, font l'amour pour ne pas se perdre entre mensonges et promesse. Comment veux-tu que je t'oublie ? Toi mon amour, toi mon ivresse. Et plus je t'ai près de moi, plus je me dis que j'ai fauté, et si je me dis que je ne peux plus te voir c'est bien parce que je t'aime. Et si enfin je reviens vers toi, c'est que tu es mon plus beau problème.

L'argent tombe et fait ployer mon corps de sa gracile impression imbécile. Je ne reste pas à ma place ; les acquis de nantis, je les dépasse. Je n'ai pas peur de viser toujours plus haut lorsqu'ils ont trop souvent ri de mon audace, l'habit fait le moine quoique tu fasses. Ils ne sont bons qu'à courber l'échine, ils rampent à mes pieds au lieu d'espérer. On est ce que l'on est, tu dis merci et c'est tout. Ils s'indignent et s'inclinent sans se daigner jusqu'au bout. Ils ne sont rien alors quel chemin de croix ? J'ai la gloire à mes talons, l'accès au monde sans ne rien avoir, pas les menus plaisirs, pas les petits désirs, j'ai les sortilèges et les charmes de mon côté tel le cobra. Quand les autres sommeillent, les gens comme moi se réveillent, reflet d'un feu ardent dans mes yeux de serpent. Le plus doux des venins les tiendra jusqu'à demain. Quand le soleil s'endort, ils m'en redemandent encore. Le cobra dansera pour qui le suivra, les yeux sur la scène venez vers moi ~

Les deux pieds au sol, au centre du bar, touchée par toutes ces mains, pattes, velues, poilues, squelettiques, en chair ; peu m'importe tant que ses mains m'adulent et louent mes louanges à tue-tête bien au-dessus des basses qui hululent cette tambourine qui compriment mes tympans inexistants. Je file et joue de mes charmes omniprésent dans cette salle de débauche pour acquérir ce dont j'ai besoin pour continuer cette douce nuit qui finit à bout dans cette chambre close loin de leurs regards pour le plaisir et le bonheur d'une poignée d'une opulence qui ne m'appartient point. Ils s'emparent de moi comme d'un outil sans défense face à moi qui n'ai pas les armes. Jetée tel le déchet que je suis contre les murs, déshabillée de leurs regards sur ma chaire déjà à vif de cette absence de reconnaissance. Pas le moins du monde décontenancée je les fixe s'entretuer pour mon corps superbe. Quelques minutes d'hurlements et déjà il n'en reste plus qu'un, un monstre sans importance à mes yeux qui ne peuvent s'empêcher de le détailler pour s'imprégner de son essence vitale qui ne souhaite que prendre la mienne dans les voluptés d'une nuit.

Je ris mon vécu, les souvenirs reviennent mais ne pardonne mon allure qui vous semble superficielle. Le passé m'a eut et le futur m'aura peut-être ; je me suis prise des murs, des injures dans la tête. Je n'ai plus de fumée, j'ai enfumé mes rêves. Ils en veulent toujours plus et ne savent guérir de perdre. Et malgré leurs déluges mon univers est entier bien que je parte en voyage à la recherche du fond de moi-même. Me pardonner est rude comme le plus froid des hivers, l'argent ne les rend pas riche mais ne pas en avoir les perd. Je parle avec mon âme mais mon sourire est moqueur, la rime pour m'amuser, ma plume déverse ce que mes écrits et mes cris se peinent. Déchue de leurs mots m'importunent, têtue j'ai encore des lacunes, je suis déçue mais sans rancune. Quelques mots de trop en ecchymoses, au milieu de tout et donc au milieu de rien, des sourires sur mes chagrins, qui partira le premier ?

Le rideau se lève et je m'écris « Que le vrai show commence. ». Son regard ahuris fait grimper mon audience, il ne comprend pas ce qui est en jeu et déjà la peur se lié dans ses yeux. Qui peut deviner qu'à lieu le jugement d'un homme de foi pas si innocent ? Oui l'acte est lancé, il ne peut reculer ; notre tragédie devra se jouer, déjà de la sueur perle, le pouls s'accélère mais je me dois de parfaire nos préliminaires. Dans ce monde où le bouffon peut être roi, je rendrais justice comme il se doit, c'est pourquoi rien que pour lui ce soir je vais devenir un monstre de foire. Dans un face à face je révèle la nature de ma personne, les masque se brisent et son orgueil est mis en défaut. Sa langue se perd au fil de ses justifications fortuites qui ne font que retarder l'approche de sa punition. Nous atteignons le point de non-retour et il cherche encore à faire de l'humour pourtant aucun de ses mots farfelus ne pourra me rendre ce que j'ai perdu. Je sens dans sa voix de l'appréhension mais assez parlé, il est bientôt l'heure de provoquer mon orgasme vengeur. Savoureuse sensation que d'être témoin de sa déchéance. Il rampe et continue de supplier mais son destin est déjà scellé. Il tente une menace dans un dernier cri et le coup est parti. Je savoure alors ma courte revanche tandis que sa poussière coule sur le lit. Le plaisir fut court bien qu'assez intense comme peu l'être un sentiment de vengeance.

