Observer est le plus durable des plaisirs de la vie.
Observer est le plus durable des plaisirs de la vie.
Georges Meredith.
En avait-il le droit ? Cette question explosa si fort dans leur esprit commun que Nero stoppa net sa course. Une de ses griffes se cogna contre une roche à demi enterrée et se brisa net sans que le loup ou l'humain ne ressentent quoi que ce soit.
Alof quant à lui, continua sa course sans se retourner, ils avaient besoin de la voir, de la sentir, de se rendre compte par eux même qu'elle était toujours parmi eux. Qu'importe si son plus vieil ami était emproi à un trouble si profond qu'il se mit à douter de sa propre existence. De ses propres droits et devoirs. Eux, ils en avaient besoin et ce besoin se faisait de plus en plus ardent au fur et à mesure que les minutes défilèrent.
Galaad, tout au fond de son antre, du s'assoir. Lui aussi avait le souffle court, ses pensées tourbillonnaient dans son esprit laissant derrière elle une boue gluante et nécrosante.
- J'sais pas... murmura-t-il pour lui.
Son loup, lui non plus n'en savait guère plus. Ils devaient la voir, mais en avaient-ils le droit ?
Toujours juché sur ses puissantes pattes sombres, sans faire le moindre mouvement, il se mit a grogné de frustration. S'il avait pu il se serait cogné le crane contre l'un des énormes troncs qui vivait a coté de lui, s'il l'avait pu il aurait pit la fuite en direction des montagnes. À l'opposé du monastère. Toujours plus loin d'elle et de ce tourbillon d'émotion bouillante.
S'il l'avait pu il l'aurait pris dans ses bras et se serait peut-être même laissé aller à quelques larmes de soulagements. S'il s'autorisait cela, il l'aurait fait.
Son loup se mit à couiner, lui aussi voulait plus que tout aller le voir, plonger son museau dans sa chevelure et sentir chaque parcelle de sa peau. Lui aussi...
Tout en haut, sur la lune, Lyma se sentit si épuisé qu'elle du s'assoir avant que ces jambes ne cèdent. Tout autour d'elle des âmes sans vies continuaient leur marche éternelle sans prendre conscience de son mal-être. Certains de ses fils, nouvellement arrivés, se mirent à couiner tout en l'approchant.
Doucement, lentement, l'un d'eux posa son énorme tête sur ses genoux à demi repliés. Ce jeune mâle n'était pas mort depuis plusieurs siècles comme beaucoup, mais la lueur revêche dans son regard lui tira un léger sourire.
- Tu as un peu du Premier en toi... souffla la Déesse et lui caressant lentement la tête. En plus calme, admit-elle tout de même en l'observant un peu plus.
Le pelage de ce loup était un étrange mélange de gris clair et d'un noir profond. Tout en sondant l'animal, elle comprit comment celui-ci était passé de vie à trépas.
- Tu as été acheté pour faire plaisir a un môme capricieux... je suis sincèrement désolé Wàbi. Conclus l'éternelle Ayant Droit tout en continuant de glisser ses doigts dans son pelage.
Ce dernier se laissa aller et ferma les yeux de plaisir et sans crainte pour la première fois depuis des années.
Tout en bas, au cœur d'un petit pays coincé entre la mer et montagne, le Fils du Premier trépignait d'impatience après avoir fini sa conversation avec son ainée.
- Elle rentre quand ? lui demanda son épouse tout en se caressant son ventre nouvellement rond.
- Demain en fin de journée, j'irais la chercher, dit il a son tour tout en posant un genou à terre pour embrasser la nouvelle vie qui grandissait au creux de ce ventre qu'il aimait tant.
- Je me doute, ria doucement Zuméla, les pères et leurs filles. Rajouta-t-elle une fois de plus pour la forme.
Zuméla aimait le calme et la sérénité que sa vie lui apportait, elle aimait plus que tout son loup et donnerait mille fois sa vie pour chacun de ses enfants. Cependant, une Ayant Droit resterait a jamais une ayant droit. Quelque chose au fond de son cœur lui fit lever les yeux vers le ciel.
- Dis-moi, ou ça en est avec les monstres ?
- Ici ou en Bulgarie ? Retoqua son loup tout en se relevant, il lui prit doucement la main et la guida jusqu'aux petites marches de leur maison, d'une petite pression vers le bas il l'incita a s'assoir a son tour. Ne te fatigue pas, cru-il bon de rajouter.
- Là-bas et tu sais qu'on va très bien, elle caressa affectueusement la joue rendue rêche par la vie de son époux.
- Ils sont revenus, donc je pense que ça doit aller. Pourquoi ?
- Elle est en colère, elle a peur aussi.
- La blanche a peur ?
- Lyma a peur oui. Acquisa la femme en plongeant dans le regard de son loup.
L'un comme l'autre savait ce que cela voulait dire : changement.
- Tu en sais plus ? se hasarda Louis en serrant les dents, au fond de lui Myst était plus attentif que jamais.
