Chapitre 2


AVA

La musique You Don't Own Me résonne dans mes oreilles lorsque je prépare mon petit déjeuner. Mon regard se pose, comme toujours, sur la photo accrochée sur mon réfrigérateur et j'admire quelques secondes son visage, avant de m'en détacher. Je n'ai pas le temps de m'y attarder, et je n'aurais jamais le temps pour ça. Ce n'est pas le moment, et je pense que ça ne le sera jamais.

À vrai dire, mon petit déjeuner est aussi mon repas du midi, puisqu'il est quatorze heures. Je n'avais pas cours ce matin, et aucune motivation pour être productive, alors j'en ai profité pour dormir, et ainsi pouvoir être en pleine forme pour ce soir.

Ce soir, je sors, parce qu'il me semble une éternité que je ne suis pas sortie, et surtout parce que je ressens le besoin de m'amuser et de penser à autre chose que la fac et ma dernière année de master, d'évacuer le stress autant que possible. Autrement dit : J'ai besoin de me bourrer la gueule.

Mon portable vibre plusieurs fois sur le plan de travail de la cuisine, j'y jette un coup d'œil et y découvre un appel de Lina. Je roule des yeux, je ne suis pas assez réveillée pour répondre à l'appel de qui que ce soit, meilleure amie ou pas.

C'est en prenant mon portable dans les mains que je découvre plusieurs messages.

J'espère que c'est toujours bon pour ce soir.

MEUF.

Sérieux, réponds moi.

Debout pétasse.

Et décroche ce putain de téléphone.

Je soupire longuement avant de me décider à lui répondre.

Désolée, je dormais. Oui, c'est toujours bon pour ce soir. T'inquiète pas, je serais là et à l'heure.

T'as intérêt sinon je viens te chercher moi-même, prête ou pas.

Je sais gérer mon temps !

Pas pour aller en cours en tout cas.

Y'a une grande différence entre les cours et aller se bourrer la gueule.

Bizarrement, ça m'étonne pas de toi.

À tout à l'heure !

Oui !

Je repose mon portable et file dans la salle de bain me laver. J'ai tout un ravalement de façade à faire par la suite, le fond de teint faisant office d'enduit et le reste du maquillage de peinture et de déco, parce que ce soir je compte bien être l'une des filles les plus belles de la soirée. Et, pourquoi pas, draguer quelqu'un, si l'envie m'en vient.

Sur mes yeux, des paillettes blanches à reflets rosés et un trait d'eyeliner feront l'affaire, tandis que sur mes lèvres un gloss discret les fait parfaitement briller et les met en valeur.

Pour ma tenue, une robe noire habille mon corps et ma poitrine est légèrement dévoilée grâce à un petit décolté. Une fente du côté droit dévoile un peu ma jambe, rendant le tout très sexy. Je me plais et c'est ce qui compte. Je sais que je suis belle.

Il y a plusieurs années, j'ai appris quelque chose. Avoir confiance en soi et avoir de l'assurance nous rend aux yeux du reste du monde attirant. Ce soir, je me sens belle et sexy, et tout le monde le verra.

Une touche de parfum à la framboise et je suis fin prête, et plus qu'en avance.

Il est un peu plus de seize heures lorsque je m'assois sur mon lit avec mon PC portable pour réviser mes cours de la veille, si je n'ai rien à faire d'autre qu'attendre, autant utiliser ce temps pour mettre toutes les chances de mon côté pour décrocher ce fichu master.

Je relis mes cours et écris quelques fiches, jusqu'à ce que dix-huit heures s'affiche sur l'horloge de mon ordinateur. Il est hors de question d'être en retard et de donner raison à Lina, alors j'éteins vite l'appareil, pose les fiches sur mon bureau et m'assure d'avoir une nouvelle bouteille d'eau près de mon lit, pour la future moi saoule. Une gueule de bois n'est jamais la bienvenue, surtout lorsque l'on a cours le lendemain. Je fais un dernier tour dans ma salle de bain afin d'uriner et de me regarder dans le miroir. J'aime ce que je vois. Les paillettes sur mes paupières les font briller à merveille et mettent en valeur mes yeux noisette. Je remets juste un peu de gloss sur mes lèvres et met le produit dans mon sac que j'enfile sur mon épaule avant de mettre mes talons et de sortir.

Avant de faire le tour des bars, nous avons convenu avec Lina d'aller manger quelque chose de pas trop lourd en ville. Se péter le bide serait une erreur fatale avec la quantité d'alcool que nous avons toutes les deux prévu de boire.

***

Je sais que je vais regretter d'utiliser certaines de mes économies, mais il parait que ce bar fait de merveilleux cocktails. L'heure est à l'amusement et on verra pour les regrets demain. Si je ne profite pas au moins une fois de ma vie d'étudiante, je ne le ferais jamais étant donné que c'est bientôt la fin.

