Chapitre 6 : Le bal de Lórien
Le lendemain, Haldir se présenta dans les appartements de Jaheira au matin, et s'inclina avec tout le respect que méritait une dame de bonne famille. Elle commençait à s'habituer à cette étiquette qu'elle trouvait finalement assez galante.
- Qu'est-ce qui te ferait plaisir de faire aujourd'hui ?
- Emmenez-moi chez un tailleur.
Haldir apparut déçu, regrettant de ne pouvoir se balader comme la veille. Leurs conversations y avaient été intéressantes et la journée s'était révélée des plus agréables pour lui. Passer une journée chez un marchand de vêtements ne réjouissait pas Haldir, mais il s'exécuta sans dire un mot. Il accompagna alors la jeune femme chez un des meilleurs tailleurs de la ville. Jaheira partit essayer une première tenue et appela Haldir pour qu'il l'approuve. Il s'agissait d'une combinaison avec un pantalon qui divergeait bien de son habituel uniforme d'archiviste.
- Qu'en pensez-vous ?
Haldir ne comprit pas bien le sens de la question, mais répondit mécaniquement :
- Elle est parfaite.
- Est-ce cela serait plus adéquate pour une excursion à cheval ?
Haldir sourit devant la perche que Jaheira lui tendait. La jeune femme conserva sa tenue et, à la bonne surprise du garde, la session d'achats prit fin en quelques minutes. La jeune femme n'avait rien des précieuses dames de la cour, mais savait visiblement reconnaître les belles matières. Haldir lui offrit sa tenue en guise de cadeau, puis tous deux se dirigèrent vers l'écurie, où chacun prépara son cheval seul. Enfin, ils sortirent tous les deux au pas, passèrent à nouveau les portes du royaume et prirent une direction différente du chemin emprunté la veille.
- Puis-je être honnête avec vous Haldir ?
- Je t'en prie.
- J'ai vraiment besoin de me défouler, je...
Haldir la fit taire d'un signe de la main. Elle le regarda et l'elfe lui sourit :
- N'en dis pas plus. Nous sommes au bon endroit.
L'elfe héla son cheval qui partit immédiatement au galop, à la barbe de la jeune femme restée sur place, déconfite de sa spontanée réaction.
Jaheira s'élança à son tour au galop, essayant de rattraper Haldir. Se déroula alors une formidable course entre les arbres, les deux cavaliers étaient au coude à coude, traçant à en perdre haleine. Enfin, la jeune femme réussit enfin à dépasser Haldir et se retourna vite pour constater de son avance, mais tout de suite, elle fit stopper net son cheval : Haldir n'était plus derrière elle. Elle regarda dans toutes les directions, à sa recherche.
- Haldir ? Haldir ? L'appela-elle avec une soudaine pointe d'inquiétude.
Le silence s'imposa dans les bois. Soudain, Jaheira entendit un bruit derrière elle. A peine eut-elle le temps de se retourner qu'Haldir et son cheval bondirent, sortis de nulle part, et dépassèrent d'une large distance la jeune femme qui s'offusqua de ce lâche aparté. Jaheira ne se débina pas et se relança dans la course. Ils repartirent à toute vitesse jusqu'à ce qu'eux-mêmes et leurs chevaux en perdent le souffle. Match nul. Epuisés, les deux cavaliers s'arrêtèrent et descendirent de selles, les jambes tremblantes par la fatigue de l'exercice. Ils marchèrent un peu à côté de leurs chevaux. Haldir lui lança :
- Qui t'a appris à monter ?
- Le temps peut paraître long aux archives. Il faut bien trouver de quoi s'occuper.
- Qu'as-tu fait à ce cheval pour qu'il avance si vite ?
- Je lui ai simplement promis de la nourriture.
Le cheval hocha la tête d'approbation. Haldir sourit.
- Ta vie aux archives ne te sied pas ?
Vaste sujet que Haldir choisissait d'aborder de si bon matin.
- La vie d'archiviste est plus que confortable mais peut parfois se révéler d'un redoutable ennui. J'ai grandement apprécié mon service à l'apothèque, mais cette époque est révolue, j'ai dû reprendre mon rôle au sein des archives et des botanistes de la Lórien.
- Être au service de la nature est une tâche très noble. Tu devrais en être fière.