- Je crois qu'elle s'inquiète pour L'ombre, elles ont un lien particulier, tu sais.
- Oui... elle a été créée
- Pas que la coupa sa femme qui avait bien trop de fois entendu cette demie vérité. Oui elle n'est pas grand-chose, juste la somme d'âmes errantes, mais c'est bien elle qui lui a insufflé la vie. Lyma est un peu en elle.
- Comme une mère avec son enfant rajouta Louis qui était loin de se douter de ce pan de l'histoire. Elle le sait ? L'ombre le sait ?
- Elle ne connait que la première version de son histoire, dit Zuméla en haussant les épaules. Quand elle lui a insufflé la vie, elle s'est promis de la protéger quitte à se faire maudire par elle.
- Merde... mais c'est quoi le rapport avec les monstres ? Tu ne m'en as pas parlé pour rien.
- Le Dieu maudit qui les a créés s'est aussi maudit en liant sa vie a L'ombre, si Lyma le tue sa création meurt aussi.
Les deux éternels amants soupirèrent en même temps, Louis était quelque peu scotché par ces révélations. Lui et son loup étaient à mille lieux de s'imaginer tout ça.
- Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?
- Ne commence pas à te dire que tu aurais pu faire telle ou telle chose... et tu sais que je ne peux pas parler de ce genre de choses si on ne me pose pas de questions.
C'était un fait, en restant sur terre, en menant la vie qu'elle menait actuellement et qui la comblait de bonheur elle avait perdu certains avantages de sa condition. Parler librement de ce qu'elle savait de la Déesse en faisait partie.
- Si nous, vivant, on ne peut rien faire, est-ce que nos morts le peuvent ?
Cette question, pleine de sous-entendus, plongea la femme quelques instants dans ses réflexions. De là où il était, Louis pouvait parfaitement voir les rouages de son cerveau si particulier échafauder toutes les théories possibles.
- Il me semble que oui. Finit-elle par répondre tout en se servant de sa main pour cacher son bâillement.
Louis la raccompagna à l'intérieur et la laissa se reposer avant d'aller marcher en forêt.
- T'en penses quoi vieux ?
- Que je comprends mieux pourquoi la blanche n'est jamais allée arracher la tête de ce con de Dieux, dit Myst tout en grognant. Peut-être en parler a Simon ?
- Peut-être oui, entre ça, la meute d'Adrian et ma fille et son amie qui arrivent demain, ça risque d'être sympa.
- M'en parle pas ! Laisse-moi la place j'ai sentie un hérisson.
- Fais gaffe à ton museau...
Le loup se contenta de grogner tout en prenant la place de son humain, ce son fit fuir sa petite proie.
Bien plus loin, dans un autre pays, le loup sombre n'avait toujours pas bougé. Finalement, rongé par le désir, il reprit sa course sous les acclamations de son humain. Lui aussi venait de céder à ce désir qui lui était inconnu.
Galaad avait déjà désiré et même aimé d'autres femmes avant qu'il ne soit possédé par son loup, depuis il avait conclut avec quelques une, mais il manquait toujours quelque chose. Nero, son loup attendait avec impatiente son âme sœur, alors que son humain remettait encore en doute cette idéologie, d'après lui. Plus d'une fois, son loup s'était tué à lui expliquer son importance, plus d'une fois ils s'étaient grogné dessus avant de conclure qu'ils verraient quand cela arriverait.
En attendant, aujourd'hui, ils courraient aussi vite qu'ils le pouvaient pour la voir. Quand, enfin, ils arrivèrent chez eux, ils prirent le temps de respirer de nouveau. Tout en ralentissant le pas, l'humain et le loup se laissaient aller à ce qu'ils voyaient et ressentaient.
Sécurité.
Chaleur.
Elle.
Elle était sur le haut des marches blanches du monastère, entouré de loup qui lui arrivait parfois au milieu des côtes. Elle souriait, soupirait, levait les yeux au ciel, touchait leur pelage... Il observait tout cela tout en s'interdisant de lever le nez pour croiser le regard de son Alpha qui était sur le toit de leur maison.
Le regard du chef de meute se figea sur son second Beta, il se sentait soulager de le savoir rentrer. Adrian savait pertinemment qu'il ne pouvait pas se passer d'un tel loup, pourtant il savait aussi que ce même loup pourrait, s'il le voulait, le défier.
Là était tout le paradoxe de Nero, le grand loup noir. Il n'aimait pas les ordres, mais s'y pliait. N'aimait pas la foule, mais vivait en meute. N'aimait pas être soumis, mais ne voulait pas dominer...
Si ce dernier venait a le défier le chef de meute n'hésiterait pas à le tuer, il le ferait aussi bien parce ce serait son devoir que par envie. Rixe était un vrai dominant qui n'appréciait guerre les rebuffades.
Il continua à l'observer, il comprit qu'il n'osait pas monter les marches. Cela lui tira un minuscule sourire à peine perceptible sous ses cicatrices.
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