Mes deux paires d'ailes de corruption blanche balaient d'un rapide vent les quelques grains sur mes os quand je passe ma main humidifiée de sueur sur mon âme ronronnante, cette douce petite pomme inversée à la seringua blanche prise à l'intérieur comme figée de façon intemporelle. Une âme née de la combinaison, de la mort de deux âmes elles-mêmes perdues à travers le temps et l'espace. Quelle ironie n'est-il pas ? Comme arrachée à une famille qui ne m'appartient pas, âme damnée à venger une malédiction qui n'est pas la sienne, à venger une famille souffrant d'un mal qui ne l'a pas effarée que dans la mort, la mort inutile qui n'entraîne que plus de tourmente pour une enfant ayant assisté à la déchéance de ses parents qui ne l'ont jamais été pour elle ni pour celle que mon âme espère la rédemption dans une sphère éloignée de moi, si éloignée qu'il me suffirait d'un claquement de doigt pour la rejoindre. Cette même personne de bleu vêtue, un bleu qui englobe tout son être, de ses longs cheveux à son morceau épars d'âme tronquée, qui me contacte pour s'assurer de ma sûreté toujours aussi compromise dans cet univers de luxure.

« Memory, c'est Inakku... enfin DeadLine... ne dis pas à la Boss que je n'utilise pas les noms de travail sinon je vais encore me faire remonter les bretelles.
Je viendrai probablement à la réunion de Saya... enfin la Boss... (j'ai vraiment du mal avec les noms de codes mais bon on s'en fiche je ne suis qu'une novice comparée à toi qui fait ça depuis quand déjà ? Bon ce n'est pas le sujet et tu vas encore me disputer si je t'ennuie avec des détails inutiles. BREF !) Je disais donc que je viendrai probablement. Si tu voyais tout le trafic de prostitution dans la sphère DreamSwap. Je pensais que ce serait ralenti depuis la disparition de Nisha, pardon depuis la disparition de ma « mère », mais ça ne désemplit pas. On remerciera mon jumeau, Chaos, qui a développé son propre réseau. Je crois que c'est à cause de lui que la Boss m'a choisi pour cette sphère même si après tout ce devrait être une évidence car, après tout, je suis née de cette sphère, la corruption blanche en alliée de surcroît.

Je divague encore ! Mais tu sais, partager un studio avec toi, te sentir contre moi pendant les cauchemars sur la destruction de MutismTale, avoir ne serait-ce que ta présence à mes côtés, être dans tes bras, chanter pour accompagner ton divin corps gracile autour de cette barre centrale à cet appartement qui n'était pas à la hauteur de ta prestation... tout ça me manque. Tu me manques Memory... c'était peut-être malsain mais j'y tenais. Et tout perdre, t'avoir perdu même si je t'ai toujours...

Enfin tout ça pour dire que c'est dur d'être loin de toi. Tu me manques et j'espère qu'on pourra fêter dignement nos retrouvailles quand je viendrai à cette satanée réunion. Ça va te paraître con mais...
Je t'aime. »

Ô Ina, ma chère petite Ina, toi aussi tu me manques. Mais le devoir m'appelle. Malgré tous les cris et les coups que j'ai pu entendre derrière la porte pendant que je remettais mes sous-vêtements et passais une tenue plus descente, en autre une robe simple aussi rouge que le sang au sol, ou aussi rouge que les deux rubis hérités de mon prédécesseur, associé à deux simples bottes à talons aussi fins que la lame du katana de ma chère amie ; je vois avec stupéfaction le loquet de la porte doucement s'abaisser pour laisser entrer un squelette à l'aura écrasante sans en être étouffante. Ce n'est pas ses pupilles hypnotisantes qui m'électrisent de leur analyse mais bien les appendices noires qui me transportent loin de cette chambre à des années de cela dans un souvenir qui ne m'appartient guère où je vois deux bébés naître, identiques en tous points en son inverse, là où l'un est blanc, l'autre est noir et inversement. C'est ainsi que son nom s'impose à moi comme une mystique révélation.

Yang.

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