Chapitre 1 : Le réveil
Elle se sentait légère comme une feuille se déplaçant au grès du vent, dans ce vaste monde. Elle ne ressentait plus cette douleur lancinante, qui l'avait fait souffrir pendant plusieurs jours.
Pourtant, quelque chose l'empêchait de se laisser aller. Le besoin de savoir peut-être ? Mais savoir quoi ? Elle ne se rappelait plus de rien. Elle ne voyait que des flash de ce qu'avait était sa vie. Trop courte vous me direz pour une jeune femme de seulement 22 ans.
Elle sentie, soudain, l'impression que quelqu'un où quelque chose essayait de la priver de cette légèreté. Cette chose semblait chercher à la ramener d'où elle venait. Mais Laïa ne voulait pas, elle se sentait bien ici. Elle ne voulait plus entendre ces cris de douleur, ces pleurs, qui l'avaient assailli pendant longtemps.
Mais la chose continuait de la tirer vers l'arrière. Déjà, elle les entendait, les bruits sourds que produisaient les machines. Quelles machines ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus.
Ces yeux s'ouvrirent avec une telle violence, qu'elle sentit les larmes monter. Il lui sembla entendre quelqu'un à côté d'elle qui criait.
- Venez vite ! Elle s'est réveillée !
Peut-être s'était-elle trompée mais c'est ce qu'elle crut entendre.
Une fois qu'elle se fut adaptée à la luminosité de la pièce, elle essaya de comprendre où elle se trouvait. Autour d'elle, tout n'était que blanc, du sol au plafond. Où pouvait-elle bien être ? Au paradis ? Non. Cette douleur au ventre lui montrait bien. Mais où alors ? Chez elle ? Non. Elle ne reconnaissait pas cet endroit.
Au bout d'un certain temps, elle remarqua ces cinq ou six personnes qui s'affairaient autour d'elle. Sûrement du à leurs longues blouses blanches, elle ne les avait pas remarqué avant. Une des personnes s'approcha de la jeune femme et lui demanda
- Nous allons devoir passer des examens pour vérifier que vous allez bien. Vous souvenez-vous de votre prénom ?
Son prénom... Oui, elle l'avez entendu il n'y avait pas longtemps... Lia... Leïa peut-être... Tout cela l'énervait, comment pouvait-elle ne pas se souvenir de son propre prénom ?
- Je n'arrive pas à m'en souvenir... J'ai beau chercher je ne trouve pas...
Elle expira dépitée. Le monsieur à côté d'elle continua pourtant de lui poser des questions et lui dit ce qu'elle avait. Ainsi elle apprit la nouvelle accablante.
- Vous vous appeler Laïa Lyrwin et vous vous trouvez à l'hôpital.
Elle le regarda, paniquée.
- Qu'est-ce que j'ai ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
- Ne vous inquiétez pas vous n'avez pas l'air d'avoir de séquelles. À part une amnésie, me semble-t-il.
- Pourquoi suis-je ici ? Qu'est-ce qu'il m'est arrivée ?
- Vous avez été poussée depuis le balcon d'un immeuble. Paraît-il, votre appartement. Heureusement pour vous, ce n'était que du premier étage... Si ça avait été du troisième, la chute aurait pu vous être fatale.
Voyant qu'elle s'agitait dans tous les sens, il essaya de la calmer.
- Calmez-vous. Vous ne risquez rien ici. Par contre, je vous conseille d'éviter de trop gesticuler, vous risquez de rouvrir la blessure.
Il lui dit cette dernière phrase en désignant son ventre du doigt. Laïa essaya de se reprendre en comprenant que ce qu'elle avait serait assez douloureux si la blessure devait se rouvrir.
- Au fait, je ne me suis pas présenté, je suis le docteur Faldrin et c'est moi qui m'occupe de vous depuis que vous êtes arrivée.
Une ombre sembla passer devant son visage, mais deux secondes après, elle avait déjà disparue.
- Bon ce n'est pas tout, mais ces examens ne vont pas se faire tout seuls...
***
Lorsque les médecins firent entrer Laïa dans sa chambre, une fois les examens terminés, elle se trouva face à un jeune homme qu'elle ne connaissait pas. Il était paisiblement endormi sur la chaise, à côté du lit où elle se trouvait deux heures plus tôt. Il avait les cheveux longs et bruns, attachés en queue de cheval.
Elle se tourna vers un des médecins qui l'accompagnait pour lui demander qui était-ce, mais ils étaient déjà reparti. La laissant, ainsi, seule avec cet inconnu. Elle se tourna le plus silencieusement possible vers lui et le secoua légèrement.
Il ouvrit les yeux doucement et quand elle décida qu'il était assez bien réveillé, elle lui demanda :
- Excusez-moi monsieur mais je ne sais pas qui vous êtes et j'aimerais bien que vous sortiez de ma chambre, s'il vous plaît.
Il sursauta à l'entente de sa voix - Il ne devait pas s'attendre à ce que quelqu'un le réveille - puis se tourna vers elle. Sur son visage qui jusque là exprimait de l'incompréhension, ce dessina un immense sourire. Il se releva d'un seul coup et la prit dans ses bras, ce qui lui fit lâcher une plainte sourde.
