Chapitre 11
ZACK
Un sédatif. C'est ce que je lui ai injecté. Je voulais qu'elle ait peur sans la blesser. Je continue de lui caresser les cheveux jusqu'à être sûr qu'elle dorme bien. Je déverrouille la porte de la pièce avant de venir la détacher et de la prendre dans mes bras pour la sortir de là.
Je sais que ce je viens de faire est immoral, et qu'il se peut que ça crée en elle un traumatisme. Mais je ne veux pas qu'elle me voit comme un ami ou quelqu'un avec qui elle peut plaisanter. Je n'ai pas envie de ça. Elle est là à cause d'une erreur de ma part, et nous ne sommes pas faits pour s'attacher. Alors, si elle se met à avoir peur de moi, c'est quelque chose qui m'arrange. Elle ne me cherchera plus comme elle le fait.
Des regards interrogateurs me parviennent lorsque je traverse les couloirs, mais je ne veux pas leur répondre. Je n'ai pas à me justifier auprès de qui que ce soit, mis à part Rob.
Je vais jusqu'à la chambre de Rachel où je toque. Elle ouvre vite et écarquille les yeux en me laissant entrer. Je pose Ava endormie sur son lit.
– Mon dieu, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
– Un sédatif.
– Non mais, sérieusement, tu as vu l'état de son visage Zack ? Je vois qu'elle a pleuré.
– Je lui ai fait croire que j'allais la torturer.
– Zack ?!
– Elle m'a cherché. Tu auras sa version de l'histoire de toute façon, je compte sur toi pour la surveiller un petit moment, j'ai besoin de me détendre.
– Et je n'ai pas mon mot à dire ?
– Tu as quelque chose de prévu ?
– Non mais...
– S'il te plaît, Rachel...
– Ok, c'est bon...
– T'es la meilleure.
Je la prends par la nuque et lui embrasse le coin des lèvres ce qui me vaut un genre de grognement de sa part, et un vrai baiser par la suite. Je m'empêche de sourire contre ses lèvres. C'est elle qui met fin à notre baiser.
– Allez, casse-toi de là avant que je change d'avis.
– Ça marche, bon courage.
– Ouais, ça va aller, non ? Elle est pas si chiante...?
Je pince mes lèvres et me détourne afin de sortir de sa chambre.
– Zack, elle est pas si chiante, hein ?
– Bon courage !
– Connard !
Je ferme la porte juste avant de me recevoir un coussin en pleine face et pouffe dans le couloir en direction de mon salon préféré. Elle n'a pas vraiment idée de ce qui l'attend en étant seule avec le petit moucheron, mais j'espère sincèrement que tout se passera bien.
Dans le salon, je vois que je ne suis pas le seul à avoir eu l'idée d'aller prendre un verre; Alec, Ryan, Sean et Olivia sont tous les quatre assis sur le canapé et les fauteuils. Je me prends un verre de téquila avant d'aller les rejoindre, m'installant à côté d'Alec, sur le canapé.
– J'sais pas qui est votre chef, mais apparemment il ne vous donne pas assez de boulot, dis-je.
– C'est parce que c'est un chômeur lui aussi, répond Olivia.
La jeune femme aux cheveux violets aborde un sourire en ma direction.
– Fais gaffe, il risque de te virer.
– Sans demander l'avis de son oncle ? Quelle insolence, la jeunesse se perd.
– Bah écoute, ça doit être ça.
– On raconte que tu te balades avec une jeune femme inconsciente dans tes bras, s'exclame Ryan.
Alec manque de s'étouffer en buvant une gorgée de son verre. Je lui tape dans le dos, sans y aller de main morte, ce qui lui provoque plusieurs plaintes.
– Qui c'est ? Demande Sean.
– Une distraction.
– Une distraction ? Poursuit Olivia.
– Depuis quand tu ramènes des filles à la maison ? Enrichit Ryan.
Je lève les yeux au ciel.
– C'est pas ce que vous croyez...
– Oh tu m'étonnes... Murmure Alec.
– Explique nous alors, suggère la tête aux cheveux violets.
– Ok, mais je ne veux pas que vous m'interrompiez.
– Yes, chef, plaisante Ryan.
– Sinon je vous étripe.
– On sait tous qu'il en est capable, dit Alec.
Les trois autres hochent la tête en cœur.
