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   Le présentateur rassemblait ses feuilles tandis que sa maquilleuse lui saupoudrait gracieusement une poudre matifiante. Les cameramen s'installaient et faisaient leurs derniers réglages. Le présentateur avait chaud dans son costards-cravate. Il aurait préféré être présentateur de jeu télévisé mais la production le trouvait bien meilleur ici qu'à poser des questions à des candidats. L'heure arriva, il fixa la caméra et d'un ton absolument posé et sans tremblement, il prononça :

   « Bonjour et bienvenu à tous pour cette édition du treize heure. Aujourd'hui, dans l'actualité : le portrait robot du dieu de la mort enfin dressé, un réel espoir pour la scène internationale. »

   Le présentateur tentait de cacher son sourire. C'était pour lui un honneur de prononcer cette phrase. La caméra, en face de lui, se déplaça légèrement. Lui, ne voyait rien mais il savait que la photo du tueur serait placé juste à côté de lui et il jubilait. L'histoire sera marqué par sa présence, lui qui dévoilait le visage d'un dieu, lui qu'on oubliera dans trente ans.

   Devant son poste de télévision, Elsa décortiquait  attentivement son visage. Elle tenta ardemment de le graver dans sa mémoire. Le portrait robot lui semblait presque abstrait, les traits étaient grossiers, les yeux du tueur tombaient comme si la gravité s'appliquait inévitablement sur eux, ses sourcils étaient fournis, ses cheveux, hirsutes, son visage était enrobé, son nez, crochu et sa bouche était filaire.

   « Il semble bien plus être bûcheron qu'un tueur en série », remarqua son père.

   Une femme apparaissait à l'écran, affublée d'un long manteau kaki, elle incarnait, comme une porte parole, les mères de 50 ans vivant à  Paris. Le journaliste l'interviewait dans la rue, lui plaçant un micro devant sa bouche.

   « Je n'ai pas peur de lui. Il ne faut pas avoir peur de lui, c'est ce qu'il veut. Battons-nous et trouvons le. », déclara-t-elle.

   Le présentateur revint à l'écran, un verre d'eau était posé sur sa gauche. Il inspira et présenta le nouveau sujet parlant d'un virus venant d'Afrique, se développant assez rapidement mais qui avait très peu de chance d'arriver en France. Puis tout à coup, Elsa, tracassée, fixait la télévision et déclara :

   « Papa, j'ai peur. »

   Son père décrocha ses yeux du téléviseur et la regardant d'un air inquiet, lui demanda la raison de ce sentiment. Elsa le fixa et répondit :

   « Imagine papa, imagine cet homme n'est pas le vrai dieu de la mort. »

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Il s'éveilla. Un bruit sourd lui attrapa les oreilles. Petit à petit il put être capable d'entendre de vagues sons. Quelqu'un semblait casser des bouteilles de verre. Il préféra faire semblant de toujours dormir, laissant ses yeux fermés. Il sentait sa bouche bandée, ses bras et ses jambes attachés à une chaise. Un bruit de pas se fit entendre, quelqu'un arrivait.

« Quand est-ce que tu arrêteras de boire ? », demanda une voix de femme.

L'ivrogne arrêta son bruit et après un reniflement excessif, il cria, ivre :

« J'arrêterai quand on se cassera de tout ça ! C'est plus pour nous tu le vois pas ? Entre toi là qui te prend pour le roi et moi qui me saoule matin, avec du mauvais vin. Et tu sais où on me retrouve ? Toujours dans l'église, roupillant. Tu penses que c'est ça la vie ?

-On fait ce qu'on peut. tu sais ? On gagne de l'argent, beaucoup d'argent, ce n'était pas ce que tu voulais ?

-Ce que je voulais moi ? Ce que je voulais c'était partir aux Seychelles et pouvoir soigner ma fille pas construire un immense empire illégal. J'arrive pas à arrêter la machine Ève, je n'y arrive plus.

-C'est trop tard pour faire machine arrière. Écoute, je suis prête à prendre la relève, laisse moi juste-

-Pas une femme. »

Un silence s'installa alors pendant quelques instants avant que la femme remarque le policier attaché.

« Qu'est-ce que tu fais avec lui ?

-Je le cache.

-De quoi veux-tu le cacher ?

-De l'empire, il le tueraient à la première occasion. »

La femme ricana.

« Il ne le tueraient pas, enfin ! Il est bien trop précieux ! »

Une sonnerie s'éveilla, elle était en train de téléphoner. Derrière son outil, une personne écoutait la femme raconter toute l'histoire, sans oublier de poser la question :

« En as-tu besoin ? »

C'est alors que la voix s'éleva et un homme répondit oui.

« Ton directeur a besoin de cet homme.

-Va, va. Fais ce que tu veux de lui, je n'ai plus besoin de lui, répondit-il en attrapant une nouvelle bouteille.

Alors, la femme approcha et assomma le policier, aucun risque n'était prit, il ne fallait pas qu'il se réveille. Elle le porta sur l'épaule et sortit. Derrière ses pas, l'ivrogne jeta une bouteille, qui explosa dans un éclat de feu d'artifice. Une migraine l'assourdissait.

« Merde, il faisait un beau décor tout de même. »

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