Chapitre 51 : La forêt noire

Le conseil de Fangorn se réunit quelques jours plus tard et vota l'organisation de l'assaut De Gundabad à l'unanimité. L'attaque subie par Fangorn justifiait à elle seule la guerre et le débarquement des elfes. L'opportunité leur permettrait aussi de mener à bien leur discrète quête des ents sans éveiller de soupçons, Legolas et ses hommes passeraient inaperçus au milieu de l'agitation. Le pari était risqué mais devait être tenté, c'était là leur unique et probablement dernière chance.

Il était désormais temps de préparer la guerre et une ambiance électrique s'empara de Fangorn.

En accord avec le conseil restreint, les deux souverains partirent en Mirkwood pour rencontrer Thranduil et en appeler à leur alliance afin que le roi alloue des hommes à leur combat.

Jaheira se prépara pour le voyage avec le cœur meurtri. C'était une période difficile pour la reine, en proie aux doutes : les ents étaient en déclin et l'assaut de Fangorn avait grandement fragilisé la confiance que lui portait son peuple, plusieurs habitants de la cité étaient d'ailleurs partis, traumatisés... A tout cela s'ajoutait la tragique perte de Thillen, ce brillant et jeune guérisseur au potentiel immense qu'elle avait le sentiment d'avoir tué elle-même. Elle se sentit nauséeuse rien qu'à l'idée de partir vers cette nouvelle guerre si nécessaire, mais qui ne provoquerait que plus de pertes humaines pour les siens.

Legolas vint la chercher et ils prirent la route à la nuit tombée. Elle avait revêtu sa confortable combinaison de voyage et se fit passer pour un anonyme garde dans le convoi. Son époux avait repris son uniforme de la garde et menait les cavaliers tel un banal convoi militaire.

Le commandant conduit les hommes à travers Fangorn, puis quittèrent le territoire pour traverser la plaine de Celebrant et enfin rejoindre la forêt du Mirkwood. Le voyage dura des jours, et en cohérence avec les calculs de Legolas, le soleil commença à se lever alors qu'ils passaient la frontière du royaume de Thranduil, enclavé au cœur de la forêt noire.

Alors qu'ils suivaient paisiblement une nouvelle route présélectionnée par Legolas, Jaheira se sentit troublée un instant. La jeune femme fit stopper son cheval et balaya du regard les environs à la recherche de la source de cette agitation. Elle ne distingua rien, pourtant ce qu'elle avait perçu était réel, aussi furtif qu'un murmure. La voyant s'arrêter, Legolas vint s'enquérir d'elle :

- Qu'y-a-t 'il ?

- Je crois... Non.... Ce n'est rien, dit-elle égarée.

- Remettons-nous en marche, dit-il en retournant vers la tête du peloton.

Jaheira se remit avec les autres. Mais un nouveau trouble lui parvint, bien plus fort cette fois. Elle mit en cause le vent, mais alors qu'un troisième trouble lui parvint, Jaheira se figea, cette fois convaincue de l'existence même d'une présence qui l'appelait. C'était là, comme une voix portée par le vent, et ce souffle lui était familier, mais elle ne put se le remémorer plus en détails. Elle fit stopper son cheval et se mit à regarder dans le vide :

- Eryn, l'appela-t-elle, concentrée.

- Ne tardons pas, insista-t-il sans même s'arrêter.

Mais Jaheira ne l'écouta pas, hypnotisée par ce mystérieux murmure qu'elle semblait être la seule à avoir entendu. Elle héla son cheval sans prévenir et partit au galop pour s'éloigner du peloton. Legolas constata son éloignement et la somma de revenir dans les rangs. La voyant continuer sa course, il s'élança à sa poursuite avec ses hommes.

La reine traça au galop et à l'aveugle. Un nouveau souffle lui parvint, l'encourageant de plus bel. Ce bruit se faisait de plus en plus vif à mesure qu'elle progressait entre les arbres. Elle guida son cheval dans les bois, suivant le seule force de son instinct. Après quelques minutes de course, Jaheira fit stopper son cheval et sauta à terre précipitamment pour continuer à pieds, courant entre les arbres, le coeur battant. Après quelques mètres, elle s'arrêta. Arrivée, elle tourna ses mains vers le sol pour balayer les abords et respira profondément, cherchant la moindre trace de ce souffle qui pourrait mieux la guider. Legolas arriva à son niveau, descendit à son tour de sa monture et se posta devant sa femme, piqué :

- Que fais-tu ? Tu ne peux t'éloigner ainsi ! Tu n'as pas idée de...

- Y-a-t'il eu des ents en Mirkwood ? Demanda-t-elle avec le regard vide.

