- Oh, c'est pas vrai! Putain!

J'ai envie de crier tous les mauvais mots de la terre, maudire Dieu, enfin, plutôt la lune dans mon cas, mais je ne pouvais que me maudire moi-même. Pourquoi il fallait que ça arrive? Suis-je destinée au malheur éternel? C'est quoi ce bordel?! J'en reviens toujours pas. Je fais quoi, là? Je saute, je prends le dragon et je sors, au risque de me brûler? Je fais comme j'avais prévu, je règle mes comptes avec Marcus? Ou bien, je m'explique, là, maintenant, à James et... Marcus? Ouais bon, de toute façon, je n'ai plus la force de me battre. Je dois me ressaisir. J'amplifie ma voix pour que tout le monde m'entende. Comme je sais que Marcus ne me croira jamais pour l'épidémie, je joue le tout pour le tout. Je lève les mains dans les airs, une réaction complètement inutile, mais qui rassure les humains.

- Je ne veux que le dragon. En retour, je ne vous ferrai rien.

Tous ceux qui ne me regardais pas déjà se tournèrent vers moi. Certains pâlirent et d'autres semblèrent être heureux à l'idée de tuer deux monstre ce soir. Les yeux de James firent la navette entre moi et son... Ah! Je ne peux même pas le dire, ça me dégoûte!

- Attends... C'est elle la démone de quand tu étais jeune?
- Oui... Tu la connais?
- Moins que je le pensais, dit-il froidement.

Ça y est, je suis démolie. Je flanche sur mes jambes, mais je ne tombe pas. Plus jamais  je ne tomberai en amour. Tant qu'à être dans la merde, soyons-le jusqu'au cou.

- Ha, ha, ha! Tu n'avais pas remarqué? Pourtant, tout y est : La queue, les oreilles, les yeux...
- Mais pas le bâton... murmure-t-il.
- Et bien oui, il est là, dis-je en le levant vers lui.
- Tu m'as envoûté... dit-il, sous le choc.
- Peut-être bien.
- MAIS NE RESTEZ PAS LÀ À LA REGARDER! ATTRAPEZ-LÀ! cria Marcus.

Je cours vers le trou avant qu'il ne prenne feu. James échappa son flambeau en se faisant bousculer par un des hommes. Putain, c'est pas vrai! La paille se met à flamber rapidement et le dragon, ou plutôt Wellan, se met à hurler de douleur. Je tente de m'approcher encore plus, mais les hommes réagissent finalement à l'ordre de Marcus et m'attrapent les bras et les jambes. Je me libère, mais d'autres reviennent encore plus nombreux. Je me fais finalement immobiliser et je suis amenée près de Marcus et James. Je leur jète un regard rempli de rage et de fureur.

- Alors, on fait moins la maligne, maintenant? me dit Marcus. Qu'attends-tu pour tous nous tuer d'un coup? Ce serait parfait pour toi, non?
- Et toi, est-ce que tu tuerais tout le monde que tu connais?

Il fut prit d'un fou rire. Au loin, j'entendais toujours les cris du dragon qui semblaient de plus en plus désespérés. Je me débats, mais les autres renferment leur prise.

- Essaies-tu de me dire que tu nous "aimes"? Laisse moi rire, tu nous as tous menés en bateau depuis le début! J'ai été le seul à me méfier, le seul!
- Et tu n'es pas venus m'arrêter plus tôt? Tandis que tu connaissais ma véritable identité? Désolé, sois tu n'étais pas sûr de toi ou bien tu ne vaux pas mieux que moi!
- ASSEZ! Je ne t'ai pas pris, car personne ne m'aurait cru et aussi parce que était trop proche de mon fils!

James et moi sursautons. Il savait?! Marcus s'approcha de moi et releva mon visage. Il était tellement proche que je ne pouvais pas m'empêcher de sentir son haleine fétide. Beurk.

- Ne me regarde pas de cet surpris! Bien sûr que je savais, tu me prends tant que ça pour un imbécile?
- Arrête! criais-je. Laisse-le en dehors de ça! Tu sais bien que je t'aimais et que je t'aime toujours! dis-je en me retournant vers James. S'il te plaît, crois-moi! Ton père se voile la face, les créatures magiques ne sont pas cruelles!
- Tais toi! cria Marcus en me giflant.
- C'est un enfant! Ce n'est pas un dragon, mais un enfant qui se fait brûler vif dans votre piège! UN ENFANT! ET VOUS ALLEZ ÊTRE RESPONSABLE DE SA MORT!
- MENTEUSE! cria Marcus.

Mais comme pour justifier mes paroles, Wellan se transforma. Il a dû s'évanouir sous la douleur. Tout autour de nous, le village se mît à murmurer et à hésiter pour aller le chercher, mais personne ne voulait se risquer dans les flammes. Les hommes relâchèrent leur prise, mais dès que je tente de me dégager, ils resserrent leur emprise. Au loin, j'entends des cris familiers.

- Fatum! FATUM!

Je tourne un peu la tête et je vois au loin Cornéliane et Ariel entrer dans la clairière en courant. À leur pied, un renard court, il a dû les prévenir. Je souris, il va prendre soin d'elles, je le sais. Je me retourne pour fixer mon premier et sûrement le dernier amour que j'aurai. Tout ses rêves...

- Cours et ne reviens jamais, me dit-il.

Avant même que je comprenne le sens de ses paroles, James assomme les deux hommes qui me retienne. Son père se met à hurler mais il ne bouge pas et me dis encore et encore de m'enfuir. Je frappe de toutes mes forces sur le sol avec mon bâton qu'ils ne m'avaient pas enlevé (quelle bande d'idiots) et me propulse dans les airs. Je marche par dessus les têtes des hommes qui tendent leurs mains pour essayer de m'attraper en vain. Je cours vers le bûcher. Tout autour de l'enfant-dragon, les flammes sont éteintes. Même s'il semble idem, je sais bien que ses écailles cachent des brûlures.
Je relève la tête et je vois Marcus qui pousse ses hommes vers le bûcher pour me récupérer, mais ils hésitent. Certains se laissent pousser et hurlent sous le feu. Je me relève et marche vers la direction opposée. Devant moi, le feu s'écarte. Je n'ai plus mal, je n'ai plus peur, car je sais que j'ai pris la bonne décision. Je jette un dernier regard derrière moi. Mes deux amies me regardent, la mine base, mais je vois dans leurs yeux qu'elles sont fières de moi. Finalement, je regarde James qui est étrangement calme et immobile au milieu de la cohue. Je me tourne vers mon chemin et, sans regarder derrière moi, je disparais à jamais dans les bois.