Je bois une gorgée d'alcool avant de commencer mon récit. Je leur déballe tout dans les moindres détails; en commençant par Natasha et le porc que j'ai buté, le bar et le fait qu'Ava ait été témoin de la scène. Je n'oublie pas non plus que je n'ai pas voulu la tuer au vu des circonstances, du contexte, et je parle du fait que Rob la prenne pour une distraction pour le moment, mais qu'il m'a laissé trois mois pour lui apprendre tout ce qu'elle a à apprendre ici pour rester en vie.
Après avoir tout raconté, ils me regardent tous les quatre en silence, même si Alec connaissait déjà l'histoire avant tout le monde.
– Et... Tu crois qu'elle va survivre ? Me demande Olivia.
– Honnêtement, j'en sais trop rien.
– Les paris sont ouverts, s'exclame Ryan.
– Arrêtez, je l'aime bien cette meuf, je suis sûr qu'elle va y arriver, se prononce Alec.
– Il faudra qu'elle passe le test final dans trois mois.
– Genre, tout ? Demande encore Olivia.
– Ouais, genre tout ce que ça implique.
Ma réponse provoque une grimace de dégoût de la part de la jeune femme. Je me souviens bien de son test à elle, puisque c'est moi qui lui ai fait passer. Mais c'est également le cas d'Alec et Ryan. Je me souviens de tout, dans les moindres détails, et je ne sais pas quoi ressentir à ce propos. Mais je sais que lorsque c'était le moment, je n'étais pas au bord du malaise, pas comme eux. Mon regard se pose sur un point invisible et certaines images me reviennent en tête. Le sang, les cris, les pleurs.
Je sursaute lorsque la main d'Alec se pose sur mon épaule.
– Oh, ça va ?
– Ouais, ça va.
Je sais que je pourrais niquer toute l'ambiance si je leur disais ce à quoi j'étais en train de penser, et je ne suis pas d'humeur sadique pour le moment, alors je m'abstiens. Pour notre bien, à nous cinq. Je bois mon verre d'une traitre avant de me resservir. Mes amis ne font aucune remarque sur cela, mais je sais que si Rachel était là, elle serait capable de m'arracher la bouteille et mon verre des mains. Une chance qu'elle doive veiller sur le moucheron endormi.
– Et toi, reprends-je lorsque je vais m'asseoir, comment vont tes côtes ?
– Tu me crois si je te dis que j'ai des bleus ?
– Elle t'a frappé si fort ?
– Je te jure ! Plus que la barbe et je deviens Barbe-Bleue.
– Dramaqueen !
– Tu sous-estimes la nouvelle recrue. Et tout le monde viendra me voir après pour me dire à quel point j'avais raison et à quel point je suis trop fort, et que vous m'adorez.
– T'es en manque d'amour ?
– Tu peux régler ça si tu veux.
– Deux dates en deux jours, on va bientôt devoir officialiser.
– Quand tu veux mon amour.
– Oh poussin...
Sean éclate de rire et Ryan et Olivia le suivent grâce à son rire communicatif. Alec et moi suivons peu de temps après, et cela me fait un bien fou de rire avec des amis, avec la pression accumulée de ses derniers jours. Je pense que je vais avoir un besoin fou de ces moments-là durant les trois prochains mois, parce qu'en plus de mon travail, j'ai une nouvelle et grande responsabilité sur les épaules.
Après avoir un peu parlé d'Ava et de nos appréhensions en ce qui la concerne, et de l'impact qu'elle pourrait avoir chez nous si elle venait à mourir au bout de trois mois, nous changeons de sujet. On parle boulot, mais aussi potins et amour; sujet que j'essaie un peu d'éviter au vu de ma situation qui n'est pas vraiment amoureuse. Avec Rachel, c'est ambigu mais je ne peux pas en parler comme étant de l'amour. Je n'en sais trop rien. Elle continue de voir plusieurs hommes et femmes, et j'en fais tout autant; je fréquente plusieurs femmes, qui travaillent ici, ou que je rencontre lorsque je suis de sortie en dehors du travail, lorsque cela arrive. Ryan reste le seul silencieux durant cette conversation, à croire qu'il n'est pas interressé par ce genre de chose.
Je suis interrompu en pleine conversation par mon portable qui sonne. Je réponds tout de suite lorsque je vois que c'est Rachel.
– Oui ?
– Elle fait un cauchemar.
– Assomme la ?
– Très drôle. Elle répète en boucle un prénom et elle hurle dès qu'elle en a l'occasion.
– Quel prénom ? Demande-je, curieux.