- J'en suis fière. Mais je crois que je n'aime pas être enfermée. Vous savez, je vous envie Haldir, j'aimerais être comme vous : libre, affranchi de toute obligation.
- Être libre ne veut pas nécessairement dire que l'on est affranchi de toute responsabilité. Bien que je sois au grand air, je ne fais pas moins que mon travail en cet instant.
- Me protéger ne semble pas désagréable, constata-t-elle en souriant.
- Cela changera surement demain lorsque nous irons au bal, je devrais te protéger contre des loups bien plus avides que ceux que l'on trouve en cette forêt.
- Que voulez-vous dire ?
Tous deux s'arrêtèrent pour prendre une pause. Haldir sourit, la candeur de la jeune fille était touchante, mais aussi un peu inquiétante. Elle s'assit par terre et but un peu d'eau.
- Tu es la pupille de la Lórien, bien que tu n'aies pas de sang noble, tu n'en es pas moins convoitée par bien des hommes en ce pays.
- Mais il n'est pas question que je me fasse courtiser !
- Eh bien, tu diras cela aux nombreux prétendants qui t'ont invité à danser demain.
- Danser ?
- Oui, danser. Qu'y-a-t 'il ?
- Je ne sais pas danser.
- Comment ? Toi ? Une jeune femme du monde ?
- Je n'ai jamais cherché à apprendre, dit-elle un peu piquée. Décommandez ces prétendants, je ne me rendrai pas au bal.
- Oh que si tu iras. C'est une invitation de la cour. Allez, viens, je vais t'apprendre.
Jaheira se sentit honteuse et rougit. Elle ne voyait pas le militaire avoir la moindre compétence en danse et redouta que la raideur de son professeur ne déteigne sur l'apprentissage de ses pas.
- Allez, viens..., dit-il en lui proposant sa main. Ne me dis pas que tu as peur de quelques pas ? Dit-il sur un ton de défi.
Il la connaissait comme s'il l'avait fait. Le stratagème fonctionna et Jaheira se remit debout en un rien de temps, elle lui prit la main avec timidité.
Haldir lui montra la position et les quelques pas de base. L'elfe savait parfaitement exécuter plusieurs danses et démontrait finalement une grande fluidité dans ses enchaînements. Jaheira apprit vite et savoura la légèreté de l'instant. Elle n'avait jamais été si physiquement proche de quelqu'un, en dehors de la proximité qu'elle partageait malgré elle avec ses patients. Mettant de côté sa timidité, elle apprécia d'exécuter quelques mouvements, et après quelques heures d'exercice, ils enchaînaient désormais tous deux les pas avec fluidité. Haldir se révéla être un excellent professeur.
- Voilà qui est fait, tu es prête à présent, conclut Haldir. Une vraie dame du monde !
- Où avez-vous appris à danser ?
- Ma mère me l'a appris avant mon premier bal.
La joie de Jaheira s'effaça. Se rendant compte de la maladresse dont il avait fait preuve, Haldir se confondit en excuse.
- Ce n'est rien, dit Jaheira. Cela explique sans doute pourquoi je n'ai jamais appris à danser.
- Que sais-tu de tes parents ? Tenta Haldir.
- D'après Celeborn, ma mère était humaine, et mon père un elfe de l'Ouest. Mais nul ne connait leur identité ni la raison pour laquelle j'ai été abandonnée.
Le capitaine se sentit mal. Lui qui avait toujours préféré utiliser le terme « adopter » pour se justifier de son geste. Ses parents ne l'avaient nullement abandonné, ils étaient morts pour la sauver, mais elle ne pouvait connaître toute la vérité, même si le mensonge était lui aussi douloureux. Il apprit en cet instant l'absence de pur sang elfique chez Jaheira, mais cela ne semblait nullement lui porter préjudice car cela ne se remarquait pas : ses oreilles étaient pointues et sa longévité décuplée.
- Quel trait te sépare des elfes de sang ?
- Je dois dormir régulièrement, environ six heures quelques fois par mois. Les elfes de sang comme vous n'ont nul besoin de dormir.
- Certains elfes ont également besoin de dormir.
