Chapitre 3
ZACKIEL
Je me fais réveiller en sursaut par des hurlements. Il est un peu plus de trois heures du matin. Le noir domine dans ma chambre. J'attends quelques dizaines de secondes afin de voir – ou d'entendre plutôt - si ses hurlements se calment, ou si quelqu'un vient la voir. Mais rien ne s'arrête et n'il y a pas d'autre bruit dans le couloir. Je soupire et me lève. J'enfile très vite un t-shirt et un bas de jogging et prend la clef posée sur mon bureau que je glisse dans ma poche avant de sortir de ma chambre. Dans le couloir, les hurlements sont plus forts. Je presse le pas pour rejoindre sa chambre, mais ouvre doucement la porte pour ne pas l'effrayer et la referme aussitôt lorsque j'y suis. Une légère veilleuse éclaire la pièce.
Dans son lit, elle se débat avec les liens qui la retiennent. Je m'approche doucement d'elle tandis qu'elle continue de crier.
– Natasha, dis-je doucement.
Son regard croise le mien, et ses cordes vocales se reposent enfin. Sa respiration n'en reste pas moins saccadée, et elle continue de tirer sur les liens qui l'empêchent de s'échapper de son lit.
– Tu n'as rien à craindre Natasha. C'est fini. Tu sais qui je suis ?
– Zack...
Je hoche la tête et lui sourit.
– C'est moi, oui.
– Je... J'ai besoin d'aller aux toilettes Zack.
– Pas de bêtise, d'accord ?
C'est à son tour de hocher la tête.
Je la détache doucement et l'accompagne aux toilettes. Elle en sort quelques minutes plus tard.
– C'est bien Natasha.
– Ça va, je sais encore aller pisser sans vouloir faire de connerie à ce que je sache...
– Bien, bien...
Elle se dirige toute seule dans sa chambre et se rallonge dans son lit.
– Tu n'es pas obligé de me rattacher...
– Le dernier con qui t'a cru s'est fait démonter parce que tu as essayé de sauter par la fenêtre. Je ne prendrais pas deux risques inutilement, et tu me connais, je ne céderais pas.
Elle soupire mais ne cherche pas à discuter. Je reprends ses poignets et les rattaches aux bracelets qui sont eux-mêmes attachés au lit.
– Tu as encore fait un cauchemar, n'est-ce pas ? L'interroge-je.
– C'est une question rhétorique...
– Je suis désolé.
– Comme tout le monde.
Je décide d'ignorer sa remarque. Elle a sûrement raison. Pourtant, je le suis vraiment. Je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé et pour ce qu'elle est obligée de subir maintenant. J'aurais dû faire bien plus attention à elle.
– Tu sais que tu vas devoir prendre ton médicament ?
– Balance la drogue, je suis prête...
– Trafique de drogue chez Natasha, Rob a de la concurrence.
– Ouh... Le grand patron a du souci à se faire. Je suis dangereuse en plus.
– J'en tremble.
– Tu as sérieusement de quoi.
Je souffle du nez. Ça fait du bien de l'entendre plaisanter comme ça. Souvent, elle n'en a pas la force.
Je prends la clef dans ma poche et je vais ouvrir la petite pharmacie accrochée sur le mur où je vais prendre deux comprimés avant de la refermer.
Je remplis le verre posé sur la table de chevet d'eau puis lui détache un poignet pour lui donner les deux cachets et le verre d'eau. Elle avale les deux comprimés sans discuter et bois l'intégralité de l'eau.
– Ça serait quand même plus facile pour tout le monde si tu me laissais sauter par cette putain de fenêtre.
Je lève un sourcil en la dévisageant et rattache son poignet libre.
– Allez, quoi !
– Ta gueule Natasha.
– Tu sais très bien que j'ai raison.
– Non.
– Mais si ! Tu fais juste semblant de t'intéresser à moi.
– C'est faux.
– Vous faites tous semblant...
– Nat-
– Non !
