17

J'ouvre des yeux bouffis de sommeil sur un lit aux draps vides. Je tâtonne un instant, dans l'espoir de retrouver la chaleur si réconfortante qui m'entourait cette nuit, après mon estomac repu d'un bon plat de pâtes traditionnel. Mais ma main se heurte à un matelas froid. Je soupire, déçu, et roule sur le dos. Je frotte mes paupières encore lourdes et m'étire en baillant. Puis, avec un soupir, je décide de me lever.

Je titube jusqu'à la cuisine d'une démarche maladroite pour y trouver Severus de dos, remuant pensivement son thé brûlant. Je viens prendre place face à lui et remarque son air absent, légèrement contrarié si j'en crois le pli entre ses deux sourcils. Je me demande s'il regrette déjà l'avancée de notre relation.

Je ne comprends toujours pas très bien comment nous en sommes arrivés là. Je pense que lui non plus d'ailleurs. Nous sommes passés de ennemis à amants si vite... Un instant je le dégoûtais, l'instant d'après nos bouches se scellaient à nouveau. Je ne peux m'empêcher d'avoir des doutes quand à sa sincérité. Non pas que je n'ai pas confiance en lui, loin de là. Simplement, je reste pensif face à ses motivations.

Je n'oublie pas que Dumbledore m'a collé à son dos comme un lourd fardeau, pour je ne sais quelle raison. Peut-être pour me faire sortir de cet état léthargique dans lequel je m'étais confortablement installé. Je m'interroge sur l'ampleur qu'a cette mission pour lui.

Cependant, ce que je sais aussi, c'est que depuis notre cohabitation, je ressens à nouveau des émotions comme autrefois. Sa présence chasse quelque peu l'horrible vide qui plane sur mon existence. Et, bien que ce ne soit pas toujours des sentiments joyeux, c'est déjà beaucoup. Alors je décide de fermer les yeux dans un besoin égoïste d'évasion. Je tais mes doutes comme lui tais les siens et j'accepte sa main tendue sur un sentier inconnu et incertain. Parce que cette route bancale, c'est ma vie.

Je ne sais pas où toute cette histoire nous mènera, je ne sais pas ce qui nous attend. Mais il est à mes côtés et m'offre un peu de cette chaleur qui ranime peu à peu mes muscles endoloris. Severus est là. Et pour l'instant, c'est tout ce qui m'importe.

Je me force à revenir dans le présent et me focalise sur le visage de Severus. Voyant qu'il est toujours perdu dans ses songes, je demande d'une voix douce :

« Bien dormi Severus ? »

Je peux voir ses pensées se dissiper dans son regard d'onyx et son attention se concentre sur moi.

« Mmmh, acquiesce-t-il. Et toi ?

- Oui très bien merci. »

Je l'observe prendre une gorgée de sa boisson.

« Que faisons-nous aujourd'hui ? Demandé-je.

- Nous allons prendre le train depuis la gare de la Spezia pour visiter le Cinque Terre. Ce sont cinq villages reliés par un sentier longeant la falaise. Je te propose de s'arrêter au dernier pour longer le chemin et remonter vers le premier. Je ne pense pas que nous aurons le temps de les faire tous. Un ou deux me semblent déjà bien. Nous verrons bien. Peut-être prendrons nous le train autrement.

- D'accord, opiné-je. »

OoOoOoO

Le train nous dépose d'une secousse à la gare de Monterosso. Severus et moi descendons sur le quai. Nous dépassons le couvert du bâtiment où vont et viennent les wagons, pour entrer au cur d'un joli petit village débouchant sur la mer. Un modeste port est niché au creux des habitations aux couleurs vives, des bateaux flottant avec quiétude le long des quais. Le clapotis de l'eau flatte doucement les plages de sables bondées par les parasols multicolores.

Nous admirons un instant la vue de ce petit recoin d'Italie et Severus m'entraîne ensuite le long d'un sentier à flanc de côte, la mer venant s'écraser en contrebas des rochers.

Nous avançons simplement, en bordure des arbres enracinés dans la roche, sous un silence non pas lourd, simplement apaisant. Notre présence suffit au delà des mots.

Une balade tranquille le long d'un sentier, le bruit de l'écume qui flatte les rochers, un bel après-midi ensoleillé, et Severus. Alors que j'entremêle timidement ma main à la sienne, je songe que c'est peut-être cela, le bonheur.

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