Haldir se mit à penser à son ami Pallando qui avait le même besoin de sommeil. Était-il possible que Jaheira et Pallando soient de la même lignée ? L'elfe ne connaissait pourtant aucun proche à son ami, aucune famille. Bien que l'idée d'une paternité soit tentante, ce scénario demeurait impossible. Le gêne des yeux bleu était dominant chez tous les elfes et Jaheira avait les yeux brun. Dommage, le magicien aurait adoré cette jeune femme dégourdie et perspicace.
- Je peux également tomber malade, je m'enfonce un peu dans la neige et surtout, j'ai... j'ai des difficultés à contenir mes émotions..., continua-t-elle.
Ce dernier trait était indéniable quand on fréquentait un peu la jeune femme. Pour Haldir, cela restait un caractère aussi touchant que perturbant. Tout elfe de sang pur était d'une relative constance d'émotion, constance mise à rude épreuve avec la jeune femme.
- Où avez-vous appris à vous battre ? Demanda Jaheira pour changer de sujet.
- J'ai été formé dans les rangs d'infanterie de la Lórien, et je suis diplômée de l'Académie de la Garde Royale du Mirkwood.
- Qu'est-ce que c'est ?
Haldir tiqua que cette élite ne soit pas connue de la pupille des lieux. Elle faisait visiblement tout pour en apprendre le plus possible au cours des derniers jours, car la jeune femme avait de faibles connaissances en matière d'expérience militaire.
- Une école d'élite pour toutes les recrues ayant prouvé leur qualité au combat. Cela permet de devenir membre des armées royales et de prendre de hautes fonctions de stratège de guerre.
- Qu'est-ce que l'on y enseigne ?
- L'excellence de la discipline, le courage,... On y apprend à penser le combat pour mieux défaire l'ennemi.
- En tant que soldat, on vous apprend beaucoup à détruire, mais très peu à reconstruire, répondit Jaheira.
Haldir voulut répondre, mais ne trouva aucun argument pour contrer sa rhétorique. Le commandant contempla le soleil qui perçait à travers les arbres.
- Nous ne devrions pas tarder, il est grand temps de nous préparer pour le bal.
Jaheira et Haldir rentrèrent. Elle partit travailler un moment puis se changea dans l'après-midi pour se préparer au bal. Jaheira enfila une délicate robe bleu nuit richement ornementée de chaînes dorées qui lui recouvraient les épaules et le haut du dos en un savant bijou. Quand elle entra dans la salle de bal et qu'elle fut annoncée, tous les regards se braquèrent sur elle. Les nouveaux visages étaient rares en ces terres, et ses traits jeunes et ravissants ainsi que son élégance remportèrent instantanément tous les suffrages de l'assemblée. Tous connaissaient bien l'histoire de cette orpheline devenue traductrice. Bien vite, Jaheira se retrouva perdue dans cette foule de jeunes gens qu'elle ne connaissait pas. Après un long moment à déambuler seule, elle rejoignit l'unique visage connu de l'assemblée : Haldir. Il portait son plus bel uniforme, muni d'une veste foncée qui faisait ressortir ses yeux bleu, il était toujours armé. Alors qu'elle s'avançait près de lui, bien vite, un premier prétendant se présenta à elle pour l'inviter à danser. Haldir lui glissa son identité avant de se retirer :
- Berenor de Staël, fils de Trenor.
Un peu plus tôt, la jeune femme s'était renseignée sur les fameux prétendants qui espéraient avec espoir se voir accorder une danse ce soir. De ce qu'elle en avait lu, son courtisan était plus vieux mais il était impossible pour la jeune femme de lui définir un âge. Elle dansa avec lui lentement. Berenor se montra poli et courtois, lui posa quelques questions sur ses activités et passe-temps en botanique. Visiblement, le prétendant avait également de son côté bien étudié sa partenaire mais ignorait bel et bien quel était son rôle au-delà des archives du royaume.
Une fois la danse terminée, Jaheira enchaîna avec cinq autres hommes. Haldir l'observait non loin de là, la jeune femme avait beaucoup de grâce et dansait à merveille, il ne fut pas mécontent du résultat de son entrainement accéléré dispensé quelques heures plus tôt dans les bois. Jaheira l'impressionnait. Le gradé s'amusa même de voir rougir la jeune demoiselle devant un beau blond venu du Nord.
Une fois les danses terminées, Jaheira salua respectueusement son dernier cavalier et revint vers Haldir qui buvait un verre.
- Tu as bien dansé, salua-t-il.
- Merci de m'avoir appris, dit-elle.
