Folie
Nous restâmes longtemps sur la plage, tout l'après-midi en fait. J'avais regardé le soleil se coucher à l'horizon avec Léane, c'était vraiment une des plus belles journées que j'ai eu depuis mon arrivée au Refuge, peut-être même depuis ma "résurrection". Mon amie sirène était déjà partie se coucher depuis un instant quand Wellan vint me rejoindre. Pendant un moment, nous regardâmes en silence les flammes du feu de camp que des vampires avaient abandonnés. Finalement, le demi-dragon prit la parole.
- Tu sais pourquoi le dragon est le chef du conseil?
Je le regardai, mais il continuait de fixer les flammes, comme s'il n'avait jamais ouvert la bouche. Je me détournai en soupirant.
- Non...
- La mémoire des dragons qui l'ont précédé est assimilé par le nouveau gardien.
Je crois bien que si c'était possible, ma mâchoire aurait décroché. Quoi?! Et il me dit ça comme ça?! Il dut enfin remarqué mon regard interloqué qui le dardait, car il se tourna enfin vers moi, en baissant les yeux toutefois.
- C'est... Assez perturbant comme sensation. Mais c'est très flou pour le moment, Orale, la métamorphe, dit que ça prendra peut-être plus de temps dans mon cas que...
- Et c'est pour ça que tu m'évitais?! le coupai-je.
Il me regarda sans comprendre.
- Euh... Je...
- Tu t'inquiétais de ma réaction, hein?
Il rougis fortement, puis secoua la tête. Je remarquai par ce geste à quel point ses cheveux étaient devenus long, retombant devant ses yeux. Ce que le temps avait passé...
- Tu es trop mignon! dis-je en rigolant.
Je l'enlaçai et il se raidit instantanément. Par contre, il ne me résista par longtemps et, nous faisant basculer, nous observâmes le ciel étoilé.
- Tu sais, me chuchota-t-il, peut-être dans un des souvenirs je trouverai pourquoi tu as cette marque toi aussi...
Ce fus à mon tour de me tendre. C'est vrai, Wellan était au courant, mais je savais qu'il allait ce taire, ce n'était pas là le problème. Non, mais il faudra que je me charge de se problème un jour ou l'autre...
Avant même que je ne replonge dans mes pensées, une femme ailée vint nous déranger.
- Wellan! Je t'ai enfin trouvée!
- Orale! s'exclama-t-il en se mettant sur pied.
Il s'élança dans ses bras et je restai bouche bée. La sévère métamorphe qui nous avait accueilli avait plutôt l'air d'une véritable mère en ce moment. Elle le fit tournoyer puis le déposa sur terre en lui jetant un regard sévère.
- Qu'est-ce que je t'ai dit sur ces fugues? le gronda-t-elle.
- Mais je voulais être seul avec elle! gémit-il.
J'haussai un sourcil.
- Alors ce n'est pas la première fois qu'il s'enfuit comme ça?
- Non... soupira Orale. Il semble constamment être attirée par toi, j'aurais dû savoir qu'il serait là...
Hein?! Il n'espionnait alors? Je décrochai un regard inquisiteur vers Wellan, mais celui-ci afficha un air complètement innocent. Hé bien...
- Bon! Je vais y aller! dit-elle finalement. Ce petit dragon a bien besoin de sommeil et il se fait tard...
Je les regardai s'en aller, complètement perdue. Et bien, je n'imaginais pas du tout Orale comme ça...
- Déboussolant, n'est-ce pas? dit Étienne en s'arrêtant à côté de moi.
Je soupirai.
- Comment ça se fait?... murmurai-je.
- Aucune idée. Elle est devenue comme ça peu de temps après avoir pris Wellan sous son aile. Si tu veux mon avis, ça vaut mieux comme ça, cet air maternelle lui va mieux.
Je souris. Tant mieux.
- Je te raccompagne? me demanda-t-il en se retournant vers moi.
- Oui.
Il me conduit sur le Chemin de sable, puis emprunta un raccourci à travers le boisé qui le bordait. Je le suivis sans trop protester. Arrivé dans un clairière, il se retourna brusquement et je manquai de lui foncer dedans.
- Fatum... soupira-t-il, je ne te comprends pas.
- Qu'est-ce que tu veux dire?...
- Ça fait plus d'un mois que tu es ici et, pourtant, il ne s'est rien passé.
Comme je le regardais, complètement perdue, il soupirai avec agacement et continua.
- Ce n'est pas rare qu'un membre du Conseil apparaisse même s'ils sont tous vivants, mais ils portent malheur, ils prédisent la mort de celui ou celle qu'ils remplacent.
- Et donc?... dis-je même si je savais ce qu'il allait dire.
- Et donc ça veut dire que Katherine va mourir très prochainement.
Le temps s'écroula alors que nous nous dévisageâmes en silence. Le vent fit voler mes mèches blanches.
- Tu es amoureux d'elle.
C'était une évidence. Ces deux-là travaillaient ensemble, ils montaient la garde, Étienne lui disant les peurs profondes des uns pour que Katherine les repoussent avec ses illusions. Il était toujours avec elle, même si je ne les voyais jamais ensemble, car l'élémentaire ne voulait pas qu'elle découvre mon secret. Pourquoi je ne l'avais pas vu plus tôt?
- Si tu meurs... Si tu n'étais pas là... murmura-t-il.
- Qu'est-ce que tu as dis? demandai-je, inquiète.
Il inspira profondément et planta un regard froid comme la glace dans le mien.
- Si tu meurs, peut-être que la Lune la laissera vivre plus longtemps, le temps de trouver un autre Gardien, dit-il avec conviction.
Quoi?! Je n'avais jamais entendu quelque chose d'aussi insensé! Comme si mon arrivée annonçait automatiquement sa mort! C'était n'importe quoi! Et puis, qui dit que la Lune à un quelconque contrôle sur la vie des gens? Il était complètement aveuglé par son amour.
- Hein?! Mais tu perds la boule! m'exclamai-je, agacée.
- Non, c'est au contraire très logique, ça fait plusieurs jours que j'y pense.
Ses yeux recélaient une lueur démente. Oh non... Il n'avait plus toute sa tête... Rien que je ne puisse dire ne le fera changer d'avis...
- Étienne...
- Ne me regarde pas comme ça! hurla-t-il. Tu le sais que c'est la seule solution, tu le sais très bien!
- Non...
- Mais tu es égoïste, cria-t-il sans se préoccuper de moi, tu veux rester en vie, tu veux qu'elle meure même! Je l'ai lu dans ton esprit!
- Arrête... pleurai-je avec frustration.
- Tu mérites la mort, tu n'es qu'un démon!
Ivre de rage, il me sauta dessus. Il me giflait avec l'eau qu'il puisait d'un marais près de nous tandis que nous roulions sur le sol. Mes cris étaient étouffées par les rafales. Allais-je mourir ici? Non, je ne voulait pas. Je me débattis furieusement, mais il me plaquait sans se fatiguer sur le sol. Mes forces me quittaient... Était-ce la fin?
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