- Quoi ?

- Je sens une présence, dit-elle en dévisageant Legolas avec des yeux brillants et le visage illuminé.

Les gardes s'étaient déployés autour d'eux, mais Legolas n'apparut pas plus rassuré :

- Nous ne pouvons pas rester là, murmura-t-il avec insistance.

La jeune femme passa devant son mari sans se soucier de sa mise en garde, obnubilée par cet appel qu'elle était visiblement la seule à entendre. Elle s'approcha d'un arbre qu'elle caressa en fermant les yeux. Elle se mit à réciter une incantation. Le commandant n'était pas étranger à ce comportement, mais il n'approuvait pour autant pas cette démonstration en ces terres encore fréquentées par l'ennemi. Il suivit sa femme, espérant la convaincre de se remettre en route, lui était persuadé que son trouble n'était qu'un leurre porté par la magie qui avait autrefois été très présente en ces lieux.

Jaheira ne l'écouta pas et continua d'avancer doucement, observant chaque branche avec insistance. Elle se laissa guider par ce sourd écho et continua d'avancer sur le sol accidenté. Enfin, après quelques pas, Jaheira perçut la voix, tel un écho diffus, chantant, à peine audible. L'écho retentit, un son plus long et plus proche lui parvint. Il semblait que l'on lui murmurait quelque chose au loin. Alors qu'elle s'approchait de plus en plus de son but, le son se tut. Jaheira resta aux aguets, cherchant à en trouver la source. Plein d'espoir, elle s'adressa à l'invisible :

- Je vous entends.

Le silence persista. Legolas arriva près d'elle avec embarras : il n'y avait pas d'ent en Mirkwood, et si cela avait été le cas, leur existence aurait été détectée il y a de cela bien longtemps. L'elfe restait inquiet, ils s'étaient éloignés du chemin et prenait du retard sur leur trajet. Il essaya de convaincre Jaheira une nouvelle fois, mais elle ne l'écouta pas plus, portée par cet aveugle espoir qui grandissait en son cœur.

Elle s'approcha une nouvelle fois d'un tronc et le caressa en fermant les yeux, elle ne ressentait plus rien et commença à questionner sa folie, pleine d'espérance, elle se remit à marcher en murmurant de nouvelles incantations. Legolas la regarda, impuissant. Soudain, tous se figèrent lorsqu'un puissant craquement vint résonner derrière eux. Legolas arma arc et flèche en une seconde et le pointa vers ce qui lui semblait être la source de ce fracas.

Jaheira, elle, s'était décomposée de peur, mais toute inquiétude l'abandonna dès qu'elle se retourna vers le trouble : c'était là bien un arbre qui venait de se mouvoir.

Après un instant, tandis qu'elle s'avançait entre deux mises en garde de Legolas qui lui conseillait de ne pas approcher, ils virent l'arbre bouger à nouveau, comme soudainement prit de vie. L'être se réveilla de plusieurs gestes saccadés tel un pantin désarticulé. Le spectacle prit une allure terrifiante, comme si l'arbre se débattait contre une force bien plus puissante que lui : celle du temps qu'il avait passé en silence, muré dans son immobile enveloppe végétale. Doucement, l'arbre se révéla, on vit apparaître une silhouette nouvelle : on distingua une tête, un buste, des membres, et deux yeux d'écorce. Jaheira s'approcha avec un sourire radieux et les larmes aux yeux, tendant la main vers l'être révélé. Legolas quant à lui, resta pétrifié par le spectacle, il avait été rejoint par ses hommes qui n'en croyaient pas leurs yeux. 

Le silence se fit, puis l'ent fit un pas en avant pour observer Jaheira de près. Pendant ce long moment d'observation, Jaheira soutint son regard avec courage, dissimulant sa peur d'être prise pour quelqu'un d'autre. Puis, après cette inspection en bonne et due forme, l'ent fit un pas en arrière et se courba respectueusement devant sa gardienne. Legolas, ébahi, baissa son arme et laissa le soulagement l'envahir. Jaheira s'émeut de cette révélation et retrouva une relative décontraction.

A son tour, Jaheira se courba devant l'ent.

- Je suis Jaheira Redwood de Fangorn, prêtresse des forêts, reine de Fangorn, gardienne entique, dit-elle en rune antique.

La reine se releva. L'ent usa de sa voix rouillée, éprouvée par des années de silence, et ne prononça qu'un seul mot, mais ce seul mot leur perçut comme teinté d'admiration, elle-même récompensée par des siècles d'espoir :

- Gaïlind.