Galadriel et Celeborn arrivèrent au bal, ils adressèrent un regard approbateur à la jeune fille et à son mentor qui les saluèrent. Après la réception, alors que le soleil commençait à se lever, Jaheira partit se retirer dans ses appartements pour lire un peu. Galadriel et Celeborn profitèrent de cet instant pour discuter avec Haldir de sa relation avec la jeune femme. Haldir jura de garder le secret de l'étendue de ses talents et s'engagea envers Galadriel et Celeborn à la protéger. Il ne connaissait que trop bien le danger qui menaçait les guérisseurs pour avoir vécu l'assaut de Fangorn, et se promit de préserver la jeune femme tant que ça lui serait possible, afin que jamais le drame de Fangorn ne se reproduise.
Il était désormais clair pour Haldir que Jaheira était fille d'elfes établis à Fangorn, probablement très savants de par ses facultés. L'ancien capitaine connaissait parfaitement les elfes qui vivaient autrefois en ces terres et se promit d'éplucher la liste des habitants avant d'y identifier ses parents. Le capitaine resta à tergiverser toute la nuit, ressassant son douloureux passé qui revint le hanter après ce moment de légèreté.
Depuis ses appartements, Jaheira était bien loin des troubles du capitaine : elle avait grandement apprécié sa soirée et les gens de la cour qui l'avaient accueilli. Elle se sentait importante, mais dans une moindre mesure comparée à la petite notoriété que lui conférait son statut de pupille. Elle s'endormit paisiblement après cette journée, avec un réel sentiment d'accomplissement.
***
Le lendemain, avec l'autorisation de Galadriel, Jaheira emmena Haldir découvrir son univers et partirent ensemble vers les serres. Le capitaine fut surpris de la grande diversité des bulbes, pédoncules et plantes vivaces dont disposait la réserve, et resta d'autant plus étonné que la présence de Jaheira dans les serres soit tout de suite remarquée par ses pairs. La jeune femme recevait sur son passage de respectueux et nombreux saluts de la part de plusieurs commerçants ou de sages botanistes qui lui prenaient les mains pour lui caresser tel un bien précieux. Haldir comprit l'ampleur du talent de la jeune femme, qui jouissait ici d'une grande notoriété : un succès qu'il ignorait jusque-là, la jeune femme ne l'ayant humblement jamais mentionné. Si tous ici savaient que Jaheira était en plus guérisseuse ! Bien heureux serait l'homme et le royaume qui profiterait de tout son potentiel. Soudainement, Haldir s'inquiéta pour sa jeune protégée, il réalisa que Jaheira ne connaitrait probablement jamais l'amour, son potentiel de guérisseuse pourrait la rattraper bien avant ses premiers émois de jeune femme. Si ses capacités de guériseuse venaient à se faire savoir, on se jeterait pour elle, elle serait vite mariée, peut-être même dans l'année au regard des prétendants qui s'étaient bousculés de la veille. Haldir chassa ce scénario de sa tête. Jaheira méritait mieux, elle méritait d'être choyée et accomplie, pas exploitée ou négociée telle une arme comme elle pourrait l'être dans certains royaumes peu délicats et intéressés.
Laissé seul, Jaheira constata que Haldir s'ennuyait vite. Il déambulait là hagard dans les allées et contemplait les fleurs avec un regard vide, presque soucieux. Malgré une certaine sensibilité pour la nature, l'elfe ne comprenait pas comment on pouvait encore aujourd'hui se permettre le luxe de passer ses journées à observer de la verdure pousser alors que le monde entier n'attendait que d'être exploré et que de violentes guerres faisaient rage près des frontières en ce moment même. En cet instant, Haldir comprit l'ennui et l'enfermement de la jeune femme.
Sentant le capitaine assez hermétique au charme de la botanique, Jaheira lui proposa une nouvelle balade à cheval qu'il s'empressa d'accepter. Malgré la paix qui l'entourait, il eut lui aussi besoin de s'aérer un peu.