– Lana.
Au même moment j'entends Ava hurler. Je fronce les sourcils.
– J'arrive. Ne bouge pas, garde ton calme, je suis là dans moins de cinq minutes.
– Merci.
Je raccroche et bois mon troisième verre d'une traite. Je sais que ça ne va pas bien plaire à Rachel, mais tant pis, j'ai besoin d'un peu de courage pour affronter le moucheron hurlant.
– Rachel a besoin de moi pour gérer Ava. C'était cool de vous voir, on refait ça quand vous voulez, quand votre chef vous aura laissé un emploi du temps convenable. Mais je ne suis pas bien sûr que ça soit le cas dans les prochains jours.
– Quel connard, ce chef ! S'exclame Ryan.
– Bah ouais, tu m'étonnes. Soyez sages.
Je file dans les couloirs. L'alcool me monte légèrement à la tête, mais pas de là à m'empêcher de marcher droit ou de ne pas réussir à réfléchir librement. Il est vrai que je n'ai pas été de main morte dans les quantités.
J'entre dans la chambre de Rachel sans frapper, et je la découvre assise sur son fauteuil, les coudes posés sur ses jambes et sa tête tenue par ses deux mains.
– Ça va ?
– Ça ira mieux quand elle aura fini de hurler.
Je regarde Ava, elle se débat dans son sommeil et une légère pellicule de sueur s'est installée sur son visage. Des mèches de cheveux sont accrochées sur ses joues et sur son front. Elle respire vite, et elle lâche un nouveau cri et prononce le fameux prénom. Lana. Mais qui peut bien être cette personne pour qu'elle hurle autant en rêvant d'elle ?
Je massois à ses côtés sur le lit.
– Ava.
Rien, aucune réaction. Elle continue de se débattre dans le vide.
– Ava. Réveille-toi.
Je sais qu'une certaine forme de violence pourrait être efficace pour la réveiller rapidement, mais je refuse de la frapper, que ce soit lorsqu'elle est consciente ou en plein cauchemar. Je n'imagine même pas dans quel état cela la mettrait. Je suis déjà sûr que lorsqu'elle se réveillera elle me haïra -et c'est tant mieux- pour le coup que je lui ai fait dans la salle de torture, mais ne vaut mieux pas envenimer les choses non plus.
– Ava...
Je pose ma main dans ses cheveux et les caresse avec toute la douceur que je puisse avoir.
– C'est fini, réveille-toi. Ava... Petit moucheron.
Elle fronce longuement les sourcils et secoue doucement la tête, juste avant d'ouvrir lentement les yeux. Elle me regarde quelques secondes, d'abord sans réagir, puis se lève d'un coup.
– Toi !
– Moi.
– Ne m'approche plus jamais.
– Chose qui va être un peu difficile.
– Alors ne me touche plus jamais. Tu pues l'alcool en plus.
– Pardon ?! S'exclame Rachel.
– Merci de ta discrétion petit moucheron.
– Va te faire...
Elle ne finit pas sa phrase, son regard s'embrume et elle se met de l'autre côté du lit, pour me fuir, je suppose.
– Qu'est-ce que tu m'as fait...?
– Je t'ai juste endormie.
– Je te crois pas... Qu'est ce que tu m'as fait ?
– Ok, j'avoue tout, je t'ai portée pour te ramener dans le lit de Rachel.
– Espèce de menteur, je suis sûre que t'as fait quelque chose !
Je secoue la tête.
– Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse à quelqu'un d'inconscient ?
– Je sais pas, des tas de choses.
– Je t'ai dit Ava, je ne t'ai rien fait. Tu veux la réponse à ta question de cette nuit ? J'aime torturer, t'as raison. Mais seulement lorsque j'entends les cris et les pleurs. Pas quand les gens sont inconscients. Ça te va comme réponse ? Tu veux des détails ? C'est peut-être ton vice aussi, qui sait.
Je parle sans réfléchir. L'alcool fait bien plus effet que ce qui était prévu, et ce que je pensais. Je serre la mâchoire lorsque je vois Ava les yeux vers le plafond après avoir remarqué qu'ils brillaient. Elle essaie de retenir ses larmes.
– Sors de là Zack.
Le ton de Rachel est froid. Elle aussi n'est pas en accord avec mes actes et paroles. Je ne peux qu'approuver. Je hoche la tête et sors sans un mot. Une série de sanglots parviennent à mes oreilles avant que je rejoigne ma chambre.
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