Jaheira ne sut par où commencer : elle avait mille questions à lui poser, saisie d'émotions, elle ne trouvait plus ses mots. Legolas, abasourdi de cette découverte, n'osait plus bouger de peur que cette inespérée chimère ne disparaisse.

L'ent entama alors la conversation, cherchant aussi ses mots après son fort long sommeil.

- Je suis Elen.

L'émotion vint saisir Jaheira alors qu'elle entendit sa douce voix : l'ent en présence était une femme. C'était la première fois qu'elle en rencontrait une et son coeur implosa en sa poitrine. Un vertige lui parvient. Elle était là, la première ent femme qu'elle rencontrait, et peut-être bientôt suivie d'autres, deux, trois, peut-être une dizaine d'autres étaient là !

- Je suis honorée de vous rencontrer dame Elen. Êtes-vous seule en ces lieux ? Demanda Jaheira, pleine d'espoir.

- Oui.

Jaheira apparut déçue mais saisit l'ampleur de sa chance : Elen demeurait une ent et cette découverte était aussi inattendue qu'inestimable. Les questions se bousculèrent dans sa tête, elle se contint pour ne pas se jeter sur Elen et l'entourer de ses bras.

- Dame Elen. Je suis la fille de Gaïlind.

L'ent répondit de sa très lente voix :

- Gaïlind s'en est allée, il y a bien des temps, dit Elen subitement mélancolique. J'ai ressenti sa souffrance. Son trépas fut lent et lourd de chagrin.

Tout au fond d'elle, Jaheira avait gardé l'espoir que sa mère ne puisse pas être décédée, peut-être en sommeil comme les autres ents femmes et illocalisable par les ents de sexe masculin, son secret espoir s'éteint en elle avec un douloureux serrement au cœur.

- Où est-elle ? Racontez-moi, supplia Jaheira.

- Fangorn était en flammes. Gaïlind est partie, cherchant refuge. Nous fûmes toutes envoyées près des alliés, pour notre protection... et la leur.

- Où est-elle partie ? Insista Jaheira.

L'ent ne comprit pas l'insistance de la jeune femme :

- Chez son allié... Au Nord.

- Elen, dites-moi où elle est allée !

- Angband.

Jaheira s'effondra. Celeborn et Thrandhuil disaient donc vrai. Gaïlind était partie au Nord rejoindre son proche ami Sauron. S'il restait encore un soupçon de doute quant au circonstance du trépas de sa mère, il était clair à présent que Sauron l'avait tué, que ça soit à Gundabad ou à Angband, la différence était moindre. Jaheira cacha ses larmes et l'ent constata le soudain chagrin qui envahit la jeune femme. Rapidement, la reine ravala sa peine : elles étaient désormais deux ents femmes en ce monde, et cette chance était plus qu'inouïe pour elle qui cherchait à maintenir la survie des siens. L'heure n'était pas à la tristesse, ni à pleurer le passé. En ce jour, grâce à la découverte Elen, l'avenir pour les ents s'éclaircissait.

Jaheira se tourna vers l'ent :

- Dame Elen. Où sont les autres ents femmes ?

- J'étais porteuse de message, je devais prévenir le Mirkwood de l'attaque et obtenir protection. Gaïlind est tombée, et ses alliances se sont brisées avec elle. L'allié d'hier peut être l'ennemi d'aujourd'hui. Ne sachant ce qu'advenait l'alliance avec le Mirkwood, je suis restée cachée, en sommeil, attendant les ordres.

- Où sont les autres ents femmes ? Où devaient-elles aller ?

- Fangorn ne comptait que peu d'alliés, toutes autres devaient suivre et protéger Gaïlind.

Un poids immense s'abattit sur Jaheira. Sonnée par la perte définitive de sa mère, et maintenant de son espoir de retrouver d'autres ents femmes en vie, elle s'étourdit. Les ents femmes étaient donc toutes à Angband. Legolas souhaita accorder un peu de répit à son épouse, et prit le relai.

- Dame Elen, dit-il en posant respectueusement un genou à terre, je suis Legolas Vertefeuille, prince du Mirkwood, commandant des armées et roi de Fangorn. Sachez dame ent, au nom du royaume du Mirkwood, que jamais notre alliance ne s'est tarie. Vous êtes la bienvenue en ces terres. Nous vous protégerons, quoi qu'il advienne.

L'ent approuva cette déclaration et salua l'elfe avec une révérence mesurée.

- Dame Elen, qu'est-il arrivé à Fangorn ?

- Les hommes protègent, les femmes défendent. Gaïlind est et sera toujours une femme. Les ents devaient rester à Fangorn et protéger nos terres, au cas où Gaïlind revienne. Les ents femmes devaient elles porter l'appel à l'aide ou protéger la gardienne.