- Hé ! Mais qu'est-ce que vous faites ! En plus vous me faites mal !
Il sembla surpris de sa réplique et dit, la tristesse émanant de sa voix :
- Les médecins disaient donc vrai... Tu es amnésique... Tu ne te rappelle donc pas de moi, pas vrai ?
- Je suis désolée, mais non. Je n'ai aucun souvenir de vous.
Pourquoi devait-elle lui faire autant de mal ? Il avait l'air si gentil ! Laïa commença à sangloter et le jeune homme la prit dans ses bras. Étreinte qu'elle ne refusa pas, cela faisait tant de bien d'être... aimée ? Oui, elle pouvait dire ça.
Elle en avait mare de ne pas se souvenir. Combien de temps de sa vie avait-elle oublié ? Deux ans ? Quatre ?
- Tiens, tu pourrais en avoir besoin.
Il lui tendit un mouchoir, qu'elle accepta poliment.
- Qui êtes-vous pour être aussi gentil avec moi ?
- S'il te plaît, arrête de me vouvoyer, ça me fait bizarre.
- Oh, oui pardon, mais j'ai l'impression d'être malpolie, si je ne vous... euh... te... vouvoie pas... dit-elle embêtée.
- Ne t'inquiète pas, tu t'y fera. a-t-il répondu avec un sourire réconfortant. Et pour répondre à ta question, je m'appelle Michaël et ça faisait bientôt un an et demi qu'on est ensemble.
Quand elle entendit cette phrase, Laïa le repoussa violemment.
- Q-quoi ? Non ! Ce n'est pas possible tu dois faire erreur. Tu as du te tromper de chambre. Sors de cette chambre maintenant !
Michaël semblait désespéré.
- Laïa ! Tu ne peux pas me rejeter de telle sorte ! Je te jure que c'est vrai ! Je t'aime et toi aussi !
Laïa avait envie de pleurer mais elle se retint.
- Va-t'en ! Et laisse moi tranquille !
Le jeune homme sortit de la pièce mais il semblait porter le poids du ciel sur ses épaules.
Une fois la porte fermée, Laïa s'écroula sur les coussins et eut tout le temps nécessaire pour pleurer. Elle refusa tout, de manger, de dormir, de se laver... Seuls les toilettes arrivaient à la faire sortir de son lit. À quoi bon faire tout le reste, sa vie n'était qu'une erreur de la nature. Elle était incapable de savoir quels étaient les personnes qu'elle connaissait, celles avec qui elle avait passer du temps...
Pourtant, un jour, un médecin vint lui annoncer l'arrivée de deux personnes. Elle lui dit de les faire partir mais apparemment ces personnes ne partiraient pas avant d'avoir vu la jeune femme. Elle capitula donc et les fit entrer. Au premier coup d'oeil, elle ne les reconnus pas. Il y avait un homme et une femme, tout deux devaient avoir la cinquantaine. Mais lorsque la femme s'effondra, en larmes, dans ses bras, un déclic se fit. Ça y est elle se souvenait, en tout cas des 20 premières années de sa vie. Et ces deux personnes n'étaient autre que ses parents. Elle poussa un petit cri étouffé dans la veste de sa mère.
- Maman !
Son père qui se tenait, en retrait derrière sa femme, ne pu résister plus longtemps et vint se joindre au câlin collectif.
- Je me demandais quand tu allais venir ! lui glissa Laïa à l'oreille, ironiquement.
- Daniel ! Laisse nous au moins respirer ! s'écria alors Irène, sa femme.
L'intéressé l'ignora complètement et resserra son étreinte.
- Papa ! se plaignit Laïa.
Il râla puis s'écarta.
- Comment veux-tu que je résiste à un câlin collectif, alors que je me suis inquiété pendant deux semaines ! Tu ne peux pas imaginer à quel point nous étions inquiets et triste. Imagine que tu ne te rappelles plus de nous. La dépression dans laquelle serait tombée ta mère !
Irène se plaça derrière Daniel et lui fit un massage pour le détendre.
- Calme-toi Daniel, tu vois bien que tout c'est bien passé ! Ce n'est pas la peine de la faire culpabiliser...
- Oui, c'est vrai...
Il se rassit sur le lit et prit sa fille dans ses bras, cette fois ci avec douceur, et lui fit un bisou sur le front.
- Excuse-moi ma chérie, je ne voulais pas être dur avec toi.
- T'inquiète pas papa, ce n'est pas grave. Et en plus tu as raison. Jusqu’à ce que vous arriviez, je ne me souvenais de rien. Mais le seul fait de vous voir m'a fait revenir toutes ces années que j'avais oublié. La seule chose c'est que je crois que j'ai encore un problème avec les dernières années...
- Pour toi, en quelle année sommes-nous ?
- En 2015... ?
Laïa retind son souffle mais elle voyais bien, au regard désolé que sa mère envoya à son père, qu'elle n'avait pas dit la bonne réponse.
- Non Laïa, nous sommes en 2017...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top