Sa respiration s'accélère à nouveau et je la laisse éclater en sanglots sans rien dire. Je sais que ce n'est qu'une question de temps avant que le médicament fasse effet et ne l'apaise au point de l'endormir. Je m'assois sur la chaise à côté du lit et plonge mes doigts dans ses cheveux pour la calmer un peu. Peu à peu, ses pleurs s'estompent et sa respiration devient à nouveau normale. Ses paupières se ferment et dans un murmure elle me dit :
– Merci, Zackiel...
J'attends encore quelques minutes afin de m'assurer qu'elle dort avant de quitter sa chambre. Lorsque je rejoins la mienne, Rachel est posée sur mon lit.
– Qu'est-ce que tu fais là...?
– Je l'ai entendue hurler, moi aussi. J'ai vu que ta porte était ouverte quand je me suis levée, alors j'ai compris que tu étais parti la voir. L'entendre hurler me fout le cafard, alors, je suis là.
Je hoche la tête et retire mon t-shirt avant de rejoindre mon lit et de la prendre contre moi.
– Comment elle va ?
– Elle a réussi à plaisanter un peu. Mais ça ne va pas si mieux que ça.
La brune hoche la tête enfoui son visage dans mon cou. Son souffle me chatouille mais je ne dis rien et lui caresse le dos.
Rachel s'endort vite, tandis que je passe plusieurs dizaines de minutes à fixer le plafond que je vois à peine. Les hurlements de Natasha résonnent encore dans mon esprit.
***
Je charge mon arme, même si je sais qu'une seule balle me sera nécessaire pour l'éliminer, Rachel et les autres pensent qu'on ne sait jamais, et au fond, c'est vrai. On ne sait jamais trop sur ce que nous allons tomber lorsque nous devons tuer un individu. Parfois, la cible n'est pas seule et tout se passe bien différemment que prévu.
L'air de petit chien battu dans le regard de Rachel me fait souffler du nez lorsque je croise son regard. Je sais ce qu'elle veut, et il en est hors de question.
– Je t'ai déjà dit non Rachel.
– Je ferais comme si je n'étais pas avec toi, s'il te plaît !
– Non. On peut te reconnaitre.
– S'il te plait, je reste en retrait...
– Non.
– Dans la voiture.
– Toujours pas.
– Mais j'ai peur pour toi.
Je dirige ma main sur sa joue et la caresse doucement, ses yeux se ferment.
– Je te promets d'être prudent.
Elle soupire doucement et hoche la tête. Je lui embrasse le front et un petit sourire s'installe sur ses lèvres.
– Je vais devoir y aller, ma douce.
– Ok... Tu nous appelle s'il y a une complication, hein ?
– Je te le jure.
– D'accord...
Je conduis doucement. Je sais que j'ai tout mon temps parce que je sais que ma cible devrait être là plusieurs heures. J'ai le temps de réfléchir à mon plan en écoutant de la musique. Je fredonne même quelques passages des meilleures chansons de Rammstein. Je suis de bonne humeur, une nouvelle ordure va se faire brûler ce soir.
Je ne me gare pas très loin de L'Écarlate, afin de ne pas trainer son corps sans vie sur plusieurs dizaines de mètre, ce qui risquerait d'attirer des témoins. Mais, je compte tout de même l'attirer le plus possible de mon véhicule, pour me faciliter la tâche.
J'enfile un masque en tissu noir pour me couvrir le bas du visage, afin de faire en sorte que le moins de personne puisse me reconnaitre en cas de témoin, mais que je ne puisse pas paraitre suspect non plus. Je retire mon arme de ma ceinture et la couvre d'une veste noire que je pose sur mon bras. Personne ne doit la voir, mais l'ordure doit la sentir contre son dos.
D'un pas décidé, j'entre dans le bar. Il n'y a pas grand monde, mais c'est tout de même un paquet de témoin. Mon regard fait le tour de la salle et croise plusieurs regards innocents, jusqu'à croiser le sien, que j'abandonne tout de même vite. Je ne veux pas soutenir son regard plus d'une seconde, pas tout de suite.
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