Souvenirs

Je me réveilla ce matin avec les cris de peur des enfants qui couraient dans les jupes de leur parents. Me demandant ce qui pouvait bien les effrayer, je sortie dehors et je fut renverser par Luiz.

«Maaaaître!»
- Luiz!

Les vieilles dames assises sur leur patio me regardèrent d'un mauvais œil pendant que je me laissais licher par le Bulldogs par terre.

« Ce village est vraiment bizarre, les enfants sont effrayés pour un rien!» dit-il en bougonnant
«Je sais, ils sont juste superstitieux.»

Je me releva en époussetant mes vêtements et jetai un œil autour. Nous étions dans un petit village typique où les maisons entouraient la place du marché. Je me retourna au moment où la mère de Wellan et son mari sortaient de la maison.

- Jeune fille? m'appela la dame.
- Oui? Qu'est-ce qu'il y a? dis-je même si je savais bien ce qui allait suivre.
- Nous ne savons même pas ton nom. Moi, c'est...

Son mari lui donna un coup de coude pour la faire taire. Je fronçai des sourcils. Il est vraiment trop louche, celui-là. Mais bon, c'est normal.

- Moi, c'est Fatum. Ça veut dire destinée.
- Ah... dit-elle. Ce n'est pas commun, comme nom.
- Je sais.

Il eut un moment de silence embarrassant. C'est fou comment ça arrive souvent avec elle! On dirait qu'elle ne sait pas comment m'aborder. Son mari lui jeta un regard qui en disait long et j'eus envie de lui cracher au visage de prendre la parole à la place de se cacher derrière sa femme, mais bon, ça n'aurait pas aider mon cas.

- Euh... Mon mari aimerait que tu veinnes avec nous au conseil pour, euh... te remercier.
- Ouais, pas de problème, répondis-je en haussant les épaules.

Quelle magnifique façon de remercier les visiteurs! Je jetai un dernier coup d'œil vers la maison et je vis Wellan à la fenêtre de sa chambre au second étage. Je prie une profonde respiration et je me dis qu'il n'y avait aucun moyen qu'ils devinent qui je suis.
Nous longeâmes la place publique vers un petit bâtiment rond à la toiture de jonc. Nous passâmes la porte démesurément grande pour la petite maison faite de bois sculpté. À l'intérieur discutait plusieurs personnes âgées qui ne prirent même pas attention à nous. Par la seule grande fenêtre, je pue voir un grand lac bordé de feuillus qui me disait vaguement quelque chose. Mon attention fut vite ramené vers les aînés quand l'une d'entre eux, celle assise tout au fond, poussa un cri aigu. Elle me pointait du doigt en reculant contre le mur.

- Sorcière! glapit-elle. Comment as-tu pu?

Mes yeux s'écarquillèrent de stupeur. Comment peut-elle savoir? Je dois jouer l'innocence.

- Pardon? dis-je.
- Tu as pris son visage! SON VISAGE! hurla-t-elle.

Un des aînés se leva et, de peur qu'il vienne vers moi, je reculai d'un pas et trébucha, mais il ne remarqua pas mon geste et je dirigea plutôt vers la pauvre vieille. Il la prit par les aisselles avec un autre et sorti par une porte arrière que je n'avait pas remarqué. Toujours assise par terre, celle qui semblait être la chef des aînés prit la parole.

- Excusez-la, elle fait ça à tous les étrangers ou presque qui viennent ici, s'excusa-t-elle. Je suis Maria, la porte-parole des aînés. Soit la bienvenue au village de Stone Lake.
- Merci, dis-je en me relevant doucement.

Je remarquai que la mère et le père de Wellan avait quitté le bâtiment et j'en fut soulagé. J'espérais que le père n'avait pas vu la crise de la vieille dame.

- Quel est ton nom, jeune fille?
- Fatum, madame.

L'assemblé réprima un frisson, mais la chef se retourna vers eux.

- Cela ne peut qu'être une coïncidence. Et quel âge as-tu? dit-elle en se retournant vers moi.
- Quatorze.

Cette fois, un brouhaha se déclencha dans l'assemblée. Des vieux criait et se levait, indignés. Coudonc, y a-t-il un problème à avoir quatorze ans?

- Impossible!
- Ça ne peut plus être une coïncidence!
- Sorcière!
- ÇA SUFFIT! dit Maria et le silence revenu. Vous oubliez tous un détail : Elle aurais au moins quatre-vingt dix ans aujourd'hui. Ça ne peut pas être elle, conclu la vieille dame. Maintenant, je vous prie de m'excuser, mais je crois que je dois des réponses à cette pauvre fille. Viens avec moi, Fatum.

