Fugitifs
Ça faisait deux jours que j'avais quitté Sunrise. Deux jours que je n'avais pas vue Cornéliane ou Ariel. Deux jours à penser à James et deux jours à courir le plus long possible de lui et de sa trahison. Et quand même, je réussissais à m'ennuyer de lui et de souhaiter y retourner pour le voir ne serait-ce qu'une dernière fois. Tellement que ça me faisais douter de mes choix. Avais-je bien fait de le sauver? Wellan. Peut-être me sentirais-je moins seule si je le réveillais? Mauvaise idée. Non, il me déteste, ça ne m'aiderait pas.
Je continua alors de marcher seule, mais, perdue dans mes pensées, je ne pris pas garde et... une branche frappa Wellan en plein visage. Il se réveilla donc en sursaut, ce qui me fit peur et je le lâcha par terre en poussant un petit cri.
- AIE!
- Oh! Je suis tellement désolé Wellan, je ne regardais pas où j'allais! Ça va?
Il me regarda d'un drôle d'air et observa la forêt au alentour. Il semblait un peu déboussolé, mais pas inquiet. Il me fixa.
- T'es qui?
Je le regarda, complètement abasourdie. Attendez, il ne se rappelle de rien? Genre, de rien du tout? Je ne sais pas si je dois être heureuse, car il ne sera plus furieux contre moi, mais est-ce que c'est mal?
- Je m'appelle Fatum.
- Ah! On m'a parlé de toi pendant mon... sommeil, dit-il, incertain de ce qui pouvait avoir causé cela.
- Ok... Raconte, je ne te comprends pas.
- En fait, commença-t-il en plissant le front, c'est plutôt vague, mais un bel homme est venu me voir et il m'a dit qu'il m'avait enlevé mes souvenirs pour mon bien parce que je devais accomplir une grande mission. Il m'a dit aussi que je trouverai une fille qu'il avait mis sur ma route et qu'elle se dirigeait vers l'endroit où j'accomplirai ma destiné. Ah! Et j'ai vu un dragon, aussi, mais pas comme moi, un vrai de vrai rouge et énorme.
- C'est... vraiment bizarre. Tu es sûr de ce que tu dis?
- Ouais, pas mal, dit-il en souriant.
Nous nous mirent à marcher en silence. Je réfléchissais à cet homme dont Wellan m'avait parlé. L'avait-il inventé pour se protéger ou bien était-il vrai? Dans ce cas, qui était-il et que voulait-il? Je regarda l'enfant du coin de l'œil et je remarqua qu'il avait gagné en assurance. Il marchait avec décontraction et non avec les épaules voûtées. Il avait l'air moins malheureux, comme s'il assumait enfin sa condition. Au moment où j'allais retombé dans mes pensées, mon regard fut attiré par une tache blanche sur l'épaule de l'enfant. J'aurais juré qu'elles n'étaient pas là quand je l'avais sauvé, je l'avais moi-même lavé. Je stoppa net en remarquant que les écailles immaculée formaient... un minuscule dragon!
J'ouvris la bouche pour questionner le demi-dragon, lorsqu'un bruissement dans les fougères nous firent sursauter tous les deux. Nous nous retournâmes d'un coup vers la source du bruit. Mon cœur arrêta de battre et je retenue mon souffle comme Wellan. Nous nous mirent tous les deux en position pour détaler au plus vite si c'était un homme, mais... ce fut un chien qui nous sauta dessus à la place! Et pas n'importe lequel!
-Luiz! criais-je.
«Hey! Comment ça va, p'tit maître?» dit-il en grimaçant un genre de sourire. (C'est un peu difficile pour un chien...)
- Combien de fois je t'ai dit de ne pas m'appeler comme ça? lui dis-je en le grondant gentiment.
- Mais, mais je... dit Wellan complètement dérouté.
- Tu l'entends?
«En principe, tous les démons le peuvent.» dit-il en s'asseyant sur son arrière train.
- Alors, tous les démons peuvent parler aux animaux?
Le bouledogue, exaspéré, roula ses yeux vers moi et je lui fis signe de la tête. Il se mît alors à grogner, devint flou et grossit jusqu'à reprendre sa forme originelle cauchemardesque. Wellan devint très pâle et me regarda pendant que le cerbère rapetissait pour redevenir un chien inoffensif.
- C'est un cerbère. Il est mon familier.
- Je vais pouvoir en avoir un? dit-il, enthousiasmé et en reprenant des couleurs.
«Tu ne peux pas forcer une créature à le devenir, il faut qu'il accepte de son plein gré. Alors, commence par te démarquer.»
Il sourit à Luiz et se remit en chemin. Nous le suivîmes en silence.
«C'est moi où il est différent?» me demanda Luiz après quelques instants en s'adressant qu'à moi.
«Ouais, il s'est évanoui et il s'est réveillé comme ça. As-tu remarqué sa marque? Elle n'était pas là avant.»
«Oui, c'est étrange, on dirait une marque du conseil.»
«Ce n'est pas toujours un objet?» demandais-je, surprise.
«Non, quand ce n'est pas nécessaire, il apparaît une marque. En principe, tu pourrait l'avoir si tu ne préférais pas ton bracelet.»
«D'accord, tu as déjà vu une marque du conseil?»
«Oui et elle était pareil.»
Bouleversé, j'ai replongé dans mes pensées. En principe, il pourrait maintenant se transformer en humain "normal" comme moi. Peu avant le crépuscule, Wellan se mît à montrer des signes de fatigue et de faim apparent. Même s'il était potentiellement un élu de la lune, il ne pouvait pas comme moi survivre sans se nourrir ou dormir. D'ailleurs, le cerbère aussi avait la langue pendouillante. Par chance, nous arrivâmes à la vue d'un village plus petit que Sunrise, il était temps de mettre en pratique ma théorie.
- Wellan?
- Hum?
- Viens, il faut que tu essaies un truc.
Je l'amena un peu plus long et me métamorphosa. Je retire mes oreilles et ma queue et modifie mes yeux aussi. Lui me regarde avec de grands yeux étonnés, comme s'il ne savait pas que je pouvais faire ça. Je secoue la tête.
- Tu serais capable de faire pareil? Tu n'as pas besoin de changer tes yeux, fais juste disparaître tes ailes et tes écailles.
Je l'observe en détail et je me rendis compte qu'il ne possédait pas d'oreilles. Étonné, je remarqua aussi que, plus haut sur son crâne, il possédait aussi des espèces de petites cornes rondes. Je me suis avancée pour les toucher, mais il recula violemment en attrapant sa tête.
- Aie! Mais qu'est-ce que tu fais?!
- Qu'est-ce qu'il y a? lui demandais-je.
- J'ai les oreilles qui sifflent, ça résonne dans mon crâne, gémit-il.
- Oups! Je ne savais pas que s'était tes oreilles! Essaie de les modifier aussi.
La nuit avait tombé depuis longtemps avant que Wellan arrive à se transformer normalement. Il était pas mal beau sans ses écailles, mais évidemment trop jeune pour moi. À mon grand étonnement, il n'avait aucune trace de brûlure. Luiz, qui avait regardé la scène en silence, se mît à japper en courant autour de nous. Je savais qu'il était plus étonné qu'heureux.
- Bon! Il est temps de dormir un peu, quand pensez-vous? dis-je.
- Ok!
Nous descendîmes alors vers les maisons illuminées en quête d'un endroit où dormir et manger un peu.
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