****
Jour après jour, le capitaine et la guérisseuse construisirent une solide relation, toujours emprunte d'un profond respect mutuel, et qui se mua de jour en jour en quelque chose de presque paternel. La jeune femme apprit avec Haldir le sens de la famille, le considérant désormais comme son plus proche parent. Auprès de lui, elle se sentait libre et en sécurité, elle lui parla de tout : de sa soif de servir, de sa peur de décevoir, de ses rêves, de ses craintes et de ses doutes. Le capitaine écouta ses confessions avec respect, lui dispensant d'avisés conseils autant que possible. Haldir et Jaheira partagèrent ainsi chaque jour de longues conversations au cours desquelles il retrouvrait une plaisante et douce compagnie, abreuvant chaque jour la jeune femme de son savoir militaire, sur les grandes batailles et leurs héros. Il lui compta aussi l'histoire des grands royaumes et de leurs lignées de roi, quand elle de son côté essayait de le sensibiliser aux sciences. Le commandant se montra plus sensible à l'astronomie où Jaheira étudiait chaque nuit les nouvelles positions des étoiles à l'aide avec son nouveau livre, qu'à la botanique qu'il trouvait certes honorable mais fort ennuyeux. Rapidement, elle lui transmit des bases de médecine afin qu'il puisse porter secours à ses hommes en détresse, Haldir lui aussi apprit beaucoup aux côtés de la jeune femme, mais y trouva également un certain réconfort en son âme de guerrier solitaire éprouvé par les années.
Le temps passa en un battement de cil. Et lorsque le dernier jour de permission d'Haldir arriva, la jeune femme fut envahie par une grande tristesse à l'idée qu'elle et lui ne passent plus de temps ensemble. Elle quitta ses appartements et rejoint Haldir qui préparait son cheval aux portes de la ville.
Il avait revêtu son armure sombre, celle qu'il ne portait que pour sortir hors du territoire. Jaheira de son côté s'efforça de taire le chagrin qui l'envahissait.
Haldir vit Jaheira s'approcher de lui pour un dernier au revoir. Elle portait sa tenue d'équitation, qu'elle avait finalement peu quitté ces derniers temps.
Prêt à repartir, il s'avoua que son séjour en Lórien fut des plus agréables. Il ne regretta pas le temps passé avec la jeune archiviste qui était une personne admirable, d'une grande intelligence doublée d'une immense gentillesse. La Lórien et elle allaient lui manquer. Le capitaine avait le cœur lourd de quitter cette si jeune femme qu'il avait vu grandir un peu plus chaque jour : elle avait tellement mûri depuis leur première rencontre. Mais Haldir eut confiance sur le fait que Jaheira était promise à un bel avenir, et qu'elle l'atteindrait grâce à son acharnement au travail et à son intelligence, deux valeurs primordiales qu'ils admiraient tous deux. Haldir pria au fond de lui à ce que Jaheira ne soit pas mariée avant son prochain retour. Ils avaient maintes fois abordé le sujet ensemble, et il semblait que l'éventualité ne plaisait pas tant à la jeune femme pour l'instant, et quoi qu'il arrive, elle le préviendrait.
Haldir salua Jaheira avec retenue. La jeune femme le remercia pour son dévouement et lui souhaita du courage et de la force pour ce nouveau combat. Ne sachant quand ils se reverraient, Haldir lui souhaita du succès dans ses nouveaux travaux, et promit de lui écrire.
L'homme vécut ces aurevoir comme un déchirement, un sentiment qui ne lui était plus étranger désormais depuis qu'il avait précipitamment quitté Fangorn. Mais, et il le savait désormais, quitter un cauchemar en ruines n'était rien à côté de se séparer d'une si attachante personne pleine de vie.
****
De retour au campement, lorsque Haldir retrouva sa tente de capitaine et qu'il y déchargea ses affaires, il découvrit un petit paquet dans son sac, accompagné d'une lettre. Il déballa le délicat présent et y découvrit une minuscule plante en pot. Le courrier, écrit à la main dans une écriture délicate, disait :
« Pour vous remercier de votre visite, je vous offre une bouture de lierre avec qui vous partagez les qualités de vivacité, force et persistance. Comme vous, cette plante résiste dans des milieux rudes et n'a besoin que de très peu d'eau et de lumière pour s'épanouir. Prenez soin de vous. Respectueusement. Jaheira ».
Le capitaine fut très touché par cette attention et se rappela le délicat sourire de Jaheira avec émotion. Ce brin de femme lui manquait déjà. Il plaça sa première et unique plante à la lumière, l'arrosa de quelques gouttes et quitta la pièce pour prendre sa première ronde du soir.
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