Jaheira trouva le besoin de marcher un instant, pour s'aérer l'esprit et retrouver les idées claires. Elle ne pouvait qu'admirer une nouvelle fois la loyauté sans égal des ents, prêts à périr pour protéger les leurs, mais cet engagement les avait perdus sans le savoir, les ents femmes avaient aveuglément suivi Gaïlind jusqu'aux confins des ténèbres. Gaïlind, sa propre mère s'était échappée de Fangorn pour la protéger elle, son unique fille. La jeune reine prit un nouveau poids sur ses épaules. Indirectement, si les ents femmes n'étaient plus, c'était par sa faute. Si Gaïlind était tombée, il n'y avait aucun espoir que Sauron ait épargné les autres, il ne restait plus qu'un seul espoir pour Jaheira : à l'époqe, Fangorn ne comptait pas que le Mirkwood parmi ses alliés, elle se devait donc de retrouver les ents femmes parties comme Elen chercher des secours, et prier pour qu'elles soient restées en sommeil comme Elen. Jaheira interrompit Elen et Legolas dans leur conversation :

- Dame Elen, revenez à Fangorn avec moi, vous y serez en sécurité à nos côtés.

- Ma mission est de protéger notre bienfaiteur du Mirkwood, je ne déserterai pas ma mission, déclara l'ent.

- Jaheira..., intervint Legolas. Rejoignons le Mirkwood avec Elen, elle y sera en sécurité. Nous pourrons la ramener à Fangorn lorsque père et toi la libéreront de ses obligations, suggéra l'elfe.

La jeune femme acquiesça sans sourciller, ils étaient trop prêts de la cité de Thrandhuil pour faire demi-tour. Tous remontèrent à cheval pour rejoindre le Mirkwood le plus vite possible, mais la lenteur d'avancement d'Elen, encore rouillée par l'exercice de la marche qu'elle n'avait pas pratiqué depuis des siècles, les forcèrent à rester au pas. Le trajet s'étala sur encore quelques heures alors qu'ils étaient très proches. Sur le chemin, Jaheira s'adressa à Legolas avec douceur :

- Tu as réussi Legolas.

- Toi seule l'a identifiée en cette forêt. Je n'ai rien fait pour t'aider.

- Nous ne serions jamais passé par ici sans toi, tu as retrouvé une ent femme Legolas. Nous ne serions jamais arrivés jusqu'ici sans toi... Tu as réussi, lui répéta-t-elle en lui posant tendrement sa main sur la sienne.

L'homme resta silencieux, il ne savait toujours pas comment réagir aux compliments.

- Nous avons à présent une raison de plus de déclarer la guerre, souligna-t-il.

- Crois-tu qu'elles soient encore en vie ? Chuchota Jaheira.

- Nous n'avons qu'un seule façon de le savoir.

Sentant Legolas encore fébrile quant à leur départ en guerre. Elle lui signifia sa détermination une nouvelle fois :

- Sauron a tué ma mère. Si par miracle les ents sont encore là-bas et en vie, nous devons les retrouver. Je ne trouverai de repos que quand les ents seront tous sains et saufs. J'irai, où qu'elles soient.

Elle ne put contenir son émotion et tourna la tête pour ne pas que Legolas la voit ainsi. Devinant son inconfort, il lui posa la main sur la sienne.

- Il a tué ma mère aussi Jaheira. Nous irons, ensemble.

Elle le regarda avec étonnement. Jamais elle n'avait trouvé le courage de dire à Legolas qu'elle comptait en fait quadriller Angband pendant la guerre de Gundabad afin d'y retrouver les ents. Il n'aurait jamais accepté l'idée, et le voilà à présent convaincu et prêt à l'accompagner sans négocier. Elle le regarda avec gratitude :

- Je crois que nous avons tous deux une excellente raison de solliciter Thranduil à présent.

Le convoi arriva aux frontières du Mirkwood malgré Elen qui se déplaçait avec une extrême lenteur, ils eurent pris un tel retard dans leur voyage que Thranduil lui-même s'était déplacé pour les accueillir aux portes de ses terres, très inquiet de ce retard inhabituel. Ne fut pas sa surprise quand il repéra au loin ses invités émerger d'entre les arbres, accompagnés d'un immense ent millénaire. L'homme écarquilla les yeux de surprise et un immense soulagement l'envahit : ses deux enfants étaient sains et saufs malgré ses inquiétudes.

- Qu'est-ce que ? Demanda-t-il, époustouflé par le spectacle.

- C'est une longue histoire, trancha Legolas sans même le saluer, conduisez-nous à l'abri.

