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Elsa attendait à l'arrêt de bus. Son manteau la protégeait suffisamment pour ne pas subir le froid mais elle grelottait tout de même. Elle avait hâte de rentrer. Ce lycée lui semblait sinistre, étrange. Personne ne lui avait adressé la parole à part Alice. Elle se sentait seule, tout de même. Peut-être que c'était finalement à elle de faire le premier pas, et puis, elle réfléchissait sûrement trop.

Lorsque le bus arriva, elle soupira. Il était comme un sauveur pour elle, mais elle se devait de rester forte, ce n'était pas en une journée que tout se jouait. Bien sûr, on ne pouvait faire bonne impression qu'une fois mais qui pouvait être sûr qu'elle ne se ferait plus d'amis ?

Elle s'installa. Il lui restait une heure à passer dans le bus. Elle alluma son téléphone et écrivit à Alice.

« Salut Alice, excuse-moi de te déranger, je n'ai pas pu te revoir avant la fin de la journée. Est-ce que les élèves sont toujours aussi... froids ? »

Elsa patienta la réponse de son amie quelques temps, jusqu'à ce que son écran se soit rallumé.

« Oh salut ! Non, c'est sûrement aujourd'hui, personne n'est vraiment ravi de retourner en cours tu sais :) »

Elsa espérait que ce soit cela. Elle relâcha son téléphone, le posant sur ses cuisses et écouta de la musique. Dehors, la nuit était tombée, la campagne passait à vive allure devant les yeux d'Elsa. Elle se sentait nostalgique. Bien sûr, la campagne était reposante, voir sa faune et sa flore était un trésor mais la ville lui manquait. Le café le soir avec ses amis, ses cours de dessins, ses premiers pas, ses premiers amours, tout était resté à Paris.
Elle supportait mais combien de temps allait-elle tenir ? Alors une larme, une seule, vint s'écraser sur son pull. Elle savait que la distance allait la séparer de ses amis et c'était sûrement la chose la plus insupportable qu'elle aie à encaisser.

Le bus s'arrêta enfin, sortant Elsa de sa tristesse. Elle devait encore marcher cinq petites minutes pour arriver chez elle.

Elle traînait sa peine comme un boulet, elle n'arrivait pas à s'en détacher. Alors elle arriva dans sa maison comme ça, son sac, sur le dos, sa peine, derrière elle.

Néanmoins elle devait avouer qu'elle aimait cette maison. C'était une charmante demeure, construite dans les débuts 1900 elle avait tout ce qu'il fallait. La différence de prix entre Paris et ici avait fait que sa famille avait pu se permettre d'acheter une si grande bâtisse. Elle était heureuse de cela.

Elle entra, quitta ses chaussures pleines de neige fondue du matin. Son chien, Rex, sauta sur elle dès son premier pas. Elsa sentait son coeur se réchauffer et son boulet disparaître lentement.

Ses parents étaient dans le salon, la cheminée crépitait, l'horloge faisait ses va-et-vient habituels et la télévision était allumée, le volume était un peu trop fort pour les oreilles d'Elsa mais ses parents commençaient à perdre l'ouïe, enfin surtout sa maman.

« Je suis rentrée », cria Elsa.

Son père tourna la tête et vit sa fille dans l'entrée, il ne l'avait pas entendu.

« Oh, Elsa ! Viens donc, comment s'est passée ta journée ? »

Elle raconta tout ce qui s'était déroulé en ne parlant pas de la froideur des élèves. Son père regarda sa mère et dit :

« Finalement on a peut-être bien fait de venir ici, ça m'a l'air bien moins dangereux que Paris et les lycées ici n'ont pas l'air si mal que ça. »

Elsa regardait ses parents, elle voyait que son père voulait ajouter quelque chose. Il avait compris qu'elle attendait, alors il la regarda dans les yeux et annonça :

« Il y a encore eu des meurtres à Paris. »

Il détourna les yeux, il se sentait mal de lui annoncer ça comme ça mais il manquait de force. Il n'arrivait pas à savoir quand et comment il pourrait lui dire ça. Alors il omit le détail le plus important et déclara :

« C'est le Dieu de la mort. »

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