Tous les jours suivant son coup de foudre, notre jeune homme fit tout ce qu'il put pour la croiser. Faisait tomber ses clefs derrière elle, juste pour qu'elle lui dise : "non ce n'est pas à moi", essayait de se placer devant elle, en classe. Il espérait entretenir, un jour, une conversation avec elle.

   Il adorait la voir rire, son rire avait le pouvoir de réparer son coeur qui pourtant, était très vite rempli de jalousie : ce n'était pas grâce à lui qu'elle riait.

   Tous les soirs, il ne pensait qu'à elle, oubliant même ses devoirs, arrivant le lendemain les mains vides, face à un professeur intransigeant. Chaque soir, il réfléchissait à un moyen d'avoir l'intention de sa belle. Il se disait qu'il fallait sûrement qu'il achète de nouveaux vêtements, qu'il change de coiffure. C'est ce qu'il fit. Le lendemain, il arriva au lycée vêtue d'un beau grand pull, d'un jean bien trop grand pour pouvoir rester à sa place, et ses cheveux étaient coupés courts. Il était mis en valeur et s'accordait enfin avec les jeunes de son âge.

Il espérait enfin avoir un signe de sa douce.

   Son sac sur le dos, il déambula dans le lycée, essayant de tuer le temps avant le début du cours. Il arriva à son casier et commença à enlever ses affaires et à les disposer à l'intérieur.

– Hey !, s'écria le gars du casier d'à côté, Alors tu changes de look comme ça Nico ? C'est drôle de te voir comme ça ! Dis moi, ton coeur n'aurait-il pas chaviré pour une jolie demoiselle ?

   Il ne répondit rien, il savait que Léo n'était pas méchant, cependant, il n'avait aucune envie de discuter ce matin et encore moins avec lui, il voulait que la première personne à qui il parlerait soit son coup de foudre. Léo, tout en déposant ses propres cahiers dans son casier continua :

-Allez ! Tu peux bien me dire !

   Nicolas referma avec fracas la petite porte. Il savait que Léo n'arrêterait pas avant d'avoir une réponse. Alors Nicolas s'est enfuit.

   Il referma rapidement le zip de son sac, tout en marchant rapidement. Léo, le regardait stupéfait, le sourire en coin, comme s'il savait que Nicolas venait de découvrir son cœur.

   Il arriva rapidement à sa salle de cours. Il entra et vit cette fille, assise seule. Il fit un premier pas, puis deux. Le temps autour de lui semblait s'arrêter, happé par la beauté de ses yeux. Le professeur, absent, rendait la scène encore plus intimiste. Elle leva la tête et la tourna vers Nicolas. Ses yeux brillaient, ses cheveux bruns éclataient. La salle sembla s'illuminer lorsqu'un sourire étira son visage. Il s'arrêta, stupéfait. Elle venait de lui sourire, à lui. Il fut heureux, d'une joie si intense qu'il cru que son cœur allait imploser. Il reprit petit à petit ses esprits, souriant à son tour et alla s'installer devant elle, comme toujours.

Ils étaient maintenant seuls.

– Psssst !, chuchota une voix féminine dans son dos.

   Nicolas se retourna, le cœur battant. La fille lui souriait toujours.

– Tu t'appelles comment ?

   Elle lui parlait. Il n'en revenait pas.

– Nicolas, lui répondit-il, sourire aux lèvres.

– Tu connais du monde ici ?, lui demanda-t-elle.

   Nicolas tourna la tête de droite à gauche.

– Pas vraiment, non. Je suis un peu du genre solitaire, avoua-t-il.

– Oh d'accord ! Tu veux venir avec nous ? Mes amis sont adorables tu verras.

   Le cœur de Nicolas n'en pouvait plus.

– Euh, oui je veux bien !

– Cool !

   La sonnerie les coupa. Les élèves rentrèrent rapidement. Le professeur s'installa et le cours commença. Cependant, Nicolas n'en retint rien.

   Il n'aura même pas eu le temps de lui demander son nom.