La vieille dame me tendit la main et, sans hésiter, je la prie. Nous quittâmes l'assemblé sous les regards furieux des aînés qui me firent la chair de poule. Rendu dans les champs, Maria dût se dire que nous étions assez loin, car elle prit enfin la parole.

- Tu as de beaux yeux, me dit-elle.
- Oui, ma mère les avait bleus et mon père était albinos, ce qui explique aussi la couleur de mes cheveux sans doute.
- Bien sûr, suis-je bête. Tu dois te poser beaucoup de question en ce moment.
- Oui. De quoi parlait, euh...
- Morgane? Ouais, elle est comme ça depuis que sa sœur est morte. Elle ne cesse de la voir, mais ce n'est jamais elle, soupira la chef du conseil. Elle est incapable de faire son deuil.
- Oh... Elle est morte comment?
- Noyée, mais on a jamais retrouvé son corps. Je n'ai jamais connu Fatum personnellement, Morgane est la plus vieille du conseil.
- Pardon, elle s'appelait comment?
- Fatum, pourquoi?
- Ce, c'est le même nom que moi... dis-je en me mettant à trembler, mais Maria ne le remarqua pas. Et... Quel âge avait-elle?
- Quatorze. C'est fou les coïncidences, n'est-ce pas?

Après quoi, mes jambes cédèrent sous mon poids. Ce n'était pas possible! Comment? J'eus une illumination. C'est pour ça que j'ai reconnu le lac, c'est là que je me suis réveillé! Je me roula en petite boule, le dos contre une botte de foin, et je trembla de plus belle. Non, non, non...

Je me réveilla dans le même champs, mais je faillis tomber sur le dos, car quelqu'un avait retiré la botte de foin. Le vent faisait onduler les épis de blés et je me releva doucement. Maria était parti, me laissant seule au milieu du champs. Je remarquai aussi que je m'étais reprochée du lac, je pouvais le voir au loin. Je décidai de me rendre là-bas, car c'était mon seul point de repère. Je me mis à marcher et j'entendis des rires au loin. Je me retourna et vis deux filles courir droit vers moi. Les deux avaient les cheveux couleur chocolat, la plus grande les avaient raides et la petite, ondulés. La plus âgée avait presque deux têtes de plus qu'elle.

- Hé! Attention...

...Mais les deux jeunes passèrent à travers mon corps comme si j'étais un fantôme, ce que je pourrais être, à bien y penser. Je les regardai courir vers le lac et je remarquai que les arbres qui le bordait n'avaient presque plus de feuilles, ce qui était étrange puisqu'on était l'été. Je les suivis sur le bord du lac étrangement gelé, une mince couche de glace couvrait l'eau bleu. Elles se mirent à donner des coups de pied dans une immense pomme de pin. Elles riaient et le vent soufflait leurs cheveux bruns dans leurs visages, mais la plus petite botta la pomme sur le lac gelé par accident.

- Fifi! dit la plus jeune. Va la chercher!
- Mais Morgane, il est beaucoup trop long!
- Essaie quand même! cria la petite.

La plus âgée poussa un soupir et s'en alla vers un chêne. Elle se pencha et revint en courant avec un bâton au bout tordu pour essayé de l'attraper. Comme il n'était pas assez grand, elle s'avança à pas prudent sur la glace vers la pomme de pin. J'avais un mauvais pressentiment, mais je ne pouvais que la regarder s'éloigner du bord, encore et encore. Un coup de vent la poussa encore plus long et on entendait la petite crier du bord du lac. Au bout d'un moment, je me rendis compte que ses rires s'étaient changés en cris de terreur. Je vis que des fissures couraient autour de la grande fille et, soudain, elle disparue sous la glace. Je hurla en concert avec la petite fille qui rebroussa chemin vers le village pendant que je plongeais à la suite de la jeune fille dans un mouvement désespéré. Quand j'arrivai près d'elle, juste avant d'attraper son poignet, je me figeais, car c'est à ce moment que je vis clairement son visage. Je me regardais me noyer, c'était moi. À ce moment, une éclipse lunaire m'aveugla et ce fut le noir.

- AAAAAAAAAAH!

Je me redressai d'un coup sur le lit. Une demi-dizaine de visages inconnus me regardait d'un regard inquiet. Parmi les visages fripés, je repairai Maria, juste à côté de moi. J'attrapai son bras.

- Fatum, c'est moi, dis-je en la regardant, droit dans les yeux.

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