Les néons rouge écarlate du bar m'éblouissent dans la nuit, mais ce n'est qu'une affaire de quelques secondes parce que nous rentrons à l'intérieur.

Nous nous dirigeons à une table pas très loin du comptoir parce que plusieurs hommes y sont déjà installés. L'un d'entre eux pose ses yeux sur Lina et la regarde de haut en bas avant de croiser mon regard. Il a une quarantaine d'années, voire peut-être une cinquantaine, dans tous les cas, il a au moins le double de notre âge et pourrait être notre père. Je ne peux pas m'empêcher de lui jeter un regard noir en passant à côté de lui, tandis que lui siffle quelque chose dans sa barbe, quelque chose que je n'entends pas et que je ne préfère pas entendre, c'est mieux ainsi. Je suis persuadée que ces paroles ne sont pas bienveillantes et qu'elles en disent beaucoup sur son personnage. Si je les avais entendues, je suis sûre que je n'aurais pas pu m'empêcher de lui mettre mon poing dans la figure, ou de lui plonger le nez dans le comptoir. De toute façon, je n'ai pas envie d'être virée du bar à peine rentrée.

Une fois que nous sommes installées, j'essaie d'ignorer le regard du connard qui semble attaché à nos deux corps et regarde la carte des alcools et des cocktails.

Quelques instants plus tard, deux de nos amis viennent nous rejoindre comme c'était prévu et le regard du porc au comptoir se concentre à nouveau sur son verre de whisky. Je suis sûre que la venue de nos deux amis y est pour quelque chose. Et même si ce n'est pas le cas, tant mieux pour nous, ou pour lui, parce que je n'aurais pas hésité à lui en mettre une ou deux à la sortie du bar, même si je ne sais pas me battre.

Nous décidons tous les quatre d'éteindre nos téléphones portables afin de profiter au maximum de ce moment entre amis et de ne pas le brouiller avec différentes nuisances, informations inutiles trouvées sur les réseaux sociaux ou pire, certains messages. Le monde n'existe plus durant quelques heures.

Luca parle de sa nouvelle copine et à quel point elle est jolie et qu'il est fan d'elle, ce qui nous fait assez rire. C'est plutôt mignon de le voir enfin en couple avec elle, après plusieurs mois de drague et d'admiration de sa part. Il nous en avait tellement parlé que nous en savons presque autant que lui sur cette fameuse Oriana.

Dorian lui, nous raconte à quel point son job d'hôte de caisse au supermarché le soule et surtout les clients qui vont avec. Personnellement je lui dis de chercher un autre travail et de quitter celui-là au plus vite si la situation n'est plus viable pour lui. Tandis que les autres optent pour une version disant que le mieux est d'attendre de finir ses études.

Lina raconte que vivre avec ses parents l'énerve. Alors, Dorian dans un éclair de génie lui parle d'une collocation. Lina approuve avec enthousiasme, mais je pense que c'est surtout à cause de l'alcool qui lui monte vite à la tête, elle qui a l'alcool très joyeux et qui prend toujours des décisions qu'elle pense parfaites quand elle est sous influence de la boisson.

Quant à moi, j'ai en premier l'air blasé, c'est ce qu'ils disent. Je préfère les entendre parler au lieu de parler de ma propre vie, qui je trouve est beaucoup moins intéressante que la leur. Mais Luca arrive tout de même à m'arracher quelques mots en rapport avec mes études qui se passent plutôt bien, enfin c'est ce que je dis, parce que soyons honnêtes deux secondes, je suis en dernière année, et le stress est tout de même très présent. Je ne vois plus le bout de mon mémoire.

Les cocktails s'enchainent ainsi que les shots, et ma tête fini par doucement tourner, mais ce n'est pas forcément désagréable. Très vite, j'ai l'impression d'être la personne la plus courageuse sur terre, et j'accepte de danser au fond de la salle avec Dorian. Je manque de tomber plusieurs fois, parce qu'une chose est sûre, Dorian tient bien mieux l'alcool que moi, mais je rigole beaucoup, et c'est le principal.

Lorsque nous nous réinstallons à notre table quelques minutes plus tard, lorsque je suis bien trop essoufflée pour continuer à danser. Un jeune homme posé à l'entrée du bar attire mon attention. Il porte un masque noir sur le nez et est d'ailleurs le seul à le faire ici. Il balaie la salle du regard, ses yeux croisent un très court instant les miens avant qu'il ne les détourne à l'attention d'autres personnes. Mon attention à moi retourne très vite sur mes amis, mais un long frisson parcourt tout mon corps. Son regard, même s'il n'a croisé qu'un court instant le mien n'indiquait rien de bon. 

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