Le commandant militaire qu'il était avait repris ses réflexes de protecteur. Les gardes du Mirkwood encadrèrent l'ent ainsi que Jaheira et Legolas, et les menèrent en sécurité jusqu'à la cité troglodyte. Elen fut mise en sureté, et se remit en sommeil pour récupérer de sa longue et laborieuse marche.

A peine arrivés, Thranduil prit Legolas dans ses bras avec tout l'amour d'un père pour son fils. Il s'était grandement adouci depuis le mariage, et Jaheira se réjouit que ces deux-là aient enfin trouvé un moyen de communiquer leur profond respect mutuel à travers d'autres choses que de longs silences et de regards torturés.

- Elen est une ent femme que Jaheira a découvert dans la forêt noire, commença Legolas.

- Quoi ! Comment ?

- Il semblerait que Gaïlind ne vous ai jamais oublié, dit Jaheira. Elen a été envoyée ici pour vous prévenir de l'attaque de Fangorn et pour trouver refuge.

Thranduil souffrit de cette déchirante attention, nouveau vestige de son entente avec la gardienne entique. Le roi fit bonne figure.

- Père, bien que cette rencontre fortuite soit un véritable miracle, notre présence ici n'est nullement une visite de courtoisie.

Le roi s'assit sur son trône :

- Je vous écoute.

- Nous venions ici avec l'intention de mener l'assaut sur le mont Gundabad, déclara-t-elle.

- Gundabad..., répéta Thranduil à voix basse.

- Suite à notre rencontre avec Elen, nous nous devons de revoir nos plans et élargir le périmètre, continua Legolas.

Thranduil resta silencieux, attendant la sentence.

- Nous devons marcher sur Angband, trancha Legolas.

Le roi leva des yeux interloqués vers son fils. Croyant à un délire, il regarda son fils qui soutint son regard. Ces paroles n'avaient donc rien d'une farce. Le roi se leva et réfléchit longuement. La peur l'envahissait : il s'agissait là de la plus grande guerre jamais déclarée au dernier et plus grand royaume maléfique de toute la Terre du Milieu depuis la guerre du Gondor et du Mordor. Gundabad n'était qu'un massif montagneux, quand Angmar représentait un royaume maléfique tout entier, bien plus grand que ce qu'était le Mordor autrefois.

- Les ents femmes sont là-bas, dit Jaheira pleine d'espoir.

- C'est insensé, outre Gaïlind, les ents connaissaient mieux que quiconque la cupidité d'Annatar, pourquoi se seraient-elles rendues en des terres si hostiles ?

- Pour sauver leur gardienne..., expliqua Legolas.

- Gaïlind a été manipulée par Sauron, continua Jaheira. Elle est partie trouver refuge auprès de lui. Les ents femmes l'ont rejoint pour la protéger. Sauron ignorait tout de la bienveillance des ents et que l'exécution de Gaïlind attirerait les ents femmes avec elle dans sa chute.

Le silence s'installa.

- Je ne peux le croire, répondit-il en se renfonçant sur le trône, visiblement septique quant à cette explication.

- Thranduil, réfléchissez ! Si vous étiez mortels et que votre dernière gardienne, votre unique raison de vivre, votre unique et seule chance de survie avait été enlevée par l'ennemi, ne vous seriez-vous pas précipité pour la sauver ?

Le roi ne réagit pas à son argument.

Frustrée de ne déclencher chez lui aucune réaction, elle poursuivit :

- N'est-ce pas ce que vous-même avez fait pour votre épouse ? Osa Jaheira.

Legolas dévisagea Jaheira avec effroi. Elle, guetta la réaction du roi avec appréhension.

Piqué, Thranduil leva les yeux vers elle. Toujours stoïque, il se leva et marcha pour réfléchir en silence.

Après quelques pas, il se tourna vers son fils et Jaheira :

- Jamais personne n'a marché sur Angband, pas depuis Fingolfin. Ces terres sont damnées... Aucun humain n'en est jamais revenu...

Legolas et Jaheira étaient bien au fait du constat du roi. Ils restèrent silencieux. À nouveau, Thranduil fit les cent pas, cette fois en réfléchissant à voix haute :

- Cela serait la plus grande guerre jamais orchestrée par les elfes... Cela est bien trop risqué. Si nous perdons, jamais nous ne nous en remettrons.... Et l'ennemi est déjà à nos portes ! Dit-il en se tournant vers son fils et sa femme.

Legolas et Jaheira étaient bien conscients de ce constat lourd d'engagement. Après un nouveau silence alerte, le roi se décida enfin :

- Combien d'hommes faut-il ?

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